Clausewitz. De la guerre. VII. L'attaque (NDL)

Livre VII. L'attaque.

 

 

Chapitre I. Rapport de l'attaque et de la défense.

 

« Quand deux concepts forment une opposition logique, vraie, à savoir quand l'un est le complément de l'autre, chacun d'eux est alors fondamentalement impliqué par l'autre.

Ce que nous verrons ici sera donc un complément du système d'idées que nous avions examiné auparavant, et il ne sera pas rare que ce que nous aurons dit de l'attaque puisse projeter une lumière nouvelle sur la défense. En traitant de l'attaque, nous envisagerons donc en grande partie es mêmes objets qu'en traitant de la défense.»

 

« Nous avons l'intention de préciser les caractéristiques propres à l’attaque à propos de chaque objet pour autant qu'elles ne sont pas impliquées par la défense. »

 

Chapitre II. Nature de l'attaque stratégique.

 

L'attaque n'est pas un tout homogène, mais est constamment mêlée à la défense.

 

En premier lieu, l'attaque ne peut être poursuivie sans interruption jusqu'à sa conclusion ; elle doit avoir des moments de pause, et dans ces moments, quand son action est neutralisée, la défense intervient d'elle même.

 

En second lieu, l'espace qu'une force militaire laisse derrière elle au cours de son avance, et qui est essentiel à son existence, ne peut pas toujours être couvert par l'attaque elle même, mais doit être spécialement protégé.

 

« L'acte d'attaque en guerre, mais particulièrement en stratégie, est donc une alternance et une combinaison perpétuelles d'attaque et de défense ; mais cette dernière ne doit pas être considérée comme une préparation effective de l'attaque, comme un moyen d’accroître sa force, c'est à dire comme un principe actif, mais simplement comme un mal nécessaire, comme le poids retardateur engendré par la pure pesanteur de la masse ; elle est son pêché originel, son principe de mort. Nous disons : un poids retardateur car si la défense ne contribue pas à renforcer l'attaque, elle doit tendre à diminuer sont effet par la perte de temps qu'elle représente. »

 

« Dans toute attaque, il ne faut pas perdre de vue la défense qui en est une composante nécessaire, si l'on veut avoir une vue claire des mécomptes auxquels elle est sujette, et s'y préparer. »

 

Chapitre III. Sur les objets de l'attaque stratégique.

 

« L'écrasement de l'ennemi est la fin de la guerre, et la destruction de sa force militaire en est le moyen, dans l'attaque comme dans la défense. »

 

« On peut donc concevoir l'objet de l'attaque stratégique avec un nombre infini de degrés, depuis la conquête du pays entier jusqu'à celle du point le plus insignifiant. Dès que cet objet est atteint et que l'attaque cesse, la défense commence. »

 

Chapitre IV. Force décroissante de l'attaque.

 

L'affaiblissement de la puissance provient de :

 

1. L'objectif de l'attaque, l'occupation du territoire ennemi.

 

2. De la nécessité qui s'impose aux armées attaquantes d'occuper les arrières du pays pour protéger leurs lignes de communication et leurs approvisionnements.

 

3. Des pertes au combat et par maladie.

 

4. De la distance des diverses sources d'approvisionnement et de renforts.

 

5. Des sièges et blocus de forteresses.

 

6. Du relâchement des efforts.

 

7. De la défection des alliés.

 

Chapitre V. Le point culminant de l'attaque.

 

« Le succès dans l'attaque est le résultat d'une supériorité de force réelle, étant admis qu'elle englobe les forces morales et physiques. »

 

«  L'assaillant recherche des avantages qu'il puisse utiliser au cours des négociations ultérieures pour la paix. »

 

« Le plus grand nombre des attaques stratégiques conduisent seulement au point où les forces qui restent suffisent tout juste à maintenir une défense en attendant la paix. Au delà de ce point, la marée se retourne, et le contre-coup survient. C'est ce que nous appelons le point culminant de l'attaque. Comme le but de l'attaque est de s'emparer du territoire ennemi, il en découle que l'avance doit continuer jusqu'à ce que la supériorité soit épuisée. »

 

Chapitre VI. Anéantissement des forces armées ennemies.

