17. Chronique histoire des Vosges et d'Alsace : 1914 (Juillet - Septembre)
Chronique histoire des Vosges et d’Alsace.
1914 (Juillet - Septembre)
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1er juillet 1914
Situation agricole dans le département.
« Les pluies ont empêché les travaux agricoles mais n’ont pas été trop défavorables aux récoltes. Les blés en pleine floraison, sont assez beaux dans leur ensemble ; les seigles et méteils ont belle apparence, mais ils ont fleuri par temps froid et pluvieux. Les avoines et les orges ont largement profité de l’humidité et sont de belle venue. La fenaison des prairies artificielles a été contrariée et même arrêtée par le mauvais temps ; elle se poursuit actuellement ainsi que celle des prairies naturelles. Le rendement en foin dans les près sera satisfaisant dans les terrains secs et sains mais faible dans les vallées et les bas fonds qui ont souffert du froid et de l’excès d’humidité. Les betteraves on,t bien levé. Les pommes de terre sont envahies par les plantes adventices et laissent beaucoup à désirer. Les fruits qui étaient très nombreux au début s’éclaircissent considérablement. La récolte sera irrégulière et plutôt faible pour les prunes, satisfaisante pour les pommes et poires. Au vignoble le mildiou a fait son apparition. On se plaint dans les potagers des ravages de loches. » (JO du 06/07/1914)
Superficie des cultures (en hectares). (JO du 13/07/1914)
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Blé d’hiver : 38.000
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Blé de printemps : 0
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Méteil : 3.900
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Seigle : 11.800
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Maïs : 0
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Orge d’hiver : 200
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Orge de printemps : 3.150
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Avoine d’hiver : 0
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Avoine de printemps : 50.200
5 juillet 1914
Damas-et-Bettegney. Déclaration de l’association « Amicale laïque de jeunes filles de Damas et Bettegney. » (JO du 19/07/1914)
15 juillet 1914
Finances. Fonds de subvention destiné à venir en aide aux départements (exercice 1915) (JO du 17/07/1914)
Le département des Vosges reçoit une subvention de 43.600 francs sur une somme totale de 3.682.000 francs.
17 juillet 1914
Epinal. Déclaration de l’association « La Saint Hubert du Saut le Cerf » ayant pour objet la pratique de la trompe de chasse. (JO du 30/07/1914)
19 juillet 1914
Vincey. Déclaration de l’association « L’écho de Vincey » fanfare de trompettes. (JO du 31/07/1914)
26 juillet 1914
43e DI. Télégramme du 21e CA n°310 à 5h.
A commandant d’armes Saint-Dié, Senones, Fraize, Corcieux, Bruyères, général commandant 85e Brigade Le Valdahon.
Ministre de la guerre télégraphie.
Prenez mesures pour que officiers généraux et chefs de corps rejoignent leur poste dans délai. Les autres officiers et hommes et troupe actuellement en permission ne seront pas rappelés pour l’instant 89114.
Aucune permission nouvelle ne sera accordée sauf en cas de force majeure. Rendre compte au général commandant le 21e Corps d’armée présence de leur général et chef de corps. (JMO 43e DI)
43e DI. Télégramme du 21e CA n° 467/M à 21h45.
A commandant d’armes Senones, Saint-Dié, Fraize, Corcieux, Bruyères.
Le ministre télégraphie : rappeler immédiatement es officiers en permission
nota. Tous les télégrammes sont chiffrés. (JMO 43e DI)
27 juillet 1914
43e DI. Télégramme de la 85e Brigade n° 821 à 16h55 à général commandant la 43e Division.
Etat-major et régiments d’infanterie de 85e Brigade d’infanterie partis de camp (Valdahon) ce matin seront rentrés dans leurs garnisons respectives entre 14 heures et 24 heures. (JMO 43e DI)
43e DI. Télégramme du 158e RI à général commandant la 85e Brigade Epinal, 21e CA Epinal, 43e Division Saint-Dié à 20h.
Etat-major régiment arrivé à Bruyères à 17h45.
Détachement de Fraize comprenant 1er Bataillon et 2 compagnies du 3e Bataillon arrivera 23h40.
2e Bataillon Bruyères arrivera 20h50.
Détachement Corcieux 2 compagnies 3e Bataillon arrivera 22h40. (JMO 43e DI)
43e DI. Télégramme du 21e CA n° 321/AS à 21h30 à commandant d’armes Bruyères, Corcieux, Fraize, Saint-Dié, Senones.
Le ministre de la guerre télégraphie : rappeler tous les permissionnaires ; prévenir pour exécution tous les corps et services de la place. (JMO 43e DI)
28 juillet 1914
43e DI. Télégramme du 21e Corps n° 488/11 à 16h28 à généraux commandant 13 division chasseurs, 43e Division Saint-Dié.
Le ministre télégraphie : appliquer les prescriptions pour surveillance frontière à titre renseignement. (JMO 43e DI)
43e DI. Télégramme du 21e Corps n° 491/11 à 17h30 à commandant d’armes Senones, Fraize, Corcieux, Saint-Dié.
Ministre de la guerre prescrit exécution prescriptions, relativement surveillance frontière. Seront placés seulement sur route les barrières pouvant être surveillées par douaniers, inspecteurs douanes, forêts, gendarmerie, prévenus. (JMO 43e DI)
29 juillet 1914
43e DI. Télégramme du 21e CA n° 499/11 à 14h45 à commandant 43e Division Saint-Dié.
Général commandant CA n° 21 prescrit prendre dispositif sécurité autour des garnisons prévues par DMlle n° 445 3/11 du 4 avril communiquée le 14 mai numéro 205. (JMO 43e DI)
43e DI. Télégramme du 21e CA n° 496/11 à 14h45
A 2e bureau, ministre de la Guerre Paris, à général commandant la 43e Division, commandant d’armes Fraize.
Parvenu 29 midi
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Douanier Raon-sur-Plaine signale personne sûre, compagnie chasseurs à pied cantonnement Schirmeck depuis 28 matin.
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Douanes Vaucourt apprend source sûre aire la gare de Lorraine 4 régiments de cavalerie numéros inconnus stationné Rechicourt.
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Commissaire spécial Saint-Dié signale embarquement divers unités Strasbourg effectués cette nuit, destination Mutzig et vallée Bruche. (JMO 43e DI)
43e DI. Télégramme du 21e CA n° 509/11 à 23h35 à commandant d’armes à Saint-Dié.
Suite télégramme 499/11 bornez mesures précaution à sécurité immédiate garnison sans aucune alerte. (JMO 43e DI)
43e DI. Télégramme du 21e CA n° 513/11 à 23h45 à Commandants d’armes Senones, Saint-Dié, Fraize, Corcieux, Bruyères.
Ministre de la Guerre prescrit organiser service permanent jour et nuit dans poste télégraphique. (JMO 43e DI)
30 juillet 1914
Remiremont. Arrivée d’un commandant de place.
Début de la réquisition des chevaux nécessaires aux troupes de la ville : 3 batteries du 4e RAC, 5e et 15e BCP.
Les retraits aux caisses d’Epargne sont limités à 50 francs par quinzaine. (14-18 dans le pays de Remiremont 1999)
43e DI. Télégramme du 21e CA n° 527/11 à 6h55 à commandant d’armes Saint-Dié.
Procurez vous animaux dont achat direct a été prévu conformément à prescriptions dépêches 10339 du 3 décembre 1887.
Chercher en outre aligner 1er et 2e échelon corps couverture à effectif guerre en louant animaux qui sont attribués à ces corps d’après conditions individuelles établies conformément à prévision plan de réquisition. En cas de mobilisation location ainsi effectuée se transformera achat au prix de réquisition. (JMO 43e DI)
43e DI. 21h. Capitaine gendarmerie Saint-Dié à commandant gendarmerie.
Invitez maires de votre circonscription à aviser discrètement propriétaires d’animaux se tenir prêt à conduire animaux et voitures classés dans centres de réquisition dès que ordre leur sera donné. (JMO 43e DI)
31 juillet 1914
Mobilisation générale. Le télégramme officiel de la mobilisation parvient à la préfecture d’Epinal à 16h40.
« Ordre de mobilisation générale. Le premier jour de la mobilisation est le dimanche 2 août. Au reçu du présent télégramme, le destinataire doit en accuser réception par la poste, au général commandant le 21e Corps d’armée à Epinal en reproduisant textuellement l’ordre reçu et en indiquant l’heure de sa remise. (Claudel J-P 1999)
Le 21e CA dont l’Etat-major est à Epinal comprend :
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13e DI (général Bourdériat),
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43e DI (général Lanqetot),
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4e Régiment de Chasseurs à Cheval,
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59e Régiment d’Artillerie de Campagne (Artillerie de Corps d’Armée),
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11e Régiment du Génie (Cie 21/3, 21/4, 21/16, 21/21),
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57e, 60e, 61e BCP
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Divers éléments logistiques (Train, SIM, SCOA) .
La présence militaire dans les Vosges est la suivante :
A Epinal (garnison de 14.000 hommes).
Sous l’autorité directe du général gouverneur de la place.
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8e RAP.
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170e RI
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43e RIT
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Des éléments du 4e RG.
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Le 3e Groupe aéronautique.
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Des éléments d’aérostation et deux dirigeables.
Sous l’autorité du général commandant le 21e CA.
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149e RI
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17e RI
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62e RA
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4e Régiment de Chasseurs.
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Des éléments du génie, du train….
A Gérardmer : 152e RI
A Saint-Dié : 3e et 10e BCP.
A Remiremont : 5e BCP
A Saint Etienne les Remiremont : 15e BCP.
A Rambervillers : 17e BCP
A Neufchâteau : 52e RIT.
A Raon l’Etape : 21e BCP.
A Senones : 1er BCP
Remiremont. Inventaire par le maire des stocks de lard et de saindoux présents chez les charcutiers. (14-18 dans le pays de Remiremont 1999)
21e CA.
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A 18 heures, réception du télégramme de couverture. Heure initiale = 1 heure.
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A 22h30, départ du 1er échelon. Les officiers et quelques secrétaires en automobile. Les chevaux et voitures suivent.
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Arrivée des officiers à Rambervillers à Oh le 1er août et du convoi à 6 heures.
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Le 21e CA a pris dès le 30 le dispositif prescrit par l’ordre : exécuter manœuvre de garnison.
Le dispositif prescrit par le télégramme de couverture n’est réalisé que dans la nuit du 31 juillet au 1er août et dans la matinée du 1er août. (JMO 21e CA)
43e DI. 3h. Saint-Dié. Le capitaine Lanquetot de l’EM du 21e CA apporte en automobile l’ordre du général Legrand commandant le 21e CA à Epinal en date du 30 juillet 1914 23h55. (JMO 43e DI)
43e DI. Le QG (EM de la 43e DI, 1er échelon) quitte Saint-Dié par automobile à 10h30 pour se rendre à Corcieux par Sainte-Marguerite, Saulcy, Saint-Léonard, Le Plafond, Corcieux.
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Général Lanquetot, Commandant la 43e DI
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Commandant Zeller, chef d’Etat-major.
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Capitaine Boyer, État-major.
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Lieutenant Huet
11h25. Installation du QG à l’hôtel du Commerce (cantonnement préparé).
12h. Arrivée du personnel du QG (1er échelon)
19h. Réception du télégramme : Partir troupes de couverture.
20h. Les Brigades des douanes sont appelées à l’activité. (JMO 43e DI)
43e DI. Télégramme du 21e CA à 18h45 à commandant d’armes de Saint-Dié.
Allez recevoir télégramme de couverture d’ici environ 2 heures. Prenez vos dispositions pour assurer exécution immédiate mesure à prendre dès arrivée télégramme. (JMO 43e DI)
43e DI. 19h Guerre à ??? Corcieux.
Extrême urgence Paris (6h10). Partir troupes de couverture. (JMO 43e DI)
1er août 1914
Remiremont. A 16 heures le maire reçoit l’ordre de mobilisation générale. Il est aussitôt publié dans tous les quartiers de la ville. La téléphonie privée est supprimée. (14-18 dans le pays de Remiremont 1999)
43e RIT. (Epinal). Dans la nuit du vendredi 31 juillet 1914 au samedi 1eraoût, les 1er, 2e et 6e Bataillons, bataillons de première urgence furent appelés par convocations individuelles ainsi que le chef de corps, et, le 1eraoût commença l’organisation de ces 3 bataillons sous la directions du lieutenant colonel Bourguignon, des chefs de Bataillon Dorget et de Lamirault et du capitaine Consigny pour le 6e bataillon.
Ces 3 Bataillons n’étaient pas encore complètement constitués quand dans l’après-midi fut lancé l’ordre de mobilisation générale dont l’heure initiale fut de la nuit du 1erau 2 août.
Dès que les affiches sont placardées, les hommes commencent à affluer à la caserne. Un grand nombre de territoriaux, même convoqués pour le deuxième jour, arrivent avant l’heure initiale de la mobilisation. (JMO)
21e CA.
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Le QG fonctionne à Rambervillers à partir de 0h15.
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Le CA dispose de l’escadrille MF5. Le groupe de couverture n°4 doit passer sous les ordres du général commandant la 6e DC dès son arrivée à ses emplacements.
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Zone : Baccarat (QG), Glonville, Azerailles, Merviller. Défense aux troupes de franchir une ligne de sûreté située à 10 km environ en deçà de la frontière.
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16h30. Réception de l’ordre de mobilisation générale. (JMO 21e CA)
43e DI. Télégramme ministre de la Guerre à 16h40 à commandant d’armes Corcieux.
Ordre de mobilisation générale. Le premier jour de la mobilisation est le dimanche 2 août.
A partir de 6h, arrivée des automobiles du QG.
16h40. Réception du télégramme : Ordre de mobilisation générale, le premier jour de la mobilisation est le dimanche 2 août. (JMO 43e DI)
2 août 1914
Presse. Les journaux locaux, Les Hautes Vosges, la volonté nationale cessent de paraître. Le journal L’industriel vosgien devient quotidien. (14-18 dans le pays de Remiremont 1999)
Remiremont. Le maire fait acheter une grande quantité de légumes secs, sel, pâtes. (14-18 dans le pays de Remiremont 1999)
Remiremont. Arrivée par voie ferrée du 23e RI. (14-18 dans le pays de Remiremont 1999)
170e RI. Epinal. « Nous arrivons à midi à Epinal. Il y règne une animation extraordinaire. A la gare, beaucoup d'ordre. Tout à l'air de s'y passer avec une méthode merveilleuse. Dans les rues, des militaires, rien que des militaires de tous âges, de toutes armes. Je m'étonne de tant d'hommes à cheveux gris. Quoi ? Déjà les classes de la territoriale sont convoquées et nous ne sommes qu'au matin de la mobilisation.
Tout ce monde-là a l'air exténué. Est-ce la chaleur intense, la longueur du voyage ? Je crois plutôt que cette pâleur, ces mines hâves, ces yeux creux sont le fait du vin, de l'absinthe, de la bière....
A peu près tous les magasins sont fermés. L'hôtel du Louvre est entrouvert. On peut y manger. Dans le restaurant une foule d'officiers, des généraux, des colonels, des médecins (que de médecins!) des aviateurs... Ça bavarde, ça rit, ça boit (….)
A la caserne du 170e d'infanterie, presque personne. Mon régiment occupe déjà ses positions dans les forts et aux environs.
On me fait appeler pour donner des soins à un homme qui vient de s'ouvrir la gorge sur le quai de la gare. Quand j'arrive, il est mort. (…
Les journaux ne sont pas parvenus ici. Nous ne savons rien. Des bruits, rien que des bruits (…)
Les trains déversent sans arrêt des troupeaux d'hommes. Ils sont exténués par la chaleur et le vin. Ce sont des réservistes. Ils sont conduits par groupes aux casernes. Ils se sentent maintenant près de la frontière. Ils ne chantent plus. Ils ne parlent même pas. Leur silence est lugubre. Tous ces gens-là ne m'ont pas l'air d'être d'un patriotisme ardent. » (Bedel 2013)
43e RIT. (Epinal). A 16 heures, le lieutenant colonel reçoit l’ordre de partir immédiatement, non seulement avec les 125 hommes obligatoires, mais même avec 200 hommes environ.
