Freedman (Lawrence). Atlas de la Guerre froide. (NDL)

ATLAS DE LA GUERRE FROIDE

 

 

Lawrence Freedman.

 

 

Autrement, Atlas des guerres 2004 (2001), 223 pages.

 

 

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Introduction.

 

La guerre froide débute en 1945 lorsque les alliés s’opposent sur l’organisation de l’Europe d’après guerre. Elle s’achève avec la chute du mur de Berlin en novembre 1989 et celle du communisme européen.

 

Après la guerre la logique de la politique soviétique semblant être l’expansionnisme, si l’occident voulait conserver son mode de vie et son système économique, il ne lui restait plus qu’à défendre ses valeurs contre cette nouvelle menace totalitaire.

 

La guerre froide prit vite l’aspect d’une compétition classique entre grandes puissances, le meilleur espoir de paix reposant sur un équilibre des forces plutôt que sur des lois internationales, chacune des deux parties suivant la logique habituelle de formation d’alliances et de courses aux armements. Mais les deux camps étaient réticents à s’engager dans un nouveau conflit tant que chacun ne s’était pas relevé du précédent.

 

« Parce que la guerre totale fut évitée, on dit que la dissuasion a fonctionné, mais peut être n’y avait il pas grand-chose à dissuader ; au fond, personne n’avait vraiment envie de mener une nouvelle guerre, sachant que si l’on commençait, elle conduirait de toute façon à un désastre total. »

 

« La confrontation idéologique et la destruction des vieux empires provoquèrent des formes variées de tensions et de conflits. Aucun des blocs n’était monolithique et, en dépit d’une apparence figée, cette stabilité de forme cachait une situation très mobile. »

 

Chapitre I. Les origines de la guerre froide.

 

- Les USA viennent de perdre Franklin Roosevelt et sont dirigés par un inconnu sans expérience : Harry Truman.

 

- Le Royaume-Uni vient de remplacer Churchill par Clément Attlee. Mais c’est un pays épuisé qui demande la mise en place d’un Etat providence et qui ne peut rester à l’écart des affaires européennes.

 

- L’URSS est toujours dirigée par Staline qui gouverne sans opposition. Il a imposé sans ménagement le système soviétique aux pays libérés.  Il contrôle les mouvements communistes qui sont des instruments de politique étrangère soumis aux intérêts soviétiques.

 

Truman, Attlee et Staline se rencontrent pour la première fois à la conférence de Potsdam en juillet 1945. Les tensions étaient visibles, en particulier au sujet de la Pologne.

 

En mars 1946, Churchill exprime clairement ses craintes à Fulton (Missouri) en annonçant qu’ « un rideau de fer » descendait sur l’Europe.

 

En août 1947, Truman annonce la doctrine du « containment ». L’idée principale était qu’il s’agissait plus du moral et de l’état d’esprit des populations occidentales que de la puissance militaire brute rassemblée à l’est. La question était de faire face aux conditions sociales et économiques dans lesquelles l’attrait du communisme pouvait prospérer. Ce fut la logique du plan Marshall pour la reconstruction de l’Europe. Staline refusa l’aide américaine car il avait peur que les dollars américains n’étendent l’influence américaine.

 

L’occupation de Berlin par les alliés en plein cœur de l’Allemagne occidentale posait à Staline qui tenta de les chasser par le blocus de la ville (juin 1948 – mai 1949). Les alliés répondent par un gigantesque pont aérien qui permettra de transporter 2.323.738 tonnes de ravitaillement et obligea Staline à abandonner le blocus.

 

Le coup d’état communiste à Prague rappela la non intervention des occidentaux pour la Tchécoslovaquie en 1938. Dans les premières décennies de la guerre froide, le souvenir de Munich a hanté la politique occidentale, les incitant à se dresser assez tôt contre l’agression des dictateurs plutôt que d’avoir à les combattre plus tard. La doctrine était ferme, sans être irréfléchie. Ce que Staline possédait, il le conserverait probablement, mais on ne devrait pas lui permettre de nouvelles conquêtes. Si la puissance soviétique ne pouvait être éliminée, elle pouvait être contenue.

 

Peu à peu l’indignement prit la forme d’une série d’alliances avec les pays vulnérables de la périphérie du bloc soviétique (dont l’OTAN).

 

La guerre froide prit une véritable dimension avec la guerre de Corée.

 

Premières réflexions sur un conflit futur.

 

Le succès du rouleau compresseur soviétique durant la seconde guerre mondiale, la faiblesse des forces françaises et anglaises, le désarmement conventionnel américain, obligèrent les occidentaux à se tourner vers le monopole américain comme la meilleure dissuasion et, si nécessaire, la réponse à appliquer sur le terrain à la force soviétique.

 

Puissance aérienne et dissuasion nucléaire.

 

Si la puissance aérienne avait joué un rôle dans la victoire, elle n’avait pas été suffisante. L’arrivée de l’arme atomique raviva le concept d’une arme stratégique.

 

L’impact des deux bombes atomiques fut immédiat et profond. D’abord elles permirent d’imaginer comment la Russie pourrait être vaincue sans avoir à affronter ses distances et son climat. Ensuite l’association de ces nouvelles armes avec la victoire leur donna l’aura d’un caractère décisif prouvé ou non.

 

En août 1949, l’explosion de la première bombe A soviétique fit l’effet d’une bombe aux USA. Au moment ou croissait la tension est-ouest, les USA ne pouvaient plus prétendre au monopole nucléaire. Ils développèrent parallèlement leur production de bombes A et accélérèrent les recherches sur les bombes H qui offraient une capacité de destruction quasi illimitée.

