Militaires les plus titrés : 22 titres de guerre

COIFFARD (Lieutenant Michel)

(1892-1918). Air

 

18 citations 

3 blessures 

Mort pour la France.

 

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1ere Guerre mondiale 

  • Officier de la Légion d’honneur 
  • Médaille militaire. 
  • Croix de guerre 14-18. 18 citations dont 12 palmes.

 

Tué en combat aérien le 28 octobre 1918 à Begnicourt

 

6e As  Français de la 1ere Guerre mondiale. Titulaire de 34 victoires et 5 probables. (La plupart sur des ballons d’observation allemands). 

  • 5 septembre 1917 (1)
  • 3 janvier 1918 (2)
  • 2 février 1918 (3)
  • 17 février 1918 (P1)
  • 30 juin 1918 (4 et 5)
  • 1er juillet 1918 (6)
  • 5 juillet 1918 (7)
  • 7 juillet 1918 (8)
  • 12 juillet 1918 (9)
  • 15 juillet 1918 (10 à 12)
  • 17 juillet 1918 (13 et 14)
  • 18 juillet 1918 (15 et 16)
  • 21 juillet 1918 (17)
  • 1er août 1918 (18 à 20)
  • 3 août 1918 (21 et 22)
  • 11 août 1918 (23 à 25 et P2)
  • 7 septembre 1918 (26)
  • 14 septembre 1918 (27 et 28)
  • 15 septembre 1918 (29 à 31)
  • 28 septembre 1918 (32 et P3)
  • 2 octobre 1918 (33)
  • 3 octobre 1918 (P4)
  • 28 octobre 1918 (34 et P5)

 

Biographie.

 

Michel Joseph Calixte Marie Coiffard, dit « l'homme aux 34 victoires » est né à Nantes le 16 juillet 1892 et tué en combat aérien le 29 octobre 1918 à Bergnicourt (Ardennes). 

 

Michel, Joseph, Marie Coiffard naît à Nantes le 16 juillet 1892 dans un contexte familial difficile : son père, employé des chemins de fer, ne prend même pas la peine de se déplacer à l’état-civil pour déclarer l’enfant. Ses parents vont divorcer peu après sa naissance et sa mère, dame de ménage, va se remarier et s’installer à Paris où le jeune garçon va grandir avec un demi-frère et une demi-sœur nés après lui. Devenu apprenti-chaudronnier et décrit par des témoins comme une force de la nature, le jeune homme décide de s’engager dans l’armée avant d’avoir accompli son service militaire, et se retrouve incorporé à la fin de l’année 1910 comme simple soldat au 35e régiment d’artillerie.

 

Il effectue son instruction militaire en France et connaît dès le début des difficultés avec la discipline qui lui valent plusieurs jours d’arrêt et même de prison. En juillet 1911, il est muté au 5e groupe autonome d’artillerie d’Afrique en Tunisie puis passe au 4e groupe du Maroc où les jours d’arrêt et de prison continuent de pleuvoir… Mais quand au mois de mai 1912 des rebelles attaquent la ville de Fez où il est stationné, le soldat Coiffard combat avec une grande bravoure. Ses ennuis disciplinaires disparaissent et il est récompensé en décembre 1912 par la distinction de soldat de 1ere classe, puis est nommé brigadier en novembre 1913.

 

Première Guerre mondiale. 

 

Quand éclate la guerre il est rapidement muté en France au 13e régiment d’artillerie de Vincennes, où il est promu maréchal des logis dès les premières semaines du conflit. Il combat avec une rare bravoure en recevant plusieurs blessures durant l’année 1915 et la médaille militaire, puis obtient à sa demande une mutation en février 1916 au 13e bataillon de chasseur à pied qui est l’élite de l’infanterie française. Il va s’y distinguer de nouveau en août 1916 lors de la bataille de la Somme mais les multiples blessures qu’il reçoit le rendent inapte au combat d’infanterie 

 

Réformé, il accepte mal cette situation et use de stratagèmes pour continuer à se battre. Sa demande de transfert dans l'aviation lui est accordée, le 4 janvier 1917. 

 

Le 19 avril 1917, Michel Coiffard reçoit son brevet de pilote militaire et, le 28 juin 1917, il est muté à l’Escadrille 154, alors équipée de SPAD. 

 

Le 5 septembre 1917, il remporte sa première victoire en abattant un Albatros allemand au Catelet, près de Saint-Quentin. 

 

Le 19 novembre 1917, il est promu au grade de sous-lieutenant et commence une longue série de succès. 

 

Le 3 janvier 1918, en mission de reconnaissance au-dessus de Saint-Quentin, il abat un chasseur ennemi et revient se poser dans les lignes françaises en vol plané, moteur en panne. 

 

Le 2 février 1918, il remporte une nouvelle victoire et reçoit la Légion d’honneur, au mois de mars. 

 

Le 30 juin 1918, l'Escadrille 154, qui vole désormais sur des avions Nieuport, se trouve basée près de Reims et Coiffard collabore à la destruction de nombreux Drachen (ballons d’observation) et obtient enfin le titre d’as (5 victoires homologuées). 

 

En juillet 1918, Coiffard se voit remettre le commandement de l'Escadrille N 154, rebaptisée SPA 154, depuis quelle a été dotée des nouveaux SPAD de chasse, en remplacement des Nieuport. Il baptise son avion Valentine.

 

À la tête de son escadrille, il accumule les victoires, principalement sur les aérostats de l'adversaire. Il fête sa vingt-troisième victoire le 11 août 1918 en abattant en collaboration avec Jacques Ehrich un nouveau ballon d'observation.

 

Le 15 septembre 1918, alors qu'il vole vers un ballon d'observation situé à Brimont, il échoue à l’abattre mais manque de se faire abattre par la DCA.

 

Le lundi 28 octobre 1918, alors l'Escadrille SPA 154 est en mission de protection d’un avion de reconnaissance, lorsqu’une patrouille de Fokker DVII, lui barre le passage. Coiffard donne le signal de l'attaque à ses hommes, mais seul son équipier Théophile Condemine L’a  aperçu. Les deux Français sont dès lors isolés du reste de l'Escadrille 154 et s'enfoncent dans les lignes adverses. Se battant avec l'énergie du désespoir, ils parviennent toutefois à détruire chacun un appareil ennemi ; mais dans cette terrible mêlée, le leader de la SPA 154 est mortellement touché par deux balles, l'une dans la cuisse et l'autre dans la poitrine.

 

Malgré ses blessures, Coiffard parvient à se poser derrière les lignes amies. Il décède dans l'ambulance no 5 du 1er Corps de la Coloniale à Bergnicourt (Ardennes).

 

Michel Coiffard venait d'avoir 26 ans et son palmarès s'élevait alors à 26 Drachens abattus en collaboration (dont 2 seul) avec ses équipiers et 8 avions, dont 6, abattus par lui seul.

 

Source.

 

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DEVIGNY (Général de brigade André)

(1916-1999). Terre. 

 

12 citations 

3 blessures

3 évasions

Autres titres français : 2

Autres titres étrangers : 2

 

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  • Grand Officier de la Légion d'Honneur
  • Compagnon de la Libération - décret du 27 décembre 1945
  • Croix de Guerre 39/45 : 8 citations.
  • Croix de la Valeur Militaire : 4 citations
  • Médaille de la Résistance française
  • Médaille des Evadés
  • Commandeur du Mérite Sportif
  • Military Cross
  • Croix de Guerre Belge
  • Officier de la Couronne Belge

 

Alias : Valentin - Gilbert - Pierre Lecoutre

 

Biographie. 

 

André Devigny est né le 25 mai 1916 à Habère-Lullin en Haute-Savoie dans une famille d'agriculteurs et de militaires.

 

Elève pupille de la Nation à l'Ecole Normale d'Instituteurs de Bonneville, il entre ensuite à l'Ecole d'Officiers de Saint-Maixent, dans la promotion Weygand, et en sort, à la veille de la guerre, avec le grade de sous-lieutenant.

 

Officier au 5e Régiment de tirailleurs marocains (5e RTM), il est affecté en première ligne en Lorraine ; en décembre 1939, il mène à la baïonnette une contre-attaque de sa section dans des conditions d'infériorité numérique et parvient à repousser l'attaque allemande.

 

Cette action lui vaut de recevoir la Légion d'Honneur à 23 ans ; il est alors le plus jeune chevalier de la Légion d'Honneur de France et le premier de la Guerre.

