Kershaw (I). Une "histoire de l'Europe au XXe siècle". V1-6. Zone de dangers (NDL).

Chapitre 6. Zone de dangers.

 

 

«  Une fois passé le pire de la crise économique, autour de 1934, l’Europe avait changé, et de manière menaçante. Le règlement d’après guerre s’effondrait. Le triple conflit idéologique entre fascisme, bolchevisme et démocratie libérale s’intensifiait. Les régimes fascistes affirmaient leur force, les démocraties révélaient leur faiblesse. Les dictatures prenaient le dessus, imposant leur ordre du jour. Dans les ruine de la crise économique se profilait une nouvelle conflagration mondiale. »

 

L’ordre international s’effrite.

 

« L’ordre international d’après guerre en Europe était dès le début un édifice extrêmement fragile reposant sur des fondements qui l’étaient tout autant. Les intérêts nationaux, les tensions ethniques et les rancœurs nationalistes encouragées par le règlement d’après guerre avaient toujours menacé de provoquer son effondrement. C’est dans la moitié orientale de l’Europe qu’ils prirent le plus d’acuité. »

 

« La scène internationale était en passe d’être presque entièrement dominée par les rapports de force changeants entre pays grands et puissants, les petites nations étant entraînées dans leur sillage. L’affirmation des pays fascistes, l’Italie et surtout l’Allemagne, était le nouveau facteur dynamique qui mettait en danger l’ordre international. »

 

Les démocraties, trop divisées, ne pouvaient combattre ces forces.

 

Pour sa part, la SDN, sans la participation des Américains, avait une efficacité d’emblée compromise. Mais elle continua à œuvrer dans différents domaines (lutte contre les épidémies, prévention du trafic humain, amélioration du commerce mondial). Par contre, son objectif principal, La défense de la paix, fut un échec total. « Elle n’était pas de taille face à l’arrogance de pays rapaces comme l’Italie et l’Allemagne, et se révéla incapable de surmonter les funestes divisions de démocraties qui ne pensaient qu’à leur intérêt national. »

 

La première atteinte à l’ordre international est l’occupation de la Mandchourie par le Japon en 1931. Une commission d’enquête mise tardivement en place mit près d’un an pour établir son rapport. Si elle condamna l’agression japonaise, elle pressa la Chine de reconnaître « les intérêts légitimes de Tokyo en Mandchourie. »

 

Février 1933. Le Japon quitte la SDN. « L’isolement diplomatique du pays encouragea l’essor d’un nationalisme virulent alors même qu’il basculait vers un régime oligarchique et militaire voué à l’expansion. »

 

« La préoccupation majeure de la SDN, réduire les risques de conflit international par un système de sécurité collective fondé sur un accord de désarmement, fut un échec total. »

 

Dans les pays de l’ouest, développement des mouvements pacifistes qui touchaient de nombreuses catégories sociales.

 

Par contre en Allemagne le pacifisme des années 1920 était fortement contrebalancé par le militarisme de l’extrême droite (E M Remarque contre Ernst Junger).

 

« C’est seulement avec la progression du parti nazi que la vision militariste de la guerre, « un combat glorieux compromis par le coup de poignard dans le dos » des révolutionnaires marxistes, triompha de l’hostilité à la guerre. »

 

« Hitler, réussit un coup de maître en persuadant les Allemands des années durant qu’il travaillait pour la paix et non pas la guerre, que le réarmement était le meilleur moyen d’assurer la défense du Reich et qu’il ne voulait rien de plus que des droits « égaux » avec les puissances occidentales en termes de forces armées (….) Pour beaucoup, et pas seulement dans les rangs nazis, l’argument était convaincant. »

 

  • 2 février 1932. Echec de la première conférence sur le désarmement de Genève. Japon, URSS, Italie, Allemagne, en particulier refusent tout désarmement.

 

En ce qui concerne la France, tout désarmement qui compromettrait sa sécurité était inacceptable.

 

Par contre au Royaume-Uni, on estimait que la sécurité internationale découlerait bien d’un désarmement général.

 

« La division fondamentale entre les deux grandes puissance occidentales en matière de désarmement fit le jeu d’Hitler. Ce fut pour lui, une excellente occasion d’exploiter l’iniquité foncière qui se cachait derrière la noble rhétorique de la conférence pour le désarmement. Les démocraties occidentales elles mêmes n’étaient pas disposées à réduire leur armement au niveau imposé à l’Allemagne, ni à lui permettre de réarmer autant qu’elles-mêmes le jugeaient indispensables à leur sécurité. L’intérêt national inflexible (y compris de la part des petits pays), chaque pays réclamant des garanties de sécurité qu’il était impossible de lui fournir ruina tout espoir d’accord général. »

 

  • 14 octobre 1933. Hitler quitte la conférence de désarmement et la SDN.

 

  • Mars 1935. Hitler créé une nouvelle Wehrmacht forte de 36 divisions (550.000 hommes) et rétablit le service militaire.

 

« Alors que l’Allemagne sortait affermie de son isolement international et que l’ordre européen d’après guerre s’effondrait, les pays s’efforcèrent de forger de nouvelles alliances pour affirmer leur sécurité. »

 

  • 1933. Mise en place de relations diplomatiques de l’URSS avec la Grande-Bretagne et la France.