 

L'anéantissement des forces armées ennemies est le moyen de la fin. Différents points de vue à ce sujet :

 

1. Ne détermine que ce que nécessaire à l'objet de l'attaque.

 

2. Ou autant qu'il est possible

 

3. L'épargne de nos propres forces comme point de vue principal.

 

4. Cela peut de nouveau aller jusqu'au point où c'est seulement quand s'offre une occasion favorable que l'attaque peut tenter d'anéantir les forces ennemies.

 

Le seul moyen de destruction des forces ennemies est l'engagement.

 

Directement

 

Indirectement, grâce à une combinaison d'engagements.

 

« La bataille, moyen essentiel, n'est pas le seul. La prise d'une forteresse ou d'un morceau de territoire peuvent conduire à une destruction encore plus grande (moyen indirect). »

 

« Mais l'occupation d'une bande de territoire non défendue doit être considérée comme un petit investissement qui ne rapporte que de faibles profits et ne convient qu'à des circonstances plus limitées et des motifs plus faibles. »

 

Chapitre VII. La bataille offensive.

 

« La caractéristique principale de la bataille offensive est la manœuvre pour déborder ou envelopper, et par conséquent pour prendre du même coup l'initiative. »

 

« Une caractéristique de la bataille offensive est incertitude au sujet de la position de l'ennemi dans la plupart des cas. Plus il en est ainsi, plus la concentration des forces est nécessaire, et plus l'enveloppement doit être préféré au débordement. Les fruits principaux de la victoire ne s’obtiennent que dans la poursuite. La poursuite fait naturellement partie intégrante de l'action totale dans la bataille offensive plutôt que dans la bataille défensive. »

 

Chapitre VIII. Le passage des fleuves.

 

« Un large fleuve croisant la direction de l'attaque est toujours un grand embarras pour l'assaillant car il est en général limité à un point de passage, et il s'expose à de grands dangers. Par conséquent un général ne se placera pas dans cette position sans une nette supériorité à la fois morale et physique. »

 

« Ce n'est que si le défenseur commet l'erreur de faire reposer tout son salut sur la défense d'un fleuve, et s'expose au risque, si le fleuve est forcé, de tomber dans de grandes difficultés que la défense d'une fleuve peut être considérée comme une forme de résistance favorable à l'attaque. »

 

« L'assaillant supérieur en nombre et capable de coups sérieux peut toujours faire une démonstration sur un point et traverser en un autre. »

 

« Mai le pire qu'un assaillant puisse faire est de tenter un passage réel en plusieurs points, à moins que ceux ci ne soient très proches et ne permettent un coup uni. En effet comme les forces du défenseur doivent nécessairement être divisées, l'assaillant détruit son avantage naturel en divisant ses propres forces.(....) Nous pouvons donc affirmer que, si le passage d'un fleuve présente rarement par lui même de grandes difficultés, dans tous les cas où il ne s'agit pas d'une grande décision, il faut redouter tant de conséquences immédiates ou plus lointaines qu'en bien des cas l'assaillant serz sûrement amené à suspendre l'action. »

 

« Mais c'est aussi dans un cas de décision capitale qu'un fleuve est un objet important ; il affaiblit et brise toujours l'offensive, ce qui peut arriver de mieux en pareil cas, c'est que le défenseur soit pour ces raisons induit à considérer le fleuve comme une barrière tactique et à en faire la pièce centrale de sa résistance, de sorte que l'assaillant obtient l'avantage de frapper très facilement le coup décisif. »

 

Chapitre IX. Attaque des positions défensives.