 

Grièvement blessé le 20 mai 1940 à Ham, il est évacué sur l'hôpital de Bordeaux ; il en sort en octobre et tente de gagner la Grande-Bretagne.

 

N'y parvenant pas, dès le mois de décembre 1940, il prend contact avec le consulat britannique à Genève qui l'envoie au Maroc, où il rend les plus grands services à un réseau britannique jusqu'en août 1942.

 

Revenu en France en octobre 1942 il est mis en congé d'armistice par l'invasion de la zone sud en novembre 1942. Il entreprend, avec le colonel Groussard, le commandant Nomy et Pierre er Dominique Ponchardier la création des réseaux de renseignements militaires "Gilbert". A un moment où la tâche du recrutement et de l'organisation est des plus difficiles, il parvient à créer un service de passages clandestins entre la France et la Suisse qui sera utilisé par toute la Résistance Française.

 

En avril 1943, Devigny supprime à Nice le chef du contre-espionnage italien. Il organise entre autres le sabotage de la poudrerie de Toulouse, mais sans savoir qu'un agent de la Gestapo s'est infiltré dans son réseau.

 

Il est arrêté à la gare d'Annemasse le 17 avril 1943. Enfermé à la prison de Montluc, à Lyon, il est torturé du 17 avril au 25 mai, mais garde un mutisme complet. Il tente une première évasion au cours d'un transfert mais, blessé à coup de revolver, est de nouveau capturé et assommé à plusieurs reprises à la forge de la prison.

 

Une fois remis, il entreprend l'une des plus sensationnelles évasions de l'Histoire de l'Occupation. Il apprend sa condamnation à mort le 20 août 1943 et découvre à son retour du tribunal militaire qu'il a un compagnon de cellule, peut être chargé de le surveiller. Au bout de quelques jours, il décide finalement de s'évader avec lui.

 

Le 25 août 1943, André Devigny parvient à sortir de sa cellule et à gagner le toit de sa prison grâce à une minutieuse préparation ; il étrangle une sentinelle dans une cour et franchit les deux murs d'enceinte à l'aide d'une corde à crochet fabriquée avec du matériel divers. Repris à Vaulx-en-Velin avec son compagnon, il s'échappe encore en sautant dans le Rhône, et reste pendant cinq heures dissimulé dans la vase. Hébergé et soigné pendant une dizaine de jours par un savoyard à Vaulx-en-Velin, il gagne ensuite la Suisse où il reste jusqu’en janvier 1944. Il gagne l’Espagne le 25 janvier 1944 est incarcéré deux mois.

 

Ayant rejoint Casablanca à la mi-avril 1944, il rentre comme volontaire dans la Brigade de choc, subit l'entraînement des commandos parachutistes et se distingue encore au cours du débarquement en Provence en août 1944 puis lors de la campagne d'Alsace.

 

Il termine la guerre avec le grade de capitaine.

 

Promu au grade de chef de bataillon en septembre 1946, André Devigny exerce plusieurs commandements de bataillons (du 5e RTM et du 7e RTA en Allemagne) puis de régiments ; il est ensuite chef du Service central des Sports des Forces armées et Directeur du Bataillon de Joinville.

 

Promu lieutenant-colonel en 1957, il commande successivement trois secteurs en Algérie pendant sept ans (1955-1962) et est blessé au combat en 1959.

 

Juge à la Cour de Sûreté de l'Etat, il est ensuite, à partir de 1965, Directeur du Service "Action" du SDECE jusqu'en 1971.

 

Général de brigade en 1971, il se retire dans sa Haute-Savoie natale en octobre de la même année.

André Devigny est décédé le 12 février 1999 à Hauteville sur Fier en Haute-Savoie où il a été inhumé.

 

Publications 

  • Un condamné à mort s'est échappé, Gallimard, Paris 1977-
  • Je fus ce condamné, Presses de la Cité, Paris 1978

 

Sources : 

  • Ordre de la Libération

 

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HAEGELEN (Lieutenant-colonel de réserve Marcel)

(1896-1950). Air

 

19 citations 

2 blessures 

Autres titres français : 1

 

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1ere Guerre mondiale 

2e Guerre mondiale

  • Grand-officier de la Légion d’honneur. 
  • Médaille militaire. 
  • Croix de guerre 14-18 : 18 citations dont 14 palmes. 
  • Croix de guerre 39-45 : 1 citation. 
  • Croix du Combattant volontaire de la Résistance. 

 

11e As Français de la 1ere Guerre mondiale titulaire de 23 victoires aériennes et 2 probables (14-18 et 39-45)

  • 2 mai 1917 (P1)
  • 27 mai 1917 (1)
  • 28 mai 1917 (2)
  • 29 octobre 1917 (P2)
  • 23 mars 1918 (3)
  • 6 juin 1918 (4)
  • 7 juin 1918 (5)
  • 29 juin 1918 (6)
  • 30 juin 1918 (7)
  • 1er juillet 1918 (8)
  • 5 juillet 1918 (9)
  • 10 juillet 1918 (10)
  • 24 juillet 1918 (11)
  • 9 août 1918 (12)
  • 29 août 1918 (13)
  • 6 septembre 1918 (14)
  • 14 septembre 1918 (15)
  • 15 septembre 1918 (16 et 17)
  • 16 septembre 1918 (18)
  • 17 septembre 1918 (19)
  • 15 octobre 1918 (20)
  • 18 octobre 1918 (21)
  • 23 octobre 1918) (22)
  • 5 juin 1940 (23) 

 

Biographie. 

 

Marcel Haegelen est né le 13 septembre 1896 à Belfort (90). Il est le fils d'un militaire de carrière (capitaine dans l’Armée de terre) Alfred Haegelen et de Marguerite Marie Chapuis. 

 

Il s’engage le 15 septembre 1914 au 27e RI. Sa conduite au front lui vaut le grade de caporal et trois citations. Il est évacué le 10 avril 1915 pour fièvre typhoïde.

 

Passé dans l'aviation le 25 juillet 1915, Marcel Haegelen suit une formation à Dijon, puis à Avord le 31 août 1915. Il reçoit son brevet de pilote militaire sous le no 2309 le 10 janvier 1916. 

 

Le 19 janvier 1916, il est affecté au Groupe des divisions d’entrainement (GDE) du Plessis-Belleville.  il est nommé caporal le lendemain. Pilote dans un premier temps à l'escadrille F8 du 10 avril 1916 au 8 février 1917, il est promu au grade de sergent le 20 juin 1916. Il vole sur Nieuport  au sein de l'escadrille SPA 103 du groupe de combat no 12 de l’escadrille des Cigognes. 

 

Le 27 mai 1917, il remporte sa première victoire aérienne homologuée, au-dessus de Nauroy. Le lendemain, il récidive en abattant un avion ennemi au-dessus de Chenay. 

 

Il est blessé à la tête et à la poitrine lors d'un combat aérien où son avion touché fait une chute le 28 mai 1917.

 

Il est nommé adjudant le 5 novembre 1917.

 

Le 25 janvier 1918, il est promu sous-lieutenant à titre temporaire, et du 11 mars 1918 au 5 novembre il est pilote de l’escadrille SPA 100. Il pilote désormais un Spad XIII. 

 

Haegelen devra attendre le mois de mars 1918 pour connaitre à nouveau la victoire. Le 23 mars, il remporte un doublé en abattant deux Albatros DV  en compagnie de deux autres as français, Jean Chaput et Auguste Lahoulle.  

 

Le 6 juin 1918, il devient as à son tour en abattant un ballon d'observation ennemi au-dessus de Le Charmel. Haegelen entame alors une série de 17 victoires en l'espace de quatre mois. En juin, il remporte trois nouvelles victoires, et le 28 du même mois il est nommé sous-lieutenant à titre définitif. En juillet, il remporte quatre victoires supplémentaires dont deux sur des ballons d'observation. En août, il abat deux nouveaux ballons et porte son nombre de victoires à 14. Le mois de septembre sera celui des records, il remporte six nouvelles victoires, dont un doublé le 15 septembre. Ce jour-là, il abat un premier ballon d'observation à 15 h 20 au-dessus de Châtel-Chéhéry, puis un second à 17 h 55 au-dessus de Brieulles-sur-Meuse. Il remporte ses trois dernières victoires au mois d'octobre 1918.