Il constate que le 6e Bataillon pourra partir le deuxième jour avec 250 hommes. (JMO)
21e CA. Le dispositif du 21e CA est le suivant.
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Ligne de couverture : Fraize, Neuviller-sur-Fave, Ban-de-Sapt, Senones, Celles, Badonvillers, Montigny.
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Gros : Corcieux, Saint-Dié, Baccarat, Rambervillers. (JMO 21e CA)
43e DI. Corcieux. (JMO 43e DI)
3 août 1914
170e RI. Epinal (ferme de la Grande-Colombière sortie du faubour d'Ambrail à 1500m). « Je suis détaché comme médecin aide-major au 2e bataillon du 170e Régiment d'infanterie. (….)
L'état de siège est proclamé à Epinal, les journaux n'y arrivent plus. Les « bouches inutiles » sont expulsées. Les magasins sont fermés, barricadés. On croirait que l'ennemi déjà fait le siège de la place.
Nous ne vivons que sur des bruits : Strasbourg est en feu et la révolte y gronde …. Un zeppelin est passé cette nuit au dessus d'Epinal. L'Allemagne propose deux milliards à la France à la condition que celle ci s'abstienne dans le conflit Russo-Allemand !!
Voici les seuls spectacles auxquels j'assiste : je vois passer de nombreux espions encadrés de baïonnettes, la région en est infestée. On a trouvé ce matin de nombreux fils téléphoniques coupés.
Tous les civils non mobilisables de la place sont réquisitionnés pour les travaux de défense. Je vois aller et venir sur la route de lamentables travailleurs : les uns boiteux, les autres poitrinaires, d'autres de 15 et 16 ans.... Tout ce monde-là creuse des tranchées, abat des arbres, pose des piquets, établit des réseaux de fil de fer. Les routes sont barrées par des arbres abattus, par des machines aratoires. A chaque barrage une sentinelle qui ne laisse passer que sur le mot de ralliement. (…)
Des aéroplanes ronflent dans les airs. » (Bedel 2013)
43e RIT. (Epinal). Les 3e, 4e, 5e et 7e Bataillons et le Bataillon de dépôt commencent leur mobilisation générale, mais nombreux sont ceux qui arrivés les 1er et 2 août sont pris en subsistance par les compagnies de première urgence. (JMO)
21e CA. L’ordre général d’opération n° 1 établit
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la 13e Division en couverture de Raon-l’Etape à Flin,
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la 43e Division avec 2 groupes de l’AC, de Raon au Valtin.
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Organisations défensive prévues sur la Meurthe.
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Le service de garde des voies de communication fonctionne.
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L’interdiction de ne pas dépasser la ligne de sûreté est levée, on peut pousser jusqu’à la frontière sans la dépasser.
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Rupture des relations diplomatiques. Déclaration de guerre de l’Allemagne à la France. (JMO 21e CA)
43e DI. Corcieux. A 17h, arrivée du 2e échelon. (JMO 43e DI)
4 août 1914
Remiremont.
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Le maire est désigné pour remplir la fonction de sous intendant militaire.
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Constitution d’une garde civique qui aura pour mission d’assurer le bon ordre en ville nuit et jour.
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Constitution d’une commission des vivres pour la soupe populaire.
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Fermeture temporaire des bals, concerts et cinémas. La fermeture des cafés est fixée à 21 heures, les attroupements sont interdits. (14-18 dans le pays de Remiremont 1999)
170e RI. Epinal (Ferme Grande-Colombière). « Je suis allé aux nouvelles à Epinal. Rien. Des bruits, des bruits... Il paraît que l'Allemagne nous a déclaré la guerre, que son ambassadeur a quitté Paris. Il paraît qu'un violent combat se livre au col du Bonhomme (..)
On vient de fusiller un photographe d'Epinal.
Un sous-officier se suicide d'un coup de revolver. (…)
5 heures. Un médecin nous apporte des nouvelles qu'il dit officielles : les Allemands ont déclaré la guerre, donc l'Italie ne marcherait pas. Le président de la Jeunesse Alsacienne, Samain, et son frère ont été fusillés par les Allemands. L'ennemi a violé la neutralité de la Belgique. Des escarmouches sont signalées un peu partout, surtout du côté de Cirey, de Belfort où des troupeaux ont été razziés en territoire français. Des navires allemands ont bombardé Bône et Philippeville. » (Bedel 2013)
43e RIT. (Epinal). Les 1er et 2e Bataillons partent pour les forts des secteurs Est et Nord Est dont ils assurent le service.
Le 1er Bataillon (commandant Dorget) à l’effectif de 13 officiers et de 1000 hommes occupe les forts des Adelphes, de Razimont et de la Mouche et les fermes de Préfoisse, de la Mouche et de la Calotine.
Le 2e Bataillon (commandant De Lamirault) à effectif de 14 officiers et 994 hommes occupe Dogneville et Jeuxey avec les forts de Dogneville, Longchamp et Deyvillers. (JMO)
21e CA.
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Arrivée du deuxième échelon du QG à Rambervillers.
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Réception des télégrammes annonçant la déclaration de guerre et la neutralité de l’Italie.
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Ordre à la 6e DC de bousculer l’ennemi vers Blâmont. (JMO 21e CA)
43e DI.Télégramme du 21e CA à 12h30 à 43e DI Corcieux. Guerre déclarée. (JMO 43e DI)
5 août 1914
Remiremont. Le public doit déposer toutes les armes en sa possession. Il est interdit de vendre de l’absinthe et de l’alcool. (14-18 dans le pays de Remiremont 1999)
170e RI. Epinal (Grande-Colombière). « Les dernière famille expulsées quittent leur ferme, leur maisonnette en pleurant. Elles emportent de pauvres petits bagages, hâtivement chargés sur des brouettes, des voitures d'enfant. (…)
D'heure en heure des cyclistes passent, porteurs de nouvelles magnifiques : les troupes du général Bataille occupent Munster. (…)
Je monte au fort de Razimont voir un malade. Au moment où j'y arrive on entend le canon tonner, loin, très loin. Un arc-en-ciel se développe, magnifique, du côté de l'Alsace, encadrant la sentinelle qui veille à l'un des angles du fort. Image empoignante.
On voit, placardé un peu partout, le Message du Président Poincaré à la Nation. Les troupiers le lisent, le commentent avec joie et confiance. » (Bedel 2013)
43e RIT. (Epinal). Le 5 août à 3 heures du matin, le 6e Bataillon (Commandant Jud) part à l’effectif de 1000 hommes en mission spéciale pour Remiremont et la Haute Moselle ; il emmène 32 chevaux et une section de mitrailleuses.
Les opérations de mobilisation des 3e et 4e, 5e et 7e Bataillons continuant, ces bataillons touchant leurs chevaux et leurs mitrailleuses. La plus grande partie des hommes des 7 premiers bataillons sont de la région d’Epinal, les deux tiers des officiers de ces bataillons sont de la région de Paris dont les trains arrivent avec un retard de 24 heures en moyenne. Il en résulte que pendant deux jours les hommes arrivés les premiers sont sans officier.
Le deuxième jour de la mobilisation, deux bataillons ont un seul officier. Deux compagnies ont un seul sergent et pas d’officier pour les commander. Un sergent a sa compagnie habillé 140 hommes. Néanmoins la mobilisation se fait normalement grâce au dévouement et au surmenage de tous. (JMO)
21e CA.
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Ordre à la 43e Division de pousser des coups de sonde sur les cols frontières pour reconnaître les forces ennemies.
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La 43e est en couverture sur la ligne : Fraize, Coinches, Launois, Senones
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La 13e sur la ligne : Celles, Badonvillard, Sainte Pôle, Montigny.
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La réserve du CA se porte sur Saint Dié.
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La 6e DC occupe la zone Ogéviller (QG), Herbéviller, Blemerey.
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16h. Réception du télégramme du général commandant en chef : donner aux opérations des troupes de couverture toute leur envergure.
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17h. Envoi de l’ordre général d’opération n°2 : Occupation des cols des Vosges du Bonhomme (inclus) à Saales (inclus) par la 43e Division appuyée éventuellement par la 26e Brigade d’infanterie. Non exécuté en raison des renseignements sur l’ennemi.
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Le 4e Chasseurs est réparti : EM et 3 escadrons à la 43e DI, 1 escadron à la 13e DI.
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Prise de commandement du général commandant la 1ere armée. (JMO 21e CA).
43e DI. Corcieux. Le service du trésor et des postes (officiers et personnel) arrive à 11h05.
La gendarmerie du corps d’armée arrive à 18h. (JMO 43e DI)
6 août 1914
43e RIT. (Epinal). La mobilisation continue. Monsieur le lieutenant colonel Bourguignon passe en revue les 3e, 4e, 5e, 7e Bataillons et le dépôt et leur présente le drapeau du régiment. Après la revue le 3e Bataillon (Commandant Beaufort) part à l’effectif de 11 officiers et 659 soldats et occupe Deyvillers. (JMO)
21e CA.
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Prise de commandement du général commandant en chef le groupe des armées du Nord Est.
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Le 8e CA se concentre dans la zone Charmes, Châtel. (JMO 21e CA)
43e DI. Le QG quitte Corcieux pour se porter à Saulcy, en exécution de l’ordre général n°3.
Départ du 1er échelon : 1h30
Itinéraire particulier : Le Plafond, Anould, Saint-Léonard.
Arrivée du 1er échelon : 4h20
Le 2e échelon quitte Corcieux à 4h :
Itinéraire : Varémont, Taintrux, Annozel. Stationnement à la gare de Saulcy.
Saulcy : 12h25. Installation du QG au château de Mr Gillosier. (JMO 43e DI)
7 août 1914
Préfecture. Le préfet des Vosges interdit la circulation à pied, en voiture ou automobiles entre 18h et 6 heures du matin. Début des réquisitions militaires. (14-18 dans le pays de Remiremont 1999)
52e RI. « On passe à Epinal, ensuite Albertvillers, et l'on débarque à trois heures de l'après-midi à la Chapelle ; de là après avoir débarqué tout le matériel, on fait à pied une étape de quinze kilomètres et nous arrivons à Laveline du Houx, où nous cantonnons. » (Roux 1997)
170e RI. Epinal (Ferme Grande-Colombière). « Passé la matinée à Epinal dont la prodigieuse animation me stupéfie. Et quel ordre dans cette mêlée, quel calme ! (….)
L'après-midi, passage de troupes sur la route de Razimont. Voici le 30e d'infanterie d'Annecy, le 99e de Vienne, le 14e chasseurs à cheval. Ils se rendent à la frontière.
A Epinal, j'aperçois entrant aux bureaux de la Place, un grand sous-officier de uhlans. Voici ce qu'on raconte à son sujet : il commandait aux environs de Baccarat, une patrouille de quatre cavaliers : la patrouille rencontre deux chasseurs à pied en sentinelles. L'un tombe traversé de part en part d'un coup de lance, l'autre est blessé au côté. Ce dernier fait le mort. Les cavaliers s'en retournent . Le blessé envoie posément quatre balles aux quatre cavaliers qui tombent ; le sous-officier se rend. On montre à la gendarmerie les tuniques, les casques et les lances des quatre tués. » (Bedel 2013)
43e RIT. (Epinal). A minuit la mobilisation est terminée. Dans la journée du 7 août, l’Etat-major, la compagnie Hors rang, les 4e, 5e et 7e Bataillons partent pour leur cantonnement.
L’Etat-major va à Jeuxey ou Monsieur le lieutenant colonel Bourguignon prend le commandement du cantonnement et de l’infanterie du secteur Nord Est.
Le 4e Bataillon (commandant Pasez) à l’effectif de 13 officiers et 963 hommes occupe la ferme de la Grande Faillouy et le faubourg d’Ambrail à Epinal.
Le 5e Bataillon (commandant Aubry) à l’effectif de 11 officiers et 958 soldats occupe Longchamp.
Le 7e Bataillon (capitaine ??) à l’effectif de 9 officiers et 952 hommes occupe Dogneville. Le nombre de chevaux réquisitionnés pour les 6 bataillons est de 100.
Le dépôt (commandant Gauvin) se constitue en 3 compagnies. Il est à l’effectif de 19 officiers et 138 hommes (non compris les détachements sur les voies ferrées) ce qui porte l’effectif du régiment à plus de 9000 hommes (suite illisible). (JMO)
43e DI. Stationnement à Saulcy.
Attaque des cols de Sainte-Marie, du Bonhomme. (JMO 43e DI)
8 août 1914
Remiremont. Ouverture d’ateliers de charité pour occuper les chômeurs. (14-18 dans le pays de Remiremont 1999)
170e RI. Deyvillers. « Nous quittons la Grande-Colombière pour aller cantonner, avec trois compagnies, à Deyvillers. Deyvillers se trouve à six kilomètres à l'Est d'Epinal sur la route de Rambervillers.
C'est un village tout en longueur à la lisière de la forêt et au bord du ruisseau du Saint-Oger.
Je loge chez le maréchal-ferrant avec Caussade.
Nous installons notre popote à l'auberge du pays. » (Bedel 2013)
170e RI. Deyvillers. « Nous quittons la Grande-Colombière pour aller cantonner, avec trois compagnies, à Deyvillers. Deyvillers se trouve à six kilomètres à l'Est d'Epinal sur la route de Rambervillers.
C'est un village tout en longueur à la lisière de la forêt et au bord du ruisseau du Saint-Oger.
Je loge chez le maréchal-ferrant avec Caussade.
Nous installons notre popote à l'auberge du pays. » (Bedel 2013)
43e RIT. (Epinal). Le 3e Bataillon (commandant Beaufort) assure le service du secteur Est d’Epinal.
Le 2e Bataillon (commandant de Lamirault), le 5e Bataillon (commandant Aubry) et le 7e Bataillon (capitaine ??) assurent le service du secteur Nord Est d’Epinal.
Le 4e Bataillon (commandant Pasez) assure le service du noyau central en remplacement du dépôt non organisé et en même temps participe au service du secteur Est.
La compagnie Hors rang assure les services du régiment.
Vers 15 heures, un avion ennemi passe au dessus des forts et des cantonnements occupés par le régiment. Les batteries de Dogneville, Deyvillers et la Mouche tirent sur lui sans l’atteindre. Des débris de projectile tombent dans le cantonnement du 3e Bataillon à Deyvillers : un projectile se perd dans un champ de blé voisin. L’aéroplane allemand continue sa marche, passe au dessus de la ville et lance quelques bombes dans le voisinage de l’hôtel du gouverneur. Les bombes tombent sur un terrain vague au champ du Pix. (JMO)
21e CA.
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Ordre général d’opération n°3. Attaque des cols du Bonhomme et de Sainte Marie.
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PC à Saint-Léonard à 12 heures.
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QG à Saint Dié avec 2 compagnies du Génie de Corps.
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Le 11e Corps doit nous relever le 9 au matin aux cols de manière que le gros du 21e CA puisse être regroupé face au col de Saales. (JMO 21e CA)
9 août 1914
170e RI. Deyvillers. « Dimanche. Messe par le jeune curé du pays, non mobilisé. Très émouvante. Le petit sermon nous fait tous pleurer.
Dans l'après-midi je vais, à cheval, voir un malade au fort de la Mouche. Ah ! Ces forts ! Dire que nous sommes appelés à vivre sous ces voûtes humides et obscures, dans ces pièces froides qui sentent le crésyl, où l'eau suinte contre les murailles ! ….. J'aimerais mieux la guerre en rase campagne, si meurtrière fût-elle.
Dans nos environs immédiats il n'y a pas d'Allemands. Mais il y a un ennemi presque aussi dangereux : les territoriaux chargés de la garde des routes et des issues de villages. Affolés par leur responsabilité, ils sont toujours prêts à faire feu sur l'officier qui ne leur donne pas le mot assez rapidement. On leur a tellement seriné que l'espion s'habille en officier que pour eux tout officier est un espion. Le soir il est extrêmement dangereux de sortir. » (Bedel 2013)
43e RIT. (Epinal). Le lieutenant colonel commandant le régiment continue l’organisation et l’instruction de ??. Cette instruction se fait simultanément avec le service de garde des secteurs et le service du génie auquel le régiment fournit deux mille travailleurs environ par secteur pour la construction d’ouvrages intermédiaires entre les forts. Les exercices de tir des mitrailleuses commencent.