 

« L'attaque ne peut rien contre elle ; c'est à dire qu'elle ne dispose d'aucun moyen pour compenser l'avantage que procurent ces défenses. Si l'assaillant voit qu'il peut poursuivre son objectif sans les attaquer, les attaquer serait une faute. »

 

« Le choix du côté où lancer l'attaque est tranché par la situation et la direction des lignes de retraite ouvertes à chaque partie, de façon à menacer celles de l'ennemi en couvrant les siennes. Il peut y avoir concurrence entre ces deux objectifs, auquel cas le premier aura naturellement la préférence, car il est lui même de nature offensive, en accord avec l'attaque, tandis que l'autre est de nature défensive. »

 

« Attaquer un adversaire résolu sur une bonne position est une chose dangereuse. »

 

« Mais il ne faut pas confondre l'objet dont nous parlons avec des batailles ordinaires. La plupart des batailles sont de vraies rencontres, dans lesquelles il est vrai, un parti tient son terrain, mais sur une position non préparée. »

 

Chapitre X. Attaque des camps retranchés.

 

« Un retranchement bien conçu, bien fourni en hommes et bien défendu, doit en règle générale être considéré comme un point imprenable (….) L'attaque d'un camp retranché est une opération des plus difficiles, dans laquelle il sera presque toujours impossible à l'assaillant de vaincre. »

 

« Il est naturel qu'un camp retranché ait une faible garnison, mais avec de bons obstacles naturels et des retranchements bien construits, on peut le défendre contre une grande supériorité numérique. »

 

« Nous estimons donc que l'attaque d'un camp retranché appartient aux moyens tout à fait exceptionnels de l'offensive. »

 

Chapitre XI. Attaque d'une chaîne de montagnes.

 

En montagne, on ne peut comme dans d'autres régions quitter les routes et diviser une colonne en deux ou trois, si le moment exige que les troupes soient divisées, mais on se meut toujours lentement dans de longs défilés. L'avance doit donc en général se poursuivre sur plusieurs routes, ou plutôt sur un front élargi.

 

Contre une ligne de défense très étirée en montagne, l'attaque se fait naturellement avec des forces concentrées. Si l'on vise une victoire importante il faut l'atteindre en perçant les lignes ennemies et en rejetant ses ailes de côté, plutôt qu'en débordant les forces de façon à les couper.

 

Si l'ennemi doit être attaqué dans les montagnes en formation plus ou moins concentrées, les mouvements enveloppants sont la partie essentielle de l'attaque car les poussées frontales atteindront la défense là où elle est la plus forte. Mais les mouvements enveloppants doivent à leur tour viser plutôt à une coupure réelle qu'à un assaut tactique sur le flanc ou sur l'arrière. Les positions de montagne peuvent résister longtemps, même sur leurs arrières, si les forces sont suffisantes, et, l'on peut espérer invariablement le résultat le plus rapide de la crainte qu'excite chez l'ennemi la perte de sa ligne de retraite.

 

Chapitre XII. Attaque des lignes en cordon.

 

« Toutes les positions à l'allure de cordon, comme par exemple les lignes d'avant-postes renforcées, etc.. ont toujours pour caractéristique d'être facilement percées ; mais si on ne les force pas dans le but d'aller plus loin et d'aboutir à une décision, elles ne donnent qu'un faible résultat qui, la plupart du temps, ne vaut pas les ennuis qu'elles ont procurés. »

 

Chapitre XIII. La manœuvre.

 

1. « La manœuvre concerne aussi bien l'attaque que la défense, bien qu'elle appartienne certainement plus à la nature de l'attaque qu'à celle de la défense. »

 

2. « La manœuvre s'oppose non à l'exécution de l'attaque en force dans de gros engagements, mais à la forme d'attaque qui découle directement de l'emploi des moyens offensifs, même s'il s'agit d'une opération contre les communications ou lignes de retraite ennemies, d'une diversion etc.. »

 

3. « Il y a dans le concept de manœuvre une efficacité qui ne provient que des fautes que l'ennemi est amené à commettre. C'est un jeu de forces égales, où l'on cherche à produire une occasion favorable de réussite et à se servir ensuite de cette réussite comme d'une supériorité sur l'ennemi. »

 

4. « Les intérêts de la manœuvre sont surtout :

 

a) Les subsistances que l'on cherche à soustraire à l'ennemi ou à restreindre.

 

b) La jonction avec d'autres détachements.

 

c) La menace sur d'autres communications avec l'intérieur du pays ou avec d'autres armées ou détachements.

 

d) La menace sur la retraite.

