69. Lyon. Exposition Picasso
EXPOSITION PICASSO
1 / BAIGNEUSES ET MODERNITÉ.
Pablo Picasso s’inscrit dans le sillage d’une modernité en peinture qui réinvente la figure de la Baigneuse. Dans l’art ancien, la Baigneuse - Diane aux bois, Suzanne surprise par les vieillards ou nymphe sylvestre - évolue dans la forêt et illustre un récit mythologique ou biblique.
Le peintre symboliste Pierre Puvis de Chevannes que Picasso étudie avec attention au tournant du siècle , commence à lui donner une dimension davantage métaphysique et mélancolique.
Les artistes modernes, eux, abandonnent toute référence écrite et certains sont particulièrement regardés par Picasso. Édouard Manet, sur les pas d’Eugene-Louis Boudin, brosse les tout nouveaux plaisirs balnéaires , que l’on dit bons pour la santé, une mode venue d’Angleterre au cours du XIXe siècle.
Paul Cézanne, collectionné par Picasso, stylise des corps féminins nus sous les arbres sans les rattacher à une référence quelconque, affirmant déjà l’autonomie de la peinture qui s’affranchit des codes traditionnels de représentation élaborés pendant la Renaissance.
Paul Gauguin, à la recherche d’une radicale étrangeté va chercher ses modèles en Polynésie.
Auguste Renoir campe une nymphe bien réelle, comme jaillie de la vie quotidienne, qui, aidée de sa femme de chambre habillée, fait sa toilette.
Tous inspirent Picasso.
MANET (Edouard). Sur la plage (1873).
Huile sur toile.
Paris. Musée d’Orsay.
CEZANNE (Paul). Cinq baigneuses (1877-1878).
Huile sur toile.
Paris. Musée Picasso
GAUGUIN (Paul). Nave nave mahana (1896).
Huile sur toile.
Lyon. MBA
RENOIR (Auguste). La coiffure ou la Toilette de la Baigneuse (1900-01).
Sanguine et craie blanche sur papier marouflé sur toile.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Trois femmes (Paris, automne-hiver 1907).
Gouache et peinture à la colle sur carton.
Paris. Centre Pompidou.
2 / 1908. BAIGNEUSES AU BOIS.
Les premières Baigneuses exécutées par Picasso surgissent au milieu des bois alors que l’artiste espagnol travaille à l’élaboration du cubisme, fruit d’une recherche sur la forme, le point de vue et l’espace.
Le thème de la forêt est inspiré de la peinture de Paul Cézanne. Picasso cherche une stylisation géométrisée des corps dans la sculpture africaine. Il y puise aussi une vision magique de l’art qui donne à ses baigneuses une forme d’étrangeté. L’art selon Picasso doit avoir le pouvoir de modifier l’esprit et le monde.
Les différentes études présentées ici préparent deux grands chefs d’œuvres de l’année 1908, les Trois femmes et la Dryade (Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage). Picasso approfondit sa représentation de la forêt à l’été 1908 lors d’un séjour dans le hameau de la Rue-des-Bois non loin de Compiegne. Il découvrira à son retour les toiles pré-cubistes que Georges Braque a peintes à l’Estaque et qui représentent également le sous-bois méditerranéen en différents volumes simplifiés.
Cette même année, André Derain, proche des deux peintres, interroge à son tour la figure de la Baigneuse et, un œil sur Cézanne, l’autre sur le cubisme naissant, géométrise les corps et le paysage.
DERAIN (André). Baigneuses (1908).
Huile sur carton.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Etude pour « Baigneuses dans la forêt » (Paris, printemps 1908).
Encre sur esquisse au crayon graphite sur papier.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Etude pour « Baigneuses dans la forêt » (Paris, printemps 1908).
Fusain et crayon Conté sur papier à dessin vergé.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Etude pour « Baigneuses dans la forêt » (Paris, printemps 1908).
Gouache sur esquisse au fusain sur papier.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Nu couché (Paris, printemps 1908).