 

Il passe à l’escadrille SPA 89 du 5 novembre 1918 au 15 janvier 1919 et à la 1re brigade, escadre de combat no 1, dans l’escadrille SPA 48 du 15 janvier 1919 au 10 avril 1919. 

 

Il est pilote de l’escadrille SPA 162,  du 17 avril 1919 au 5 septembre 1920 de la 2e brigade, escadre de combat no 2. Au sein de cette dernière escadrille il est affecté à l'aviation polonaise le 17 avril 1919. Il est nommé instructeur à l'école d'aviation de Varsovie. 

 

Il est rayé des contrôles du 27e RI le 15 janvier 1920 et  affecté au 54e RI classé hors cadres aéronautique au 4e Régiment d’aviation.  Il est de retour en France le 5 septembre 1920. Il prend alors un congé de trois ans sans solde.

 

Pilot d’essai durant l’entre-deux-guerres

 

Reconverti dans l’aviation civile,  il fonde l’Aéro-club de la Côte-d’Or en 1923 à Longvic, près de Dijon.  

 

Il effectue une période au Centre d'études de l'aéronautique (service des avions) à Versailles du 15 octobre 1923 au 15 janvier 1924.

 

Il obtient le 27 juillet 1925 son brevet d'observateur en avion. Il est affecté au 37e Régiment d’Aviation. 

 

Volontaire pour le Maroc le 9 août 1925. Il embarque à Bordeaux sur le vapeur Missouri à destination de Casablanca. Il est aussitôt affecté à la 7e escadrille du Maroc du 8 août 1925 au 27 février 1926. 

 

Une nouvelle affectation l'envoie au 34e Régiment d’Aviation du 21 février 1928 au 12 mars 1928. Il effectue un stage de tir à la base aérienne 120 de Cazaux du 6 au 12 mars 1928. 

 

Il démissionne de l'armée d'active le 27 février 1929, puis est promu lieutenant de réserve le 25 juin 1929. 

 

Engagé comme pilote formateur et pilote d’essai par la firme d'aviation Hanriot, il implante en 1928  l'école de pilotage de sa société à Bourges, où elle est directement à l'origine de l'ouverture de l'aéroport, puis de l'implantation d'une usine d'avions dont Haegelen devient le pilote d'essai.

 

Il remporte la Coupe Michelin Internationale en 1931 et en 1932 aux commandes d'un monoplace Lorraine Hanriot LH41/2.  Il s'adjuge, la seconde fois, le record mondial de vitesse sur 2 000 km sans charge à 263,9 km/h.

 

Il avait toutefois échoué à remporter la Coupe Michelin en 1930. En effet, le 29 juin 1930, tandis qu’il participait à la célèbre épreuve, l’aviateur avait capoté à l’atterrissage sur le terrain d’aviation militaire de Courcy. Victime d’une commotion cérébrale, l’as de guerre avait aussitôt été transporté à l’hôpital de Reims. Quelques jours plus tard, Marcel Haegelen — qui, le jour de sa chute, s’était inquiété de sentir dans sa main droite un fourmillement de mauvais augure — reçut la presse et lui fit part de la satisfaction qu’il éprouvait à pouvoir remuer normalement l’index et le médium droit et de constater qu’il avait recouvré leur sensibilité normale. De nombreux témoignages de sympathie parvinrent à l’infortuné pilote. Charles Magny, préfet de la Marne, accompagné de son chef de cabinet, lui rendit visite le 1er juillet. Michel Détroyat, pilote d’essais chez Morane-Saulnier et vainqueur malgré lui de la compétition, adressa un télégramme à son concurrent malheureux : « Tu devais gagner la coupe. Ton accident me fait victorieux mais attriste ma victoire. » Marcel Haegelen reçut également, en provenance de Villacoublay, un télégramme expédié par les mécaniciens du constructeur Hanriot. Entre autres personnalités, Dieudonné Costes, Maurice Bellonte et Jean Vanlaere lui rendirent visite, ainsi que plusieurs officiers et sous-officiers du 12e régiment d’aviation de bombardement de Reims venus l’assurer de leur amitié. 

 

2e Guerre mondiale. 

 

Redevenu pilote de chasse au début de la Seconde Guerre modiale, le lieutenant-colonel de réserve Marcel Haegelen, est placé à la tête de l'escadrille de défense de la Base de Bourges, composée de pilotes polonais. À bord d'un Curtiss H.75 Hawk, il abat un bombardier allemand le 5 juin 1940, devenant un des rares pilotes ayant obtenu des victoires aériennes durant les deux guerres mondiales. Il est cependant blessé au bras durant le combat.

 

Entré dans la Résistance, il appartient au réseau Roy. Il est arrêté en 1943 et incarcéré à Bourges  à la prison du Bordiot, où sa captivité est adoucie par Aloïs Stanke. 

 

Il décède le 24 mai 1950 à l'hôpital du Val-de-Grâce et est inhumé au cimetière de Ris-Orangis (Essonne)

 

Hommage

 

Un verger nouvellement créé en pleine ville à Belfort  à l'emplacement de l'ancien Institut de formation en soins infirmiers, rue Jean Rostand, et portant le nom de Marcel Haegelen a été inauguré en 2022

 

Source 

 

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SALAN (Général d’armée Raoul)

(1899-1994). Terre

 

17 citations 

1 blessure.

Autres titres français : 1

Autres titres étrangers : 3

 

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1ere Guerre mondiale.

2e Guerre mondiale. 

Guerre d’Indochine.

Guerre d’Algérie. 

  • Grand-croix de la Légion d’honneur
  • Médaille militaire
  • Croix de guerre 14-18 : 1 citation
  • Croix de guerre 39-35 : 8 citations 
  • Croix de guerre des TOE : 7 citations 
  • Croix de la Valeur Militaire : 1 citations 
  • Croix du Combattant volontaire 1914-1918
  • Croix du Combattant
  • Médaille coloniale agrafe Extrême-Orient
  • Insigne des blessés militaires (1 blessure)
  • Grand-croix de l’ordre de l’Etoile noire du Bénin. 
  • Grand-croix de l’Ordre du Dragon d’Annam (à titre militaire et civil)
  • Grand-croix de l’Ordre royal du Cambodge. 
  • Grand-croix de l’Ordre du Million d’Eléphants et du Parasol blanc
  • Grand-croix de l’Ordre du Mérite civil Taï
  • Grand-croix de l’Ordre du Nicham Iftikar (Tunisie)
  • Grand-croix de l’Ordre du Ouissam alaouite (Maroc)
  • Grand-croix de l’Ordre de l’Etoile d’Anjouan.
  • Grand-croix de l'Ordre de l'Étoile des Comores
  • Médaille de l’Aéronautique.
  • Ordre royal Muniseraphon du Cambodge
  • Croix de la bravoure vietnamienne 1 citation
  • Médaille de la Défense nationale du Cambodge
  • Ordre du Mérite syrien
  • Médaille commémorative de la guerre 1939-1945 avec agrafes « Afrique » « Italie » « France » « Allemagne »
  • Ordre du Mérite militaire d'Annam
  • Ordre du Règne du roi Savang Vatthana
  • Ordre du Mérite Militaire Thaï (1950-1954)
  • Distinguished Service cross (USA)
  • Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique (R-U)
  • Mérite militaire Sena Jay Assed (Cambodge)

 

Raoul Salan est nommé caporal-chef d’honneur de la Légion étrangère. 

 

Biographie

 

Raoul Salan, est né le 10 juin 1899 à Roquecourbe (Tarn) où il passe  une enfance paisible, à la campagne. 

 

Son père ayant accepté un poste de fonctionnaire à Nîmes comme chef de poste des contributions indirectes, il est élève du lycée de Nîmes et obtient une bourse nationale. 

 

Il entre à Saint-Cyr  avec une dispense d'âge en 1917.

 

Alors qu'il revient en métropole en avril 1937 avec son fils ainé Victor, né hors mariage le 23 mars 1932 à Muong-Sing (Laos)  sur le paquebot Chenonceaux, il y fait la connaissance de Lucienne Bouguin, une fille d'hôteliers de Vichy, alors séparée de son mari plus âgé, un administrateur colonial. Salan l'épouse en mars 1939, à presque 40 ans. Le couple a deux enfants, Hugues (né le 30 juin 1943 à Dakar (Sénégal) et qui meurt un an plus tard, le 1er juin 1944 à Alger) et Dominique (née le 15 mars 1946 à Hanoï). Cette dernière est rapatriée en France en septembre 1946, sur le navire « Maréchal Joffre »

 

Selon sa fille, les modèles du général Salan sont le général Charles Mangin  et le maréchal Joseph Gallieni

 

Première Guerre mondiale. 