 

e) L'attaque de points spéciaux avec des forces supérieures.

 

f) Dans la manœuvre stratégique, deux oppositions se présentent qui ont l'air de manœuvres différentes. La première concerne le débordement de l'ennemi et l'opération sur lignes intérieures ; la seconde concerne la concentration des forces et leur dispersion en postes nombreux.

 

g) Le débordement de flanc est lié à l'attaque tandis que le maintien sur les lignes intérieures est lié à la défense, de sorte que le premier conviendra surtout à l'assaillant et le second au défenseur.

La force la plus grosse peut se permettre de se répartir sur plusieurs postes. La plus faible pour sa part, doit se tenir plus concentrée, et chercher dans la rapidité de mouvement une compensation au désavantage dont elle souffrirait autrement. »

 

Chapitre XIV. Attaque des marécages, inondations, forêts.

 

Ces éléments offrent des difficultés particulières à l'attaque tactique. La conséquence stratégique est que l'on essaie de les éviter et de les contourner

 

Chapitre XV. Attaque sur un théâtre de guerre au cas où l'on cherche une décision.

 

1. « La première fin de l'attaque est une victoire. A tous les avantages que le défenseur possède, l'assaillant ne peut opposer que la supériorité du nombre, et peut être aussi le léger avantage que confère à l'armée le sentiment d'être du côté qui attaque et qui progresse. Si donc l'attaque est inférieure en puissance physique, elle doit avoir la supériorité du moral. Si cette supériorité fait aussi défaut, l'attaque manque de fondements solides et ne réussira pas. »

 

2. « La hardiesse et la confiance doivent animer l'assaillant. Plus le défenseur se montre faible moralement, plus l'assaillant devrait se montrer hardi. »

 

3. « Pour la victoire, il faut qu'il y ait rencontre entre la principale force ennemie et la nôtre. Il n'importe pas tant à l'assaillant d'atteindre simplement son objet que de la gagner par la victoire, de sorte que le coup doit être dirigé moins contre l'objet lui même que contre la voie que l’armée ennemie doit prendre pour l'atteindre. »

 

4. « De toutes les routes entre lesquelles l'assaillant a le choix, les grandes routes commerciales sont toujours les meilleures et les plus naturelles à choisir. »

 

5. « Quand l'assaillant s'engage en cherchant une grande décision, il n'y a aucune raison de diviser ses forces, et s'il les partage quand même on considérera d'ordinaire que c'est une erreur provenant d'un manque de vues claires. Il ne doit donc avancer qu'avec des colonnes dont le front est assez large pour leur permettre d'entrer ensemble en action. »

 

6. « L'attaque demande aussi de la prudence, car l'assaillant a aussi un arrière et des communications à protéger.»

 

Chapitre XVI. Attaque d'un théâtre de guerre sans décision.

 

1. « Même s'il n'y a ni volonté, ni force pour obtenir une grande décision, il peut y avoir encore ferme intention d'une attaque stratégique mais dirigée sur quelque objet secondaire. Si l'attaque réussit, l'atteinte de cet objet rétablit l'ensemble dans un état de repos et d'équilibre. Si les difficultés s'accumulent jusqu'à un certain point, le progrès d'ensemble de l'attaque en arrive plus tôt au point mort. Elle est remplacée par une simple offensive occasionnelle ou une manœuvre stratégique. Tel est le caractère de la plupart des campagnes. »

 

2. « Les objets qui peuvent servir de but à une telle offensive sont :

 

a) Un morceau de territoire. Un gain en moyens de subsistances, des contributions, l'épargne de notre propre territoire, des équivalents en vue de négociations sont les avantages qu'on peut obtenir.

 

b) L'un des principaux magasins ennemis. Cette perte peut obliger l'ennemi à se retirer en abandonnant un morceau de territoire qu'il aurait conservé sans cela.

 

c) La capture d'une forteresse.

 

d) Un engagement victorieux, une rencontre, ou même une bataille, pour le pur honneur militaire. Mais ces choses ne sont pas sans valeur car l'honneur militaire, la supériorité morale de l'armée et de son commandant en chef, sont des choses dont l'influence quoique invisible, ne cesse jamais de se faire sentir sur tout l'acte de guerre. Mais cela nécessite :

- Que l'on puisse raisonnablement envisager la victoire.