 

Les USA développèrent une réflexion stratégique exprimée dans un document le NSC 68. Ce document signalait que sans une attitude déterminée, les démocraties pourraient succomber devant une offensive communiste pour la domination mondiale. Tant que les USA avaient le monopole nucléaire, celui-ci était supposé freiner toute envie d’agression de la part de Moscou. Mais si Moscou pouvait riposter de même, les plans occidentaux de provoquer une guerre nucléaire devenaient téméraires. Il était dès lors imprudent de compter sur cette menace pour l’avenir. La conclusion du NSC 68 était donc que les années restantes de la supériorité nucléaire devaient être utilisées à mettre sur pied en Europe des forces conventionnelles capables d’affronter par elles mêmes une attaque soviétique.

 

La Corée.

 

Ces propositions du NSC 68 rencontrèrent d’abord une forte opposition et leur concrétisation aurait probablement été modeste sans les évènements d’Asie (guerre de Corée)

 

En soutenant la Corée du Nord, Staline pensait que les USA accepteraient rapidement leur défaite comme en Chine en 1949. Mais au contraire, Truman considéra qu’après la perte de la Chine, celle de la Corée serait un trop grand affront à sa politique étrangère.

 

Les Américains surent profiter du boycott de l’ONU par les soviétiques (pour protester contre le refus américain de reconnaître le nouveau régime chinois) pour placer le conflit sous l’égide de l’ONU et monter une coalition sous mandat onusien. Mais les troupes étaient dirigées par un général américain : Mac Arthur.

 

Les phases de la guerre.

 

- 25 juin – 10 septembre 1950. Offensive victorieuse de la Corée du Nord. Seul le périmètre de Pusan résiste et permet d’acheminer des renforts.

 

- 15 septembre – 25 novembre 1950. Contre offensive américaine avec débarquement à Inchon. Les forces américaines atteignent le Yalu.

 

- 26 novembre 1950 – 26 janvier 1951. Offensive chinoise qui repousse les forces de l’ONU jusqu’au sud de Séoul.

 

- 26 janvier 1951 – 27 juillet 1953. Lente reconquête des forces onusiennes qui reviennent au 38e parallèle.

 

Commencées le 12 novembre 1952, les négociations durèrent jusqu’au 27 juillet 1953. Les raisons de cette longueur dans la négociation :

 

- Le refus de la Corée du Sud qui ne voulait pas rendre les prisonniers du Nord qui ne voulaient pas rentrer chez eux.

 

- Les limitations que s’imposaient les Américains concernant notamment le respect des sanctuaires communistes et le refus d’utiliser les armes atomiques.

 

- La disparition de Staline qui bloqua un moment les négociations.

 

Chapitre II. La course aux armements.

 

Représailles massives et conflits limités.

 

Eisenhower décide d’abandonner la compétition en forces conventionnelles et de faire des efforts sur l’arsenal nucléaire croissant des Etats-Unis. La conviction que les menaces d’emploi nucléaire avaient convaincu les communistes d’accepter l’armistice en Corée renforça cette décision.

 

Janvier 1954. John F Dulles dévoile sa doctrine des représailles massives. Il pensait qu’il n’était ni possible ni raisonnable de développer des forces locales pour contrer une agression communiste sur aucun des points où elle pouvait apparaître. Dès lors, il soulignait le besoin de « disposer d’une grande capacité de représailles immédiates par des moyens et sur des objectifs de notre choix. » Les soviétiques éviteraient les provocations aussi longtemps qu’ils sauraient que tout conflit serait probablement total. Par contre s’ils étaient amenés à croire qu’un conflit resterait limité, ils essaieraient de tenter leur chance.

 

L’acquisition d’une capacité de représailles équivalente par les soviétiques signifiait que les menaces nucléaires perdraient de leur crédibilité (la dissuasion doit prendre en compte des décisions irrationnelles qui peuvent conduire à des actes irrationnels).

 

Les armes nucléaires tactiques.

 

Dans les années 1950, l’US Army étudie et développe une solution intermédiaire, l’emploi sur le champ de bataille d’armes nucléaires tactiques, intégrées aux forces classiques de l’OTAN. Mais des essais démontrèrent que si des armes nucléaires étaient utilisées à une certaine échelle, mais seulement par les forces de l’OTAN, des pertes énormes seraient infligées à la population censée être défendue.

 

A la fin des années 1950, ceux qui voulaient éviter un recours prématuré à l’arme nucléaire stratégique, dont Kissinger (favorable aux armes tactiques) avaient admis qu’il fallait se préparer à combattre un certain temps avec des forces classiques.

 

Préparer un conflit nucléaire.

 

A la fin de la guerre, les USA et l’URSS expérimentent des missiles balistiques et de croisière. Mais l’URSS prit un avantage, les Américains restant convaincus que le moyen le plus efficace restait le bombardier à long rayon d’action.

 

Mais en octobre 1957, la réussite du lancement du premier satellite artificiel Spoutnik 1 fit prendre conscience aux Américains que leur supériorité technologique était menacée. En passant au dessus des Etats-Unis, Spoutnik 1 démontrait la vulnérabilité de l’espace américain.

 

« Ayant ouvert l’âge nucléaire avec une telle confiance, les Américains découvraient les difficultés à en gérer la complexité et les incertitudes. Les deux camps avaient un intérêt commun à un équilibre stratégique. Il fallait tout faire pour éviter une guerre par erreur. Par ailleurs les Etats-Unis ne devaient pas permettre à l’Union soviétique d’atteindre une supériorité effective, et, pour cela devait développer leur capacité de seconde frappe en priorité, surtout en armant leurs sous-marins avec des missiles, bien moins facilement détectables que des bases terrestres fixes. Enfin les Américains avaient besoin d’une capacité de première frappe s’ils voulaient paraître crédibles face à leurs alliés. La dissuasion demandait d’être prêt à utiliser les armes nucléaires le premier. Plus les soviétiques pourraient développer une capacité de seconde frappe, plus folle apparaissait la frappe nucléaire première et moins crédible la dissuasion. »

 

La nouvelle stratégie nucléaire.