Huile sur bois.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Nu debout (Paris, printemps 1908).
Huile sur bois.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Nu assis. (Paris, début 1909).
Crayon Conté sur papier.
Paris. Musée Picasso.
3 / 1918-1924. RIVAGES ANTIQUES, RIVAGES MODERNES.
À L’été 1918, la Baigneuse de Picasso migre des forêts aux plages. L’artiste rend compte de l’expérience nouvelle du loisir mondain des bains de mer.
Il a épousé Olga Khoklova, danseuse des ballets russes, et passe avec elle sa lune de miel à Biarritz. Les Baigneuses peintes alors portent des tenues de bain modernes. Leurs positions en torsion, la ligne fluide de leur silhouette, le visage renversé de profil, le cou cassé de l’une d’entre elles - inspirée de la Ménade, cette nymphe antique pratiquant la transe et qui faisait partie du cortège de Dionysos - traduisent aussi l’attention que Picasso porte à la peinture de Jean Auguste Dominique Ingre, qui a lui aussi développé ce motif.
Le peintre espagnol ambitionne de réinventer une forme de classicisme non académique .
Alors même que l’antique est à la mode, Picasso déploie les années qui suivent, été après été, une véritable rêverie personnelle du rivage à l’antique, appuyée sur son propre plaisir balnéaire. Sur la plage, évoluent des personnages vêtus de drapés, comme venu des temps anciens : Ménades en pleine course (La Course), une famille au bord de la mer, des Baigneuses. Certaines pourtant regardent un très moderne avion.
À très peu d’années de distance, Picasso inspire l’artiste anglais Henry Moore qui donne à ses nus couchés selon des attitudes classiques une présence physique bien réelle.
PICASSO. Les Baigneuses (Biarritz, été 1918).
Huile sur toile.
Paris. Musée Picasso.
PICASSO. Baigneuses regardant un avion (Juan les Pins, été 1920).
Huile sur contreplaqué.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Deux baigneuses (Paris, 24 octobre 1920).
Gouache sur pastel, craie, sanguine et crayon Conté sur papier vélin.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Baigneurs et baigneuses (1920-21).
Huile sur toile.
Collection David et Ezra Nahmad
PICASSO. Deux femmes courant sur la plage (la Course) (Dinard, été 1922).
Gouache sur contreplaqué.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Famille au bord de la mer (Dinard, été 1922).
Huile sur bois.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Nu allongé au bord de la mer (Antibes, été 1923).
Plume et encre de chine sur papier à lettres à en-tête de l’Hôtel du Cap d’Antibes.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Baigneuse (1924).
Crayon graphite et pastels sur papier vélin.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Trois baigneuses (Juan les Pins, 23 juillet 1924).
Encre sur papier.
Paris. Musée Picasso.
MOORE (Henry). Deux figures assises (1924).
Plume et encre et races de crayon graphite sur papier.
Toronto. Collection Art Gallery of Ontario.
PICASSO. Nu sur fond blanc. (Paris 1927).
Huile sur toile.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Baigneuse à la cabine (1927).
Crayon graphite sur papier dans carnet 35.
Paris. Musée Picasso.
MOORE (Henry). Trois nus allongés sur une plage (1928).
Lavis de couleur et crayon graphite sur papier.
Toronto. Collection Art Gallery of Ontario.
PICASSO. Baigneuse ouvrant une cabine (Dinard, 6 août 1928).
Huile sur toile.
Paris. Musée Picasso.
PICASSO. Baigneuse (Dinard, 9 août 1928).
Huile sur toile.
Paris. Musée Picasso.
PICASSO. Joueur de ballon sur la plage (Dinard, 15 août 1928).
Huile sur toile.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Baigneuse jouant au ballon (Dinard, 20 août 1928).
Huile sur toile.
Paris. Musée Picasso.
PICASSO. Baigneuse à la cabine (Paris, 19 mai 1929).
Huile sur toile.
Paris. Musée Picasso.
PICASSO. Etude de tête pour un projet de Femme dans un fauteuil (26 mai 1929).