- Que dans l'éventualité d'une défaite, trop de choses ne soient en jeu. »

 

3. « A l'exception du dernier de ces objets (d), ils peuvent être atteints tous sans de gros engagements. »

 

4. « L'opération de défense sur les lignes de communication de l'attaquant est une sorte de résistance qui ne peut se présenter, dans les guerres où l'on cherche une grande décision, que si les lignes de communication s'allongent beaucoup. »

 

5. « Un autre avantage de l'attaquant sur le défenseur. Il peut mieux juger des intentions et des moyens de son adversaire, que celui ci des siens. Les préparatifs d'un grand contre-coup diffèrent beaucoup plus des préparatifs ordinaires de la défense que les préparatifs d'une attaque ne différent selon que ses intentions sont plus ou moins importantes. De plus le défenseur est obligé de prendre ses mesures plus tôt, et l'assaillant a ainsi l'avantage d'abattre ses cartes en dernier. »

 

Chapitre XVII. Attaque des forteresses. 

 

« Il y a par rapport à la capture des places fortes, une grande différence entre les campagnes qui visent à une grand décision et les autres. Dans les premières une telle conquête doit toujours être considérée comme un mal nécessaire. Tant que la décision n'est pas encore intervenue, nous n'entreprendrons aucun siège sauf ceux qui sont positivement inévitables. C'est seulement après la décision, quand la crise et la tension des forces se sont relâchées depuis quelques temps,et qu'un état de repos s'est par conséquent établi qu'on devrait entreprendre la capture des places fortes. Elle sert alors à consolider les conquêtes réalisées. »

 

Dans les campagnes à objet limité, une forteresse n'est pas en général le moyen, mais l'objet lui même qui possède les avantages suivants :

 

Une forteresse est une petite conquête nettement définie, qui n'exige pas grande dépense de forces, et par conséquent ne fait craindre aucun contre-coup.

 

Lors de la paix, elle peut avoir de la valeur comme moyen d'échange.

 

Un siège est, ou paraît être, un progrès intensif de l'attaque, qui n'entraîne pas de diminution constante de nos forces comme le fait tout autre progression de l'attaque.

 

Un siège est une entreprise sans catastrophe.

 

Les bases sur lesquelles décider du choix d'une forteresse à assiéger :

 

1). Qu'on puisse la garder facilement, et que par conséquent sa valeur soit élevée comme moyen d'échange lors de la paix.

 

2). Qu'on dispose des moyens de la prendre. Des moyens réduits suffisent à prendre de petites places, mais il vaut mieux s'emparer d'une petite que d’échouer devant une grande.

 

3). Sa puissance de fortification, qui n'est pas toujours en rapport avec l'importance de la place.

 

4). La force de l'armement et de la garnison. Ces deux éléments sont un des éléments qui donnent à la place son importance. La conquête d'une forteresse ayant une forte garnison peut donc mieux payer les sacrifices qu'elle coûte qu'une forteresse pourvue de fortes défenses.

 

5). La mobilité du train de siège. La plupart des sièges échouent par manque de moyens et les moyens sont ordinairement déficients par suite des difficultés de transport.

 

6). La facilité de couverture du siège.

 

Chapitre XVIII. Attaque des convois.

 

L'attaque et la défense d'un convoi relèvent de la tactique.

 

Aussi facile que paraisse l'attaque d'un convoi d'un point de vue technique, elle l'est beaucoup moins sous l'angle stratégique ; elle ne permet des résultats importants qu'en circonstances exceptionnelles si les lignes de communication sont très vulnérables.

 

Chapitre XIX. Attaque de l'armée ennemie dans ses quartiers.

 

« L'attaque d'une armée dans ses quartiers est la surprise d'une armée non rassemblée. Cette surprise aura réussi si l'armée ennemie est empêchée d'atteindre son point de rassemblement fixé, et par conséquent contrainte d'en chercher un autre , plus en arrière. »

 

Ces engagements partiels imposés à l'ennemi peuvent lui causer des pertes considérables.