 

  • Juin 1934. Pacte de non-agression de 10 ans entre l’Allemagne et la Pologne.

 

  • Septembre 1934. Entrée de l’URSS à la SDN.

 

  • 1935. Pacte d’assistance mutuelle entre l’URSS et la France, puis avec la Tchécoslovaquie.

 

  • 3 octobre 1935. Mussolini qui veut une guerre pour rehausser son prestige envahit l’Abyssinie (Ethiopie). Cette guerre « prouverait, par une conquête militaire que la péninsule était une puissance impériale dynamique à une époque où la puissance britannique et française semblait sur le déclin. »

 

« Ce fut une guerre barbare, les bombardiers italiens utilisèrent systématiquement du gaz toxique pour terroriser la population ». La victoire fut acquise très difficilement.

 

« Sur le plan international, la guerre d’Ethiopie sonna le glas de la SDN en tant que forum international pour la paix et la sécurité en Europe. » La SDN imposa des sanctions économiques limitées (exportation de foie gras interdite, mais pas pour le fer, le charbon ou le pétrole).

 

« Quand on apprit que Samuel Hoare et Pierre Laval, ministres britannique et français des Affaires étrangères, avaient proposé un accord qui récompenserait l’agression de Mussolini par l’octroi à l’Italie des deux tiers de l’Éthiopie, l’indignation fut vive, surtout en Grande-Bretagne. Les deux membres les plus importants de la SDN acceptaient de dépecer un Etat membre envahi par un autre Etat membre dans un acte de guerre hors de toute provocation. »

 

« Les petites nations d’Europe virent son impuissance au point de reconsidérer leur engagement et de chercher d’autres moyens d’assurer leur sécurité. »

 

  • Pologne, Roumanie, Yougoslavie, Espagne, Suisse, Pays-Bas perdent confiance dans la fiabilité de la France.

 

  • Les pays scandinaves renoncent à appliquer les sanctions économiques.

 

L’Allemagne fut la grande bénéficiaire de cette guerre, car l’Italie ayant besoin d’alliés, se rapproche d’elle.

 

  • Janvier 1936. Mussolini fait savoir qu’il ne s’opposerait pas à une unification de l’Allemagne et de l’Autriche et qu’il n’apporterait pas son soutien à la France et à l’Angleterre, si Hitler souhaitait réagir à la ratification prochaine, à Paris, du pacte d’assistance mutuelle avec l’URSS.

 

« Tôt ou tard le gouvernement nationaliste allemand aurait cherché à en finir avec la clause du règlement, consacré à Locarno, qui prévoyait la démilitarisation d’une bande de 50 km sur la rive droite du Rhin. Pour la plupart des Allemands et pas seulement des ultranationalistes, c’était une atteinte insupportable à la souveraineté du Reich et un stigmate durable du diktat des vainqueurs de 1919. » Du point de vue de Hitler, un coup d’éclat aurait des répercussions pour son prestige aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. 

 

  • 7 mars 1936. 22.000 soldats allemands réoccupent la zone démilitarisée sans autre conséquence que des protestations de la part des démocraties. « Si les Français l’avaient arrêté par une démonstration de force militaire, le coup porté à la position de Hitler, l’eut sensiblement affaibli aux yeux de l’armée et de l’opinion allemande (…) On peut tout à fait imaginer qu’en 1936, après un échec cuisant de la remilitarisation de la Rhénane, Hitler eut été dans l’incapacité d’aller de l’avant, faisant figure d’aventurier téméraire et dangereux aux yeux des puissants responsables de l’armée. »

 

Mais il y avait peu de chances que la France prît des mesures militaires :

 

  • Mobilisation couteuse : 30 millions de francs par jour.

 

  • Mobilisation lente : 16 jours, uniquement pour la défense des frontières.

 

  • Une opinion publique hostile à des représailles.

 

« Les Français n’étaient pas disposés à agir sans le soutien des Britanniques. Or il n’y avait aucun espoir de les voir appuyer une action militaire en Rhénanie. »

 

Cette initiative de Hitler fut accueillie avec joie par la population allemande lorsqu’il fut acquis qu’elle ne déboucherait pas sur la guerre.

 

« La remilitarisation de la Rhénane donna le coup de grâce aux traités de Versailles et de Locarno et ruina définitivement les espoirs d’une possible sécurité à la frontière franco-allemande. Un affrontement des démocraties occidentales et de l’Allemagne hitlérienne devenait de plus en plus probable. »

 

« Alors que Londres et Paris continuaient à vouloir lutter avec des partenaires diplomatiques qui ne respectaient pas les règles établies, les dictateurs allemand et italien se rapprochaient. »

 

« L’antibolchevisme fut un facteur important du rapprochement des dictateurs. »

 

  • Pour Mussolini, surtout une arme de propagande.