 

Dans les années 1950, développement aux USA de groupes de réflexion rassemblant des stratèges civils (dont la Rand Corporation de Santa Monica créée par l’US Air Force).

 

L’URSS pour sa part se concentre sur deux problèmes :

 

- Comment tenir en échec l’Allemagne de l’Ouest afin qu’elle ne puisse obtenir des armes nucléaires, ni se réunifier avec la RDA.

 

- Le prestige et la force de l’URSS pourraient ils être utilisés pour attirer dans le bloc communiste,  les nombreux pays du Tiers monde qui s’émancipaient des empires coloniaux européens.

 

Au début des années 1960, ces deux questions provoquèrent des crises importantes qui furent parmi les moments les plus dangereux de la guerre froide, mais qui aboutirent à des relations plus stables entre superpuissances, en ce sens qu’elles aidèrent à renforcer le statu quo, tout en clarifiant les limites de la stratégie nucléaire et le rôle de la dissuasion.

 

Chapitre III. La gestion des crises.

 

 

Berlin.

 

Au cours des années 1950, Berlin pose de nombreux problèmes aux soviétiques :

 

- Elle permet d’introduire facilement des espions et de miner le système socialiste.

 

- Elle est la vitrine du capitalisme

 

- C’est une porte ouverte qui favorise la fuite des Allemands de l’Est.

 

- L’échec du blocus lui avait donné un rôle symbolique spécial.

 

L’arrivée de Kennedy au pouvoir, jeune et inexpérimenté, convainquit Krouchtchev que le moment était venu de relancer la question berlinoise. En juin 1961, lors d’un sommet sur le Vietnam, il lance un nouvel ultimatum sur Berlin. Le 25 juin, Kennedy répondait en indiquant qu’il ne permettrait pas aux soviétiques de les chasser de Berlin, par la force ou la pression. Cette crise accéléra les passages d’Allemands de l’Est à l’Ouest (15.000 par mois en 1961). Pour éviter cette fuite, Krouchtchev décide d’enfermer les Allemands de l’Est et dans la nuit du 13 août 1961 commence la construction du mur de Berlin (5.000 personnes réussiront à le franchir, 5000 seront arrêtés et 191 seront tués dans leur tentative de franchissement).

 

Krouchtchev abandonna son ultimatum car ses forces n’étaient pas en état d’attaquer celles de l’Ouest. En effet les Russes rencontraient des difficultés dans le déploiement de leurs ICBM et les USA avaient de nouveau l’avantage. C’est pour cela qu’il décida en avril 1962 de baser des missiles à Cuba. Ces missiles de moyenne portée, du fait de la proximité des USA se transformeraient en ICBM et permettraient de rétablir la parité.

 

La baie des cochons (Cuba)

 

A l’origine Castro n’était pas communiste mais un opposant au dictateur Batista. Une fois au pouvoir Castro s’opposa au gouvernement américain en nationalisant les raffineries de pétrole et entreprises américaines et en mettant en question le statut de la base navale Guantanamo.

 

Eisenhower répondit par des restrictions économiques et la déstabilisation par des moyens occultes. Castro sentit que s’il ne voulait pas être vaincu par les pressions, il fallait qu’il rallie le camp soviétique.

 

Lorsque Kennedy arriva au pouvoir il hérita d’un plan préparé par la CIA qui utilisait des opposants cubains pour essayer de renverser le régime de Castro. C’était un plan très risqué et les acteurs impliqués pensaient que si les choses tournaient mal, Kennedy autoriserait l’intervention des forces américaines, ce qu’il n’avait pas du tout l’intention de faire et qu’il essaya de faire comprendre.

 

Le débarquement de la baie des Cochons en avril 1961 fut un fiasco humiliant. Cet échec fit basculer définitivement Cuba dans le camp socialiste.

 

La crise des missiles de Cuba.

 

Castro après la baie des Cochons demande une aide accrue aux soviétiques et Khrouchtchev profite de l’occasion pour obtenir l’autorisation d’installer des bases de missiles sur le sol cubain.

 

La crise éclate entre le 14 octobre et le 27 octobre 1962. Ce fut la crise la plus grave de l’époque nucléaire, les deux superpuissances étant en confrontation directe sur une question nucléaire. Après cette crise Khrouchtchev reconnut qu’il y avait des limites à conduire la guerre froide à coups de menaces et d’ultimatums. Cette crise fut suivie immédiatement par la détérioration des relations avec l’autre géant communiste, la Chine, mécontente du refus soviétique de soutenir la Chine dans ses efforts d’acquisition d’un arsenal nucléaire, et dans sa campagne de réunification de la Chine en chassant les nationalistes de Taiwan.

 

La stratégie conventionnelle.

 

Le secrétaire américain à la Défense Robert McNamara était déterminé à élever le seuil nucléaire, c'est-à-dire le point où l’OTAN serait contrainte de faire le choix décisif entre une riposte nucléaire ou capituler. Les alliés n’étaient pas enthousiastes. Ils estimaient que la guerre nucléaire était simplement terrible, mais la guerre conventionnelle le serait aussi, surtout pour les pays qui fourniraient les champs de bataille. D’autre part sur le problème des rapports entre les forces de l’OTAN et les forces du pacte de Varsovie, il existait un fort déséquilibre qui aurait impliqué de fortes dépenses pour mettre l’OTAN à niveau, d’autant que les alliés n’étaient pas prêts à faire des efforts financiers importants.