 

« Ces engagements peuvent provoquer un certain découragement et un désordre momentané chez l'ennemi, qui l'empêchent de mettre aussitôt en action les forces enfin rassemblées et contraint en général le parti attaqué à abandonner encore plus de terrain et à modifier en règle générale les opérations qu'il se proposait de réaliser. »

 

L'organisation la plus naturelle de ce genre d'attaque.

 

- Attaquer de front des quartiers ennemis sur une certaine largeur du front. C'est le seul moyen de surprendre effectivement plusieurs quartiers, d'en séparer les autres et de créer le désordre où l'on veut plonger l'armée ennemie.

 

- La direction des différentes colonnes doit converger sur un seul point où l'on se propose de les réunir. Ce point doit être ci possible, le point de rassemblement de l'ennemi, où se trouver sur sa ligne de retraite, et mieux encore là où cette ligne est coupée par un obstacle naturel.

 

- Les colonnes séparées arrivant au contact de l'ennemi doivent attaquer avec la plus grande résolution, avec hardiesse et brutalité.

 

- Le plan tactique d'attaque contre les troupes ennemies qui sont les premières à offrir de la résistance doit toujours chercher à tourner un flanc.

 

- Chaque colonne doit être composée d'éléments des trois armes,sans être trop faible en cavalerie.

 

- L'assaillant ne doit évidemment pas se faire précéder de trop loin de son avant-garde.

 

- Il faut penser à la retraite et prévoir un point de ralliement en cas de succès douteux.

 

Chapitre XX. La diversion.

 

« On entend par diversion une attaque en territoire ennemi qui attire les forces loin de tout point principal. La diversion doit toujours avoir en même temps un objectif d'attaque, car c'est seulement la valeur de cet objet qui incitera l'ennemi à envoyer des troupes.

 

« Ces objectifs d'attaque peuvent être des forteresses, d'importants magasins, ou des villes grandes et riches, spécialement des capitales, des contributions de toutes natures et enfin le soutien qu'on pourra offrir à des sujets mécontents du camp ennemi. »

 

Mais la diversion est souvent néfaste, car la condition principale de son efficacité est qu'elle retire du théâtre de guerre plus de troupes ennemies que nous n'en emploierons à la diversion ; car si elle aboutit à en faire retirer le même nombre, son efficacité comme diversion proprement dite cesse, et l'action se transforme en une attaque secondaire. »

 

Par contre, il peut y avoir des circonstances favorables.

 

a) Les forces dont l'assaillant peut disposer en vue d'une diversion sans affaiblir son attaque principale.

 

b) Les points tenus par le défenseur, d'importance vitale pour lui, et qu'une diversion peut menacer.

 

c) Le mécontentement des sujets du défenseur.

 

d) Une riche province qui peut fournir d'importants moyens de guerre.

 

« Toute diversion apporte la guerre dans un secteur où elle n'aurait pas pénétré sans cela ; elle fera donc toujours lever quelques forces ennemies qui seraient restées inactives. Cela très sensible si l'ennemi s'est préparé à la guerre par une milice organisée et l'armement du peuple. »

 

Exécution d'une diversion.

 

1). Une diversion peut inclure par elle même une attaque réelle. L'exécution ne présente alors aucun caractère particulier sauf la hardiesse et l'habileté.

 

2). Elle peut aussi chercher à donner l'apparence d'une démonstration plus qu'elle ne l'est. Seul un esprit subtil saura préciser les moyens particuliers qu'il faut employer en pareil cas, un esprit très familiarisé avec le caractère du peuple et la situation. Une grande dispersion des forces découle alors de la nature des choses.

 

3). Si les forces employées ne sont pas tout à fait insignifiantes et si la retraite se réduit à certains points, une réserve à laquelle tout puisse se rallier est une condition essentielle.

 

Chapitre XXI. L'invasion.

 

« Qu'une attaque se limite à la frontière ou pénètre au cœur du pays, qu'elle vise à s'emparer des places fortes ennemies ou qu'elle cherche le cœur de la puissance ennemie et le poursuive sans rémission, c'est affaire de circonstances et non de méthodes. »

 

Chapitre XXII.Le point culminant de la victoire.