Une section de la 22e compagnie quitte Remiremont et va occuper le tunnel de Bussang.
21e CA.
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Ordre n°4. Regroupement de la 43e Division.
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Relève des 1er et 3e Bataillons de Chasseurs par des éléments des 25e et 26e Brigades. La 86e Brigade doit se former dans la région de Neuviller-sur-Fave, la 85e Brigade vers Laveline, la Croix-aux-Mines.
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Deux Bataillons de la 13e Division, un du 17e Régiment, un du 21e Régiment passent dans le Ban-de-Sapt où le général Bourdériat reprend le commandement de sa division.
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Le QG de la 6e DC est à Azerailles. (JMO 21e CA)
52e RI. Laveline du Houx. « Nous avons fait un peu de service en campagne pendant ces deux jours ; nous apprenons le « travail » que nous allons faire très prochainement. » (Roux 1997)
10 août 1914
170e RI. Deyvillers. « Ce matin vive canonnade et vive fusillade sur un avion allemand qui s’éloigne rapidement. Passage d'un officier allemand prisonnier. Il est en auto entre deux gendarmes. (….)
Voici un important passage de voitures d'ambulances. Elles se rendent à Saint-Dié.
Nous sommes sans aucun détail sur les opérations. Le gouverneur ne laisse rien transpirer. » (Bedel 2013)
43e RIT (Epinal). Le tir, les exercices se font simultanément avec les hommes du génie, pour lesquels chaque bataillon continue à fournir de très nombreux travailleurs. L’instruction des gradés et des hommes du régiment est reprise pour les rares disponibles. (JMO)
21e CA.
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Ordre n°5. Mêmes emplacements que le 9.
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L’avant-garde du 8e Corps approche d’Hablainville.
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Une offensive allemande est signalée débouchant de Saales à 12 heures.
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Ordre n°6. Dispositions en vue d’arrêter cette offensive, 43e DI de front en agissant par sa droite, la 13e DI en agissant par les cols sur le flanc droit allemand.
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Réserve de CA : 109e Régiment d’infanterie, 1 groupe AC 21 : Saint Dié.
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PC à Saint Dié.
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Débarquement de la réserve d’infanterie du CA : 57e, 60e, 61e, Bataillons de Chasseurs. Seront dirigés le 11 de la région de Girecourt sur Brouvelieures.
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Le groupe de couverture du général Barbade attaqué par une division bavaroise se replie en combattant sur la Verdurette.
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Badonvillers est pris.
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L’avant-garde du 8e Corps arrive sur la Meurthe.
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La 6e DC passe sous les ordres du général commandant le 8e CA. (JMO 21e CA)
52e RI. « On quitte Laveline vers les trois heures du matin, nous passons à Granges (sur Vologne), gentil petit village qui portait encore les traces de la guerre de 70 et nous arrivons à un petit hameau vers deux heures de l'après-midi où nous cantonnons. A noter qu'à cause de la chaleur qu'il fait et du manque d'entraînement, la route était jalonnée de camarades qui étaient frappés d'insolation. » (Roux 1997)
11 août 1914
Remiremont. Le pain est rationné à 200 gr par personne et par jour. Il est taxé à 0,425 franc le kg. (14-18 dans le pays de Remiremont 1999)
170e RI. Deyvillers. « Encore des ambulances. Depuis ce matin on entend une violente canonnade dans la direction de Baccarat. Nous passons par des alternatives de doute et d'espoir. Nous ne savons rien. Des bruits nous laissent entendre que notre avance en Alsace subit de terribles contre-chocs. On parle d'un bataillon du 149e complètement anéanti. Le commandant de ce bataillon, grièvement blessé, se trouve à l'hôpital Saint-Maurice d'Epinal. (…..)
l'officier allemand prisonnier qui traversa Deyvillers, hier aurait déclaré que les Allemands ignoraient la neutralité italienne et la résistance belge. » (Bedel 2013)
43e RIT. (Epinal). Le commandant Chartrier nouvellement nommé au 43e RIT rejoint et prend immédiatement le commandement du 7e Bataillon.
L’organisation, l’instruction et le service continuent comme le 10. Les troupes s’exercent à occuper les positions de combat de nuit comme de jour.
La 22e compagnie toute entière va occuper le tunnel de Bussang. (JMO)
21e CA.
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Ordre du n° 7. Le 11e CA arrive dans la région Corcieux, Fraize, Saint Léonard. La 43e DI se porte dans la région Coinches Lusse, le CA se tenant prêt à repousser les offensives ennemies.
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PC à Saint Dié.
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Instruction générale n°1 pour l’attaque des cols frontières.
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PC Frapelle.
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Attaque de la 43e DI à partir de 14 heures.
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PC Neuviller sur Fave.
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Arrivée du capitaine Putz détaché jusque là à l’aviation. Il reprend la direction du 2e Bureau. Le capitaine Bontemps passe au 3e Bureau, le capitaine Roy au 1er Bureau. (JMO 21e CA)
52e RI. « On nous réveille à onze heures du soir, après deux heures de sommeil et nous marchons toute la nuit. Au jour levé, nous grimpons une longue côte, très rapide, je n'avais jamais vu la pareille. Au sommet, nous faisons une grande halte dans le bois ; là nous nous désaltérons avec un quart de jus. Mais voilà qu'il faut repartir et nous allons cantonner à Haute Mandray, où nous arrivons très fatigués à deux heures du soir. On passe la nuit couchés dans le foin et c'est la dernière nuit que nous avons passée dedans et où nous avons bu du vin. Nous étions à quinze kilomètres de la frontière d'Alsace. » (Roux 1997)
12 août 1914
Remiremont. Rationnement du gaz. (14-18 dans le pays de Remiremont 1999)
170e RI. Deyvillers. « Par une chaleur très vive sont passés ce matin des régiments d'infanterie du 13e corps Clermont-Ferrand, Aurillac, …. Les hommes qui portaient pour la plupart, à leur képi, un petit Sacré Coeur, paraissaient exténués. Ils n'avaient pourtant que 12 kilomètres dans les jambes. Ils se dirigeaient vers Baccarat. Mauvaise impression : troupes mal entraînées.
Passage d'une limousine, où nous apercevons un officier prisonnier, assis entre deux hussards, le mousqueton à la main. Il portait un haut bonnet couvert de toile grise. Il paraissait très jeune et semblait très affaissé. » (Bedel 2013)
52e RI. « Nous passons la journée au repos toujours à Mandray et nous partons de là à la tombée de la nuit, nous passons à Fraize qui nous paraît être une ville triste et on arrive un peu en avant de la frontière, à deux heures du matin ; là on se couche dans un pré jusqu'au lever du jour ; pendant la nuit nous avons entendu les premiers coups de feu tirés par des patrouilles. Nous étions ici au col du Bonhomme (949m). » (Roux 1997)
43e RIT (Epinal). L’organisation, l’instruction et les services comme la veille continuent.
L’organisation précise la situation du 43e Territorial. Le lieutenant colonel chef de corps de 8 Bataillons dont un de dépôt, est, avec le drapeau l’âme du régiment.
Le lieutenant colonel administre directement les 1er, 2e, 3e, 4e, 5e et 7e Bataillons.
Le lieutenant colonel, établi de sa personne à Jeuxey dans le secteur Nord Est (commande l’infanterie) est chef de son cantonnement. Sur ordre du chef de la 1ere armée, le 6e Bataillon est envoyé d’urgence de Remiremont et de Bussang au Ballon d’Alsace. Il télégraphie à son chef de corps, le lieutenant colonel Bourgoignon, qui lui envoie le salut de tout le régiment. (JMO)
13 août 1914
52e RI. « On part à l'aube et on franchit la frontière (Alsace) pour aller à la première attaque. Le 11e Bataillon de Chasseurs Alpins était en première ligne et le 52e en réserve. Le combat commence à la première rencontre et malgré la défense des Alpins toute la journée, on est obligé de se retirer. Les Chasseurs Alpins ont subi de très fortes pertes, car ils ont chargé les Allemands dans un bois très épais, où on se voyait à peine à trente mètres. Ils croyaient embrocher l'ennemi, c'était des silhouettes ! Et en se repliant, la mitrailleuse du 75e de ligne leur a fait des dégâts. C'est là que j'ai vu les premiers morts, dont un adjudant.
Après le combat nous allons passer la nuit en avant du col du Bonhomme. » (Roux 1997)
43e RIT. (Epinal). On continue comme le 12 août. Du Ballon d’Alsace où il reçoit le télégramme optique du chef de corps lui apportant le salut du 43e Territorial, le 6e Bataillon répond en saluant le drapeau du régiment. (JMO)
14 août 1914
52e RI. « Nous avons repos toute la journée et, le soir, la compagnie prend le service aux avant-postes. » (Roux 1997)
43e RIT. (Epinal). Comme la veille. Les compagnies complètent leurs effectifs. (JMO)
15 août 1914
Remiremont. Arrivée des premiers prisonniers de guerre allemands. (14-18 dans le pays de Remiremont 1999)
52e RI. « De bon matin on va à l'attaque du col, mais par un autre côté ; le bataillon est en première ligne, après un duel d'artillerie qui avait duré trois heures. On continue le combat de quatre heures du matin jusqu'à la même heure de l'après-midi. On se tiraille à 400 mètres. Le soir les Allemands se dissipent, à cause de notre artillerie, qui était le 2e de Grenoble, et nous avons grimpé la colline à l'assaut à la baïonnette ; l'ennemi recule et la position est à nous. Le combat a été rude pour nous, nous avons eu à la compagnie seulement deux lieutenants blessés, notre adjudant et une trentaine d'hommes hors de combat. Pendant toute la nuit, nous couchons sur la position avec la pluie qui n'a pas cessé de tomber. On avait fait trente prisonniers. » (Roux 1997)
43e RIT. (Epinal). Comme la veille. Le chef de corps complète les cadres par des nominations. (JMO)
16 août 1914
170e RI. Deyvillers. « A Epinal, les infirmières s'impatientent de n'avoir point de blessés. A Saint-Joseph, il y en a trois. Toute la garnison va les voir. On les interroge, on les touche, on les admire. Ils ont été blessés au col de Sainte-Marie. L'un d'eux à trois balles dans le bras gauche, une quatrième lui a éraflé la tempe. Il raconte tellement son histoire qu'elle finit par se déformer et s'il fallait le croire il serait un lion ! ... » (Bedel 2013)
52e RI. « On quitte le col vers les neuf heures du matin, nous passons dans le village de Bonhomme qui avait été pris la veille à l'assaut par le 52e. Beaucoup de maisons avaient subi les effets du bombardement de notre artillerie. On marche toute la journée avec la pluie sur le dos. Nous traversons Laveline à la tombée de la nuit et nous arrivons à Lusse pour y cantonner vers onze heures du soir. On avait fait quarante-cinq kilomètres. » (Roux 1997)
43e RIT. (Epinal). Comme la veille. Le ministre désigne comme deuxième lieutenant colonel au 43e Territorial, le commandant Loubet promu lieutenant colonel. Il informe le général gouverneur que la désignation d’un deuxième lieutenant colonel au 43e Territorial est prononcée à titre exceptionnel en raison des circonstances et que Monsieur le lieutenant colonel Bourgoignon conservera le commandement de ce régiment.
Le général gouverneur décide que Mr le lieutenant colonel Loubet exercera le commandement de l’infanterie du secteur Est dès qu’il aura rejoint. (JMO)
17 août 1914
Remiremont. Un hôpital militaire ouvert dans le collège des garçons, reçoit ses premiers blessés. (14-18 dans le pays de Remiremont 1999)
52e RI. « De là (Lusse) on part à cinq heures du matin, toujours la pluie n'ayant cessé de tomber. Après une longue et pénible marche de vingt-cinq kilomètres, à travers bois et sans prendre haleine une minute, nous arrivons en Alsace à un village appelé Steige, à quatre heures de l'après-midi. Les habitants semblaient assez aimables envers nous. Après une demie-heure de pause, la compagnie fut désignée pour aller aux avant-postes. Nous montons une colline à un kilomètre en avant du village et arrivés là, nous creusons des tranchées pour y passer la nuit et être à l'abri des balles s'il y avait une attaque, car l'ennemi était tout proche. » (Roux 1997)
43e RIT. (Epinal). Comme le 16.
A 7 heures du soir, le chef de corps reçoit l’ordre de tenir une compagnie prête à embarquer pour Saint-Dié où elle se mettra à la disposition du commandant des étapes. (JMO)
18 août 1914.
170e RI. Deyvillers. « Nous commençons à organiser la défense avancée d'Epinal. Les troupiers sont occupés à établir des barrages sur le cours du Saint-Oger afin d'inonder les prairies d'alentour. D'autres creusent des tranchées, abattent des arbres dont ils font une barrière devant les tranchées. Des réseaux de fil de fer s'établissent autour d'Epinal. De gros canons de 155 long sont mis en batterie en dehors des forts... » (Bedel 2013)
52e RI. « Vers les neuf heures du matin, on reçoit l'ordre que la Compagnie aille rejoindre le Bataillon qui occupait le village de Steige. Là on touche des rations de cartouches, car depuis trois jours, on n'en avait pas eu. Nous mangeons une boite de conserve chacun et des prunes pour le dessert. Vers les onze heures du matin, l'ordre arrive de marcher en avant, on, quitte le village, le 1er et 3e Bataillon, mais voilà que les obus ennemis commencent à tomber sur Steige qu'on venait de quitter. L'ennemi se trouvait à deux kilomètres d'un village appelé Villé et avant celui-ci il y en avait un autre plus petit.
Enfin le commandement nous fait placer en tirailleurs dans une vaste prairie et on va à l'attaque. Nous passons et traversons le premier village (Maisons Goutte), bond par bond. Il n'y avait aucune résistance, mais une fois en vue de Villé le combat a commencé.
Les balles sifflaient tellement dans le pré qu'il a fallu essayer de prendre le village par le côté Est, où on a trouvé une résistance terrible car l'ennemi était bien supérieur en nombre et, en plus, les habitants nous tiraient dessus par les fenêtres de leurs maisons. Enfin, après s'être battus jusqu’à cinq heures du soir, et voyant qu'on se ferait tous écraser, vu notre mauvaise position, on battit en retraite jusqu'à Steige. L'artillerie allemande nous bombardait, toujours, ainsi que du fort de Sainte-marie, sans arrêt pendant toute la soirée. Nous avions seulement une batterie du 54e de Lyon. La nuit arriva, le combat cessa et pour souper nous creusons des tranchées toute la nuit, avec le 4e Régiment du Génie en avant de Steige et à la lueur des maisons qui flambent. » (Roux 1997)
43e RIT. (Epinal). Même travail que la veille. La 4e compagnie commandée par le capitaine Bouhbon est désignée pour aller à Saint-Dié. S’embarque à 1h30. (JMO)
19 août 1914
Remiremont. Création d’une commission de ravitaillement chargée d’acheter en gros des denrées alimentaires pour les revendre au détail à des prix fixés. (14-18 dans le pays de Remiremont 1999)
52e RI. « Nous restons dans nos tranchées jusqu'à onze heures du matin et les obus pleuvent, heureusement derrière nous. Nous faisons le café dans un bois à côté et de là nous descendons à Steige où nous touchons des vivres. On se replie cinq à six kilomètres en arrière et on s'apprêtait à manger la soupe lorsque, tout à coup, il fallut jeter la soupe et la viande et éteindre les feux.
Nous nous portons en avant et nous allons coucher dans les tranchées. Pendant toute la nuit, le canon a tonné de part et d'autre ainsi que de coups de fusil très proches de nous.
A Steige, on avait eu assez de pertes, au moins une vingtaine à la Compagnie, mais le 1er Bataillon avait subi des pertes plus lourdes encore. » (Roux 1997)
43e RIT. (Epinal). Comme les jours précédents.
On entend le canon des corps d’armes engagés sur la frontière de Nancy à Saint Diè.