 

Engagé pour la durée de la guerre le 2 août 1917, il est admis à Saint-Cyr le 21 août 1917 avec une dispense d’âge (il a 17 ans) dans la promotion La Fayette. Il en sort aspirant le 25 juillet 1918.  

 

Le 14 août 1918, il est affecté au 5e RIC à Lyon.  Chef de section à la 11e compagnie, il participe aux combats dans la région de Verdun (Saint-Mihiel, Les Eparges, Fort-de-Bois-Bourru, Côte de l’Oie, Cumières-le-Mort-Homme) 

 

Il est cité à l’ordre de la brigade par l’ordre en date du 29 décembre 1918.

 

Entre-deux-guerre (1919-1939)

 

Il est affecté à l’armée d’occupation en Allemagne jusqu’en mai 1919, date à laquelle il retourne à Saint-Cyr. 

 

Il est nommé sous-lieutenant à titre définitif le 21 septembre 1919 avec affectation au RICM à Landau dans le sud-ouest de l'Allemagne, le 3 décembre 1919.

 

Sur sa demande, il est envoyé au Levant au 17e Régiment de Tirailleurs Sénégalais, en tant que chef de poste à Radjou en Syrie mandataire sur la frontière avec la Turquie. 

 

Il est promu lieutenant le 11 septembre 1921 et grièvement blessé au combat d’Accham  le 24 octobre 1921.

 

Il est à nouveau cité, à l’ordre de l’armée et nommé chevalier de la Légion d’honneur. Il est décoré sur son lit d’hôpital, à Alep par le général Gouraud haut-commissaire au Levant. 

 

Faisant l'objet d'un rapatriement sanitaire le 25 janvier 1922, il est soigné à l’hôpital Sainte-Anne à Toulon, puis au Val-de-Grâce  à Paris. 

 

Durant sa convalescence, il est affecté au 23e RIC à Paris. A sa demande, il est désigné pour l’Indochine le 2 janvier 1924.

 

Sur place Il est affecté au 3e Régiment de Tirailleurs Tonkinois comme adjoint au chef de poste de   Nguyen-Binh (sur la RC4 au-delà de Cao-Bang dans le haut-Tonkin,  qu’il rejoint le 15 avril 1924. 

 

Détaché hors-cadre le 14 décembre 1924, il est délégué administratif du Commissaire du gouvernement chef de la province du Haut-Mékong, à Muong Sina, aux confins de la Chine, de la Birmanie et du Siam du 15 avril 1925 au 26 mai 1928. 

 

Après un retour en métropole du 6 juillet 1928 au 2 août 1929, il assure, en position hors-cadre, l’intérim du Commissaire du Gouvernement, Lapeyronie, pour la province du Haut-Mékong, à Houei Sai. 

 

Il est promu capitaine le 25 mars 1930 et retourne à Muong Sing en mars 1931, rédige un Manuel de lecture de la langue « Lu » et « Youne » avec traduction correspondante en langue laotienne. Il quitte l’Indochine pour la métropole le 28 avril 1933.

 

Le 1er décembre 1933, Il prend le commandement de la Compagnie d’essais techniques  et participe avec cette unité à des manœuvres au Larzac au printemps 1934, puis est renvoyé en Indochine le 6 octobre 1934, où il prend le commandement comme capitaine de la 6e compagnie du 19e Régiment Mixte d’Infanterie Coloniale tout en assumant les fonctions de délégué administratif de Dinh-Lao au Tonkin.

 

Avec son fils Victor, âgé de cinq ans, il revient le 8 avril 1937 en métropole. Il est détaché au ministère des Colonies le 1er septembre 1937, comme adjoint au chef du 2e bureau  (renseignement).

 

Il est promu au grade de commandant le 22 mars 1938, devient chef du Service de renseignement intercolonial. Il est en relation quotidienne avec Georges Mandel, ministre des Colonies à partir d’avril 1938.

 

Il mène à l’automne 1939, après la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne, une mission secrète au Caire et à Khartoum d’aide à la résistance abyssine contre l’occupation de l’Ethiopie par les troupes italiennes.

 

Seconde Guerre mondiale. 

 

Il revient à Paris le 19 novembre 1939 et en janvier 1940, il prend la tête d’un bataillon du 44e Régiment d’Infanterie Coloniale Mixte Sénégalais. 

 

Le 5 juin 1940, Salan est avec son bataillon en première ligne sur la Somme lorsque les Allemands déclenchent leur offensive  après l’encerclement et la défaite des forces françaises et britanniques dans la poche de Dunkerque. Il se replie sur ordre avec les restes de son bataillon en menant des actions retardatrices sur la Seine puis sur la Loire. 

 

Il est cité deux fois à l’ordre du régiment par ordres des 12 juillet et 13 juillet 1940, puis à l’ordre de l’armée et promu officier de la Légion d’honneur le 21 août 1940.

 

Il est ensuite détaché à l’état-major général des Colonies, au Secrétariat d’État aux Colonies à Vichy le 16 juillet 1940. Il est promu lieutenant-colonel le 25 juin 1941.

 

Il est désigné pour servir en Afrique Occidentale Française (AOF) le 24 septembre 1941. Le 8 mars 1942 après un séjour à Alger, il rejoint Dakar où il est affecté comme chef du 2e Bureau (renseignements) à l’état-major du général Barrau, commandant supérieur en AOF. En sa compagnie, il effectue une tournée du Sénégal, du Soudan français et de la Guinée.  Il rédige avec son équipe et celle du 3e bureau une « Instruction sur la conduite de la guerre sur les arrières de l’ennemi » diffusée jusqu’à l’échelon de la compagnie. 

 

En décembre 1942, il rallie ouvertement la cause alliée. Il est promu colonel le 25 juin 1943.

Il est désigné pour continuer ses services en Afrique du Nord et arrive à Alger le 31 août 1943 où il est affecté au 2e bureau de l’état-major de l’armée de terre, chargé de l’action psychologique et de la direction du journal Combattant 43 dont l’un des collaborateurs est le peintre André Hambourg. 

 

Évincé de son poste par André Le Troquer,  commissaire à la Guerre et à l’Air, pour avoir refusé de publier le compte rendu d’une conférence de celui-ci critiquant les cadres de l’armée de 1939-1940, il est mis à la disposition de la 9e Division d’Infanterie Coloniale (DIC) sous les ordres du général Magnan  le 4 mai 1944.

 

Il prend le commandement du 6e Régiment de Tirailleurs Sénégalais (RTS), en Corse, le 30 mai 1944. Il rencontre pour la première fois à Bastia, le 16 juin 1944, le général de Lettre de Tassigny qui a demandé à voir le 6e RTS et son colonel.

 

Il participe au débarquement de Provence à la tête de son régiment avec lequel il débarque le 19 août 1944 au matin sur la plage de La Nartelle dans le Var.  Il atteint Toulon le 26 août 1944, après six jours de combats intenses sur l’axe Solliès-Pont, La Farlède, La Valette-du-Var et Toulon. Le 6e RTS déplore 587 tués, blessés et disparus. Une citation à l’ordre de l’armée rend hommage à ces actions.

 

Il quitte Toulon le 9 septembre avec son régiment reconstitué par incorporation d'éléments des FFI qui « blanchissent » progressivement le régiment. Par note du 13 octobre 1944, le 6e RTS devient le 6e RIC.  

 

Le 14 novembre 1944, le 6e RIC démantèle la résistance allemande dans la poche du Doubs. Le 23 novembre, le régiment est à Blotzheim, dans le sud du Haut-Rhin, alors que les Allemands tiennent de solides têtes de pont sur la rive française du Rhin. Ensuite  il libère Village-Neuf, Huningue, Loechle et l’usine hydro-électrique de Kembs.

 

Il est appelé au commandement de l’infanterie de la 9e DIC. 

 

Raoul Salan est promu général de brigade le 25 décembre 1944. Il a 45 ans. Il participe à la réduction de la poche de Colmar au début de février 1945. Il est cité à l’ordre de l’Armée et promu commandeur de la Légion d'honneur.

 

Le 20 février 1945, il prend le commandement de la 14e DI, l’ancienne division du général de Lattre reconstituée à partir d’unités issues des FFI et de FTP, dont la brigade Alsace-Lorraine aux ordres d’André Malraux. Il termine la guerre sur le front européen près de Donaueschingen dans la Forêt Noire.  