 

« Le conquérant n'est pas toujours en état de défaire complètement son adversaire. Très souvent il existe un point culminant de la victoire. »

 

Au cours des progrès de l'acte de guerre, une force militaire rencontre sans cesse des éléments qui l'accroissent et d'autres qui la diminuent.

 

Les causes d'accroissement de la puissance :

 

« 1) Les pertes subies par la force armée ennemie car ses pertes sont ordinairement supérieures à celles de l'assaillant.

 

2) Les pertes subies par l'ennemi en ressources militaires, matérielles, telles que magasins, dépôts, ponts etc ;.. que l'assaillant ne partage nullement avec lui.

 

3) Que du moment où l'assaillant pénètre sur le territoire ennemi, la défense subisse la perte de provinces, et par conséquent de sources de nouvelles forces armées.

 

4) Que l'armée qui avance gagne une partie de ces ressources, autrement dit acquière l'avantage de vivre aux dépens de l'ennemi.

 

5) La perte par l'ennemi de son organisation intérieure et du fonctionnement régulier de toutes ses parties.

 

6) Que l'ennemi soit abandonné par ses alliés, tandis que d'autres rejoignent le conquérant.

 

7) Enfin le découragement de l'ennemi qui voit ses armes lui tomber des mains en quelque mesure. »

 

Les causes de l'affaiblissement de la puissance.

 

«  1) Que nous sommes obligés d’assiéger les forteresses ennemies, de les bloquer ou de les surveiller ; ou que l'ennemi, qui faisait de même avant la victoire, ait ramené ses troupes sur son corps principal au cours de la retraite.

 

2) Que la nature du théâtre de guerre se transforme dès que l'assaillant pénètre en territoire ennemi ; il devient hostile ; il faut l'occuper car il ne nous appartient que dans la mesure où nous l'occupons, tout en présentant partout des obstacles au mécanisme d'ensemble, ce qui doit nécessairement tendre à affaiblir ses effets.

 

3) Que nous nous déplaçons loin de nos ressources, tandis que l’ennemi se rapproche des siennes ; d'où un délai dans le remplacement des forces épuisées.

 

4) Que le danger qui menace l'Etat amène d'autres puissances à lui venir en aide.

 

5) Enfin, les efforts plus grands de l'adversaire par suite du danger accru ; d'autre part, un relâchement dans l'effort de l'Etat victorieux.

 

Toute armée a des flancs stratégiques, à savoir le territoire qui borde les deux côtés de ses lignes de communication.

 

La prépondérance de la force militaire n'est que le moyen et non la fin. La fin est l'écrasement de l'ennemi, ou du moins la conquête d'une partie de ses terres.

 

La supériorité que nous avons attribué à la forme défensive de guerre consiste :

 

1) Dans l'usage du terrain.

 

2) Dans la possession d'un théâtre de guerre préparé.

 

3) Dans le soutien populaire.

 

4) Dans l'avantage d'attendre l'ennemi. Il est évident que ces avantages ne se manifestent et ne jouent pas toujours au même degré ; que par conséquent, une défense ne ressemble pas toujours à l'autre, et que par conséquent la défense n'aura pas toujours la même supériorité sur l'attaque.

 

L'ensemble des points que le commandant doit avoir à l'esprit lorsqu'il prend sa décision.

 

- Supposer que l'armée ennemie présentera le premier coup passé un noyau plus solide et une fermeté toujours croissante ou qu'elle s'effondrera.

 

- Supposer l'étendue de la faiblesse et de la paralysie qu'entraîneront dans l'état des forces militaires ennemies le tarissement de certaines sources et l'interruption de certaines communications.

 

- Supposer que l'ennemi s'effondrera privé d'énergie sous la souffrance brutale du coup qu'il aura reçu ou qu'il se redressera plein de fureur.

 

- Deviner si d'autres puissances seront atterrées ou excitées et quelles alliances politiques seront nouées ou défaites.



30/09/2014
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