 

  • Pour Hitler, il y avait un lien intrinsèque entre judaïsme et bolchevisme, son obsession depuis toujours, mais avec une place secondaire dans ses initiatives de politique étrangère. Mais à partir de 1936 la menace bolchevique commence à le préoccuper car il pense que le temps joue contre lui. « L’Europe était divisée en deux camps irréductibles. Il fallait donc affronter le danger au cours des années à venir avant qu’il ne soit trop tard. »

 

Fin août 1936, mémorandum fixant le cap de l’économie allemande pour les 4 années à venir, dans lequel Hitler estimait qu’un affrontement avec l’URSS était inévitable. Il fixait donc deux objectifs :

 

  • Les forces armées allemandes doivent être opérationnelles d’ici 4 ans.

 

  • L’économie allemande doit être prête à la guerre d’ici 4 ans.

 

« Ce n’était pas un calendrier, mais dorénavant, l’Allemagne ne pourrait s’écarter de sa trajectoire. Sauf à chasser Hitler du pouvoir, line pourrait y avoir de retour à une économie de paix fondée sur le commerce international. Il avait choisi un programme d’autarcie économique en vue de construire des forces armées prêtes à la guerre. »

 

Dictatures.

 

Régimes réactionnaires.

 

« Les années 1930 furent la décennie qui vit prospérer les dictateurs. En 1939, une majorité d’Européens vivaient sous des dictatures. »

 

Ces dictatures partagent certaines caractéristiques :

 

  • Elimination (ou sévères restrictions) des formes pluralistes de représentation politique.

 

  • Limitation (ou abolition des libertés personnelles

 

  • Contrôle des médias.

 

  • Suppression (ou strict encadrement) de l’indépendance judiciaire.

 

  • Répression énergique des dissidents politiques à travers des pouvoirs de police élargis.

 

Ces dictatures affirmaient toutes représenter « la Nation », le « Peuple », incarner la souveraineté populaire et agir dans l’intérêt national.

 

« Le pouvoir réel était invariablement concentré entre les mains d’un « homme fort » dont l’autorité reposait sur le soutien de l’armée et des forces de sécurité (….) Le rôle de l’armée était décisif. Et l’URSS mis à part, l’armée était sans exception conservatrice, nationaliste et farouchement antisocialiste. La plupart des dictatures se contentaient d’objectifs restrictifs : étouffer l’agitation intérieur, rétablir « l’ordre » et soutenir les élites en place. Elles ne représentaient aucun danger international. »

 

  • 1934. Estonie, dictature du Premier ministre Konstantin Päts visant à défendre la sécurité intérieure dans une période de troubles politiques et d’instabilité parlementaire.

 

  • Mai 1926. Pologne. Vous d’Etat du maréchal Pilsudski. En 1930, il fait arrêter plus de 5.000 opposants politiques et en 1934 ouvrir un camp de concentration à Berza-Kartuska. « Aucune décision de justice n’était nécessaire pour un internement de trois mois (avec prolongation possible de 3 mois supplémentaires). » Plus de 3.000 personnes furent envoyées dans ce camp.

 

En Pologne « La nouvelle constitution d’avril 1935 confirma le caractère autoritaire de l’Etat en accordant de larges pouvoirs au président et en réduisant fortement la base de l’indépendance parlementaire.

 

Avec l’arrivée au pouvoir du général Edward Smigly-Rydz, la Pologne devint plus nationaliste et plus antisémite, mais tolérante envers les minorités ethniques.

 

« Cette forme d’autoritarisme n’avait rien de dynamique. Le régime ne fit pas de gros efforts pour mobiliser la population et se contenta de contrôler la société, sans grande ambition de la changer. »

 

En fait dans la plupart de ces dictatures la mobilisation des masses demeura limitée.

 

En Grèce, en avril 1936, le général Metaxas à sa prise de pouvoir ne disposait du soutien que de 4% des Grecs). Par la suite, ses tentatives pour mobiliser les masses furent un échec. Il restera au pouvoir jusqu’à sa mort en 1941. « Sa dictature fut une variante de l’autoritarisme répressif qui musela la société sans la mobiliser et manquait de toute dynamique idéologique. »

 

En Hongrie, l’autoritarisme de Miklos Horthy dépendait de l’armée et des grands propriétaires terriens. Le régime voyait dans le parti de masse fasciste une menace plutôt qu’un soutien. Ce régime fut « réactionnaire, non pas révolutionnaire. »

 

Au Portugal, l’Etat nouveau de Salazar (1933) reposait sur une constitution corporative incarnant les valeurs du catholicisme réactionnaire. « Le droit de vote était restreint, la presse censurée, les grèves et les lock out interdits. »

 

« Salazar n’avait aucune envie de devenir tributaire d’un mouvement de masse fasciste et réprima bel et bien les syndicalistes nationaux (chemises bleues fascistes). Le plus terne des dictateurs ne voulait pas du culte de la personnalité et tourna le dos au militarisme agressif et l’expansionnisme impérialiste. »

 

Dictature dynamique : idéologie et mobilisation de masse.

 

« Même pour les contemporains, il était on ne peut plus clair que les tris dictatures, Union soviétique, Italie et Allemagne, se distinguaient de toutes les autres. Au milieu des années 1930, leur affrontement idéologique, bolchevisme soviétique face au fascisme italien et au nazisme se durcissait (….). Comme le reconnurent les dirigeants des démocraties occidentales, cet affrontement entraînait l’Europe dans une zone de dangers. »

 

Chacune de ces dictatures suscitait une appréhension crossante de la part des démocraties occidentales.