 

De Gaulle le dissident.

 

Après son arrivée au pouvoir, le général De Gaulle développe une doctrine de rechange fondée sur l’idée que la force la plus crédible de dissuasion impliquait une riposte nucléaire quasi automatique à toute menace claire et sans ambigüité contre la nation. Non seulement elle excluait toute spéculation sur des menaces non nucléaires, mais elle invitait à se méfier des alliés, surtout quand ils se trouvaient de l’autre côté d’un océan.

 

La France chercha à convaincre ses partenaires européens les encourageants à agir indépendamment des Américains. Mais l’Angleterre et l’Allemagne étant aux côtés des USA, la France se retrouva très isolée.

 

Finalement en 1966, le général De Gaulle annonça que la France quittait le commandement militaire intégré de l’OTAN tout en restant membre de l’alliance au niveau politique.

 

La destruction mutuelle garantie.

 

L’autre volet du plan McNamara pour réduire le risque d’une guerre totale était de trouver le moyen de contrôler le déroulement des hostilités nucléaires une fois celles-ci ouvertes.

 

Au printemps 1962, McNamara annonce que désormais les USA se préparaient à mener une guerre nucléaire à l’image d’une guerre classique qui s’attaquerait d’abord à des objectifs militaires avant de s’attaquer aux villes (doctrine no cities).

 

Fin 1962, cette doctrine est abandonnée pour être remplacée par la doctrine de la destruction mutuelle garantie (MAB), c'est-à-dire une doctrine ou chacun, étant doté d’une capacité de seconde frappe, pourrait imposer des dommages irréparables à l’adversaire, ce qui donnait une bonne raison d’être prudent en cas de crise.

 

McNamara utilisa cette doctrine pour s’opposer au déploiement des systèmes ABM (en fait il estimait qu’un tel système reviendrait trop cher et ne serait pas réellement fiable surtout avec le développement des MIRV.

 

Finalement, calmée par l’apparition de nouvelles armes américaines, attentive aux remarques de McNamara, l’URSS accepta la proposition de Johnson en janvier 1968 d’ouvrir des négociations pour limiter les armements stratégiques.

 

Chapitre IV. Le Viêt-Nam.

 

La guerre subversive.

 

Au début des années 1960, l’idée générale aux USA était que la guerre froide s’était déplacée des pays développés vers les pays sous-développés.

 

Les Etats-Unis développèrent une théorie contre révolutionnaire dont l’élément central pour réduire une révolution était de séparer les combattants de la masse de la population par des réformes économiques et sociales qui pourraient « agir sur les cœurs et les esprits », mais cela nécessitait des élites éclairées. E n face de régimes refusant la logique des réformes, le mieux serait d’éliminer le plus grand nombre possible de guérilleros, en dissuadant les nouvelles recrues par la peur d’être capturées ou tuées. Le problème était que des guérilleros capables de se confondre avec la population entraînerait des répressions aveugles, renforçant la colère populaire contre le régime et générant ainsi plus d’aide et de recrutement.

 

En face, Mao développe la théorie du faible contre le fort. Le premier étant incapable de tenir ou de conquérir un territoire par des moyens classiques, l’ennemi devait être attaqué dans des conditions favorables, embuscades plutôt qu’affrontements directs.

« Diviser nos forces pour réveiller les masses, concentrer nos forces pour frapper l’ennemi. L’ennemi avance, nous reculons, l’ennemi s’arrête nous le harcelons, l’ennemi se lasse, nous attaquons, l’ennemi se replie, nous le poursuivons. »

Cette tactique sera appliquée par les communistes vietnamiens.

 

Au secours de Diem.

 

Les accords de Genève divisent l’Indochine française en deux Etats partagés par le 17e parallèle.

Au Nord, un Etat communiste sous la direction de Hô Chi Minh.

Au Sud, un régime non communiste sous la direction du catholique Ngô Dinh Diem. Mais sa politique sectaire et répressive permet à la guérilla communiste de s’installer au Sud.

 

Pour soutenir Diem, Kennedy va envoyer de plus en plus de conseillers militaires (1962 : 685 ; novembre 1963 : 17.732). Il espérait ainsi que Diem ferait des réformes pour gagner « les cœurs et les esprits ». Mais celui-ci au contraire développa une politique de plus en plus autoritaire. De moins en moins soutenus par les Américains, Diem et son frère furent assassinés par un complot de généraux le 1er novembre 1963.

 

Après les assassinats.

 

Kennedy est assassiné à son tour le 22 novembre 1963. Désormais on eut le sentiment que les Américains devant la détérioration de la situation n’avaient plus d’autre choix que de prendre la guerre à leur compte. Mais le problème restait de soutenir un régime en décomposition contre un adversaire déterminé. Que le gouvernement sud-vietnamien méritât ou non un appui américain supplémentaire, il n’était pas évident qu’il sache l’utiliser.

 

Février 1965, une attaque contre la base américaine de Pleiku (6 morts et 60 blessés) fournit un prétexte aux Américains pour entamer une campagne aérienne contre le Nord (2 mars, début de l’opération Rolling Thunder). Le nombre de sorties aériennes augmenta au fil des mois (100 au mois de mars, 12.000 en septembre 1966). Mais cette campagne convainquit le Nord de consentir davantage d’efforts pour obtenir une victoire rapide, ou, au moins, obtenir une base territoriale en cas de négociations de paix sérieuses.

 

A l’été 1965, les troupes américaines étaient officiellement engagées dans la bataille. L’Australie et la Corée du Sud acceptèrent également d’envoyer des troupes.