La 4e compagnie détachée assure la garde de la voie ferrée de Saint-Diè à Raon-l’Etape ( ??) également des postes à Bertrichamp, St Clément et Ménil Flin sur la ligne de Raon à Lunéville. (JMO)
20 août 1914
52e RI. « Nous partons à quatre heures du matin, nous traversons de jolis petits villages alsaciens, mais à midi, au moment où nous croyons faire la grande halte, nous recevons l'information que l'artillerie allemande était dans un bois à deux cents mètres de nous. Nos artilleurs qui faisaient la soupe ont aussitôt transporté deux batteries en avant, de manière à pouvoir tirer sur les autres.
Nous mettons baïonnette au canon et nous entrons dans le bois où nous croyions qu'ils se trouvaient. On entendait siffler les balles mais nous ne voyions personne. Enfin après nous être assuré, à travers ce bois, qu'il n'y avait aucun danger, nous nous arrêtons près d'une ferme pour y faire la soupe. Il y avait là le 1er et le 3e Bataillon mais par ordre du général, nous nous portons en avant, en abandonnant à nouveau la bonne soupe.
Et nous voilà, en pleine nuit, dans les bois, les coups de fusils retentissent de partout. On nous fait mettre baïonnette au canon et un mouchoir blanc au bras gauche pour se reconnaître. Nous marchons à travers bois pour surprendre l'ennemi, il était onze heures du soir. Enfin, ne voyant personne, et pourtant nous les entendions parler à cent mètres de nous, nous nous arrêtons dans une clairière et nous faisons le guet toute la nuit. Nous étions au col de Saales. » (Roux 1997)
43e RIT. (Epinal). L’instruction des compagnies et des mitrailleurs continue : les tirs commencent simultanément avec les travaux de défense qui sont poussés activement.
Le commandant Esnez de l’infanterie coloniale est mis à la disposition du lieutenant colonel commandant le régiment. (JMO)
21 août 1914.
52e RI. « Nous nous levons à quatre heures du matin, tout mouillés de rosée et nous nous mettons à fouiller le bois. Mais après avoir fait un kilomètre, nous sommes surpris à la lisière par une patrouille allemande qui dirige un feu nourri sur nous. Immédiatement, nous nous déployons en tirailleurs et nous chargeons à la baïonnette ladite patrouille.
Nous tuons le lieutenant qui la commandait et ils reculent. Il faut arrêter les poursuites car les troupes ennemies se trouvent à quatre cents mètres et nous tirent dessus. Là nous faisons des tranchées et de quatre heures du matin à cinq heures de l'après-midi, nous nous « tiraillons » sans cesse. Le combat est très vif, car malgré qu'on fût bien abrités dans des tranchées, nous avons beaucoup de pertes et toutes mortelles. Notre capitaine est tué par trois balles, le dernier lieutenant qui restait à la compagnie est tué également.
Mon camarade de Moussac meurt à mes côtés vers quatre heures de l'après-midi. Nous recevons du renfort par le 140e. Ce qui met l'ennemi en déroute, ce sont les mitrailleuses de ce régiment qui lui infligent de grosses pertes. Le 140e contourne la colline et termine le combat en faisant bon nombre de prisonniers. Après ce combat, la Compagnie ne compte plus que cent quatre vingt hommes sur le deux cent cinquante. Le chef qui nous commandait était blessé à la tête et on allait se reposer à Saales, lorsqu'il y eut un contre-ordre, et après une longue marche, nous venons coucher dans un bois au col de Prayé. Il était onze heures du soir et nous retrouvons là le 2e Bataillon. » (Roux 1997)
43e RIT. (Epinal). Comme la veille. Au cantonnement du régiment on entend le canon sur la frontière de Nancy à Saint-Diè pendant la journée et une partie de la nuit. (JMO)
22 août 1914
52e RI. « A huit heures du matin, nous touchons les distributions et nous nous apprêtons à faire la soupe quand l'ennemi nous est signalé très prés de nous. Nous grimpons une montagne, et après des recherches sur l'autre pente, nous nous arrêtons et nous creusons des tranchées dans lesquelles nous passons la nuit. » (Roux 1997)
43e RIT. (Epinal). Comme précédemment. On entend le canon toute la journée sur la frontière de Nancy au Donon. Cette canonnade continue une partie de la nuit. (JMO)
Dimanche 23 août 1914
51e BCA. Chambéry, 6 heures.
« Nous sommes en route depuis hier soir à 23 heures. Tout le monde part content ; tous les hommes chantent ; les wagons sont fleuris. Nous devons débarquer ce soir à …. » (Belmont 1916)
170e RI. Deyvillers. « Toute la nuit sont passés des camions automobiles, des convois se dirigeant sur Epinal. Bruit lugubre ! Bruit de retraite !
A Epinal, des trains chargés de blessés passent sans cesse. Pêle-mêle dans les wagons poussiéreux et chauds s'entassent blessés français et blessés allemands. Ils sont couverts de poussière. Leur barbe longue, leur visage crasseux, leurs vêtements en loque, leur donnent un air pitoyable. Parmi eux je vois un petit Saint-Cyrien qui a été légèrement blessé d'une balle à la tête. Je l'interroge avidement : « Nous revenons d'Alsace, c'a trop bien marché dès le début. Nous nous sommes laissés attirer sur des endroits sournoisement fortifiés : tranchées en béton, mitrailleuses dans les clochers, canons de gros calibres.... Une défensive infranchissable.... Nos troupes fatiguées par la chaleur et par des combats quotidiens. Charges à la baïonnette sur des distances invraisemblables, des 700, des 800 mètres !... Bref retraite générale de l'armée Dubail !... Parallèlement, l'armée de Pau en Haute-Alsace, obligée de suivre le mouvement après de gros succès, dont la prise de Mulhouse presque sans coup férir... » J'apprends que le 8e corps (général de Castelli) a énormément souffert.... Dans le train déjà chargé de blessés sont montés des femmes, des enfants fuyant l’approche de l'ennemi. Tout cela prie, pleure, supplie... Des infirmières de la Croix-Rouge distribuent du café, de la bière, des tisanes... Il fait une chaleur intolérable.
Ce soir à cinq heures, un parc de munitions vient s’installer à Deyvillers. Les chevaux sont maigres, couverts de blessures suppurées. Les hommes, énervés, sont brutaux, frappent à tour de bras les pauvres bêtes brisées de fatigue.
Le groupe de chasseurs cyclistes qui forme l'escorte du général Dubail traverse le pays, se rendant à Epinal, où se trouve reporté l'état-major d'armée, primitivement à Rambervillers. Beaucoup ont en guise de pèlerines des morceaux de la toile caoutchoutée d'un zeppelin abattu près de Celles. » (Bedel 2013)
52e RI. « Le Bataillon garde le col et nous nous déployons en tirailleurs sur le versant pour surprendre l'ennemi au fond du ravin où se trouvait une route. On reste là jusqu'à trois heures de l'après-midi entendant parler les Allemands, mais ne les voyant pas, lorsque nous recevons l'ordre de partir pour Saint-Blaise où ils avaient besoin de renforts. On était encore en Alsace ; nous partons en passant par Senones et nous arrivons à Moyenmoutier à la nuit, où l’on touche des vivres.
Là chacun trottait dans la ville pour acheter de quoi boire et surtout manger. Les habitants étaient très gentils avec nous, car nous voyant reculer les femmes pleuraient sur notre passage en nous disant : « Vous reculez, demain les Allemands seront ici. » Enfin nous marchons un peu plus et nous allons passer le restant de la nuit dans un bois. Il était minuit environ. » (Roux 1997)
43e RIT. (Epinal). Comme la veille. On entend quelques coups de canon vers 5 heures du matin. (JMO).
Lundi 24 août 1914
51e BCA. 10h. « A Gray, nouvelle surprise ; nous continuons immédiatement dans la direction de Saint-Dié où notre arrivée est attendue vers 5 heures du matin. Et nous continuons à rouler depuis, mais nous sommes très en retard sur l’horaire prévu, puisqu’il est 10h (…) et nous ne sommes pas à Epinal.
Ainsi nous voilà dans la zone des armées. Comme tout est changé depuis Macon ! Quel mouvement dans les gares ! Quelle foule d’employés à brassards, de troupiers, de blessés, d’officiers spécialisés.
Ce premier contact avec les réalités de la guerre est saisissant ! Hier, dès Saint-Jean-de-Losne, nos avons croisé un train de blessés ; ce matin nous en avons croisé deux autres. (…) Hier sir nous avons croisé un convoi de prisonniers allemands.
Ce matin, dans toutes les petits gares que nous traversons, les voies de garage et les quais d’embarquement sont occupés par des wagons chargés d’objets hétéroclites, de cordages, de crics, de câbles, matériel de siège qui attend là son emploi.
Les routes sont défoncées par les piétinements des chevaux et creuses d’ornières ; les troupes d’artillerie et de cavalerie ont laissé leurs traces. Les champs, couverts de cultures mûres, sont complètement déserts (…)
Tout le long des terres, les territoriaux sont organisés par petits campements sous des tentes ou des abris de feuillage ; on dirait des campements d’Indiens dans la forêt vierge. »
20h. « Il est 8 heures et nous roulons toujours. Quand je dis que nous roulons, c’est une manière de parler ; nous sommes en détresse sur une voie e garage, dans je ne sais plus quelle petite gare, entre Epinal et Saint-Dié. La nuit est venue, splendide ; dans ce pays harmonieux, très vert, les bois de pins, qui habillent les derniers ressauts des Vosges, mettent une note mélancolique. » (Belmont 1916)
170e RI. Deyvillers. « La retraite continue. Des convois passent pendant la nuit transportant des blessés vers l'arrière.
Des blessés passent à pieds. Une très grande quantité, des coloniaux surtout, sont blessés à la main gauche. Ce sont des auto-mutilés sans aucun doute ; sur la plupart se voit la pigmentation caractéristique de la poudre. Ils meurent de faim. Nos troupiers leur distribuent du pain, de la viande. Ils sont couverts d'une couche de poussière indescriptible . (….)
L'exode des habitants de Baccarat commence, lugubre …. Il en passe par groupe de six, sept personnes, des femmes, des enfants …. couverts de poussière, les yeux creux, les lèvres sèches. Par eux nous apprenons la retraite rapide des troupes françaises, l'envahissement de la Meurthe et Moselle par l'ennemi, les atrocités qu'y commettent les soldats ivres du vin pillé. Badonviller est à nouveau entre leurs mains. Baccarat également et Saint-Dié. » (Bedel 2013)
60e BCP. Celles sur Plaine. Attaque du 60e BCP depuis Raon l’Etape.
« 2h30, rassemblement des officiers, le capitaine lit un ordre « Les Allemands ont occupé cette nuit le village de Celles-sur-Plaine ; mission du 60e Bataillon de Chasseurs ; les attaquer les déloger » (…)
Sous une véritable grêle d’obus et de balles les hommes progressent par bonds en avant (…) Quelqu’un me crie de derrière « mon lieutenant, le capitaine est blessé ! C’est d’autant plus ennuyeux pour moi qu’il va m’être bien difficile d’aller jusqu’au centre de la compagnie pour en prendre le commandement. Si j’y vais en courant, je serai criblé de balles. Si j’essaie de ramper, je mettrai plus d’un quart d’heure. J’essaie d’abord le premier moyen, je n’ai pas fait quatre pas que je suis culbuté par le souffle d’une marmite. J’avoue même que je n’ai pas envie de rire à ce moment là. Je repars dans la même direction, mais en rampant cette fois et en cherchant des yeux l’endroit où je pourrais me placer pour voir toute la compagnie et la commander effectivement. Je crie de toutes mes forces pour appeler les hommes de liaison du capitaine. Personne ne répond ; je me fais la réflexion qu’ils sont peut être morts et je m’apprête à commander par cris et surtout par gestes (…) »
Le lieutenant se lève à moitié pour crier « allons, la section de droite en ava… La dernière syllabe me reste dans la gorge, il me semble qu’on vienne de me donner sur les dents un violent coup de bâton (….) Je baisse la tête pour laisser couler le sang par terre. J’ouvre la bouche, mes dents tombent : une, deux, trois. » (Témoignage de Marcel Carpentier tué le 15 mai 1918 en Orient, 4 citations dont 2 palmes cité in DESBOIS (E) Les agents de liaison et de transmission, 14/18 n° 1 pp 46-49)
52e RI.« De grand matin, le Bataillon se rassemble et l'on rentre dans un bois où l'on reste quelques heures. C'est là qu'une bonne femme qui habitait une ferme à côté nous fit le café pour la compagnie ; il y avait bien longtemps qu'on n'en avait pas bu. Ensuite on reçoit l’ordre de se porter en avant et d’aller à l’attaque de Saint Blaise. On progresse en avant du village, traversant une grande prairie en lignes de section par quatre, très prudemment. On arrive aux premières maisons du village, les balles commencent à siffler et la bataille s’engage ; le 52e contourne le village pour le prendre de côté. Les mitrailleuses allemandes qui avaient de bonnes positions nous causent des pertes, ainsi que leur artillerie qui ne cesse pas de tirer, surtout leurs grosses pièces de 105. Enfin le village est pris après une vive résistance et de là nous nous déployons en tirailleurs dans le bois qui le borde. Nous dormons dans des tranchées creusées à la hâte. » (Roux 1997)
43e RIT. (Epinal). Pendant la nuit du 23 au 24, on entend de nouveau le canon.
Le 24 août, les 6 Bataillons entiers sont au travail de tranchée que l’on pousse avec une activité fiévreuse sur la ligne principale de défense. Le travail commence aussi sur les positions avancées.
Le lieutenant colonel Loubet prend le commandement de l’infanterie du secteur Est. (JMO)
25 août 1914
170e RI. Deyvillers. « A 6 heures alerte. En quelques minutes les compagnies sont à leur poste de combat. Je pars avec mon ambulance, mes infirmiers et mes brancardiers installer mon poste de secours auprès de Malgré-Moi. Une canonnade formidable gronde vers Baccarat – entre Baccarat et Rambervillers. Du fort des Adelphes on voit à l’œil nu les gros obus allemands éclater dans l'air : petits flocons de fume vite éteins … Cela dure depuis deux heures du matin. Vers 10 heures la canonnade ralentit et s'éloigne. On ne voit plus de petits flocons. A 11 heures on nous donne l'ordre de regagner nos cantonnements. Le bruit court que notre offensive en tenaille aurait réussi et que deux corps d'armées ennemis seraient coupés dans leur retraite.
Toute l'après-midi des bandes d'émigrés traversent Deyvillers. Ils arrivent de Baccarat et des environs. Ils fuient les atrocités, l'incendie, le viol et la fusillade. Ce sont des théories de femmes et d'enfants. Que d'enfants ! Ils sont deux, trois par petite voiture. Sur la capote on a placé le ballot de linge. Les femmes ont mis sur elles ce qu'elles ont de plus beau, et le spectacle est saisissant de ces filles et de ces vieilles femmes traînant dans la poussière des routes leurs robes de soie et leurs souliers vernis.
Tout ce monde-là est haletant est haletant de terreur. J'ai vu des physionomies analogues sur les dessins de George Scott rapportés des Balkans. Beaucoup arrivent de Blamont et de Cirey. Ces noms en disent long maintenant. C'est à Blamont, je crois que nos troupes ont trouvé cet ordre de réquisition d'un officier allemand invitant les jeunes filles du pays à se rendre immédiatement à tel endroit, elles s'y rendirent et furent méthodiquement violées. » (Bedel 2013)
52e RI. Blaise (Saint). « Dès le jour les coups de feu claquaient de part et d’autre : toute la matinée nous nous canardons presque au hasard dans le bois où l’ennemi avait fait lui aussi de bonnes tranchées. Les obus ne cessent de siffler sur nos têtes, les nôtres se croisant avec ceux de l’adversaire qui nous est supérieur en artillerie. Dans l’après midi, voyant qu’on ne pouvait les déloger par les balles de leurs positions, on pousse la charge à la baïonnette au son des clairons. L’ennemi recule et nous arrivons à la crête du bois où une violente fusillade nous reçoit. On se replie sur nos positions antérieures. L’ennemi contre attaque mais une deuxième fois, nous les repoussons à la baïonnette.
