Kershaw (I). Une "histoire de l'Europe au XXe". Présentation (NDL)
UNE "HISTOIRE DE L'EUROPE AU XXe siècle"
par Ian Kershaw
Préface.
Histoire de l'Europe de 1914 à nos jours qui sera en deux volumes. « Il n'y a pas une seule manière d'aborder l'histoire du XXe siècle en Europe. Il existe déjà d'excellentes histoires, avec des interprétations et des structures diverses, et un point de vue à chaque fois différent sur le siècle. Ainsi des ouvrages de Eric Hobsbawn, Mark Mazoyer, Richard Vinen, Harold James et Bernard Wasserstein. Ce volume et le suivant proposent nécessairement une approche personnelle de ce siècle capital (…) Il ne saurait donc y avoir d'originalité de ma part que dans la construction et l'interprétation : la façon dont l'histoire s'écrit et la nature du raisonnement. »
Dans le texte, intégration d'expériences personnelles de contemporains qui si elles ne peuvent être considérées comme représentatives sont tout de même le reflet d'attitudes ou de mentalités plus profondes.
« Il est très tentant d'imaginer le XXe siècle européen comme un siècle en deux parties avec peut-être un « temps supplémentaire » ajouté après 1990. ce volume ne traite que de la première moitié d'un siècle extraordinaire et dramatique. C'est l'époque où l'Europe a livré deux guerres mondiales, menacé les fondements même de la civilisation et paru acharnée à se détruire. »
Les deux volumes qui composent cette histoire sont :
Volume 1. L’Europe en enfer (1914-1949) (2016, 630 pages)
Volume 2. L’âge global (Europe de 1950 à nos jours)
Introduction du volume I. Europe. L'ère de l'autodestruction.
Le XXe siècle est un siècle de guerres :
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Première Guerre mondiale.
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Deuxième Guerre mondiale.
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Guerre froide.
« Ce volume « examine comment les forces dangereuses issues de la Première Guerre mondiale ont abouti aux abimes d’inhumanité et de destruction à peine imaginables de la Seconde. Cette catastrophe, avec l’ampleur sans précédent du génocide dont le conflit est indissociable, fait de a Seconde Guerre mondiale l’épicentre et l’épisode déterminant de l’histoire troublée de l’Europe au XXe siècle. »
Cette catastrophe est due à 4 grands éléments imbriqués :
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Une explosion de nationalisme ethnico-raciste.
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Des revendications territoriales âpres et inconciliables.
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De profonds conflits de classe qui trouvèrent un foyer concret avec la révolution bolchevique en Russie.
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Une crise prolongée du capitalisme.
« Le centre, l’est et le sud-est de l’Europe, pour l’essentiel les régions les plus pauvres du continent, furent les plus touchées par l’imbrication des quatre éléments. »
« La désintégration des empires austro-hongrois et ottoman à la fin de la Première Guerre mondiale et les immenses bouleversements de la guerre civile qui suivit la révolution d’octobre libérèrent les forces nouvelles d’un ultranationalisme définissant la nation en termes ethniques. Les conflits nationalistes et ethniques prirent un tour endémique dans la moitié orientale du continent, la plus pauvre, où coexistaient depuis longtemps de nombreuses communautés et où les Juifs furent souvent les boucs émissaires du ressentiment et de la misère sociale (…). Bien plus que l’Allemagne, ces régions centre et est formaient le coeur traditionnel d’un antisémitisme virulent. »
Ces conflits nationalistes et ethnico-raciaux furent amplifiés par le règlement de la Première Guerre mondiale. Partout ou presque les frontières furent contestées.
Ce nationalisme fut aussi nourrit par les conflits de classe. Les bouleversements économiques et les crises des années 30 augmentèrent les antagonismes de classe en Europe. La révolution russe donna par ailleurs un autre modèle de société alternatif au capitalisme.
Mais « le communisme soviétique scinda aussi la gauche politique au point de l’affaiblir fatalement, tout, tout en renforçant considérablement les forces de droite ultranationalistes. »
« La contre-révolution, comme la tentation révolutionnaire à gauche exploita l’amertume et les inquiétudes du conflit de classes. Les mouvements contre-révolutionnaires n’eurent jamais plus d’attraits que lorsqu’ils réussirent à associer ultranationalisme et antibolchevisme virulent. (…..) Le plus grand danger devait cependant naître de l’association de l’ultranationalisme et d’une haine presque paranoïde du bolchevisme, favorisant la création de mouvements de masse de droite, qui, en Italie puis en Allemagne, réussirent à s’emparer du pouvoir. »
« La quatrième composante, sous-tendant les trois autres éléments et interagissant avec eux, fut la crise durable du capitalisme dans l’entre deux-guerres. Le bouleversement de l’économie mondiale provoquée par la Première Guerre mondiale, l’extrême faiblesse des principales économies européennes, Grande-Bretagne,France et Allemagne, et la répugnance des Etats-Unis, seule véritable puissance économique à s’engager pleinement dans la reconstruction européenne, entrainèrent une catastrophe. »
La crise du capitalisme fut mondiale mais toucha surtout l’Europe.
« Seule l’imbrication de ces quatre éléments pouvait engendrer la crise politique, socio-économique, idéologique et culturelle qui mena l’Europe au seuil de l’autodestruction. » et c’est en Allemagne que ces 4 éléments furent les plus forts.
Ce volume se compose de dix chapitres :
1. Au bord du gouffre (Avant 1914)
2. La grande catastrophe (1er GM)
3. Paix agitée (les années 20)
4. Danse sur le volcan (les années 30)
5. Les ombres s’épaississent
6. Zone de dangers
7. Vers l’abîme.
8. L’enfer sur terre.
9. Transitions discrètes dans les décennies noires.
10. L’Europe renaît de ses cendres.