 

Ces trois dictatures présentaient des similitudes dans les méthodes de gouvernement :

 

  • Enrégimentement complet de la société.

 

  • Terreur envers les opposants et les minorités.

 

  • Adulation du chef.

 

  • Implacable mobilisation par le parti jouissant d’un monopole.

 

Toutes ces dictatures étaient « révolutionnaires si, par ce vocable, nous entendons un grand bouleversement politique dans le but de changer la société de fond en comble. De même, toutes faisaient valoir en principe un « droit total » sur l’individu, même si la pratique variait (….) Ils s’efforçaient de mobiliser derrière une idéologie exclusive afin « d’éduquer » les gens, en faire des croyants engagés, s’emparer d’eux corps et âme. »

 

Stalinisme : idéalisme, terreur et peur.

 

Au milieu des années 1930, le système bolchevique se mue en stalinisme avec disparition totale de la direction collective depuis la mort de Lénine en 1924. « La prétendue « dictature du prolétariat » se métamorphosait en dictature de Joseph Staline. »

 

1936. Promulgation d’une nouvelle constitution soviétique :

 

  • Droit de vote universel.

 

  • Droits civils.

 

  • Liberté de pensée, de a presse, de religion, d’organisation, de réunion.

 

« Rarement constitution a menti aussi effrontément. En vérité l’Union soviétique était à cette époque une dictature implacable fondée sur la peur, la servilité, l’ambition, le carriérisme (…) La loi n’assurait plus la moindre protection. En pratique les citoyens soviétiques étaient exposés au pouvoir arbitraire et illimité de l’Etat. »

 

Fin 1932, le plan de collectivisation de la paysannerie est présenté comme un triomphe, mais :

 

  • Il est massivement impopulaire chez les paysans.

 

  • Appauvrissement de la majorité du pays.

 

  • Pénurie de vivres en ville, manque de logements et hausses de prix.

 

« L’insatisfaction était tangible à tous les niveaux, y compris et surtout chez les dirigeants du parti et de l’Etat. »

 

Mais dans le domaine économique, « les immenses chantiers (…) étaient perçus comme le signe visible immensément positif de l’étonnante transformation en cours, un indicateur tangible de progrès. »

 

« La mobilisation générale au service du programme industriel nécessitait des masses d’activistes qui pouvaient faire carrière, améliorer leur niveau de vie et surtout, exercer un pouvoir substantiel dans leurs efforts pour faire marcher le système. Le parti recruta un demi million de membres entre 1934 et 1939. La plupart étaient peu instruits et inexpérimentés. Ces nouveaux venus affluèrent en grand nombre aux échelons inférieurs de l’autorité administrative, avaient le goût du pouvoir, ainsi que du statut et des privilèges qu’il leur conférait. (….) Les ambitions souvent débridées des cadres de base pouvaient être assouvies s’ils servaient le régime. La cruauté au nom de la cause n’était que le reflet de ce qui se passait au somment. Les patrons despotiques pouvaient traiter, et traitaient souvent leurs subordonnés comme des chiens, sachant que cela ne leur vaudrait aucune sanction, voire qu’ils en seraient félicités, pour peu que les objectifs soient atteints. Et les carrières dépendaient de la réalisation de ces objectifs. »

 

« C’était le coeur d’un système reposant sur des millions de « petits Staline » qui faisaient marcher le régime à a base. »

 

Le parti dominait l’Etat et Staline dominait le parti.

 

La servilité des membres du Politburo était garantie par à la fois un fort sentiment d’insécurité, mais aussi par les gratifications du pouvoir. « Ils jouaient un rôle important pour transmettre et exécuter les ordres dans les diverses sphères du régime stalinien (…) Les décisions étaient approuvées sans discussion, jamais mises aux voix. »

 

Au début des années 1930, mise en place du culte de la personnalité « héroïque » de Staline. Mais ce culte ne devait pas donner « l’impression qu’il usurpait l’image légendaire du grand héros bolchevique et chef de la révolution. » : Lénine.

 

Une grande partie de ce culte s’avéra de pure invention, mais « la résonnance populaire n’en était pas moins authentique . D’innombrables Russes ordinaires le vénéraient. »

 

« Le culte créa sans nul doute un socle de popularité authentique, même s’il est impossible de l’évaluer. Mais un autre facteur fut bien plus important : la peur. Le pouvoir personnel de Staline reposait avant tout sur la précarité de toute autorité subalterne, de plus en plus sujette à ses décisions arbitraires de vie ou de mort. Le régime reposait avant tout sur l’insécurité généralisée qui régnait dans la société soviétique et qui atteignit de nouveaux sommets au cours de la « grande terreur » accompagnant les purges de 1937-1938. »

 

Il y avait des tensions au sein de la direction car certains vouaient réduire les pressions sur l’économie.

 

Certains plaçaient leurs espoirs en Serguei Kirov patron du parti à Léningrad. Mais il fut abattu dans son bureau en décembre 1934. Cela permit à Staline d’accentuer encore la répression. Zinoviev et Lev Kamenev qui avaient soutenu Trotski furent condamnés à de longues peines de prison. A Leningrad plus de 3000 opposants réels ou supposés furent déportés en Sibérie.