La journée est terrible, étant très inférieurs en nombre, on garde la position avec beaucoup d’efforts jusqu’à la nuit. Nous nous replions sous la pluie à la lisière du bois, nous creusons des tranchées à la lueur des maisons de Saint Blaise qui flambaient. Nous avions essuyé beaucoup de pertes, les compagnies étaient toutes démantelées, il ne restait plus au régiment que trois capitaines sur douze, les autres étant tous tués ou blessés. Parmi les morts, ceux de la 8e et de la 10e compagnie qui ont été enterrés sous une pluie d'obus dans le cimetière de Saint-Blaise » (Roux 1997)
51e BCA. 10h. « Nous avons fini par arriver ce matin à Saint-Dié, avec quel retard, grand Dieu !.
Ici, c’est de plus en plus la réalité frappante ; la ville est tout en troupes, cavaliers, artillerie, convois, automobiles. Beaucoup de troupes que nous rencontrons se sont déjà battues plusieurs fois ; les hommes sont noirs, sales, fatigués, beaucoup de chevaux boitent. Ce n’est plus la guerre pour rire, tout ça !
Tout à l’heure, en débarquant, nous avons tiré sur un aéroplane allemand qui survolait Saint-Dié et qui est reparti de suite, poursuivi par les balles, qui ne l’ont pas atteint. Un autre a passé un moment après, mais trop haut et trop loin pour qu’on puisse tirer sur lui ; il a lâché des bombes qui sont tombées dans les champs et n’ont fait aucun mal. »
12h30 « Nous venons de nous porter à 3 ou 4 kilomètres à l’est de Saint-Dié pour protéger la ville contre une attaque éventuelle de cavalerie allemande. Depuis un moment, la canonnade, qui avait cessé vers 10h, a repris plus rapprochée, dans la direction des Vosges, dont nous avons devant nous la barrière boisée, à une quinzaine de kilomètres. On voit même, par instants, apparaître sur les pentes des panaches blancs que suit, de plusieurs secondes, la détonation, sourde comme un coup de mine.
J’espère que c’est notre artillerie qui tire. Nous mêmes sommes en réserve derrière les premières collines qui s’élèvent à l’est de Saint-Dié. Deux compagnies sont en première ligne sur une croupe de bruyères à 800 ou 1000 mètres. Les deux autres compagnies dont la mienne, sont massées en deuxième ligne dans des prés en pente ; là nous attendons. Mais à en juger par la canonnade, qui se précise et se rapproche comme les sourds grondements d’un orage, et par les patrouilles de cavaliers ou de fantassins égarés, affairés et éreintés, qui se rabattent sur Saint-Dié pour se ravitailler, l’ennemi doit progresser vers nous. »
16h. « Nous sommes toujours à attendre l’attaque. Sera-t-elle pour ce soir ou pour demain ? Sur la route, des troupes passent en désordre, par petits paquets, se repliant sur Saint-Dié. Il y a de tout : fantassins, hussards, sapeurs, escortés de paysans et de femmes en cheveux qui portent des paniers et des manteaux ; tout cela en fuite. Les hommes qui passent, sales et éreintés, disent que les Allemands sont à Provenchères, 10 km devant nous. Il est donc probable que nous passerons la nuit ici.
Les hommes du 22e qui se replient sur Saint-Dié étaient, il y a huit jours, à Sainte-Marie-aux-Mines, en pleine Alsace. De ligne en ligne ils battent en retraite, harcelés par l’artillerie allemande.
Dans la situation où nous sommes, on ne peut rien chercher à savoir, ni à comprendre. Nous sommes noyés dans une telle masse que nous ne pouvons pas nous rendre compte de ce qui se passe dans l’ensemble. »
17h 30 «Le défilé du 22e en retraite continue ; tous les hommes sont affreux, hirsutes et visiblement éreintés. Voilà trois semaines qu’ils se battent, et ils ont couché plus souvent à la belle étoile que dans le foin. (…) Des hommes envoyés à Grattin, petit village où nous cantonnerons cette nuit, vont préparer la soupe. Ce soir nous sommes en campagne et j’ai dit à mes hommes que je mangerais à la gamelle avec eux. » (Belmont 1916)
43e RIT. (Epinal). Pendant la nuit du 24 au 25 on voit la lueur des incendies au nord du secteur Nord Est.
Le 25 août dès le matin une violente canonnade se fait entendre.
Le travail aux défenses de la ligne principale continue : tranchées, réseaux de fil de fer, boyaux de communication.
Le travail continue également sur les positions avancées par l’organisation de communications à travers bois.
Les troupes du secteur Nord Est, le plus menacé, s’établissent en cantonnement d’alerte. On se tient prêt à aller occuper les tranchées.
Un ordre du général gouverneur du 25 août organise les 3 Bataillons du secteur Est en détachement sous le commandement du lieutenant colonel Loubet. Ce détachement composé des 1er, 3e et 4e Bataillons continue à être administré par le chef de corps.
Pendant la journée du 25, des tranchées avancées du centre de résistance de Longchamp on voit avec les jumelles les obus allemands tomber sur la côte d’Essey. Le soir on voit les lueurs d’un village incendié. (JMO)
26 août 1914
170e RI. Deyvillers. « La canonnade reprend ce matin plus lointaine. A minuit les officiers ont reçu l'ordre de prendre leurs cantonnements d'alerte : ils ont passé la nuit auprès de leurs hommes, dans la paille. On met Deyvillers en état de défense. On fait des meurtrières dans les murs des maisons, on dispose les clôtures en créneaux. Boulanger a trouvé derrière notre maison un excellent emplacement pour ses mitrailleuses.
Des blessés passent, isolés, porteurs surtout de plaies des membres supérieurs et de la tête. Ils n'ont plus ni sac, ni fusil, ni bidon. Mais comme leurs yeux et leurs joues sont creux !
Une vieille femme émigrée me demande des soins pour son petit fils – 13 mois – qui meurt d'une entérite dans sa petite voiture : triste berceau, triste mort dans la poussière des routes (…)
Je fais monter deux ambulances d'Epinal pour aider à l'évacuation des émigrés dont la plupart ne peuvent plus se traîner (…)
Les gendarmes-cyclistes fouillent la région à la recherche des déserteurs : quatre artilleurs qui s'étaient costumés en civils sont pris et fusillés. Deux coloniaux qui avaient quitté le combat, les mains recouvertes de faux pansements sont fusillés par leurs camarades.
Dans la nuit on aperçoit le ciel rouge d'incendies vers Baccarat.
On arrête deux territoriaux qui, le sac au dos, le fusil garni, s'en allaient à leur gré faire le coup de feu où l'on se bat. » (Bedel 2013)
52e RI. Blaise (Saint). « Vers le cinq heures du matin, le Régiment reçut l'ordre de se replier, le 140e Régiment d'infanterie prenait la position qu'on occupait. Mais les balles sifflent autour de nous et nous sommes obligés de rentrer dans le bois. On se déploie en tirailleurs, étant soutenus à gauche par le 140e et à droite par le 256e de Réserve et le 11e Chasseurs Alpins. Nous montons la crête, une quatrième fois, à la charge à la baïonnette, et l'on se tue à bout portant. Les cadavres plus Allemands que Français, parsemaient le bois. L'assaut fut un peu retardé à cause de notre artillerie, le 2e et le 6e dont les obus pleuvaient à vingt mètres en avant de nous.
Enfin, arrivés au sommet, on se tiraille pendant une heure. C'est là qu'un lieutenant allemand crut qu'on se rendait et nous nous croyions le contraire. On se parlait à dix mètres et par ordre d'un capitaine du 256e on fit « un coup par sabre », on tua l'officier ennemi et plusieurs Allemands qui s'étaient approchés de nous. Après, j'ai vu la mort de près, une pluie de balles nous pleuvait dessus : les mitrailleuses qui étaient à cent mètres de nous, nous criblaient de projectiles et nous causaient des pertes sérieuses. Nous fûmes obligés de décrocher.
Le combat cessa pour l'infanterie, mais l'artillerie tire toujours jusqu'à la nuit. A huit heures du soir, on creuse des tranchées et nous nous couchons sous la pluie. Mais au milieu de la nuit on reçoit l’ordre de se replier dans un village non loin de Saint Blaise. Nous traversons le bois avec beaucoup de peine à cause du mauvais temps et nous arrivons enfin à ce village. Nous couchons dans une grande filature, très mouillés, mais contents d’être à l’abri. Ces trois jours de combats à Saint Blaise avaient été très meurtriers. Le dernier jour les pertes ennemies étaient supérieures aux nôtres, mais notre régiment était quand même bien décimé. La compagnie ne comptait plus que 80 hommes sur les 250 partis. Pendant cette rude bataille, l’artillerie n’avait pas cessé de tirer, au point que la prairie de Saint Blaise était labourée par les obus. (Roux 1997)
51e BCA. « Après avoir passé la journée au hameau de Dijon, nous sommes redescendus coucher à Grattin. (…) L’ennemi n’était pas loin ; les patrouilles envoyées dans les bois en avant de Dijon avaient aperçu plusieurs fois des fantassins allemands. Le bicycliste du capitaine Rousse avait tué un uhlan et rapporté son fanion. Une patrouille, envoyée par le 51e, avait ramené un caporal blessé.
Le soir, à la tombée de la nuit, la canonnade qui avait grondé tout le jour s’est abattue en rafales sur les emplacements qu’occupait le gros du bataillon, en arrière de Dijon, et ç’à été pendant quelques instants un vacarme infernal.
Un peu plus tard, des coups de feu d’infanterie très rapprochés ont crépité dans les bois à notre gauche ; donc tout permettait de prévoir que le lendemain ne serait pas sans nouveauté.
A la nuit, en ramenant ma section à Grattin, on nous a tiré dessus plusieurs fois dans l’obscurité, heureusement sans nous atteindre. J’ai vu ensuite que c’était une section de ma compagnie qui nous avait pris pour des Allemands. Simple erreur. » (Belmont 1916)
43e RIT. Le canon se fait moins entendre. Le bruit semble s’éloigner.
Cependant du ballon captif du secteur Nord Est et de certaines batteries de Longchamp on voit l’éclatement des obus.
Le travail aux défenses de la ligne principale continue.
La 4e Compagnie qui était à Etival rentre à Epinal. (JMO)
27 août 1914
Remiremont. Recherche de cantonnements suffisants pour loger 300 chevaux. (14-18 dans le pays de Remiremont 1999)
170e RI. Deyvillers. « Il pleut. Dès le petit matin le troupeau des émigrés commence d'affluer. Il y en a qui viennent de Saint-Dié. La plupart arrivent des environs de Rambervillers : C'est toujours le même monde ; des enfants, des jeunes filles, des femmes, des vieillards. Il y en a qui paraissent aisés ; ils vont dans la boue, comme les autres, leur valise à la main. Sur la paille d'une charrette un vieillard de 87 ans est en délire : « Bandits... Cochons... Cochons ! » Il semble être soudain à toute extrémité : sa femme agenouillée près de lui l'abrite sous un vieux parapluie vert. Je le fais transporter à l'infirmerie ; on le couche, on lui donne un grog, dans un coin, sa fille crie et vomit. (…)
Deyvillers s'organise pour la défense : à différents endroit des digues ont fait déborder le ruisseau. Dans Saint-Olger, les arbres sont abattus, les maisons crénelées, je ne parle pas des tranchées, ni des fils de fer, ni des abattis, il y en partout. Epinal est entouré d'un réseau de fils de fer, de piquets, de tranchées et de créneaux.
Un autobus passe chargé de prisonniers allemands que gardent gendarmes et douaniers. Puis de temps à autre un soldat isolé, presque toujours du 13e Corps : chasseurs à cheval, fantassins, cyclistes.
A Epinal j'ai trouvé la ville encombrée d'émigrés, de traînards, de convois. Les hôpitaux commencent à s'emplir ; les lèvres blanches des draps avalent leurs proies douloureuses. A Saint-Joseph Renée Voisin est surmenée : je la vois trottiner toute blanche au milieu des linges rougis, elle console solidement les blessés non par des paroles insignifiantes et fades mais à la militaire. Dans chaque dortoir e trouve un prêtre-infirmier. Plaies énormes : bras emportés, dos hachés, crânes scalpés ; de tout cet amas blanc et rouges s'élèvent des gémissements. Il y en a qui pleurent comme des enfants. J'en entends un qui gémit.... » (Bedel 2013)
52e RI. Blaise (Saint). « Le matin à l'aube, on touche des vivres car il y a avait trois jours qu'on n'avait rien mangé. Nous quittons l'usine et nous recevons l’ordre pour une dernière fois d’aller attaquer Saint Blaise occupé par les Allemands.
On s’occupe à creuser des tranchées à la lisière d’un bois, mais les obus ennemis nous obligent à quitter le bois. On se déploie en tirailleurs en refluant dans la prairie de Saint Blaise, mais sous une rafale de balles et d’obus, nous sommes obligés de battre en retraite sous la pluie et les obus qui nous poursuivent.
Nous passons à Etival, qui avait beaucoup souffert de l’artillerie ennemie. Les habitants étaient affolés et quittaient leurs maisons en abandonnant tout ce qui s’y trouvait. Nous arrivons à Saint Michel sur Meurthe où nous faisons le jus, mais les obus nous pourchassent toujours. Il faut se replier encore et nous arrivons à la tombée de la nuit à La Salle … Là nous nous couchons dans une maison écroulée, où on était en poste d'alerte. » (Roux 1997)
51e BCA. « A l’aube, nous regagnons les mêmes emplacements que la veille et l’avant-veille. Nous sommes immédiatement rejoints par notre batterie alpine et renforcés d’une compagnie de 300 hommes venus du dépôt d’Annecy.
Peu après le lever du jour, vers 5 heures, la canonnade reprend et fait une certaine impression. Après avoir essuyé sans dommage une copieuse débâcle de shrapnells, on s’inquiète de prendre des dispositions contre l’ennemi qui, certainement, n’est pas loin. La compagnie du capitaine Rousse avait continué à occuper à Dijon ses emplacements de défense et ses tranchées, aménagées depuis deux jours. Comme il avait envoyé ce renseignement recueilli par ses patrouilles, qu’une attaque par la gauche était probable d’un instant à l’autre, le capitane Deschamps, commandant du 51e, m’a envoyé de suite avec ma section pour le renforcer, comme la veille, mais cette fois c’était plus sérieux.
Vers 6 heures et demi, le capitaine Rousse recevait l’ordre de prendre l’offensive, ordre qu’il avait en vain attendu la veille, alors que les conditions étaient plus avantageuses. La route qui sort de Dijon pénètre immédiatement dans un bois de sapin dont la lisière… »
(Le combat du jour est raconté dans sa lettre du 30 août). « Notre premier combat s’est déroulé le matin : deux sections de la compagnie du capitaine Rousse sont entrés dans le bois de sapons, une de chaque côté de la route, immédiatement soutenues par deux autres sections dont était la mienne. Après les premiers éclaireurs étaient-ils entrés dans la forêt qu’une fusillade furieuse a commencé, accompagnée de cris, d’appels sauvages. Le capitaine, qui me précédait, me donne l’ordre de faire avancer vite ma section dans la direction qu’il m’indique. Mais la fusillade redouble, part de tous les côtés à la fois, des hommes commencent à tomber lourdement, sans bruit, sur la mousse. Alors le capitaine, qui était pâle et très ému, s’est dressé dans le bois en criant de toute sa voix : « A moi ! A moi ! A la baïonnette ! » Tout de suite, au premier mouvement pour se lancer en tant, il est tombé affalé en arrière.
A ce moment, je cherchais à voir les Allemands, qui nous fusillaient presque à bout portant, et qu’on ne voyait pas, grâce à leurs uniformes grisâtres se confondant avec les buissons de framboises et de fougères.
Cependant des hommes tombaient. J’ai pris le fusil d’un homme tombé à côté de moi, et j’ai tiré quelques balles en m’abritant tant bien que mal derrière un sapin ou une motte de terre. Mais bien vite, en regardant autour de moi, j’ai vu qu’il n’y avait à peu près plus personne debout : (…)
Alors, plutôt que de me faire massacrer tout seul, ce qui eût été plus héroïque sans doute, je me suis sauvé vers les maisons de Dijon, j’ai sauté les barricades, je me suis réfugié dans une maison, au milieu d’un sifflement continu de balles.