 

Il est cité deux fois à l’ordre de l’Armée, les 29 avril et 2 décembre 1945 pour son action à la tête du 6e RIC et à la tête de l’infanterie de 9e DIC. 

 

Guerre d’Indochine. 

 

En octobre 1945, il fait son retour en Indochine en tant que commandant des forces françaises de Chine et d’Indochine du Nord. En janvier 1946, il participe aux négociations concernant le départ des troupes chinoises, du Tonkin. En février 1946, il fait la connaissance d’Hô Chi Minh et participera aux négociations avec lui à Dà Lat  en avril-mai 1946. En juillet-septembre 1946, il accompagne Hô Chi Minh aux négociations de Fontainebleau. Il commande les troupes françaises dans le Nord du Viêt-Nam en mai 1947. 

 

Le 1er septembre 1947,  il est nommé général de division. De février à avril 1948, il assure l'intérim du général Valluy remplacé par le général Blaizot comme commandant en chef en Indochine. Son adjoint est Pierre-Etienne de Perier. 

 

Du 6 décembre 1950 au 5 janvier 1952, il est adjoint militaire du général de Lettre-de-Tassigny, haut commissaire en Indochine, et est aussi gouverneur de Cochinchine en 1951-1952, après l'assassinat du général Chanson. 

 

Le 1er septembre 1951, il est nommé général de corps d'armée.

 

Du 6 janvier 1952 au 8 mai 1953, date à laquelle il est remplacé par Henri Navarre, il est commandant en chef en Indochine. Il mène avec succès la bataille de Na San face à un ennemi très supérieur en nombre. Selon l'historienne Raphaëlle Branche, il y développe une théorie de lutte contre-insurrectionnelle qui inclut l'usage de la torture. Il y crée des dispositifs opérationnels de protection qui sont des équipes mixtes (militaires, gendarmes, policiers) de recherche du renseignement par la torture. 

 

Entre juin et octobre 1954, il est adjoint militaire du général Ely,  haut commissaire en Indochine. En désaccord avec le général Ély, il demande et obtient son rappel en France le 20 septembre. Le 9 octobre, il quitte l'Indochine et est remplacé par le général Pierre-Elie Jacquot.  

 

Guerre d’Algérie (1956-1958)

 

Après un intermède parisien de 1954 à 1955, le général Salan est nommé, le 12 novembre 1956, commandant supérieur Interarmées de l'Algérie (10e Région militaire) en remplacement du général Henri Lorillot. Il prend ses fonctions à Alger le 1er décembre 1956.  

 

Développement de l'usage de la torture

 

Après avoir théorisé l'usage de la torture de la guerre d’Indochine, Raoul Salan applique sa théorie en Algérie. En 1957, il recrée les dispositifs opérationnels de protection . 

 

Attentat au bazooka (1957)

 

Le 16 janvier 1957, un attentat au bazooka  est commis contre Raoul Salan par l’ORAF . Il coûte la vie au commandant Rodier. Les auteurs de l'attentat étaient les « contre-terroristes » Philippe Castille et Michel Fechoz. Le commanditaire, René Kovacs, un médecin algérois militant pour l’Algérie française,  voulait remplacer Salan par le général René Cogny, Salan étant perçu comme « le bradeur de l'Indochine » — et donc de l'Algérie — au même titre que Pierre Mendès France.  Castille mit en cause des personnalités gaulliste de premier plan, Michel Debré (sénateur) et Jacques Soustelle (député), ainsi que le député Pascal Arrighi (RRRS), mais sans apporter de preuves. L'enquête n'aboutit pas. La fuite de René Kovacs en Espagne à l'aube de son procès l'indignera particulièrement.

 

Crise de mai 1958

 

Le 13 mai 1958, après la mise à sac du bâtiment de la Délégation générale en Algérie par des manifestants, il donne son accord au général Massu pour que celui-ci entre dans le Comité de salut public alors formé à Alger. Dans la soirée, le président du conseil démissionnaire, Félix Gaillard lui confirme de nouveau la délégation des pouvoirs civils et militaires en Algérie. Dans la nuit, Pierre Pflimlin, qui vient d'être investi président du Conseil par l’Assemblée nationale, confirme cette délégation.

 

Le 15 mai, Raoul Salan termine, devant une foule rassemblée à Alger, un discours par « Vive la France ! Vive l’Algérie française ! » puis, poussé par le gaulliste Léon Delbecque, il ajoute « Vive de Gaulle ! ». Cette intervention contribue au retour du général de Gaulle, qui est nommé président du conseil le 29 mai et investi par l'Assemblée nationale le 1er juin.

 

Le 6 juin, Raoul Salan reçoit du général de Gaulle la charge et les attributions de délégué général du gouvernement en Algérie cumulées avec celles de commandant en chef des forces en Algérie. Il organise notamment le référendum constitutionnel de septembre 1958 et les élections législatives de novembre 1958.  L'emprise sur ces élections de l'autorité militaire, qui favorise certains candidats, est notamment un point de désaccord avec de Gaulle.

 

Le 11 décembre 1958, Paul Delouvrier , est nommé délégué général, et le lendemain, le général Maurice Challe succède au général Salan comme commandant en chef ayant reçu délégation de pouvoirs du gouvernement. De Gaulle, en désaccord avec Salan sur la stratégie à mener en Algérie et voulant réaffirmer l'autorité civile face à l'autorité militaire, le nomme comme inspecteur général de la Défense nationale, poste honorifique puis gouverneur militaire de Paris le 5 février 1959.

 

Le général Salan quitte le service actif le 10 juin 1960 et s’installe à Alger avec sa famille le 30 juillet 1960.

 

Le 11 septembre 1960, de passage à Paris, il se voit notifier l'interdiction de retourner à Alger.

 

Le 26 octobre 1960, il donne une conférence de presse à l'hôtel de la gare d’Orsay pour réaffirmer son attachement à l’Algérie française.

 

À la fin du mois d’octobre 1960, menacé d’arrestation, il s'enfuit en Espagne  franquiste.

 

Évolution de la relation entre Salan et De Gaulle. 

 

Il est intéressant de noter la progression de la relation entre les deux hommes entre le 24 octobre 1958 et le 12 décembre 1958, date à laquelle Salan se voit attribuer les fonctions d’inspecteur général de la Défense et la fin de la mission de délégué général et commandant en chef des Forces en Algérie22.

 

  • 24 octobre 1958 : lettre du général De Gaulle à Salan de 404 mots, se terminant par « Soyez, mon cher Salan, bien assuré de mes sentiments de confiance profonde et de sincère amitié. », le texte contenant 4 fois le nom du général Salan lui conférant un ton très personnel, il est intéressant de noter l'insistance sur le mot « cessez-le-feu » et l'utilisation de superlatifs comme « très » à chaque fois qu'une nuance négative se dessine, le ton du courrier restant largement positif. 

 

  • 25 novembre 1958 : lettre du général De Gaulle à Salan de 361 mots, se terminant par « À bientôt donc, mon cher Salan. Croyez-moi votre bien cordialement dévoué. », pour la première fois l'intention de mettre fin au poste du général Salan est évoquée, se basant sur le besoin exprimé de mettre en place un effort économique et administratif plus que militaire. Le ton change déjà de façon perceptible.

 

  • 12 décembre 1958 : lettre du général De Gaulle à Salan de 212 mots lui signalant l'éviction de son poste, se terminant par « Veuillez croire, mon cher général, à mes sentiments bien cordiaux. », le ton étant sec et formel.

 

Passant de rapports de « sincère amitié » à des « sentiments cordiaux » avec sa hiérarchie, en moins de trois mois le général Salan passe d'un poste hautement opérationnel à un poste purement honorifique.

 

Putsch des généraux et OAS (1961-1962)

 

Partisan de l'Algérie française, Salan dirige l’OAS  après l'échec du putsch des généraux en 1961.

 

Il est condamné à mort par contumace le 11 juillet 1961. Il est arrêté à Alger le 20 avril 1962, après un an de clandestinité, et condamné à la détention à perpétuité le 23 mai 1962. Il est libéré par grâce présidentielle à la suite des évènements de mai 1968. 

 

Amendement Salan.

 

Le 25 avril 1961, durant le putsch d'Alger, il adresse un communiqué radio visant à mobiliser huit classes d’Algériens et de reconstituer les Unités territoriales (UT) dissoutes après la « Semaine des barricades »  de janvier 1960.  