 

Zinoviev et Kamenev feront l’objet d’un deuxième procès quines condamnera à mort et ils seront exécutés.

 

  • 1938. Procès suivi de son exécution de Nikolaï Boukharine ancien adversaire de Staline.

 

Sur 139 membres du Comité Central, 110 seront arrêtés et jugés.

 

Sur les 1966 délégués du congrès du Parti en 1934, 1108 furent arrêtés. « Staline détruisait le Parti communiste en tant que base de pouvoir indépendante. Responsables, hommes de science et ingénieurs furent aussi victimes en grand nombres des purges. »

 

Fin 1938, les arrestations se situaient autour de 1,5 million pour près de 700.000 exécutions. « Même Nikolaï Iejov, surnommé le « hérisson de Staline », l’épurateur en chef qui dirigeait la police depuis 1936 fut arrêté en 1939 et exécuté l’année suivante. »

 

« Staline était un homme vindicatif, froid et cruel (….) La terreur qui enveloppa l’Union soviétique dans les années 1930 ne fut pas simplement une expression extrême de sa paranoïa. Des millions d’apparatchiks ambitieux et de citoyens serviles rendirent la terreur effective à tous les échelons de la société. Pour chaque victime, il y avait les gagnants qui profitaient de la situation. »

 

La délation était encouragée à tous les niveaux et à la moindre remarque « déviationniste » valait une arrestation en pleine nuit. « la peur d’être dénoncé rendait la société silencieuse (..) La dénonciation n’était pas nécessairement politique. Elle pouvait servir une carrière ou valoir une récompense matérielle. C’était une aubaine pour régler des comptes personnels. »

 

C’était l’élite du parti qui était la plus menacée. Même les fervents de Staline ne pouvaient être sûrs que « les coups frappés de nuit à la porte ne seraient pas pour eux. »

 

« L’angoisse croissante de Staline face au danger qui se profilait pour l’Union soviétique peut expliquer les grandes purges. »

 

Les minorités ethniques proches des frontières furent victimes elles aussi de purges massives (Polonais, Biélorusses, Ukrainiens).

 

En 1937-1938, Staline décapite pratiquement tout le haut commandement de l’Armée rouge. « Son meilleur stratège, Mikhaïl Toukhatchevski fut arrêté et exécuté. »

 

« La décapitation de l’Armée rouge la laissa gravement affaiblie, sous le commandement du favori incompétent de Staline, Kliment Vorochilov, et hors d’état d’affronter une grande guerre. Prenant conscience du retard alarmant à rattraper, le pays augmenta ses dépenses de défense à un rythme frénétique à la fin des années 1930. »

  • 1934, 9,7% du budget.

  • 1939, 25,6% du budget.

 

«  Ce n’était pas une dictature populaire. Il y avait certes des individus engagés, des idéalistes et des idéologues fanatiques, mais la population dans son ensemble, en dehors des adorateurs réels ou feints de Staline et des fervents du régime, en était réduit à se soumettre (….) Beaucoup l’aimaient, mais bien davantage le craignaient. La terreur avait fait son œuvre. Elle était la caractéristique même du régime stalinien. Jamais aucun gouvernement n’avait terrorisé tant des siens de manière aussi aléatoire et insensible. »

 

L’Italie de Mussolini : « Le rêve totalitaire. »

 

« En juin 1925, Mussolini avait loué la « féroce volonté totalitaire » du mouvement fasciste (….) malgré ses instincts radicaux, Mussolini était suffisamment fin pour savoir qu’il avait besoin d’un autre soutien (….) que celui de ses combattants de rue indisciplinés. Il lui fallait l’appui des élites en place. Et il comprit que la solidité du régime devait reposer non pas sur le parti, mais sur l’Etat. »

 

Février 1925. Il nomme Roberto Farinacci, le plus radical de ses chefs provinciaux, secrétaire national du parti fasciste. Personnage brutal et implacable, il va purger le parti de ses éléments les plus radicaux et les plus dérangeants. Il sera lui même écarté en 1926. « Au cours des années suivantes, avec des secrétaires moins radicaux mais plus compétents sur le plan administratif, le parti fasciste se développa considérablement. » (En 1933, 1,5 million de militants sur une population de 42 millions d’habitants).

 

Mais, « se transformant en parti de l’ordre établi, il perdit son élan révolutionnaire. »

 

« Dans l’Italie fasciste, contrairement à ce qui se passait dans le régime soviétique , le parti unique, après 1926 aucun autre parti ne fut autorisé, n’était pas le maître de l’Etat, mais son serviteur. »

 

« Tout dans l’Etat, rien hors de l’Etat, rien contre l’Etat proclamait Mussolini en octobre 1925. L’ampleur des contrôles économiques et sociaux introduits par tous les pays belligérants au cours de la Première Guerre mondiale avait nourri la conviction croissante et pas seulement en Italie, que la vigueur de la nation supposait la mainmise de l’Etat sur la société. »

 

Giovanni Gentile professeur de philosophie à Rome et plus éminent théoricien de Mussolini estimait que rien hors de l’Etat ne comptait et qu’il concernait tous les aspects de la société et qu’il incarnait la volonté nationale.