En me retournant une ou deux fois, je me rappelle avoir vu les Allemands tout près, qui tiraient dans notre direction.
Un moment j’ai eu la pensée de me barricader dans une maison et de tirer par les fenêtres quand les Allemands arriveraient. Mais déjà le village était complètement désert ; un ou deux chasseurs, entrés avec moi dans la maison, m’ont dit : « Un obus vient de tomber sur le toit. »
Que faire seul ? Je me suis sauvé à mont tour, comme j’ai pu, entendant, pendant quatre ou cinq cents mètres, les balles siffler comme des serpents, partout, en traçant des traits dans l’herbe.
Comment suis-je arrive jusqu’à un mamelon boisé où se trouvait notre batterie alpine et notre mitrailleuse ? Comment n’ai-je pas au moins été blessé ce jour là ? C’est un miracle ; car j’ai constaté après que quatre balles m’avaient touché : une a seulement effleuré mon sac tyrolien, une autre a traversé ma gourde d’aluminium, une autre a percé de part en part tout mon sac avec ce qu’il contenait ; une a même atteint la crosse du fusil que j’avais à la main. (…)
Un moment, nous avons repris position autour de la batterie alpine. Mais bientôt les obus nous en ont délogés. Une pièce a dû être abandonnée. » (…)
« A Saint-Dié, toutes les maisons sont fermées, les rues désertes. On nous fait faire des barricades et installer des emplacements pour défendre les rues de la ville, et on attend, pour résister dans les rues, comme le jour de Bazeilles.
Le temps était affreux, tout le monde était éreinté, silencieux, affalé dans les coins contre les murs, pendant que les obus tombaient sur la ville.
On a attendu ainsi jusqu’à midi. A ce moment, ordre d’évacuer la ville et de se replier sur la Bolle. On se reforme en colonne, et on sort de la ville sous la pluie et dans la boue. Mais à peine sortis, nous retombons sous le feu de l’artillerie allemande. Des troupes de renfort, qui remontent vers Saint-Dié, nous disent qu’il faut y retourner. Puis le bataillon s’est égaré en plusieurs morceaux : une partie a fait, avec le capitaine Deschamps, la contre-attaque de Saint-Dié, où ils ont été repoussés avec de nouvelles pertes. Une autre partie, où j’étais, a erré sans ordre jusqu’au soir, poursuivie par les gros obusiers allemands. (Belmont 1916)
43e RIT. Le canon se fait entendre vers Saint Benoît à l’Est de Rambervillers ; la fumée indique des incendies. Le soir le vent apporte aux avant postes de Longchamp le bruit d’une fusillade. (JMO)
28 août 1914
170e RI. Deyvillers. « De nouveau les convois qui nous avaient envahis partent vers l'Est. Bon signe.
Quelques coups de canon espacés, ce matin de 4 heures à 10 heures.
Des artilleurs qui n'avaient plus que des caissons regagnent le feu avec de belles pièces neuves.
A 10 heures passent quelques prisonniers allemands. Ils sont une douzaine dont un officier ; ils sont pitoyables : sans coiffure, sans arme, leur petite veste couverte de boue. Ils ont les cheveux ras ; des espèces de condamnés à mort marchant au supplice. Les troupiers les regardent comme des bêtes curieuses mais ne profèrent aucun cri sur leur passage : ils s'amusent surtout de leurs crânes tondus et de leurs mines affaissées. »
La canonnade redouble d'intensité. Je n'y tiens plus de curiosité. Je veux aller voir la bataille. Je n'en dis rien à personne pour que le commandant l'ignore, je préviens seulement Caussade et à 1 heure je pars à bicyclette pour Rambervillers.
A partir de Fontenay les routes sont encombrées de convois. Il y a une boue épouvantable. A Girecourt des chasseurs à Pied. A Destord de l'infanterie de marine et de l'artillerie. A partir de Destord plus de troupes sur les routes ; un calme absolu dans un bruit qui commence à devenir formidable. De-ci, de-là un soldat isolé. Dans un fossé je trouve endormi un chasseur du 21e qui s'est enveloppé dans un morceau de toile de Zeppelin. Non loin de lui un cheval mort empoisonne l'air. A droite et à gauche de la route des canons sont mis en batteries, dissimulés dans des fourrés, ce sont des canons longs. (…..)
Rambervillers. « A la borne 3 km 700 de Rambervillers je trouve des batteries de 75. Je suis totalement seul sur la route. Rambervillers est là tout près. Les villages au nord de Rambervillers lancent vers le ciel de grandes gerbes de flammes : ce sont Roville, Anglemont, Ménil qui brûlent. Le ciel est floconneux de fumées d'obus. Je continue à avancer, je voudrais atteindre les batteries d'artillerie lourde que j'entends faire leur gros vacarme un peu plus loin. J'ai bien du mal à me sentir en pleine bataille : un bruit d'enfer, mais pas de mouvement. En arrivant en haut de la côte Saint-Gorgon, au moment où je monte sur ma bicyclette, soudain une décharge colossale par dans mon dos : « C'est sur moi qu'on tire ! » Je me jette dans un fossé de la route, on continue à tirer. Je réfléchis : « c'est trop de bruit pour moi seul, ce sont les batteries de 75 qui tirent. » Je reviens sur mes pas, craignant que des obus allemands ne répondent au 75. Je m'installe derrière les pièces. Je me présente aux capitaines. Je leur explique ma présence : « j'ai voulu voir une bataille, c'est bien simple. » Cela les amuse. Ils m'expliquent ce qu'ils font : avec leurs 75 ils tirent à 8000 mètres sur Roville et Anglemont ; ils utilisent pour ce tir si long de nouveaux obus provenant de Bourges, invention récente, différente de l'invention Turpin qu'on expérimente aujourd'hui à Saint-Dié.
Le vacarme de la batterie, mêlé au vacarme des Rimailho, est insensé. Il semble que depuis une demi-heure je sois entré dans clouterie. Les pièces tirent un nombre de coups invraisemblable. Le plus curieux c'est qu'elles tirent sur de l'inconnu et que pour le moment on ne leur répond pas. Ce sont les Rimailho, en avant qui reçoivent les bruyantes réponses de l'ennemi. Je me fais à cette bruyante fanfare, on s'y fait vite, et j'y suis si bien fait que je reconnais, parmi ce chambardement, le vol d'un coléoptère : c'est un bousier qui se dirige vers le crottin des chevaux de la batterie.
Le capitaine aimable auprès duquel je me tiens m'explique la retraite de Sarrebourg.
Depuis le 20 août on ne peut, me dit-il, plus rien obtenir des troupes, tellement Sarrebourg, ses tranchées bétonnées et ses canons les ont démoralisées. Il m'affirme que depuis trois jours nous nous livrons sur Rambervillers au jeu suivant : nous faisons reculer l'ennemi, dans la journée, de 3 à 4 kilomètres. Dans la nuit les hommes se replient et les Allemands s'avancent de nouveau. C'est à se demander s'il n'y a pas là une manœuvre de notre part pour épuiser les Allemands déjà à bout de souffle.
Pendant qu'il me donne ces explications un « Taube » vient virer au-dessus de nous, puis s'éloigne vers Anglemont. Vingt minutes après se produit le cataclysme auquel je ne m'attendais plus, l'arrivée des obus de 151 allemands, de ces fameux obus qui ont tant démoralisé notre infanterie et nos artilleurs. Je causais avec le capitaine quand soudain il m'empoigne par l'épaule, me jette à terre, en me criant : « Couchez-vous, toubib ! » Lui-même se couche et aussitôt un bruit formidable retentit ; C'est comme si un nuage de toile se déchirait en mille morceaux : un obus vient de tomber à 500 mètres de nous. Je n'ai rien vu, seulement entendu. Une minute après, même geste du capitaine : cette fois-ci je me couche mais je regarde : en même temps que l'obus éclate la terre se soulève en une gerbe conique de 5 à 6 mètres de haut, volcan soudain réveillé et soudain éteint. Au troisième obus, je reste simplement assis, je l'entends nettement arriver. Il éclate à notre droite à 500 mètres environ. Il en arrive encore un, un tir trop court encore.
Et puis c'est tout : notre batterie qui n'a pas cessé de tirer, continue de plus belle. Malheureusement un de ses obus va éclater à quelques cent mètres en avant dans un nuage de fumée : cela permet à l'ennemi de la repérer mieux encore qu'au moyen d'un Taube. Elle est obligée de changer de position et se porte derrière Saint-Gorgon. Je la quitte pour regagner Deyvillers. »
Sur la route, des kilomètres de convois, d'artillerie lourde, d'artillerie de 75 vont et viennent. Je peux à peine avancer ; et la boue très grasse fait déraper ma bicyclette entre tous ces lourds camions : je vais de Destord à Girecourt en me faisant tirer par un canon de campagne, dont j'ai pu atteindre le manchon de cuir qui protège la gueule. A Girecourt les hommes font une fusillade nourrie contre un avion allemand qui passe très haut, insouciant.
A Deyvillers on me fête : pensez donc, du bataillon, il n'y a que le médecin qui ait vu le feu ! » (Bedel 2013)
52e RI. Salle (La). «Nous sommes en réserve toute la journée : le matin le bataillon se disperse dans les prairies qui bordent La Salle. Mais chaque demi-heure, il faut évacuer la place pour tromper l'artillerie allemande qui tire sans arrêt sur le village et en arrière. On reste là jusqu'à midi en petits postes. Les compagnies sont renforcées de quarante hommes du 252e de Réserve qui viennent se joindre à nous. Dans la mienne nous avons un capitaine du nom de Bernard pour nous commander. Le soir on allait commencer l’attaque au devant de La Salle, mais les obus tombent si nombreux qu’on est obligé de se replier jusqu’à Bourgonce non loin de là. C’est là qu’un obus de 105 tue dans une grange 14 hommes de la 14e Section d’Infirmiers de Lyon. C’était affreux à voir. Enfin la nuit arrive et le canon cesse de tonner. Nous couchons dans des tranchées au devant de Bourgonce. » (Roux 1997)
43e RIT. La canonnade se fait entendre entre Saint Benoît et Bruyères. Le bruit est tel que la canonnade semble partir des défenses d’approche d’Epinal.
Vers 5h50, les avant postes de la ligne principale fusillent un avion allemand qui se retire après avoir reconnu le secteur Nord Est et lancé deux bombes sur le fort de Longchamp. Les deux bombes tombent près des batteries annexes, au moment où la 18e Compagnie rentrant du tir passant dans le voisinage. Chacune soulève une colonne de poussière de dix mètres et fait un entonnoir de 1,40m de diamètre et de 0,80m de profondeur.
Le canon se fait entendre très fort jusqu’à la nuit et semble proche d’Epinal. (JMO)
29 août 1914
Remiremont.
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Arrivée de 330 Alsaciens de la vallée de Thann fuyant les combats. Ils seront ensuite dirigés sur Belfort.
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Devant les mauvaises nouvelles, les blessés des hôpitaux sont évacués vers l’arrière. (14-18 dans le pays de Remiremont 1999)
170e RI. Deyvillers. « Des convois de blessés passent (…)
Je vais visiter le fort des Adelphes : brr ! Longs couloirs souterrains, froids, suintant d'humidité ! …. J'aime mieux la rase campagne, malgré ses dangers. Tout est bétonné, blindé. Évidemment c'est imprenable, mais quelle vie on doit mener dans ces caves pendant un long bombardement : une vie de champignon idiot.
Des émigrés passent toujours.
On dit que 5000 Allemands auraient été tués par notre artillerie près de Senones. Un commandant allemand blessé là et soigné à Epinal aurait déclaré : « La France se déshonore à jamais en utilisant les engins qu'elle a employés hier. » S'agirait-il des obus Turpin ? On dit également qu'au nord de Rambervillers les Allemands auraient subi des pertes énormes : seraient-ce les obus tirés par la batterie du 16e avec laquelle je me trouvais hier ?
On n'entend presque pas le canon. Quelle différence avec hier ! Tout est paisible. Les poules annoncent à une lieue à la ronde qu'elles pondent malgré la guerre. Il fait une journée de précoce automne ; un brouillard épais le matin ; le soir une brume rose. Mais de temps en temps des blessés passent qui nous rappellent à la réalité. » (Bedel 2013)
52e RI. Salle (La). « Au jour nous revenons à La Salle et nous recevons l’ordre d’attaquer Saint Remy, village occupé par l’ennemi et qui se trouvait à deux kilomètres de La Salle. On se déploie en tirailleurs, le 52e au milieu, le 75e à notre gauche et le 140e et le 11e Chasseurs à droite, sous une pluie de balles, car ils avaient placé une mitrailleuse dans le clocher du village. Nous avançons par petits bonds jusqu’à 600 m du village, mais là nous sommes pris sur la gauche par une batterie de montagne et deux mitrailleuses. A mesure que nous avançons, les hommes tombaient comme des mouches. Les obus pleuvent si serrés que parfois nous sommes recouverts de terre par ceux de 105.
De partout crache la mitraille et nous sommes obligés de nous replier. On s’abrite à la lisière d’un bois et nous tirons sur l’ennemi pendant deux heures. Mais nous sommes repérés par l’artillerie allemande qui en quelques minutes nous tire 50 obus, nous causant des morts et de blessés. Sous les rafales, on se replie, on traverse La Salle qui était presque en ruines et à la nuit, on occupe des tranchées entre La Salle et Bourgonce. Mais à 9 heures du soir, nous recevons l’ordre de repli. Nous marchons toute la nuit et à l’aube nous arrivons à Mortagne où nous nous reposons deux heures seulement. L'artillerie ennemie nous avait causé beaucoup de pertes. On voyait transporter des blessés qui nous faisaient mal au cœur en les voyant tant souffrir. Notre artillerie avait aussi tiré sur Saint Rémy ; le clocher fut très vite en ruines. (Roux 1997)
51e BCA. « Je suis exténué et affamé. Nous n’avons reçu aucune distribution depuis quatre jours que nous sommes engagés. Le bataillon est disloqué, en partie disparu ; tous les hommes sont à bout de force, ne pouvant guère ni dormir, ni se reposer, ni manger depuis ces derniers jours. Et avec ça nous sommes battus : Saint-Dié est occupé par les Allemands. Une contre-attaque, essayée hier par nous, malgré l’éreintement des hommes, a en partie réussie, mais a échoué ce matin ; et nous nous replions, éreintés , poursuivis par un feu d’artillerie infernal qui a fait pas mal de victimes depuis hier. » (Belmont 1916)
43e RIT. Le canon se fait entendre dès le matin. Le bruit est faible et semble s’éloigner. On enterre de nombreux morts dans la forêt de Charmes vers Rambervillers. (JMO)
30 août 1914
170e RI. Deyvillers. « Un peu de canonnade.
Beaucoup de blessés qui passent en auto-cars, en camions automobiles.
Un lieutenant-colonel du 96e d'infanterie arrive, exténué, de la ligne de feu : il est, dans la salle à manger ou nous mangeons confortablement, l'image de la Fatigue. C'est à peine si les mots ont la force d'arriver de son larynx à ses lèvres : arrivés au bord des lèvres ils tombent lourdement.
Nous en ramassons les morceaux et par un jeu de puzzle patient nous reconstituons péniblement son discours, d'autant plus péniblement que ce fatigué s’endort entre deux phrases. Il est allé à Sarrebourg ; tous ceux qui sont allés à Sarrebourg et que bous avons vus ont été frappés de cette sorte d'anéantissement. Ils ont seulement gardé le souvenir d'une artillerie ennemie formidable : ils ont seulement gardé le souvenir d'une artillerie ennemie formidable : leurs récits ont toujours le même leitmotiv ; « obus-torpilles, obus-torpilles …. » Celui-là croit fermement – et c'est la dernière fermeté qui lui reste – que les nouveaux obus de 75 donneront des résultats merveilleux. » (Bedel 2013)
52e RI. « A cinq heures du matin, on nous distribue des vivres, et, très fatigués, nous repartons vers la même direction que la veille, La Salle ; la compagnie en avant-garde, nous voilà en vue du village et on fouille les bois qui l'environnaient. Ce jour là l'infanterie n'a rien fait, un rude duel d'artillerie durait depuis le matin et parfois des gros obus tombaient non loin de nous, coupant en deux les sapins les plus gros. A la nuit nous traversons La Salle et nous allons un peu en avant occuper des tranchées à côté du 286e d'Infanterie. Nous dormons dans les tranchées. » (Roux 1997)
51e BCA. « Et depuis, c’est-à-dire depuis trois jours, nous manoeuvrons dans cette petite vallée qui va de Saint-Dié à Rougiville, perdant du terrain un jour, en reprenant un peu le lendemain, pour le reperdre encore, laissant chaque jour un peu de monde en route, et manquant de tout ravitaillement. Aussi les hommes sont à bout de moyens ; ils ont vu tomber dès le premier jour beaucoup de leurs camarades, ne mangent pas, dorment mal, et … (….) Mais chaque jour il faut se remettre en campagne, essuyer la mitraille et les balles, se perdre, se disperser, et chercher à se retrouver le soir pour cantonner.
