Amérique latine. Introduction (NDL)

Amérique latine

 

Introduction

 

12 octobre 1492. La méprise.

 

12 octobre 1492, Christophe Colomb touche la petite île des Lucayes qu’il renomme San Salvador (île des Bahamas qui s’appelle aujourd’hui Watling)

 

« Ce 12 octobre 1492 marque la première rencontre entre deux peuples isolés par l’histoire : des Européens (Espagnols, Portugais, Génois et autres), habitués pourtant à la diversité culturelle méditerranéenne, et des tribus vivant au bout du monde, inconnues de la Bible, référence sacrée et incontestable pour les Juifs et les Chrétiens. »

 

15 octobre 1492. Première rencontre avec les indigènes et découverte d’une plus grande île, l future Cuba.

 

Puis c’est la découverte de La Hispaniola (future Saint-Domingue ou Haïti).

 

2 janvier 1493, Christophe Colomb laisse 39 hommes avec vivres et semences à Hispaniola.

 

13 janvier 1493. Premier affrontement sur une plage avec les indigènes Caraïbes.

 

Christophe Colomb est aussi le premier européen à découvrir la Terre Ferme, lors de son troisième voyage en 1498, lorsqu’il longe le littoral vénézuélien jusqu’à l’embouchure de l’Orénoque.

 

Lors de son dernier voyage en 1502-1504, il découvre des Indigènes habillés contrairement aux insulaires qui sont nus, « des gens très habiles dans les négoces, venus du Nord, et visiblement plus industrieux que tous les autres. » : les Mayas.

 

« La date de 1492 a été retenue parce qu’elle constitue une rupture historique majeure aussi bien pour le monde occidental que pour les sociétés américaines. Les peuples amérindiens avaient un rapport particulier au temps et au passé ; les Mayas en particulier, ont chiffré le début et la fin du monde de manière très précise. A la suite de cette rencontre, leur univers a été bouleversé par les épidémies, l’effondrement démographique, et la disparition de leurs dieux et de leurs seigneurs. »

 

« Notre choix se veut symbolique puisqu’en 1492 l’Empire Inca était au sommet de sa puissance et aucune menace sérieuse n’obscurcissait son horizon (…) Adoptons donc cette date dans un sens large, à laquelle s’ajouteront celle de 1520 la chute de Mexico, et de 1532, l’exécution de l’Inca Atwahualpa à Cajamarca. »

 

« Si on peut fixer la « fin » de l’Ancien Monde en quelques dates précises, comme celle de l’arrivée de Colomb, il est plus difficile de situer les origines des populations amérindiennes. Jusqu’à la fin du XXe siècle, on avait retenu, pour l’arrivée d’Homo sapiens en Amérique, une date tardive (…) autour de 10.000 avant notre ère. Les découvertes archéologiques plus récentes et les nouvelles technologies appliquées à la datation des restes humains ont repoussé ce moment de plusieurs millénaires. Malgré ces avancées scientifiques considérables, des pans entiers de l’histoire amérindienne demeurent pour l’heure très mal connus. »

 

Préhistoire ou protohistoire ?

 

Une question de frontières.

 

« Au cours d’une longue histoire dont les débuts et les étapes concrètes sont encore mal connus, les peuples indigènes (..) ont formé des bandes relativement égalitaires, se sont organisés en chefferies autour d’un seigneur, ont bâti des cités puissante, voire des empires, dans des territoires qui ne correspondent pas nécessairement aux frontières nationales établies au XIXe, voire au XXe siècle. L’utilisation patrimoniale de l’archéologie dresse des frontières là où elles n’existaient pas jadis, ce qui empêche de saisir les correspondances et les influences. »

 

« Le Nouveau continent est appelé Amérique, en hommage au navigateur Amérigo Vespucci (1451-1512), et c’est dans ce sens global que nous l’utiliserons ici. Bien que le Mexique soit géographiquement situé en Amérique du Nord, nous utiliserons l’expression de Mésoamérique forgée par les archéologues pour désigner un ensemble culturel particulier, réunissant les grandes civilisations qui ont vu le jour au Mexique, au Guatemala et dans des enclaves de l’Amérique centrale. Les textes qui concernent cet ensemble portent donc sur des peuples distribués sur une aire immense qui va de la Mésoamérique, d’où étaient issus les ancêtres des Aztèques, jusqu’aux confins de la Terre de Feu. »

 

Des découpages historiques.