 

L’Etat fasciste avait été rendu possible par les unités paramilitaires « les squadristi », mais la répression politique fut l’œuvre de la police et de la justice « qui n’étaient, ni l’une ni l’autre, entre les mains de fascistes ou de militants radicaux. »

 

« La police politique fut centralisée avec la constitution d’un vaste réseau d’agents et d’informateurs, pour beaucoup volontaires. »

 

Si le régime était suffisamment répressif pour effacer toute tentative d’opposition, la répression fut tout de même modérée. « Moins de 20% des affaires jugées par le tribunal spécial italien se soldaient par une condamnation. »

 

« Pour une bonne partie de la population, c’était une affaire de conformisme contraint, plutôt que d’enthousiasme pour le régime. Le conformisme était nécessaire pour obtenir un emploi ou toucher des prestations sociales. La corruption et les pots de vin en étaient le corollaire inévitable (….) Loin d’être arbitraire la répression visait surtout les opposants antiracistes (….) L’apathie était largement répandue, tout comme l’acceptation molle de ce qui ne pouvait être changé, mais ce n’était pas une société terrorisée comme l’Union soviétique stalinienne. »

 

En province l’autorité était assurée par les préfets qui surveillaient aussi bien les militants fascistes locaux que les opposants. « Bien souvent, notamment dans le Sud, les localités restèrent entre les mains de notables issus de la classe dirigeante en place, qui pour la plupart n’étaient fascistes que sur le papier. »

 

Mussolini ayant repris le ministère des armées, les forces armées se dirigèrent elles-mêmes « moyennant une coordination et une efficacité minimes. » Dans leur grande majorité, les officiers étaient certes conservateur, mais pas fascistes.

 

« Dans les années 1930, le régime fasciste avait consolidé son emprise. Il n’existait pas de véritable opposition. Le soutien des élites, monarchie, armée, Église, capitaines d’industrie, grands propriétaires fonciers, était acquis. Dans les faits, l’idée de l’Etat et de société totalitaires ne fut jamais près de se réaliser. Le fascisme se révéla incapable de gagner de larges sections de la société à commencer par les vieux bastions socialistes des grandes villes et de grandes parties des régions du sud. »

 

« Quoi que le peuple ait pu penser du régime, ce qui mettait le fascisme italien à part des autres régimes autoritaires plus traditionnels et lui valait de nombreux admirateurs, y compris dans les démocraties occidentales, c’était moins la répression et la contrainte, plus ou moins commune à tous les dictateurs, que la mobilisation générale de la population, sa vitalité apparente et son dynamisme. Cela se manifestait par une nouvelle esthétique du pouvoir qui s’efforçait de mettre à son service, l’art, la littérature et surtout l’architecture. Pour bien des observateurs extérieurs, le fascisme semblait être le visage moderne du gouvernement, une organisation rationnelle de la société. Il paraissait combiner ordre et protection sociale sous l’égide de l’État. »

 

« L’idée fasciste d’un « État totalitaire » entendait embrasser la vie dans tous ses aspects, du berceau au tombeau. Elle voulait créer un « homme nouveau » qui incarnerait l’esprit du fascisme italien, épaulé par la « nouvelle italienne » attachée à son devoir pour la nation, qui se résumerait pour l’essentiel à assurer le bonheur du ménage et à faire des enfants. « Les pensées et désirs du Duce devaient devenir les pensées et désir des masses » déclarait Gentile. Le parti fasciste lui-même étendit ses tentacules dans presque tous les domaines de la vie quotidienne (…) En 1939, près de la moitié de la population appartenait à une association fasciste. »

 

Le régime fit du sport une affaire de fierté et de prestige national, en particulier le football.

 

«Le Duce lui-même était de loin le principal atout du régime. A l’étranger, on voyait en lui un rempart contre le communisme » et son culte était soigneusement entretenu.

 

« Chez les Italiens, la popularité de Mussolini au milieu des années 1930 dépassait largement celle de son régime en général et du parti fasciste en particulier. »

 

« La quête de gloire impériale avait été d’emblée une marque du régime. »

 

«  Pour ranimer son dynamisme visiblement fléchissant, et montrer que le fascisme n’avait rien à envier au nazisme en matière de radicalisme, le régime redoubla de zèle idéologique à la fin des années 1930. »

 

  • 1938. Législation antisémite.

 

Mais le racisme visait aussi les noirs africains.

 

« Il fut un temps où les nazis avaient considéré l’Italie fasciste comme un modèle. La situation s’était inversée. »

 

« Sans être un trait central, l’antisémitisme avait toujours été présent dans le mouvement fasciste. Une fois l’Italie liée à l’Allemagne par l’Axe, il prit de l’ampleur, jusqu’aux lois raciales de 1938. »

 

L’Allemagne de Hitler : la communauté raciale.