 

De Rolling Thunder à Linebacker.

 

Plutôt que d’essayer de gagner les cœurs pour couper le Viêt-Cong de sa base populaire, les Américains préfèrent adopter une tactique de « recherche et destruction » pour infliger un maximum de pertes à l’ennemi. L’engagement américain était suffisant pour empêcher la défaite mais insuffisant pour assurer la victoire.

 

Le 30 janvier 1968, l’offensive du Têt lancée par le Viêt-Cong, fut une victoire militaire pour les Américains, mais une défaite politique. L’opinion publique américaine bascula massivement contre la guerre.

 

En avril 1968, Lyndon Johnson se retire de la course à la présidentielle et entame des négociations pour un cessez le feu (Paris, mai 1968). L’administration Nixon diminuera fortement les effectifs militaires, mais ce retrait affaiblira la position américaine dans les négociations.

 

30 mars 1972, le Nord Vietnam lance une nouvelle grande offensive classique terrestre. Mais après quelques succès initiaux, l’offensive s’arrête en particulier à cause de l’opération aérienne américaine Linebacker 1 qui perturbe gravement le ravitaillement nord vietnamien (41500 sorties du 9 mai au 23 octobre). Pour la première fois les Américains firent usage de « bombes intelligentes ». Cet échec obligea le Nord à reprendre les négociations.

 

Décembre 1972, reprise des bombardements avec l’opération Linebacker 2. Mais ceux-ci provoquèrent de très fortes réactions internationales. De plus les Américains perdirent 26 appareils dont 15 B52 (729 sorties de B52 du 18 au 29 décembre).

 

23 janvier 1973, signature de l’accord entre les différentes parties :

- Le Nord libère les prisonniers américains.

- Le Nord peut conserver des forces au Sud, mais ne pas les augmenter.

- Reconnaissance de la légitimité du gouvernement du Sud et du Front de Libération communiste.

 

Mais cet accord éclatera deux ans plus tard avec une nouvelle offensive communiste fin 1974. Saigon tombe le 30 avril 1975.

 

Après la chute du Sud Vietnam, le Laos et le Cambodge passèrent aussi sous contrôle communiste.

 

Par la suite, l’Est asiatique deviendra le foyer d’une série de guerres civiles internes aux communistes.

 

Décembre 1978. Invasion du Cambodge par le Vietnam (prise de Phnom Penh le 7 janvier 1979).

 

Mars 1979. Invasion du Nord Vietnam par la Chine qui doit rapidement se retirer devant la résistance vietnamienne (cette campagne révélera la vétusté des équipements, de la logistique et de la tactique chinoises)

 

Chapitre V. Détente.

 

La puissance soviétique.

 

En 1968, le remplacement des communistes conservateurs par des réformateurs e Tchécoslovaquie provoque une intervention militaire de l’URSS. Les réactions de l’Ouest furent prudentes. L’Europe de l’Ouest aspirait à une vie plus tranquille et se désinvestissait des problèmes de défense.

 

Un rapport de l’OTAN de 1967, définit la politique comme une combinaison de défense et de détente. L’objectif n’est plus d’éliminer les différences entre l’Ouest et l’Est mais de gérer d’une façon ordonnée la compétition entre les deux systèmes. Cela reprend le concept soviétique de « coexistence pacifique ». Il ne devait pas y avoir d’intervention ouverte dans les affaires intérieures de l’autre bloc.

 

A l’Ouest la politique de détente est dirigée par l’Allemagne de Willy Brandt (maire de Berlin en 1961) qui veut normaliser les relations avec les pays de l’Est y compris la RDA.

 

L’échec au Vietnam avait rendu prudent les USA quand à de nouveaux engagements dans le Tiers monde. Par contre les soviétiques songeaient à projeter leur puissance militaire plus loin. La disparition de l’empire colonial portugais en 1974 leur en donna l’occasion.

 

Mais le principal problème pour l’URSS reste la tension avec la Chine. Le risque de conflit nécessita d’énormes investissements dans la défense ce qui condamna l’économie soviétique à des années de stagnation tandis que l’ouest se développait. D’autre part pour pallier à une rupture totale des relations sino-soviétiques, l’URSS devait se rapprocher des USA. « En développant la détente avec l’ouest, il pouvait mettre un terme au renforcement militaire en Europe et aux armements nucléaires, obtenir le statut de super puissance égale et peut être obtenir quelques transferts commerciaux et technologiques permettant d’alléger le coût du maintien au premier rang de puissance militaire.

 

Le contrôle des armements.

 

Les premiers résultats des tentatives de contrôle des armements sont acquis en 1972 avec le traité ABM sur les missiles antibalistiques. Pousser plus loin le contrôle des armements stratégiques impliquait de mettre des limites aux armes offensives. Mais le concept de parité posait des problèmes de comparaison car les deux arsenaux possédaient des différences importantes qui rendaient les comparaisons difficiles (surtout avec le développement des têtes MIRV.

 

Dans le domaine conventionnel il y avait un déséquilibre encore plus net en faveur de l’URSS.

 

En 1971, Brejnev qui craint qu’un désengagement des USA en Europe provoque une rupture et engage la RFA dans une politique de réarmement, propose des négociations sur la réduction des forces conventionnelles. Ces négociations débutèrent en 1973, mais il n’y eut aucun progrès car il n’y eut pas d’accord sur un point de référence pour obtenir la parité.

 

La redécouverte de l’art opérationnel.

 

Aux Etats-Unis pour essayer de remonter le moral d’une armée décrédibilisée par la défaite du Vietnam, les généraux revinrent aux principes de base, la préparation d’une guerre de haute intensité contre le Pacte de Varsovie.