 

Le 11 septembre 1961, entre-temps devenu chef de l’OAS, il envoie une lettre aux parlementaires reformulant sa demande d'avril.

 

Arrestation de Salan

 

Conscient que la partie sur le terrain était jouée, refusant de fuir au Portugal comme on le lui conseillait, Salan dira que son départ d’Algérie aurait porté aux Européens d’Algérie un coup dont ils ne se seraient plus relevés. Il lui restait une dernière carte à jouer, afin de renverser l'équilibre des forces, une alliance avec le rival et ennemi du FLN, c'est-à-dire le Mouvement National Algérien (MNA) dirigé par Messali Hadj. 

 

L'OAS veut maintenir l'autorité des Français. Les messalistes réclament l'indépendance sous certaines conditions dictées par eux, mais admettent la possibilité pour les Européens de rester sur le territoire et de participer au développement de l'économie algérienne. Ce qui est important, c’est que les deux fronts craignent le FLN pour son intransigeance.

 

Messali Hadj refuse tout contact avec le parti qu'il appelle « Organisation fasciste». Alors, Salan découragé adresse une lettre à un groupe de messalistes dissidents, le FAAD (Front Algérien d’Action Démocratique. 

 

Le 20 avril 1962, Salan descend de son appartement situé au cinquième étage et se rend à son bureau qui se trouve au rez-de-chaussée du même immeuble, c’est-à-dire au 25 rue Desfontaines où il avait rendez-vous avec Jacques Achard, alias Alpha, chef de l’OAS du secteur Orléans-Marine, lui-même chargé de rencontrer le FAAD.

 

Une Peugeot noire remonte le boulevard Saint-Saëns, tourne dans la rue Desfontaines et s’arrête. Les gardes du corps de Salan attendent dans une 403 grise dans cette même rue, voient un véhicule dans le rétroviseur, mais pensent qu’il s’agit du commando Delta. Le quartier est encerclé, Jean-Marie Lavanceau (agent infiltré) frappe à la porte du bureau. Salan, Jean Ferrandi et une troisième personne sont à l’intérieur. Lavanceau demande où se trouvent les toilettes, et au même moment quelqu’un sonne. Ferrandi observe par le judas, et crie « Nous sommes faits ». Salan était pris au piège, et avant que ses gardes du corps postés devant l’immeuble ne puissent réagir, les policiers prennent rapidement position en sortant des véhicules blindés. Le chef de l’OAS est bel et bien tombé dans un piège.

 

Une heure plus tard, Alger apprend par un communiqué de la délégation générale, que Salan a été arrêté lors d'une banale et routinière recherche d’émetteur clandestin.

 

Nous savons maintenant que les services secrets ont, pendant plus d'un an, préparé prudemment des travaux d'approche et infiltré à l'échelon le plus haut de l'OAS, des agents comme Lavanceau (treize tentatives d'arrestation avaient été infructueuses auparavant).

 

Peu à peu, les magasins de la ville se ferment. Radio-pirate OAS confirme la nouvelle en ces termes : « Salan reste l'âme et l'esprit de la résistance française. La lutte continue » Le général Salan est remplacé par le général Paul Gardy,  qui est le dernier chef militaire de la branche Algérie de l'OAS. 

 

Procès et emprisonnement. 

 

Le procès de Salan s'ouvre le 15 mai 1962. L’accusé est défendu par maître Tixier-Vignancourt. Après avoir revendiqué ses responsabilités à la tête de l’OAS, Salan est condamné, le 23 mai, par le Haut Tribunal militaire, à la peine de détention criminelle à vie. Ce verdict est considéré par de Gaulle — qui souhaitait que Salan fût fusillé — comme trop clément, ce qui le conduit à dissoudre le tribunal le 27 mai 1962, alors que le général Jouhaud avait été condamné à mort par le même tribunal le 13 avril précédent.

 

Salan est transféré le 8 décembre 1962, en même temps que le général Jouhaud, à la prison de Tulle, où sont incarcérés les officiers généraux et supérieurs impliqués dans les combats pour l’Algérie française.

 

Le 29 mai 1968, le général de Gaulle, dont le pouvoir vacille en raison des événements de mai 68, se rend secrètement à Baden Baden et négocie le soutien des militaires avec le général Massu. Le 15 juin 1968, Salan, dernier occupant de la prison de Tulle, est gracié. 

 

Fin de vie.

 

Entre 1970 et 1974, il publie ses Mémoires couvrant la période 1918-1960, sous le titre Fin d’un Empire. En 1975, il publie Indochine Rouge, le message d’Hô Chi Minh.

 

À la suite de l’amnistie votée par le Parlement en 1982, il est réintégré dans ses prérogatives de général d’armée et de grand-croix de la Légion d’honneur.  

 

Malade à partir de mai 1984, il meurt le 3 juillet 1984 à l’hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce. Il repose au cimetière de Vichy. L'inscription sur sa tombe  porte seulement, en plus de son prénom, de son nom et des années de naissance et de mort, la mention : « Soldat de la Grande Guerre ».

 

Hommage. 

 

  • Le 4 mars 2001, la ville de Toulon, dirigée par Jean-Marie Le Chevallier, maire issu du Front national, baptise un carrefour Général Raoul Salan - Libérateur de Toulon - le 26 août 1944. En 2005, la municipalité dirigée par Hubert Falco, issu de l’Union pour un mouvement populaire  renomme le carrefour en Colonel Salan - Libération de Toulon - août 1944. 

 

  • Il existe une avenue du Général-Salan à Marignane (Bouches-du-Rhône), une rue du Général-Salan à Blotzheim (Haut Rhin) et une rue Colonel-Salan à Solliès-Ville (Var).

 

  • Une place Général-Salan a existé à Saint-Seurin-sur-l’Isle (Gironde) entre 2006 et 2020. Le 14 octobre 2020, la première action "forte" de la nouvelle équipe municipale dirigée par Mme Eveline Lavaure-Cardonna, SE-DVG, fut de rebaptiser le lieu Square  William-James Jackson, détruisant dans l'élan les deux stèles qui y étaient installées. 

 

Sources :

  • Wikipédia

 

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TRAN DINH VY  (colonel)

(1928-?). Terre. 

 

20 citations (françaises, vietnamiennes, américaines)

2 blessures. 

 

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Guerre d’Indochine. 

Guerre du Vietnam.

  • Chevalier de la Légion d’honneur. 
  • Médaille militaire. 
  • Croix de guerre TOE  : 6 citations. 
  • Médaille coloniale agrafe Extrême-Orient. 
  • Médaille des blessés  (2 blessures)
  • Army commendation medal with V divice (USA)
  • Bronze star : 2 citations  (USA)
  • Au total 20 citations sur ses différentes décorations 

 

Entretien avec le colonel TRAN DINH VY paru sur le site de l’ Association des Amis du musée des Troupes de Marine  (17 septembre 2018)

 

Ayant débuté son parcours de guerrier comme simple partisan, il est entré dans la légende quelques années plus tard en devenant l’adjoint du plus célèbre chef de commando d’Indochine (le Commando n°24), celui de l’Adjudant-chef Roger Vandenberghe. Décoré de la médaille militaire par le général De Lattre en personne, ayant suivi un stage d’officier para en France, il revient dans sa patrie pour y connaitre la seconde guerre du Vietnam qu’il fait de bout en bout comme officier parachutiste puis colonel dans l’infanterie, enfin comme chef de la province de Qui Nhon. Commandeur de la Légion d’Honneur, il est titulaire des plus hautes citations de l’Armée Sud-vietnamiennes et de la bronze star américaine…

 

Mon colonel, à l’occasion de ce numéro consacré aux sous-officiers, il est normal d’évoquer l’histoire de ces nombreux « frères d’armes » qui ont combattu dans les rangs de l’armée française. Votre carrière dans ses gloires et ses malheurs est, à cet égard, exemplaire. Quelle fut votre carrière de sous-officier ?

 

En répondant à vos questions, j’espère pouvoir rendre hommage, à travers le récit de ma carrière de sous-officier, plus particulièrement dans le commando Vandenberghe, à tous mes compagnons d’armes, nés comme moi au Vietnam. Ils sont restés dans l’ombre de cette guerre. Pourtant nombreux sont tombés au combat, victimes de leur bravoure et de leur volonté de défendre un idéal de liberté et d’indépendance. Les autres durent abandonner leur pays, souvent une partie de leur famille. Cette déchirure les habitera à jamais.