 

« L’essor du fascisme en Italie et, surtout la figure de Mussolini comme incarnation du chef autoritaire qui avait écrasé le marxisme et uni son pays par la force de la volonté avaient fasciné les nationalistes allemands bien avant que Hitler ne « prit le pouvoir » en 1933. Mussolini était l’un des rares hommes qu’admirat Hitler. »

 

« Le caractère exceptionnel du régime nazi tenait largement aux espoirs idéologiques, aux attentes et aux opportunités qu’incarnait Hitler. Le culte qui l’investît de qualités « héroïques », presque surhumaines, transformant l’ancien démagogue de brasserie et objet de vénération quasiment déifié, était aussi artificiel que ceux du Duce et de Staline. »

 

Hitler prend le contrôle du mouvement nazi dès le milieu des années 192- et quand il devient chancelier en 1933, « il incarnait depuis longtemps le renouveau national et la grandeur future qui avait rallié à son parti des millions de compatriotes. »

 

« L’élimination des Juifs (…) et l’espace vital (…) impliquaient la préparation à un conflit armé dans un avenir proche pour assurer la base économique de l’Allemagne et sa suprématie en Europe (…) formaient deux éléments jumeaux qui contribuaient à entretenir une dynamique idéologique implacable (….). Il n’en découlait aucun plan cohérent, ni aucun projet échelonné. L’orientation et l’inexorable élan de la radicalisation étaient le propre du système nazi. »

 

« Le nettoyage ethnique était au cœur de la radicalisation. Même après l’introduction de la législation anti juive de 1938, le racisme du fascisme italien n’eut jamais ni la centralité, ni l’intensité de la mobilisation au service de la pureté raciale propres au régime nazi. Si le racisme allait bien au-delà de l’antisémitisme, la haine des Juifs était cependant prioritaire. Les Juifs occupaient une place unique dans la panoplie des phobies nazies. Pour Hitler et nombre de ses partisans, les Juifs représentaient un danger qui menaçait l’existence de l’Allemagne. A l’intérieur, ils étaient accusés d’empoisonner sa culture, de miner ses valeurs et de corrompre sa pureté raciale. A l’extérieur, on voyait en eux une puissance internationale nuisible du fait de leur domination présumée sur le capitalisme ploutocratique et le bolchevisme. L’élimination de la puissance juive et de son influence présumée était donc le pivot même de la vision utopique du renouveau national construit par la pureté raciale. »

 

A partir de 1933, Hitler peut se permettre de transformer son idéologie raciale en politique d’Etat.

 

1er avril 1933. Boycott national des affaires juives.

 

Septembre 1935. Lois de Nuremberg.

  • interdiction des mariages entre Juifs et Allemands « de sang ».

  • Privation des Juifs de la citoyenneté allemande.

 

9 et 10 novembre 1938. Nuit de Cristal qui fait fuir des milliers de Juifs hors d’Allemagne.

 

D’autres minorités sociales furent elles aussi exclues du corps de la communauté aryenne : Tziganes, homosexuels, malades mentaux, alcooliques, mendiants, « réfractaires au travail. »

 

« Les mesures sociales ou natalistes concernant la majorité de la population, comme les prêts matrimoniaux, l’aide aux mères et les allocations familiales et même la stérilisation des « dégénérés » avaient leurs pendants dans d’autres pays européens. Mais nulle part ailleurs ces mesures ne furent aussi radicalement et systématiquement dictées par les principes de « l’hygiène raciale » afin de créer une société racialement pure, génétiquement renforcée, prête à la guerre (même si on ne le criait pas sur les toits.) »

 

« Le parti nazi lui-même, ni subordonné à l’Etat comme en Italie, ni supérieur à lui comme en Union soviétique, mais existant à ses côtés et interférant avec lui dans un dualisme peu commode, Veillait à ce que la pression pour exclure les « inférieurs » de la « communauté » du peuple et l’élan anti juif en particulier, ne fléchissent jamais trop longtemps.

 

1936 Les SS qui dirigent les camps de concentration prennent la direction de la sécurité et de la police criminelle. Ils développent aussi une composante militaire (La Waffen SS).

 

L’exclusion des « marginaux » va multiplier par sept en quatre ans le nombre des internés (21.000) à la veille de la guerre.

 

Une fois au pouvoir, Hitler n’à pas renoncé à son idée d’espace vital et d’un conflit nécessaire pour l’acquérir. Cet espace vital devait être conquis en Europe même.

 

« Certains généraux voyaient dans une armée forte un élément de dissuasion pour assurer la défense de l’Allemagne. D’autres envisageaient, le moment venu une hégémonie allemande en Europe centrale et orientale (…) Les chefs militaires allemands étaient efficaces, expérimentés, qualifiés et déterminés. Ils avaient assimilé une culture dans laquelle une armée forte, l’extension territoriale et l’empire étaient tenus pour les attributs d’une grande puissance. »

 

Voulant venger l’humiliation de 1918, « ils avaient envisagé une grande guerre (…) dès le milieu des années 1920, sitôt qu’il serait possible de bâtir à nouveau une armée forte. Les objectifs et les initiatives de Hitler en vue de rétablir le rang de l’Allemagne et d’annuler le traité de Versailles en consacrant des millions et des millions au réarmement ne pouvaient que recevoir un accueil chaleureux de la part de ces chefs militaires. Dès lors que les démocraties occidentales montrèrent leurs faiblesses et leurs divisions en 1935 et 1936 sur la question des infractions aux traités de Versailles et de Locarno, l’expansion allemande devint de plus en plus probable.