 

La question essentielle était de pouvoir résister à une offensive du Pacte de Varsovie, le temps d’acheminer les renforts nécessaires à travers l’Océan Atlantique.

 

« L’avance technologique de l’OTAN ne pouvait compenser l’avance soviétique (géographique et effectifs humains) car les ingénieurs soviétiques travaillaient dans les limites de leur industrie et des capacités de leurs soldats, alors qu’à l’ouest la rivalité entre Etats poussait toujours plus loin dans le progrès avec pour résultats des systèmes d’armes qui arrivaient en retard, avec des coûts trop élevés et une mise en œuvre difficile. De plus, il n’y avait pas de synergie entre les pays de l’OTAN ce qui accroissait les efforts et les coûts, chacun voulant une indépendance totale pour la fabrication de ses armements. »

 

Le succès des bombes intelligentes dans la campagne Linebacker au Vietnam en 1972 et les succès initiaux de la DCA arabe dans la guerre du Kippour en 1973, attirèrent l’attention sur les nouvelles technologies d’armement (en particulier les missiles antichars et les missiles antiaériens). Mais c’était ignorer deux éléments importants :

La capacité des cibles à s’esquiver ou à prendre des contre-mesures.

La vulnérabilité de ceux qui se serviraient de ces armes alors qu’ils tenteraient d’identifier leurs cibles et de s’en approcher.

Les acteurs devaient être à la bonne place au bon moment.

 

Le pacte de Varsovie pouvait utiliser un nombre limité d’itinéraires pour envahir l’occident. La stratégie classique de l’OTN voulait qu’en bloquant ces routes et en contre attaquant là ou cela était possible, l’ennemi pouvait être stoppé puis repoussé. Si ce n’était pas réalisable, l’option nucléaire tactique restait envisageable. Mais des questions se posaient.

- La crédibilité de l’option nucléaire était de plus en plus mise en question.

- Il fallait estimer la qualité des capacités classiques en tant que telle.

- Les forces de l’OTAN n’étaient pas aussi bien organisées pour une défense active qu’elles auraient dû l’être. Elles n’avaient pas suffisamment de profondeur.

 

Ces interrogations furent reprises par des réformateurs qui critiquaient l’état de la pensée et la pratique militaire des occidentaux et étudiaient les possibilités d’opérations brutales et très rapides pour aboutir à, la bataille décisive. Ils militaient pour la redécouverte de l’art opérationnel.  

 

Toutes ces interrogations montraient qu’il y avait des incertitudes inévitables sur le caractère et le déroulement d’une troisième guerre mondiale, dont la plus évidente restait la possibilité que, tôt ou tard, les armes nucléaires seraient employées si un des deux camps se donnait un avantage décisif. Les scénarios d’opérations militaires conventionnelles devenaient presque aussi irréalistes que celles des opérations nucléaires. Les perspectives d’une guerre future apparaissaient peu engageantes :

- Plus de facilité pour détecter les unités ennemies et les exposer au feu.

- Elargissement de la zone de combat.

- Augmentation du nombre d’objectifs potentiellement vulnérables.

Cela provoquerait obligatoirement une augmentation du rythme du combat et des besoins de ravitaillement. Les occasions de dormir, de se ravitailler et de se refaire seraient de ce fait rares.

 

Pour faire face à la consommation énorme de matériel, la logistique devenait essentielle. Il y aurait aussi une grande dépendance envers les systèmes C3I (Commandement, Contrôle, Communication, Intelligence (renseignement))

 

Chapitre VI. Les leçons de la guerre.

 

Les guerres Indo-pakistanaises.

 

L’origine se trouve au Cachemire majoritairement musulman dont le prince s’était rallié à l’Inde. Il y eut 3 conflits :

1947 jusqu’à la fin 1949.

1965

1971.

Le Pakistan fut toujours le camp le plus faible. Après sa première défaite en 1949, il joua la carte antisoviétique avec les USA, obligeant l’Inde à se rapprocher de l’URSS malgré elle.

 

En octobre 1962, la Chine attaque l’Inde avec le soutien de l’URSS. L’Inde mécontente de cela se rapprocha des USA et reçut une assistance militaire. Enhardi par la défaite indienne face à la Chine, le Pakistan attaqua en mars 1965. Si les combats furent indécis, cette crise souligna les mauvais rapports entre Pakistan Oriental (futur Bangladesh) et Pakistan occidental.

 

Cette dégradation aboutit, en 1970, à une révolte des Bengali (Pakistan oriental). La répression provoqua une très forte immigration vers l’Inde qui trouva là un prétexte pour une intervention contre le Pakistan. Sa défaite provoqua la naissance du Bangladesh le 3 décembre 1971.

 

La présence d’un porte avions américain au large de l’Inde laissa craindre une intervention américaine en faveur du Pakistan. Une des conséquences sera l’essai atomique « pacifique » de l’Inde en mars 1974 qui entraîna lui-même le lancement, réussi, d’un programme par le Pakistan.

 

Le conflit israélo-arabe.

 

Les guerres israélo-arabes ont été étudiées par les armées des autres nations, en particulier parce que s’y opposèrent le matériel du Pacte de Varsovie et ceux de l’Occident. La victoire israélienne est en partie due à la marge technologique. En particulier son arme la plus puissante était l’aviation qui a fait la différence dans toutes les campagnes. Tous les observateurs comprirent alors l’importance de la maîtrise du ciel.

 

La guerre de 1973 à fait connaître à un large public les nouvelles armes intelligentes et la vulnérabilité d’équipements militaires volumineux et onéreux face aux engins guidés portables.