Du 51e bataillon il ne reste que des débris. Je ne sais pas combien d’hommes sont tués ou blessés. Il n’y a plus de capitaines ; la moitié des lieutenants ou sous-lieutenants sont tués ou blessés ; il y a des hommes égarés qui ne nous ont pas retrouvés. Bref, ce matin, pour venir renforcer le barrage de la vallée auquel nous devons collaborer, nous ne sommes venus que 180 hommes et 3 sous-lieutenants. »
« Ca va un peu mieux ce matin. Il fait un temps idéal, le pays est délicieux, et c’est une misère de le voir pareillement massacré par la guerre. Surtout j’ai trouvé du pain hier soir, grâce à la charité d’un fantassin que j’implorais. Ah ! On n’est pas fier quand on n’a rien mangé depuis deux jours.
Donc ça va mieux ; nous sommes toujours engagés. Le 51e, ou du moins ce qui en reste, a la mission périlleuse de résister coûte que coûte pour permettre la retraite du 14e corps d’armée par la route de Bruyères. Et nous sommes déployés en tirailleurs depuis ce matin derrière les lignes de buissons et les lisières des sapons qui garnissent les flancs de cette vallée de la Bolle à Rougiville, que balaye depuis trois jours une pluie continue d’obus. » (Belmont 1916)
14h. « Les obus passent toutes les deux ou trois minutes avec un sifflement cinglant terminé par un tonnerre. Mais on finit par s’habituer à ce vacarme quand on s’y promène depuis bientôt cinq jours, et, tout en surveillant les repères des emplacements allemands, je jouis de cette magnifique journée. »
16h. « Il est bientôt quatre heures de l’après-midi. L’artillerie s’est arrêtée depuis un moment, de leur côté et du nôtre ; il y a bien quelques coups de fusil tirés de temps en temps, mais peut-être le combat en restera-t-il là pour aujourd’hui, et notre mission aura été facile à remplir. A moins que les Allemands ne préparent quelque chose dans ce silence sournois.
Ils sont très forts pour ça, de même que pour nous bombarder d’obus à la tombée de la nuit. A ce moment ils s’avancent le plus près possible de nos lignes et balayent tout ce qu’ils ont devant eux, au hasard. Si, heureusement, cela ne fait pas souvent de mal, c’est toujours impressionnant, inquiétant, et cela oblige les troupes à se replier plus loin pour cantonner. »
43e RIT. Le canon se fait entendre dans la direction de Saint-Diè et de Lunéville. (JMO)
31 août 1914
52e RI. «Nous restons dans les tranchées jusqu'à dix heures du matin et on tire sur des patrouilles allemandes. Depuis l'aube le canon tonne et les obus tombent à dix mètres devant nous. A midi nous quittons nos positions pour amorcer un mouvement tournant. Nous avançons par la gauche et arrivés à la lisière d'un bois, une violente fusillade, accompagnée d'obus qui éclatent sur nos têtes, nous reçoit ; on se bat jusqu'à quatre heures de l'après-midi sans relâche. L'ennemi recule et nous le poursuivons à la baïonnette. A la tombée de la nuit, les forces sont rassemblées et on reçoit l’ordre d’attaquer Saint Rémy que les Allemands occupent. Nous mettons baïonnette au canon et nous avançons prudemment en envoyant des patrouilles en avant-garde. Quelques coups de fusil sont tirés et nous voilà dans Saint Rémy. Nous fouillons toutes les maisons et à minuit nous allons coucher dans une ferme en avant du village.Dans cette ferme il y avait la Croix-Rouge allemande avec trois de leurs blessés ainsi que le capitaine de la 1ere compagnie qui était blessé et prisonnier. A la gauche de Saint-Rémy les Allemands avaient abandonné beaucoup de munitions pour artillerie. Dans cette journée ils avaient subi des pertes sensibles. » (Roux 1997)
51e BCA « Nous avons passé une nuit cruelle, aux avant-postes de combat, sur l’herbe mouillée, le long d’une route où restaient des cadavres, et près des fumerons d’une maison qui achevait de brûler.
Aujourd’hui nous avons gardé les mêmes emplacements, en les organisant défensivement par des tranchées.
Les hommes sont éreintés.
Nous occupons la haie d’une jolie propriété d’agrément, coquette et luxueuse, qui a été bombardée hier et complètement saccagée, brisée de la cave au grenier. » (Belmont 1916)
43e RIT. L’État-major du régiment se transporte brusquement à Dogneville avec le 5e Bataillon.
Le commandant de la 7e armée décide que le 6e Bataillon du 43e Régiment Territorial précédemment dans la Haute Moselle à la disposition de la 1ere Armée, sera à la disposition du gouverneur de la Place de Belfort et réserve au Ballon d’Alsace. (JMO)
1er septembre 1914
52e RI. « On nous réveille à quatre heures du matin et la compagnie est rassemblée un peu plus loin de la ferme. Chacun s'apprêtait à faire un peu de jus, quand une patrouille ennemie qui, à cause du brouillard s'était très rapprochée de nous nous surprend par une salve de coups de feu. Immédiatement nous abandonnons tout, nous courons aux fusils qui étaient en faisceaux et nous nous déployons en tirailleurs dans un champ de pommes de terre. Là le combat commence très rude, les obus tombent à côté de nous et dans Saint-Rémy qui est bientôt la proie des flammes.
Les compagnies qui nous couvraient en avant se replient et ma section rampe en arrière jusqu'à dix mètres des maisons dans une tranchée où l'on s'abrite. Mais, à midi, les obus nous tombaient dessus de plus en plus nombreux, nous recouvrant de terre bien souvent. Nous étions cinq survivants sur vingt. On se dresse avec un copain et nous voyons à vingt mètres de nous les Allemands qui montaient leur mitrailleuse. C'était le moment de fuir ou jamais, par un bond rapide, nous allons en arrière, traversons le village en ruines, sous une rafale d'obus et de balles. A un croisement de route, on avait vu deux mitrailleuses.
Enfin on se croyait perdu, de partout crachait la mitraille. A deux cents mètres de Saint-Rémy, on s'arrête dans un repli de terrain, et écoutant les sifflements des obus qui se croisaient, nous restons là tout l'après-midi. En avant de nous, Saint-Rémy brûlait et en arrière, c''était La Salle qui jetait des lueurs dans le silence qui revenait avec la nuit.
A neuf heures du soir, on se rapproche de Saint-Rémy et nous passons la nuit dans des tranchées au bas d'un vallon. Ce jour là notre capitaine Bernard fut cassé et notre chef qui était passé adjudant commandait la compagnie, mais le soir il était blessé à la tête et au bras par un éclat d'obus, ainsi que le fourrier. A la compagnie on avait eu quatre-vingts morts, il ne restait plus que deux sergents pour nous commander. Les cadavres, en putréfaction, étaient très nombreux sur le champ de bataille et empuantissaient l'air. » (Roux 1997)
43e RIT. (Epinal). Le canon se fait entendre. Le gouverneur d’Epinal donne l’ordre de se préparer à un siège probable et d’activer les travaux de défense. (JMO)
2 septembre 1914
52e RI. « De bon matin, l'artillerie ennemie ouvre le feu, les obus tombent très près de nous et bien souvent on entend crier et c'est un des nôtres qui est blessé par un éclat. Les mitrailleuses, qui nous avaient repérés, nous tirent dessus, et on entend le sifflement des balles passer à deux doigts de nos têtes. Enfin on reste là sans pouvoir presque se défendre jusqu'à midi. A ce moment les blessés sont de plus en plus nombreux et les place n'est plus tenable. On se replie en rampant à plat ventre et à travers une pluie de balles et d'obus, nous arrivons dans les tranchées occupées par notre bataillon. Nous restons là toute la journée sans pouvoir tirer un coup de fusil, car aussitôt que nous levons la tête, les balles sifflent et nous causent des pertes. On avait à ce moment pour commandant de la compagnie le lieutenant Lubin de la 12e : la nuit arrive et le combat cesse. On nous distribue des vivres car il y avait trois jours qu'on jeûnait et nous avons mangé au clair de lune.
Dans cette journée, nous avions subi de lourdes pertes. Lorsque nous avons traversé le plateau de Saint-Rémy, il y avait une vingtaine de morts alignés dans chacune de nos tranchées, tués par les obus. De voir ces cadavres éparpillés et si nombreux, le spectacle était navrant mais il donnait à tous une idée de vengeance. » (Roux 1997)
51e BCA / 11e BCA. « Après avoir gardé trois jours et deux nuits les avant-postes de combat, au milieu de la désolation, des décombres et des cadavres, nous avons enfin été relevés hier matin pour aller rejoindre notre bataillon, au moins ce qui en reste, et nous avons eu un après-mdi de repos, nous avons reçu du pain et de la viande.
Nous avons retrouvé le 11e bataillon qui se rassemblait avec nous ; sur l’ordre du général de division, les deux bataillons se sont fusionnés en un seul. Le 51e cesse d’exister, il n’y a plus que le 11e avec sept compagnies, et le tout placé sous le commandement du commandant Augerd. (….)
Aujourd’hui, le 11e, notre nouveau bataillon, est gardé en réserve de la division, et jusqu’à présent nous sommes en repos, ramassés contre des talus ou dans des replis de terrain, prêts à être portés sur le point où on aura besoin de nous. » (….)
« Le commandant Augerd emmenait quatre compagnies à l’attaque du Kemberg, une terrible crête, hérissée de sapins, où les Allemands se sont accrochés avec des mitrailleuses dans des tranchées et d’où ils dominent toute la situation à l’ouest de Saint-Dié. Au moment où nos troupes arrivaient au sommet qui couronne cette crête, elles se sont heurtées à une courte mais très forte pente ; c’est à ce moment que les fusils et les mitrailleuses invisibles les ont fusillées. Une vingtaine d’hommes ont été tués ou blessés, un capitaine tué, un autre blessé. Devant cette mitraille, le commandant a jugé bon de se replier pour ne pas faire massacrer tout son bataillon ; et de l’emplacement que nous occupions en bas, nous avons vu les compagnies sortir une à une et se rejoindre en bas de la lisière des bois.
Ainsi, voilà tombés les deux derniers capitaines du 11e. C’est un fait d’ailleurs commun à tous les corps de troupe que les pertes en officiers sont proportionnellement beaucoup plus fortes que les pertes en hommes. On dit que les meilleurs tireurs allemands ont pour consigne de viser ce qui porte des galons. En tout cas, nous voilà singulièrement dépourvus de cadres pour ce gros bataillon de 1700 hommes. Il en résulte que les survivants auront à assurer des comandants importants. » (Belmont 1916)
43e RIT. (Epinal). Le canon se fait entendre dans la direction de Lunéville. Les travaux de défense continuent. (JMO)
3 septembre 1914
52e RI. Le matin quand le brouillard se lève les balles commencent à siffler sur la crête de nos tranchées. On se tiraille jusqu'à une heure de l'après-midi sans relâche, mais la place devenait intenable, car les obus nous arrosaient sans arrêt, tuant et blessant beaucoup d'hommes. On se replie en utilisant le terrain le mieux possible et nous allons occuper des tranchées à un kilomètre de La Salle. L'ennemi qui occupait à présent Saint-Rémy, avait rapproché son artillerie et tirait sans arrêt sur La Salle qui était en ruines.
Vers les quatre heures de l'après-midi on ne pouvait plus tenir à cause de la soif et l'on avait envoyé un copain avec une douzaine de bidons chercher de l'eau. Le pauvre, c'était l'envoyer à la mort, il reçut une balle en pleine poitrine. La nuit arriva et le combat cessa brusquement, car l'ennemi devait préparer une attaque de nuit. Nous étions un peu au repos, quand tout à coup, la ligne d'avant-postes se mit à ouvrir le feu. Nous nous préparons aussitôt et nous voyons une patrouille ennemie à vingt mètres de nous. On sort vainqueur, mais une demie-heure après, on entendit le clairon et le tambour qui sonnaient, on croyait à une charge française, mais de gauche et de droite, à cinquante mètres de nous, nous voyons les Allemands, si nombreux qu'ils se touchaient, en poussant des hourrahs.
Etant très inférieurs en nombre, on se replie sur la route de La Salle, une ligne de tirailleurs à chaque côté de la route et dans l'obscurité on se tire à quinze pas. On y voyait si peu qu'on faisait même des sommations. Pendant une heure, on leur fit subir des pertes terribles, c'est par compagnies qu'ils nous chargeaient et on les tira de très près. On se replie dans La Salle et arrivés là nous voyons une compagnie qui était dans la rue colonne par quatre en chantant, croyant avoir pris le village ; mais après une fusillade nourrie, les tuant en grande partie, ils se replièrent.
A ce moment nous prenons l'offensive et le 14e Chasseurs, le 75e et le 140e et nous les faisons évacuer bien qu'ils fussent trois fois plus nombreux que nous, dans le village. Et cela au son de nos clairons qui nous enchantaient le cœur d'une belle victoire. C'est là, à La Salle, que j'avais pris la carte d'état-major d'un capitaine qui fut tué en tête de sa compagnie. Une compagnie de chaque régiment, occupait le village. Les Allemands qu'on entendait parler, venaient faire des tranchées à vingt mètres des maisons détruites, mais quelques jeux par salves les obligèrent à reculer et ils allèrent les creuser un peu plus en arrière.
Toute la nuit, ils travaillèrent à faire ces tranchées, pendant que nous on leur tirait dessus à quatre-vingts mètres. Ils répondaient, car ils avaient une section de mitrailleuses, mais ne voyant rien, les balles passaient au-dessus de nous. Toute la nuit, on s'est tiraillé dessus pendant qu'une compagnie fouillait les maisons dans lesquelles ils prirent quelques Allemands qui s'y étaient réfugiés. Dans la journée, leurs obus nous avaient fait des pertes, le soir, nous avons eu le commandant Confortini et le capitaine Pélissier de la 12e blessés. Mais nous avions causé aux Allemands des pertes terribles dans cette affreuse nuit où nous les descendions à vingt mètres. A la 11e, on a surveillé l'ennemi dans un jardin qui était clos par un mur de 1,50m de hauteur. » (Roux 1997)
11e BCA. « On m’a informé, dès hier soir, que j’aurai probablement à prendre le commandement de la 5e compagnie. » (…)
« Aujourd’hui nous sommes organisés pour la résistance au hameau de Claingoutte, au sud-est de Saint-Dié, où on nous a envoyés hier soir avec deux compagnies du 11e pour relever les avant-postes tenus par le 30e de ligne. Nous y avons passé dans la nuit (…) roulés dans nos manteaux où perlaient les gouttes de la rosée. Il faisait froid. (…) Au petit jour, on s’est secoué, on s’est remué pour remettre le sang en circulation et on a roulé ses manteaux ; des hommes sont allés à l’abri des maisons faire chauffer le café, le vieux jus du troupier, et depuis l’aube nous sommes terrés dans nos trous, immobiles, tapis dans la terre rouge, au milieu des trèfles et des pommes de terre. Nous y resterons tant qu’on nous y laissera, surveillant le terrain, envoyant de temps en temps de petites patrouilles dans le bois à notre gauche pour nous mettre à l’abri d’une surprise.
Depuis une heure, un énorme dirigeable allemand balance sa rondeur jaune, pareille à une énorme larve, au-dessus de la vallée de Sainte-Marguerite.