Lorsqu’ils alliaient le sens du commandement et une aptitude à suivre une formation théorique et technique poussée, ils s’intégraient parmi les cadres des armées françaises et américaines.
Tous acquirent leurs premiers galons à l’épreuve du feu.

 

Je suis né en 1928, au Tonkin, près de Nam Dinh, dans le delta du fleuve Rouge. Mes parents étaient catholiques, comme toute ma famille. Mon père était musicien militaire dans la Garde indochinoise. J’étais l’ainé de trois enfants. Je suis entré à l’école communale Jules Ferry à Nam Dinh, dès le cours préparatoire.


L’invasion puis l’occupation japonaise de 1941, ont bouleversé ma vie tant sur le plan spirituel que matériel.

 

Réprouvant une situation faite de désordre et de tueries, je pris la décision alors âgé de 14 ans, de quitter l’école Jules Ferry afin de me tourner vers l’ordre des Cisterciens ou je trouvais le réconfort et une nouvelle raison de vivre. Je rejoignis alors le monastère de Chau Son, situé près de Phu Nho-Quan, dans la montagne. J’y entrai comme novice et y reçus une forte instruction religieuse. Je voulais devenir moine. En 1945, le monastère fut successivement envahi par les Japonais, puis par les communistes. Tous ses occupants furent chassés.

 

Je devins dès lors instituteur dans mon village natal à 3km de Nam Dinh, assistant entre 1945 et 1946 à l’indépendance puis à l’insurrection viet-minh contre la domination française, point de départ de la première guerre du Vietnam.


Et en accord avec mes convictions et mes espérances en un Vietnam libre et indépendant, je pris les armes contre la révolution. J’avais 19 ans quand le 1er mars 1947, je décidai de combattre aux côtés de l’armée française, poussé en cela plus par les évènements et les choix politiques que par vocation militaire.

 

Incorporé en tant que partisan au 10e bataillon du 6e Régiment d’Infanterie Coloniale, alors unité la plus proche de mon village, je fus envoyé de fin octobre au 18 novembre 1947, dans la Haute région du Tonkin, affecté dans la colonne du colonel Communal opérant à Cao Bang. Je subis là mon baptême du feu. J’y étais voltigeur dans une section mixte partisans-réguliers. Le tireur FM du groupe s’appelait Vandenberghe. C’est ainsi que nous nous rencontrâmes.

 

Dans cette section mixte partisans-réguliers, les partisans parlaient-ils français ou bien étiez-vous un des seuls à le faire ?

 

J’étais un des rares à parler correctement français. Je servais à la fois comme interprète et comme combattant. Le corps de partisan n’était à l’origine que de simples troupes supplétives, ou en tout cas considérées comme telles, cantonnées dans un rôle d’appoint. Le statut des partisans était pour le moins flou et évolutif, soumis aux décisions discrétionnaires des autorités françaises. Les promotions y étaient aussi rapides que fragiles. Intégré sans l’être dans l’armée française, ce corps était constitué d’enfants du pays dont un certain nombre de prisonniers « retournés », ce qui expliquait une certaine méfiance de l’Etat-major à leur égard.

 

Ces prisonniers « retournés » étaient-ils nombreux à l’époque ? Etaient-ils des ralliés volontaires ou des prisonniers qui décidaient de reprendre les armes avec la France, après une longue action psychologique ?

 

Il y avait peu de ralliés au début, seulement lorsque nous infligions des pertes sévères à l’adversaire. Les prisonniers (les PIM – Prisonniers Internés Militaires) étaient utilisés comme tels, selon les conventions de Genève. Ce fut plus tard qu’on essaya de les récupérer.

 

Les partisans, à l’origine, étaient considérés comme une sorte de milice jouant plus un rôle de protection et de surveillance que prenant des initiatives offensives. Comme d’autres unités françaises, les partisans contrôlaient les villages, ouvraient les routes chaque matin, protégeaient les passages à gué ou gardaient des points sensibles entre autres missions. Cependant, comme je viens de vous le dire, des partisans participaient aussi directement à des opérations de guerre.

 

Bien que considérés comme des « auxiliaires », sous-soldés, ces hommes étaient mus par des motivations, au moins à l’origine, essentiellement patriotiques et ils bénéficiaient des récompenses habituellement distribuées pour actes de bravoure ou autre. On allait jusqu’à distinguer, au sein de la Légion étrangère, un groupe de « sous-légionnaire » d’origine indochinoise.

 

Je devais rester dans ce corps des partisans jusqu’en 1949. Je fus nommé caporal en janvier 1948, puis sergent en octobre de la même année.

 

Vous avez été nommé sergent partisans sans examen, sur vos seules capacités de combattant ?

 

Oui, j’étais à ce moment-là, affecté à la 5e compagnie du 6e RIC, commandée à l’époque par le capitaine Barral, que j’ai toujours plaisir à rencontrer. J’étais chef de groupe dans la section de supplétifs commandés par le sergent-chef Vandenberghe à Ha-Dong, entre le fleuve Rouge et le Day. C’est là que je me suis marié. C’est là que j’obtins ma première citation, le 3 juillet 1948, au cours d’une de ces opérations que la section avait l’habitude de mener dans le secteur de la compagnie.

 

Mais le statut de partisan ne conférant pas l’équivalence des grades, mon intégration véritable dans l’armée « régulière » ne put donc se faire que par l’intermédiaire d’un stage qui se déroula à Mao-Dien (entre Hanoi et Haiphong). Nous étions 147 sous-officiers partisans en stage de « régularisation. »
J’étais donc sous-officier sous contrat de l’armée française.

 

C’est ainsi, qu’ayant rejoint la section, je fus remarqué de mes supérieurs dès le 8 février 1949, lors d’une action devant le village de My-Luong, au sud d’Ha-Dong. Mon chef de section Vandenberghe ayant été blessé (accidentellement par nos propres partisans d’ailleurs), je pris la direction de l’opération. Nous enlevâmes la position adverse, récupérant plusieurs armes et d’importants lots de munitions. Je pris garde par ailleurs d’assurer les liaisons radio et l’évacuation des blessés afin que je puisse continuer l’opération. Un mois plus tard, j’emmenai mon groupe à l’assaut d’une mitrailleuse rebelle. Nous nous emparâmes finalement de la pièce, après un violent combat rapproché ou j’ai tué moi-même les deux servants de la pièce.

 

C’est alors que l’on décida de continuer ma formation de sous-officier et que je partis, en septembre 1949, à l’Ecole de perfectionnement des sous-officiers du Cap Saint-Jacques. C’était la deuxième promotion ; nous nous retrouvâmes à environ 182 sous-officiers vietnamiens. Je me souviens que la major du stage fut le sous-lieutenant Tich, ancien sous-officier promu au feu, et qui devait être tué quelques mois plus tard.

 

A mon retour de stage, je fus affecté au 8e groupe de spahis algériens à pied qui se trouvait en renfort du 6e RIC à Ha-Dong. Comme je le souhaitais, je pus réintégrer mon ancienne section Vandenberghe, qui renforçait la défense de Nga-Ba-Tha. Nommé sergent-chef le 1er mars 1950, je devins l’adjoint de Vandenberghe pour l’encadrement des supplétifs. En aout et septembre suivants, j’obtins successivement le CIA et le brevet d’infanterie du 1er degré. Le 1er janvier 1952, je fus promus adjudant. Mais entre-temps, il y avait eu le commando 24, le commando Vandenberghe, ses gloires et ses heures tragiques.

 

Pourquoi et comment fut constitué le commando 24, devenu célèbre ? Quel y fut votre rôle ?

 

Mon combat dans le commando Vandenberghe ne fut pour moi qu’une étape relativement brève dans le cours de ma carrière militaire, il me reste pourtant de cette terrible période le sentiment d’avoir participé à un moment exceptionnel et unique de la guerre d’Indochine.

 

En janvier 1951, alors que la section du 6e RIC ou je servais sous les ordres de l’adjudant Vandenberghe venait de s’illustrer dans la défense, à un contre dix, du poste de Nga-Ba-Tha, nous fûmes relégués, après le départ du capitaine Barral, dans une simple tache de protection d’un chantier de construction de casemates au long du fleuve Day. Dépités d’être écartés de tout engagement direct, nous allâmes Vandenberghe et moi-même, demander au colonel Gambiez, qui était venu inspecter le poste, de nous intégrer dans ses effectifs.