 

« Appliquer des découpages préhistoriques qui correspondent à l’histoire du Vieux Monde eurasiatique, à un continent peuplé au cours du Paléolithique supérieur est tentant. En effet, on observe partout un même mouvement général qui marque l’évolution des peuples chasseurs-cueilleurs et l’apparition des peuples agriculteurs. (….) Or le « Néolithique »américain présente quelques particularités dues à son histoire : les espèces animales fondamentales pour le développement de ces sociétés comme les chevaux, les ânes, les porcs, les moutons, les chèvres et surtout les bovins - le bison n’a pas été domestiqué - sont absentes en Amérique jusqu’à la fin du XVe siècle. N’ayant pas eu d’animaux de trait (….) la roue était inutile et nous ne trouvons dans toute l’Amérique préhispannique ni chars ni charrettes. Le fer, travaillé en Afrique dès le premier millénaire avant notre ère, n’a pas non plus été utilisé en Amérique, où il existait pourtant à l’état naturel avant le XVIe siècle. »

 

« Ces particularités expliquent que l’agriculture et ses terrasses d’altitude, la construction des monuments faits de très gros blocs de pierre ou encore la circulation des hommes et des marchandises, ont requis uniquement l’énergie humaine. C’est pourquoi nous n’utiliserons pas ici le terme de « Néolithique » qui ferait des Amérindiens un peuple stagnant jusqu’en 1492. (….) Ce qui est vraiment distinctif, c’est la brèche qui sépare les chasseurs exclusifs, qui ont vécu des millénaires, du monde paysan. »  

 

Les origines.

 

« Une question essentielle : comment les différents peuples conçoivent-ils leurs origines ? (….) Même si beaucoup de récits mythiques se réfèrent à l’errance des ancêtres, d’une manière générale ce mouvement initial s’achève par une sédentarisation, conçue souvent comme une « seconde naissance », non pas issue du ventre d’une femme, mais de la Terre, incarnée dans un sommet, une caverne, un creux, une source, conçus comme des matrices naturelles. »

 

La manière de dater les les vestiges préhistoriques :

 

  • On peut les dater à partir du calendrier chrétien.

 

  • On peut les dater par rapport à l’utilisation du carbone 14. Dans ce cas on utilise le sigle BP (before présent). Le présent correspond à 1950 date de l’application de cette technique. Pour savoir à quoi correspond une date BP, il faut donc soustraire 1950 à la date présentée.

 

« L’archéologie nous donne des ordres de grandeur de plus en plus fiable, mais pas d’exactitude, en tout cas pour l’instant.

 

Milieux naturels : Mésoamérique, Andes, Amazonie.

 

La Mésoamérique et ses deux océans.

 

« Les zones tropicales de la Mésoamérique sont ouvertes sur deux espaces maritimes. A l’ouest, les habitants du Yucatan, de la côte du golfe du Mexique et des rivages situés au-delà du Belize ont très tôt exploré le littoral Atlantique , de même que les groupes situés à l’occident ont navigué le long de la côte du Pacifique. Les échanges par voie maritime datent au moins de 1000 ans avant notre ère. Au centre de la Mésoamérique, les Hauts Plateaux ont pour limite septentrionale le 21e parallèle, à partir duquel s’ouvre une vaste zone de steppe qui englobe les régions de Zacatecas, Durango et San Luis Potosi. Ce sont les terres des Chichimèques, les chasseurs « barbares » et ancêtres des Aztèques ou Mexicas. Au sud, la région des Hauts Plateaux s’étend jusqu’à Tehuantepec, Chiapas puis le Guatemala occidental . L’altitude de ces plateaux se situe autour de 1600 mètres, et le climat permet la culture de plantes tropicales. Les plus hautes altitudes sont de 2700 mètres, dans les environs de Toluca et de Pachuca. Là, la température est plus rude. »

 

Les Hauts Plateaux sont des régions connectées depuis des temps anciens. Elles possèdent aussi une multitude de volcans. « La terreur des éruptions et des séismes, souvent liés, a nourri une multitude de croyances qui se sont en grande partie maintenues jusqu’à nos jours. »

 

Les sept étages du monde andin.

 

« La cordillère des Andes traverse toute l’Amérique du Sud, jusqu’à la Terre de Feu. Dans la partie septentrionale et moyenne, elle jouxte l’Amazonie ; dans la partie méridionale, elle voisine avec une steppe froide, la Patagonie.

 

  • Le littoral du Pacifique : Cette côte s’étend, vers l’ouest, jusqu’à une zone peu élevée des contreforts andins (500 mètres). Cette zone porte le nom de Chala. Elle est traversée par de petites vallées fluviales perpendiculaires à l’océan. La sécheresse du climat a nécessité la construction de canaux d’irrigation depuis des temps anciens. Cette sécheresse a été compensée par une grande richesse halieutique.

 

  • Les yungas (entre 500 et 2300 mètres) sont plus arrosées plus chaudes. Les versants occidentaux donnent sur la haute Amazonie.

 

  • La zone quechua (entre 2300 et 3500 mètres) abrite les terres les plus productives (en particulier maïs).

 

  • La jalca (entre 3500 et 4000 mètres) est la région du quinoa, des fèves et des tubercules comme la coca.

 

  • La Puna (entre 4000 et 4800 mètres) est la dernière zone habitable par l’homme. Les températures oscillent entre 0 et 7°. C’est une zone propice aux camélidés (lama, alpaga, vigogne, guanaco). En Equateur, la pana a un climat plus clément.