 

Au milieu des années 1930, le régime nazi pouvait compter sur un large appui populaire pour plusieurs raisons :

  • Reprise économique après la grave crise de 1929.

  • Élimination du chômage.

  • Rétablissement de « l’ordre politique »

  • Restauration de l’unité et de la force nationales.

  • Triomphes patriotiques (en particulier les défis lancés aux puissances occidentales).

 

« La popularité d’Hitler, en outre, était immense, y compris parmi ceux qui n’aimaient pas le parti nazi. « Hitler était perçu comme le symbole de la nouvelle position du Reich dans le monde. »

 

« Beaucoup d’Allemands qui, depuis la guerre de 1914-1918 avaient connu l’inflation galopante, le chômage de masse et les profondes divisions politiques des années Weimar, gardèrent des années 1930 le souvenir de « bonnes années. »

 

« Au-delà des infimes minorités encore engagées dans le monde périlleux de l’opposition clandestine, la plupart des Allemands devaient trouver le moyen de s’accommoder de la dictature, de se soumettre avec des degrés d’enthousiasmes divers aux exigences du régime. Surveillance, dénonciations, caractéristiques d’une société soumise à un contrôle rigide étaient omniprésentes (….) La pression à se conformer à l’idéologie ambiante était constante, mais ceux qui s’y conformaient avaient peu de chances d’avoir des ennuis avec la Gestapo. »

 

La persécution des Juifs ne pouvait qu’avoir du succès, car « il était généralement admis que les Juifs n’avaient aucune place dans la « communauté du peuple. » allemande et devaient quitter le pays de gré ou de force. Il ne manquait pas de « camarades du peuple » (comme on appelait les Allemands ordinaires) prêt à acquérir les affaires juives à des prix sacrifiés ou à s’installer dans leurs appartements à leur départ. »

 

Dictatures dynamiques en comparaison.

 

« Les trois dictatures dynamiques, l’Union soviétique de Staline, l’Italie de Mussolini et l’Allemagne d’Hitler, étaient dans les faits des régimes très différents quand bien même ils avaient en commun un certain nombre de traits structurels. »

 

  • Revendication d’un « droit total » sur ses citoyens (le pays qui y parvint le moins bien fut l’Italie).

 

  • Contrôle total de l’espace politique ainsi que de toute forme d’activité organisée.

 

  • Volonté de façonner attitudes et comportements suivant des dogmes idéologiques exclusifs.

 

C’est en Italie que la pénétration de la société par les valeurs du régime a été la plus faible et en Allemagne la plus forte.

 

L’endoctrinement était variable mais particulièrement fort chez les jeunes.

 

« L’Allemagne jouissait du plus fort niveau de soutien populaire (….) l’Union soviétique avait la population la plus contrainte suggérant le soutien le moins authentique. »

 

Au niveau de la terreur.

 

  • L’URSS soumit ses citoyens à un niveau beaucoup plus important que les deux autres pays.

 

  • Les nazis se focalisèrent sur l’opposition politique et sur les minorités faibles et les « marginaux ».

 

  • L’Italie se focalisa sur la répression dans ses colonies africaines et la terreur resta modérée en comparaison des deux autres régimes.

 

« L’Italie était aussi le régime le plus faible sur les plans idéologiques et militaires. » Ses forces armées n’étaient capables que de courtes campagnes contre des ennemis inférieurs et n’étaient pas équipées pour une grande guerre.

 

En URSS, « la force idéologique était très puissante. D’immenses progrès, à des coûts humains colossaux avaient été accomplis pour mobiliser l’économie dirigée par l’Etat, restructurer la production agricole et industrialiser à un rythme effréné. » À la différence de l’Allemagne et de l’Italie, l’URSS se préparait à une défense du pays plutôt qu’à une guerre de conquête.

 

« Le dynamisme idéologique du régime hitlérien se distingue des deux autres par l’intensification de sa persécution focalisée sur les « ennemis intérieurs », notamment les Juifs, et les préparatifs fébriles d’un conflit armé dans un avenir prévisible (..) L’économie allemande était la plus avancée du continent, mais aussi la plus orientée vers la guerre. Et le Reich avait la direction militaire la plus efficace. »

 

« Même si, réunies, les trois dictatures devaient jouer un rôle central dans l’avenir de l’Europe au cours des années suivantes, les dirigeants des démocraties occidentales voyaient à juste raison dans l’Allemagne la plus grande menace. A ce stade, Staline, semblait surtout être un danger pour son peuple. Mussolini menaçait les peuples assujettis des colonies italiennes en Afrique en même temps qu’il était un facteur d’incertitude en Méditerranée . Hitler représentait un danger pour les Juifs Allemands mais surtout, dans une perspective internationale, un danger immense et croissant pour la paix en Europe. »

 

La guerre d’Espagne à partir de juillet 1936 va être l’occasion d’un premier choc entre ces trois dictatures :

  • Staline appuyant les Républicains.

  • Hitler et Mussolini appuyant Franco.

 

Pour leur part, les démocraties, une fois de plus affichaient leurs faiblesses.

 

« L’engagement des grandes puissances dans la guerre d’Espagne fut un signe clair de l’effondrement de l’ordre international en Europe. »

Fin 

 

 



24/07/2025
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