Crayon graphite sur papier, dans carnet 38.
Paris. Musée Picasso.
PICASSO. Grande baigneuse (Paris, 26 mai 1929).
Huile sur toile.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Femme étendue sur la plage (Dinard, 24 août 1929).
Huile sur toile.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Baigneuse au ballon (Dinard, 18 septembre 1929).
Encre sur feuille de papier pliée en quatre.
Paris. Musée Picasso.
PICASSO. Baigneuse debout (Juan les Pins, 14 août 1930).
Tableau relief : sable sur revers de toile et châssis, objets, carton, végétaux collés et cousus sur toile.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Baigneuse et profil (Juan les Pins, 14 août 1930).
Tableau relief : sable teinté par endroits sur revers de toile et châssis, objets, carton, végétaux collés et cousus sur toile.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Baigneuse couchée (Juan les Pins, 20 août 1930).
Tableau relief : sable sur revers de toile et châssis, objets, ficelle et carton
collés et cousus sur toile.
Paris. Musée Picasso
BACON (Francis). Peinture (v 1930).
Huile sur toile.
Monaco. The Francis Bacon MB Art Foudation
PICASSO. Baigneuse allongée (Boisgeloup, 1931).
Bronze.
Paris. Musée Picasso.
PICASSO. Baigneuse (Boisgeloup 1931).
Plâtre original.
Paris. Musée Picasso.
PICASSO. Baigneuse (Boisgeloup 1931).
Bronze.
Paris. Musée Picasso.
PICASSO. Baigneuse (Boisgeloup 1931).
Bronze.
Paris. Musée Picasso.
PICASSO. Figures au bord de la mer (Paris, 12 janvier 1931).
Huile sur toile.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Baigneuse allongée (Juan les Pins, 13 août 1931).
Encre et lavis sur papier.
Paris. Musée Picasso.
PICASSO. Baigneuse allongée (Juan les Pins, 16 août 1931).
Encre et lavis sur papier.
Paris. Musée Picasso
PICASSO. Baigneuse allongée (Juan les Pins, 16 août 1931).
Encre et lavis sur papier.
Paris. Musée Picasso.
PICASSO. Femme étendue au soleil sur la plage (Boisgeloup, 25 mars 1932).
Fusain et huile sur papier.
Paris. Musée Picasso.
BACON (Francis). La « Danse », d’après Picasso (1933).
Craie, pastel, plume, encre, fusain et crayon sur papier.
Collection particulière.
PICASSO. Une anatomie : trois femmes (Paris, 25 février 1933).
Crayon graphite sur papier.
Paris. Musée Picasso.
PICASSO. Une anatomie : trois femmes (Paris, 1er mars 1933).
Crayon graphite sur papier.
Paris. Musée Picasso.
PICASSO. Figures au bord de la mer (Paris, 19 novembre 1933).
Pastels, encre et fusain sur papier.
Paris. Musée Picasso
BACON (Francis). Composition (figures) (Vers 1933).
Pastel, feutre et encre sur papier.
Triton Collection Foundation.
SAHAL (Elsa). Bouche n°2 (2014)
(céramique)
SAHAL (Elsa). Main n°1 (2014)
(céramique)
SAHAL (Elsa). Pied n°5 (2014)
(céramique)
BRUERE Guillaume. Sélection de 16 dessins parmi une série de Quarante-huit, tous exécutés le 26 novembre 2018 au Musée national Picasso-Paris.
(Aquarelle, pastel gras et crayon de couleur sur papier)
En août 2018, l’artiste Guillaume Bruère est invité à dessiner pendant l’installation de l’exposition « Picasso. Chefs d’oeuvres ! » au Musée national Picasso-Paris. Dans une technique de dessin automatique (voir article en 03-7-2), il réalise en quelques heures quarante-huit dessins d’après les trois Baigneuses réunies pour la seconde fois depuis leur création, après Venise (Fondation Peggy Guggenheim) en 2017 et avant Lyon en 2020.
Date de création : 10 octobre 2020