Depuis ce matin, tout s’est borné à un duel d’artillerie ; c’est invraisemblable ce que les Allemands consomment de munitions d’artillerie. Quoi qu’on ai dit, leur fameuse artillerie lourde n’est pas négligeable ; on doit le reconnaître quand on a vu quelques-uns de ces énormes entonnoirs qu’elle creuse dans les champs, en envoyant une gerbe de terre et de fer, ou bien les brèches qu’elle fait dans les murs ou dans les toits de brique ; surtout, ils tiret de très loin, 8 à 9 kilomètres, avec ces grosses pièces, ce qui fait à la fois leur force et leur faiblesse ; car s’ils peuvent nous bombarder de très loin ils tirent un peu à l’aveuglette, si bien qu’en fin de compte ils ne font pas grand mal, étant donné la quantité invraisemblable de projectiles qu’ils tirent ; les petites balles minuscules qui vous atteignent sournoisement, sans qu’on les entende venir, sont plus à craindre. » (Belmont 1916)
43e RIT. (Epinal). Dès le matin, une violente canonnade se fait entendre dans la direction de Lunéville. Les travaux de défense continuent. On organise principalement les défenses accessoires, réseaux de fil de fer, abattis. (JMO)
4 septembre 1914
52e RI. « Le 1er Bataillon était à gauche du village avec le 75e, nous, la 3e nous étions dans le village et le 2e Bataillon à droite avec le 140e, le 256e, et le 14e Chasseurs.
Dès l'aube le combat s'intensifia malgré un brouillard qui rendait la visibilité nulle.
A huit heures, le temps s’éclaircit et on aperçoit les tranchées ennemies à quatre-vingts mètres de nous. On était abrité par le mur du jardin et on tirait sur les Allemands par des créneaux que nous avions faits. Nous occupions entièrement La Salle et des rares fenêtres restées intactes partaient des coups de feu.
Nous causons de fortes pertes aux Allemands qui viennent par groupes renforcer leurs tranchées. Nous sommes tellement près d'eux que nous n'avons rien à craindre de leur artillerie, les obus nous passent dessus et éclatent dans le village. L'après-midi voyant qu'on leur infligeait trop de pertes, les Allemands qui sont dans les tranchées ne tirent plus et ne font plus que s'abriter. Mais notre artillerie dirige son tir sur le flanc droit et ne fait aucun mal à ceux là.
A quatre heures de l'après-midi nous voyons que la bataille est perdue pour nous car à droite et à gauche nous voyons défiler les Allemands, se touchant tellement ils étaient nombreux. On commençait à être cernés. Le 75e et le 140e et les Chasseurs battaient en retraite jusqu'à Bourgonce, quant à nous, nous avions ordre de ne pas abandonner le village. On se bat jusqu'à six heures du soir, avec encore plus de courage qu'avant. Nous avions avec nous notre nouveau lieutenant Lubin qui nous encourageait sans cesse.
Maintenant les balles sifflaient devant et de côté, nous tuant un grand nombre de camarades. Les obus tombaient plus près de nous et on se croyait tous perdus, car nos munitions s'épuisaient. L'aile gauche allemande était déjà dans le village et bientôt les voilà dans la maison où nous étions. Nous faisons une résistance héroïque pendant une demi-heure, mais étant cernés de tous côtés, ils nous font prisonniers. A peu près cent vingt hommes, dont cinquante de la 11e. Nous avions fait notre devoir car nous étions trois cents pour défendre le village. Nous l'avions défendu toute la journée et en même temps, nous avions assuré la retraite de nos troupes.
Cette dernière journée nous avait coûté très cher en hommes, mais les Allemands avaient subi des pertes encore plus lourdes. Notre artillerie les avait massacrés, leurs artilleurs abandonnant leurs pièces.
Dans les huit jours de combat que nous avons fait entre La Salle et Saint-Rémy, nous avons lutté une brigade contre bien plus d'un Corps d'armée.
Ceci dit, ils nous ont rassemblés dans leurs lignes et nous ont conduits à Etival où nous sommes arrivés à 10 heures du soir. Là, on a couché sur place. Tout le long de la route de Saint-Rémy on ne voyait que des cadavres qui dégageaient une odeur nauséabonde. Toute la nuit, leurs autos n'ont cessé de transporter leurs blessés dans l'église d'Etival qui était transformée en hôpital. » (Roux 1997)
11e BCA. « De Claingoutte nous sommes allés à Girompaire, près de Saint-Léonard ; puis nous avons regagné (…) à la nuit, notre bataillon à Taintrux.
A Girompaire, petit incident ; nous avons été attaqués et chargés … par une vache, une jeune génisse ensauvagée qui nous a sauté dessus au débouché d’une haie. Moi le premier, qui étais en tête, elle m’a renversé et chargé deux fois, tête basse, et m’aurait certainement mis à mal si, par bonheur, elle m’avait manqué de cornes ennemie raison de son jeune âge. J’en ai été quitte pour la peur et une contusion insignifiante.
Plus loin elle a chargé de nouveau le lieutenant Beynet, qui commandait le reste de la compagnie, mais il s’est abrité derrière un arbre et l’a abattue de deux coups de fusil. Séance tenante, on l’a dépecée sur le chemin et distribuée aux sections de la compagnie en donnant le reste avec la peau aux gens du pays, qui ne trouvent rien à manger par ce temps de guerre. Et voilà comment, vendredi soir abrités dans une grange, nous avons savouré un délicieux filet. » (Belmont 1916)
43e RIT. (Epinal). Le canon se fait encore entendre. (JMO)
5 septembre 1914
52e RI. « Nous partons de bon matin et ils nous conduisent à Raon l'Etape où nous arrivons à dix heures, une petite ville détruite par le passage de la guerre. Là on nous donne un peu de pain noir et de l'eau. Quelques prisonniers de la veille se joignent à nous et nous partons à onze heures pour Cirey. Je remarque Badonvillers, Bréménil, Petitmont et on arrive à Cirey à six heures du soir et nous couchons dans le théâtre, on avait fait quarante-cinq kilomètres et tout le long de l'étape, ce n’était que troupes ainsi qu'une escadrille d'aéroplanes qui nous avaient tous les jours fait repérer à leur artillerie. » (Franck Roux sera transféré dans la région de Stuttgart où il travaillera dans une ferme. Il ne sera libéré qu'en novembre 1918). (Roux 1997)
43e RIT. (Epinal). La canonnade continue.
La Brigade de chasseurs à pied, 3e, 10e et 31e Bataillons à effectifs réduits par 20 jours de lutte traverse le secteur. Le régiment reçoit le 3e Bataillon de Chasseurs. (JMO)
6 septembre 1914.
11e BCA. « Ce matin, les tranchées allemandes, que nous avons repérés en face de nous et arrosées le plus possible de projectiles, étant évacuées, nous avons avancé un peu dans la direction de Rougiville. (…) Encore un lieutenant du bataillon qui a été tué hier ! Si cela continue, il ne restera bientôt plus d’officiers pour commander ces 1600 ou 1700 hommes. » (Belmont 1916)
17h30 « Comme chaque soir à ces heures, les grosses pièces allemandes nous bombardent à grande distance ; une heure de patience, et la nuit venue, la canonnade aura cessé, et on pourra sortir de son trou. (…) Comme la guerre a tout ravagé devant nous ! Une maison, après bien d’autres, achève de brûler à nos pieds. A perte de vue, ce ne sont que des ruines, des toiles effondrés, des maisons abandonnés. Dans le lointain, on distingue à la jumelle une colonne d’infanterie allemande qui défile sur un étroit chemin. » (Belmont 1916)
43e RIT. (Epinal). Dans la nuit du 5 au 6 septembre la canonnade se fait entendre, violente : on tire au clair de lune et le combat continue toute la journée du côté de Rambervillers. (JMO)
7 septembre 1914.
11e BCA« Toujours dans nos tranchées à la lisière du bois. Couché sur un lit de branches de sapin que m’avait fait un de mes hommes, roulé dans mon manteau et recouvert d’une capote allemande ramassée dans le bois, j’ai dormi plusieurs heures, ouvrant l’oeil de temps en temps pour voir la lune filtrer entre les arbres ou pour entendre un roulement lointain d’artillerie ou de fourgons.
Sitôt que le jour s’est levé, une batterie allemande de 77 a commencé à arroser copieusement le bois où nous nous trouvons ; et depuis six ou sept heures elle asperge consciencieusement la forêt avec de petites accalmies dont on profite pour faire apporter le ravitaillement par des hommes qui se défilent dans le bois ; car il est de toute importance de manger en campagne. On vient de m’apporter mon déjeuner : bifteck, pommes sautées, soupe aux carottes, café. C’est un important moment de la journée, encore qu’on s’attende toujours à voir un obus tomber dans son assiette au milieu des pommes de terre.» (Belmont 1916)
43e RIT. (Epinal). Le canon se fait encore entendre. On continue les travaux de défense avec l’exercice et le tir. (JMO)
8 septembre 1914.
43e RIT. Comme le jour précédent. (JMO)
9 septembre 1914.
11e BCA. « Cette nuit, vers 2 heures, une patrouille allemande s’étant approchée de nos lignes, des coups de fusil sont partis ; et comme toujours, dans l’obscurité, tous les hommes se sont mis à tirer dans l’ombre, sans savoir ni sur quoi, ni pourquoi. Pendant un quart d’heure, ça a été une fusillade enragée, impressionnante. Puis les coups de feu se sont espacés et tout est rentré dans le silence. » (Belmont 1916)
43e RIT. Comme le jour précédent.
Mr Banerey, médecin major de 2e classe affecté au 43e Territorial prend les fonctions de chef de service de santé du secteur Nord Est.
Le 6e bataillon envoie des reconnaissances sur les crêtes et les pentes avoisinant le Ballon d’Alsace. (JMO).
10 septembre 1914.
11e BCA. « La canonnade allemande avait visiblement pris comme objectif le petit village de Rougivile au bas des pentes que nous occupons, car ils n’ont pas eu de trêve qu’ils n’aient mis le feu aux quelques maisons encore debout et dont une ou deux étaient habitées. » (Belmont 1916)
43e RIT. Le 5e Bataillon se transporte au village de Longchamp et prend les avant postes à la place du 3e Bataillon du 170e de Ligne qui quitte le secteur.
Un dirigeable vient vers 20 heures survoler les abords du secteur Nord-est. (JMO)
11 septembre 1914.
11e BCA. « O surprise, ce matin la batterie qui nous canardait sans trêve depuis plusieurs jours s’est tue, et nous avons lieu de croire qu’elle a filé cette nuit. On dirait que les Allemands ont fait le vide devant nous. Une patrouille que je viens d’envoyer presque jusqu’aux tranchées qu’ils occupaient, est revenue sans avoir reçu aucun coup de fusil, et rapportant des objets pris sur des cadavres allemands : sacs, cartouches, fusils, vivres, papiers, ect.. Décidément, nous leur avons fait plus de mal que nous ne pensions. Allons, ça va bien ! (Belmont 1916)
43e RIT. Le canon paraît plus éloigné. (JMO)
12 septembre 1914.
43e RIT. Le canon se fait entendre dès le matin. (JMO)
13 septembre 1914.
11e BCA. « Je me rappellerai la nuit du 12 au 13 septembre par une pluie glacée et une bourrasque de bise noire, dans les tranchées pleines d’eau et de boue où nous sommes restés à grelotter, à frissonner et à claquer des dents. » (Belmont 1916)
43e RIT. Les Allemands s’éloignent. Le régiment continue son entraînement par des marches ou des exercices. (JMO)
14 septembre 1914.
11e BCA. « Nous avons soutenu une attaque plus forte que nous, et le bataillon, raté seul en ligne, a perdu ce jour-là pas mal de monde. J’ai bien eu encore de la chance, et mon sac à été traversé par une balle de plus. Nous sommes restés dans cette pénible position jusqu’à deux heures de l’après-midi. A ce moment, pour ne pas faire hacher son bataillon, le comandant a donné l’ordre de se replier. » (Belmont 1916)
43e RIT. Les travaux de campagne et les exercices sur le terrain continuent. (JMO)
15 septembre 1914.
11e BCA. « Les Allemands battent en retraite devant nous, et voilà déjà trois jours que nos troupes ont réoccupé Saint-Dié ; mais un Saint-Dié ravagé, encore frémissant des sauvageries de ces Boches, et où les femmes et les enfants venaient au-devant de nous pour nous serrer les mains et nous jeter des fleurs.
Depuis, nous avons vécu trois jours pénibles, des nuits dehors, sous la pluie et la bise noire à frissonner.
Hier, 14 septembre, j’ai encore vu la mort de près : c’est mon sac tyrolien qui a réussi la balle. (…)
Aujourd’hui nous partons par route pour Rambervillers où on doit nous embarquer pour une autre destination. » (…)
« Forte étape de 29 km, pour venir à Rambervillers par des chemins ravagés et des villages complètement en ruines, incendiés, détruits, où il ne reste parfois qu’u ou deux toits.
Ce pays a terriblement souffert de la guerre !
Dans les champs, de petits tertres rouges marquent les tombes creusées un peu partout, surmontées de grossières croix de bois. Des effets, des armes brisées, des équipements gisaient çà et là sur le bord des routes et dans les fossés.
Partout ce sont des tranchées évacuées, des travaux de fortification, des abris, des réseaux de fils de fer, des barricades, des abatis, des trous d’obus, tous les vestiges suggestifs de la lutte qui s’est livrée ces jours-ci.
Un grand nombre de chevaux morts, abandonnés, dans les champs, empestent l’atmosphère. »
(Le 11e BCA part pour la Somme) (Belmont 1916)
43e RIT. Situation sans changement. (JMO)
16 septembre 1914.
43e RIT. Situation sans changement. (JMO)
17 septembre 1914.
43e RIT. Situation sans changement. (JMO)
18 septembre 1914.
43e RIT. On continue les exercices sur le terrain comme les jours précédents.(JMO)
19 septembre 1914.
43e RIT. Un Bataillon complètement encadré est constitué pour renforcer pendant plusieurs jours les troupes du commandement d’étapes sur le champ de bataille. Le général gouverneur décide que ce bataillon sera formé par le 43e Territorial et que les compagnies seront prêtes après avoir reçu cet ordre à partir dans un délai de deux heures.
En exécution, un Bataillon est formé des 4e, 11e, 33e et 34e Compagnies sous le commandement du commandant Pasez à l’effectif de 12 officiers, 959 hommes et 6 chevaux. Ce détachement part à 15 heures pour Jarville. (JMO)
20 septembre 1914.
43e RIT. L’entraînement continue. (JMO)
21 septembre 1914.
43e RIT. Le canon se fait encore entendre. L’organisation continue et on prévoit même la transformation du régiment dit de Place en régiment de Marche.
Les exercices et l’entraînement continuent.
Le Bataillon de Marche (commandant Pasez) quitte Jarville. L’Etat-major, les 33e et 34e compagnies se rendent à Maixe, les 4e et 11e compagnies à Vitrimont. (JMO)
22 septembre 1914.
43e RIT. Les exercices et les travaux de campagne continuent. (JMO)
23 septembre 1914.
43e RIT. Situation sans changement. (JMO)
24 septembre 1914.
43e RIT. Dès le matin on entend encore le canon. L’organisation et les travaux continuent comme précédemment. (JMO)
25 septembre 1914.
43e RIT. Comme la veille.
La 22e compagnie quitte le Ballon d’Alsace pour occuper Sewen. (JMO)
26 septembre 1914.
43e RIT. Situation sans changement. (JMO)
27 septembre 1914.
43e RIT. Dans la nuit du 26 au 27, une canonnade violente se fait entendre et continue toute la journée. (JMO)
28 septembre 1914.
43e RIT. La canonnade continue très violente surtout pendant une manœuvre des trois bataillons du secteur et de tous les services du régiment qui a lieu vers Bayecourt. Vers midi le canon fait trembler le sol. (JMO)
29 septembre 1914.
43e RIT. Situation sans changement. (JMO)
30 septembre 1914.
43e RIT. Situation sans changement. (JMO)
Date de création : 11 septembre 2023
4e modification : 30 octobre 2023