 

Pour la plupart des observateurs professionnels, la grande leçon à tirer d’octobre 1973 fut la fluidité, le rythme et l’intensité de la guerre contemporaine, suggérant que les anciens concepts comme tenir un front et user l’ennemi étaient dépassés.

 

La guerre des Malouines.

 

En raison des distances, l’aviation eut une importance limitée. Engageant deux petits porte-avions, la Grande Bretagne assurait tout juste sa couverture aérienne. Le rôle des munitions intelligentes fut souligné par la réussite de quelques missiles antinavires Exocet, révélant la vulnérabilité des navires aux attaques aériennes.

 

Mais les leçons les plus importantes à retirer de cette guerre sont la validité des principes classiques : Avoir des troupes bien entraînées et motivées et l’importance vitale de la logistique.

 

La guerre Iran-Irak.

 

Le président de l’Irak Saddam Hussein profite de la révolution iranienne et de l’affaiblissement du pays pour l’attaquer dans la nuit du 21 au 22 septembre 1980. Il vise deux objectifs :

- Compromettre le défi idéologique du nouveau régime.

- Remettre en question l’accord d’Alger de 1975 au sujet du Chatt el Arab.

 

Après des succès initiaux et l’invasion de l’Iran, l’offensive irakienne marque le pas à partir de novembre 1980.

 

Septembre 1981. Début de la contre offensive iranienne. Fin 1982, les iraniens ont pénétré en territoire irakien.

 

Les Iraniens étaient 3 fois plus nombreux (45 millions contre 14) et étaient plus fort sur terre.

Les Irakiens avaient la maitrise aérienne et navale.

 

A la fin de 1983, première utilisation de l’arme chimique par l’Irak.

 

1985, premières frappes des villes iraniennes par des missiles balistiques irakiens.

 

Finalement, totalement isolé de tout appui international, l’Iran dut se résoudre à accepter le cessez le feu en avril 1988.

 

Le nouvel Iran ne jouait pas le jeu de la guerre froide. Tandis que Moscou voyait une occasion d’avoir quelque influence sur Téhéran, le nouveau régime n’avait aucune intention de se rapprocher de ceux qui intervenaient en Afghanistan. Mais cette tentative soviétique inquiétait l’Irak qui s’adressa à l’Occident ce qui lui permit de sortir de l’influence soviétique.

 

Cependant en terme géostratégiques l’Iran était plus important.

 

Fin 1986, découverte d’un trafic d’armes entre les USA et l’Iran, à la fois pour obtenir la libération d’otages américains au Liban et des fonds pour aider les rebelles antigouvernementaux au Nicaragua. L’affaire ne provoqua aucune concession de la part de l’Iran et en compensation un nouveau rapprochement entre les USA et l’Irak.

 

Cette guerre révéla comment un conflit pouvait s’internationaliser, par le biais de soutien financier, de fournitures d’équipements et d’approvisionnements, et même, avec les opérations maritimes dans le golfe, comment une intervention limitée avec des unités modernes pouvait faire la différence.

 

L’Afghanistan.

 

Avril 1978, réussite d’un coup d’Etat communiste mené par des officiers afghans. Mais le nouveau régime a du mal à s’imposer et doit faire face à une guérilla menée par des rebelles islamistes. Inquiet pour la sécurité de ses frontières, mais aussi pour le risque de voir un régime officiellement communiste battu, intervention de l’armée soviétique avec 85.000 hommes le 27 décembre 1979. Le président est destitué et remplacé par un leader supposé être plus populaire.

 

Mais l’armée soviétique ne réussit jamais à contrôler le pays et ses missions devinrent de plus en plus difficiles après la livraison de missiles stinger à la guérilla par les Américains.

 

Au début des années 1980, la réponse américaine s’exprima surtout en termes de guerre froide. A la lumière à la fois de la révolution iranienne et de l’invasion soviétique de l’Afghanistan, le président Carter déclara « Notre positions est absolument claire : toute tentative par une quelconque force extérieures pour prendre le contrôle du golfe persique sera considérée comme une attaque contre les intérêts vitaux des Etats-Unis d’Amérique, et une telle menace sera repoussée par tous les moyens y compris la forces des armées. » (23 janvier 1980)

 

L’engagement soviétique fut interprété comme une tentative d’imposer sa présence dans le Golfe et de créer des bases qui pourraient interférer avec celles de d’Occident.

 

L’implication de l’Occident dans ces conflits régionaux se limitait généralement à apporter des moyens, dont les armes, aux factions anticommunistes, même si les bénéficiaires n’étaient pas nécessairement pro-occidentaux et étaient parfois impliqués dans des activités criminelles.

 

Chapitre VII. La fin de la guerre froide.

 

L’arrivée de Reagan au pouvoir aux USA fut un choc car il montra un intérêt limité pour le désarmement, attaqua le système soviétique et prôna une augmentation importante des dépenses militaires. Les relations Est-Ouest furent si tendues que l’on parla de seconde guerre froide. En face les dirigeants soviétiques commençaient à découvrir à la fois les contraintes du système qu’ils dirigeaient et leurs capacités limitées à y faire quelque chose. Le système soviétique dirigé par des présidents âgés et malades apparaissaient bureaucratisé et immobile.

 

Les options nucléaires.

 

Les Américains développent un nouveau missile ICBN, le MX, mais ne peuvent déterminer comment le protéger d’une attaque surprise. Finalement ils le déploient dans des silos déjà existants.

 

La plupart des scénarii de guerre débutant sur un conflit en Europe, Carter fait développer une arme de champ de bataille qui réduit les effets de souffle et de chaleur et augmente les rayonnements pour neutraliser les équipages de chars (bombe à neutron). Le tollé provoqué à l’Ouest par le développement de cette arme appelée « bombe capitaliste » amène Carter à y renoncer en 1978.