 

  • La janca (de 4800 mètres aux glaciers).

 

  • Sur les versants orientaux de la cordillère des Andes, s’étend la forêt dense du Piémont (rupa rupa) entre 400 et 1000 mètres. C’est une région humide propice à l’élevage et à l’agriculture, à condition d’apprivoiser le relief par des terrasses.

 

De la difficulté d’établir une chronologie commune.

 

« Les séquences américaines, dans les grandes lignes, correspondent au schéma évolutif des sociétés : chasseurs-cueilleurs, débuts de l’agriculture et de la domestication, architecture monumentale, cités, voies de circulation, émergence et consolidation des différences sociales. Mais il est difficile d’harmoniser les périodes chronologiques de la Mésoamérique, des Andes et de l’Amazonie. Il n’existe que des chronologies générales et approximatives qui permettent d’ordonner tous ces ensembles selon des critères communs. »

 

La Mésoamérique.

 

Le nord de la Mésoamérique ancienne se trouve actuellement aux USA. Il s’agit d’une zone soit aride (Arizona), soit parsemée d’oasis, comme la région des Pueblos. Elle fait partie de l’histoire des Aztèques, des Tarasques-Purépechas et d’autres sociétés mésoaméricaines. Les hommes y sont arrivés autour de 33.000 av J-C. La période la plus longue qui dura plusieurs millénaires est celle des chasseurs-cueilleurs et des pêcheurs, nomades et semi-nomades.

 

« Le changement commence avec l’Holocène, une période de réchauffement qui coïncide avec la domestication du maïs. C’est un long processus qui s’achève autour de 5000 av J-C avec la sédentarisation. La Mésoamérique apparaît au cours du Formatif : comme son nom le suggère, cette période correspond à l’adaptation des premiers agriculteurs. Elle est suivie d’une période dite « préclassique » qui s’étend sur un peu moins de trois millénaires, entre 2500-2000 et 200 avant notre ère. Deux critères sont ici fondamentaux » :

 

  • Apparition de la céramique dans 4 régions : Tlapacoya, Guerrero, Tehuacan, Puebla.

 

  • L’invention d’une forme d’écriture et de calendriers de 260 jours vers 600 av J-C

 

Ces deux marqueurs ouvrent la voie à la période « classique » de 200 av J-C à 650-900. « Elle est caractérisée par la perfection esthétique, technique et intellectuelle des civilisations ; ces vingt dernières années, les archéologues ont introduit une période de transition, « l’Epiclassique » entre 650 et 900. Enfin le « Post-classique » se déroule entre 900 et 1520 : c’est l’époque des grandes cités dont celle de Mexico-Tenochtitlant. Cette période se clôt sur la fin de l’autonomie des sociétés indigènes américaines avec la conquête ibérique. »

 

Les séquences andines.

 

Découpage chronologique qui obéit à d’autres critères.

 

- Précéramique ou période archaïque (de 15.400 BP jusqu’en 4000 / 3000 av J-C. La structure générale des chronologies se fonde sur l’opposition entre des périodes de fragmentation d’une multitude de sociétés et des périodes d’intégration politique et régionale appelées « horizons »

 

« L’archéologie emploie deux concepts pour indiquer une époque : la « tradition » et « l’horizon ».

 

  • « Une « tradition » désigne une série de traits distinctifs et de techniques, distribués dans une région donnée pendant une longue durée et indiquant une parenté culturelle, comme le style de la décoration des céramiques, l’iconographie, les constructions singulières comme les tertres ou les pyramides. »

 

  • « Un « horizon » désigne une période caractérisée par l’intégration de cultures qui peuvent être éloignées les unes des autres, ce qui implique des contacts, des échanges et, dans certains cas, une réunification politique ou l’acceptation d’une idéologie commune. »

 

« Dans les Andes, l’horizon ancien suit le Précéramique et commence (approximativement à la fin du premier millénaire avant notre ère (….) Entre deux horizons, les périodes intermédiaires sont caractérisées par un foisonnement de cités et de styles. »

 

« Ces chronologies sont surtout un guide. Les dates se modifient en fonction des nouvelles découvertes archéologiques. »

 

Des langues.

 

«  Les langues indigènes de l’Amérique du Sud et de la Mésoamérique sont groupées en grandes familles linguistiques, qui à leur tour se diversifient en dialectes nombreux, dont la liste est toujours revue par les linguistes » (en Mésoamérique 16 familles, les langues mayas sont au moins 23)

 

Pour l’Amérique du Sud, un catalogue établi par Antonio Tovar en 1961, identifiait au moins 108 grands groupes subdivisés en familles, dialectes et sous dialectes.

 

« Ce texte a été écrit entre 2020 et 2022. Il est possible qu’après son achèvement, une découverte nouvelle bouscule nos datations. »

 

Fin



17/01/2025
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