 

En face il y avait des preuves d’une philosophie soviétique de guerre nucléaire limitée (bombardier Backfire, missile intermédiaire SS20). Il était supposé que si le continent américain était laissé intact, Washington n’ordonnerait pas de représailles contre le territoire de l’URSS, même si les autres membres du Pacte de Varsovie devaient sérieusement souffrir. La stratégie de Carter visait à refuser à Moscou, l’assurance que, à n’importe quelle étape de l’escalade d’une crise vers une guerre nucléaire totale, l’URSS pourrait dominer le combat au point de forcer l’OTAN à capituler.

Dans cette optique, en décembre 1979, l’OTAN accepta l’installation de 464 missiles de croisière Tomahawk et 108 missiles balistiques Pershing 2. En étant basé en Europe, ces missiles prouvaient qu’une guerre classique majeure pouvait conduire à des frappes nucléaires contre le territoire soviétique. Ces missiles empêchaient toute possibilité qu’une guerre nucléaire puisse restée limitée.

Cette décision de l’OTAN provoqua une résurgence des sentiments antinucléaires en Europe.

 

Mars 1983, le président Reagan lance l’IDS (Initiative de Défense Stratégique) qui vise à intercepter les missiles dès leur départ.

 

Au début de 1985, réélection de Reagan qui commence à douter réellement de la moralité et de la solidité de la dissuasion. De plus l’IDS s’avérait impraticable. Il se mit donc à prôner un désarmement radical.

En face, un jeune dirigeant Mikhaïl Gorbatchev décide de moderniser son pays et de stopper la course aux armements.

 

Décembre 1987, accord pour le retrait de tous les Pershing et missiles de croisière contre l’enlèvement de tous les missiles SS20.

 

La chute du mur de Berlin.

 

Une théorie veut que la course aux armements et plus particulièrement l’IDS, ait déclenché la fin de la guerre froide. En fait au moment ou Gorbatchev arriva au pouvoir, l’inefficacité et le délabrement sous-jacents du système soviétique étaient tels qu’il ne pouvait changer grand-chose. Comme il n’appréciait pas que le pouvoir communiste s’appuie sur la crainte de la force brutale et qu’il voulait réduire le fardeau militaire de l’économise soviétique, il rechercha avec l’Ouest, une nouvelle détente.

Ce n’est qu’assez tardivement que Gorbatchev mesura pleinement le lien entre la puissance militaire soviétique et le maintien d’une sphère d’influence soviétique.

 

La chute du mur de Berlin provoqua plusieurs changements :

 

- Réunification allemande qui affaiblit la puissance économique de l’Allemagne.

 

- En URSS, la seule force d’unification était le parti communiste, mais il était largement discrédité face à une croissance du mécontentement.

 

A la fin de l’année 1991, l’URSS était morcelée en 15 Etats indépendants.

 

Chapitre VIII. La guerre qui n’a pas eu lieu.

 

Une fois que la guerre froide put être considérée comme appartenant à l’histoire, les réductions budgétaires furent à l’ordre du jour. Chaque pays occidental réduisit ses forces armées d’un bon quart. Il n’y avait plus de menaces qui justifient un effort sérieux.

 

L’effondrement militaire de la Russie inquiéta aussi bien la Russie, qui craignait une attaque de l’OTAN, que l’OTAN qui craignait les conséquences de cette détérioration pour l’environnement et le danger d’un effondrement économique et social.

 

La guerre du Golfe.

 

Aout 1990, invasion du Koweït par l’Irak. Pour des raisons essentiellement économiques, les USA et le Royaume Uni prennent la décision de réagir pour protéger l’Arabie Saoudite.

 

16 janvier 1991, début de la campagne aérienne.

 

24 février 1991, début de la campagne terrestre.

 

Cette guerre se révéla être remarquablement facile. Saddam Hussein croyait pouvoir dissuader ses adversaires par une guerre prolongée. En cela, il avait totalement sous estimé l’outrage fait à l’Occident, et aussi l’accroissement substantiel des capacités américaines, avec l’introduction d’armes intelligentes et une doctrine cohérente appuyée toutes deux sur des technologies informatiques de pointe.

 

L’armée irakienne fut surévaluée et pour de nombreux soldats, la préoccupation tactique essentielle fut comment se rendre dans les meilleures conditions.

 

La guerre du Golfe annonça une révolution dans les réflexions militaires aux Etats-Unis, un armement de précision combiné à une technologie de l’information donnant des formes de guerre qui ne dépendaient plus de la force elle-même, mais se traduisaient par l’application pertinente de la puissance sur les parties les plus vulnérables de l’appareil adverse.

 

Il y avait un fossé entre les puissances militaires avancées et celles aspirant à ce statut, pour autant que la guerre soit menée sur une base totalement conventionnelles. Pour les adversaires de l’Occident, la seule solution consistait à utiliser la guerre asymétrique.

 

« La guerre froide représente l’apogée de l’affrontement des grandes puissances des XIXe et XXe siècles. Elle exprimait les thèmes essentiels d’équilibre des forces et des luttes d’influence, aboutissant à une forte polarisation entre deux systèmes sociaux rivaux. Les conséquences prévisibles de l’emploi de la guerre étaient cependant si terribles que finalement un équilibre des forces put être obtenu. Cette impasse militaire aboutit à ce que le choix entre les deux systèmes sociaux devrait se faire par référence à leurs résultats en temps de paix. Nous pouvons supputer sur qui aurait gagné un affrontement OTAN – Pacte de Varsovie, mais nous savons que le communisme a perdu la guerre idéologique. »

 



18/05/2015
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