 

En effet, le colonel Gambiez, commandant la zone sud du Tonkin, avait été chargé par le général De Lattre de constituer à Nam Dinh une petite armée franco-vietnamienne avec pour objectif principal la pacification du Delta.

 

Elle devait servir de « barrage » aux infiltrations viet-minh de plus en plus pressantes dans ce secteur, en particulier dans la région nord de Thai Binh ou était basé un régiment régulier viet.

 

Ancien chef du Bataillon de choc, spécialiste des coups de commando, le colonel Gambiez opta pour des opérations de style indirect qui convenaient mieux au profil de cette zone couverte de rizières et largement arrosée par de grandes rivières venus se jeter dans la mer. « Pour atteindre l’adversaire, il faut non seulement lire dans son jeu, il faut également le pratiquer. » Cette maxime fut la base de l’organisation et de la préparation des commandos. Il s’agissait de battre l’adversaire sur son propre terrain, avec ses propres armes.

 

Notre section transportée à Nam Dinh devint d’abord la 11e Compagnie Légère de Supplétifs Militaires, avant que le colonel Gambiez ne lui donne le nom de commando 24. En effet, un chapelet de 30 commandos à l’origine, qui augmentera jusqu’à 120 par « dérivation », fut disposé à la périphérie du Delta et chargé des missions de harcèlement et de renseignements.


Le commando 24 (ou Vandenberghe) faisait partie des quelques commandos mieux rodés que d’autres et qui exécutaient des raids profonds à l’intérieur de la zone non contrôlée par nos forces. Un des commandos voisins, basé à Phu-Ly, était le commando 33 ou commandait Rusconi, que j’ai d’ailleurs rejoint quelques semaines après la destruction du commando 24 et que j’avais quitté lorsqu’il subit ce sort tragique.

 

Pour moi, j’avais trouvé dans cette unité le moyen idéal de combattre un ennemi en train de détruire mon pays. Le jour de notre arrivée dans la zone sud du Tonkin, je dessinais notre insigne, une tête de tigre, la gueule féroce, largement ouverte, couvrant une ancre de marine dorée. Sur la partie supérieure s’inscrivait la devise que j’avais faite mienne : « Plutôt la mort que la honte » en vietnamien.

 

Mon travail déborda rapidement les responsabilités déjà importantes d’un sous-officier affecté dans une unité « ordinaire ». En effet, les sous-officiers en Indochine remplissaient le rôle traditionnel dévolu à tous les sous-officiers. Complètement indispensables à l’officier, ils étaient à la fois serre-files, marchant à l’arrière afin de stimuler le pas et en même temps garants de la discipline. Pourtant, sans attendre la création de ces commandos, avec l’augmentation des effectifs, certains sous-officiers se virent confier des missions de commandement et une autonomie identiques à celles d’officiers dans une unité classique.

 

L’adjudant Vandenberghe n’était pas en cela un cas particulier. Par contre, je crois que je fus l’un des rares vietnamiens d’origine à être placé à la tête d’une section.

 

Dans les commandos, les dons et qualités nécessaires à tout sous-officiers pouvaient s’exercer dans un cadre idéal. Le type de combat donnait sans aucun doute l’occasion à des jeunes sous-officiers d’exprimer toutes les qualités de commandement et de prise de décision sur le terrain.

 

Dès notre désignation pour la zone sud, il nous fallut travailler, réfléchir, nous informer pour présenter notre « plan d’action » au colonel Gambiez. En effet, il ne s’agissait plus seulement d’opérer avec une grosse section dans un secteur relativement limité, mais avec une véritable compagnie d’opérer dans une région immense et très différente géographiquement. D’une région montagneuse, nous passions dans une région de rizières, de fleuves, et très plates. L’ennemi aussi était différent, plus fanatisé. Or j’étais originaire de cette zone ou j’avais vécu toute mon enfance.

 

Pour faciliter nos missions, nous dûmes accumuler les renseignements. Nous avons dû apprendre à nous déguiser comme les Viets, soit en tenue noire, soit en tenue verte avec un casque en latanier ou en liège recouvert d’un carré de tissu ou de nylon, avec le même gilet matelassé et piqué de kapok et les mêmes sandales locales fabriquées avec des pneus usés.

 

Sous le commandement de Vandenberghe, après une concertation approfondie, nous proposâmes tous les deux, sous la forme d’une synthèse, au colonel Gambiez, ce qui devait être la « stratégie » et la tactique du commando : l’un des traits les plus nécessaires du commando 24 devait résider dans une volonté constamment tournée vers l’anéantissement de l’ennemi. Nous étudiâmes les documents de l’ennemi, ses tactiques de guérilla et nous cherchâmes à les appliquer à notre tour. Il serait trop long de réexpliquer ici tous les procédés utilisés, mais qu’il nous fallût le plus souvent redécouvrir.

 

En opération, sur le terrain, je prenais une des trois sections du commando, Vandenberghe gardant les deux autres ou confiant l’une d’elles au sergent-chef Puel, l'autre adjoint, qui était plus particulièrement chargé des questions administratives.

 

Vandenberghe et Puel étaient-ils les seuls Français du commando 24 ?

 

D’autres sous-officiers français ont été affectés, mais ne sont jamais restés longtemps : ou Vandenberghe les renvoyaient aussitôt, ou ils demandaient très vite à quitter le commando. Puel fut le seul à s’entendre avec Vandenberghe. Un caporal français, Chazelet, nous était détaché à chaque opération par le groupe d’artillerie du secteur, comme DLO. C’était toujours le même. Il adorait barouder.

 

En opération, je devais marcher en tête avec ma section, car il était difficile de faire passer les deux Français pour des autochtones, en cas de rencontre inopinée. Les sections pouvaient être aussi amenées à agir de façon autonome. C’est ainsi que j’ai échappé au massacre du commando le 5 janvier 1952 : j’étais sur le terrain avec ma section.

 

Enfin, ma qualité de Vietnamien, ma connaissance du terrain, et surtout de la langue me désignèrent comme le complément – souvent indispensable – du chef de commando. Il fallait surtout quand le commando passa à 180 hommes, organiser le vie dans la base de Nam Dinh, régler les nombreux problèmes psychologiques, sociologiques…entre supplétifs qui avaient leur famille avec eux.

Il fallait négocier les « ralliements », les provoquer. Il fallait garder le contact avec les anciens du commando qui « sentaient » les nouveaux recrutés. Il fallait assurer les « relations publiques » avec les autorités locales. Il fallait étudier les documents pris à l’ennemi.

 

En somme, avec la préparation tactique, le combat, de préférence de nuit, pendant plusieurs jours de suite, la vie au poste, le commando pour moi, comme pour tous les hommes, était devenu le centre de ma vie. Une étrange amitié se noua entre ses membres toujours prêts au combat, plus particulièrement entre les cadres, tous sous-officiers.

 

Votre femme vous a-t-elle suivi à Nm Dinh ?

 

Non, elle est restée à Ha-Dong. Elle n’y était pas menacée, bien protégée dans son milieu, en ville. Par contre mes parents, à Nam Dinh reçurent de nombreuses lettres de menace tant que j’appartins au commando Vandenberghe.

 

Pendant votre séjour au commando 24, dans l’année 1951, vous vous êtes illustré particulièrement à Ninh-Binh, puis à Cho Ben, lors de l’opération de Hoa-Binh. Vous êtes discret sur ces faits d’armes que je trouve cités dans le décret vous attribuant la médaille militaire, qui d’ailleurs vous a été remise, sur le champ de bataille, par le général de Lattre de Tassigny. Pouvez-vous nous parler de Ninh-Binh ?

 

A Ninh-Binh, deux postes de surveillance étaient installés dur le Day. Le poste du piton sud était commandé par le lieutenant Bernard de Lattre de Tassigny. Le poste a été submergé par une attaque viet et l’adversaire s’y est installé. Des contre-attaques ont échoué. Le colonel Gambiez nous a convoqués dans son bureau et nous a dit : « Seul votre commando est capable de reprendre le piton. » Nous avons dû franchir le Day à la nage, puis parcourir un terrain de 300 mètres de long, à découvert, dominé par le piton. A mi- pente, Vandenberghe, blessé au genou, m’a passé le commandement. Nous avons réussi à coiffer le piton, à dégager le poste et à récupérer le corps de Bernard et de ses chasseurs. Nous avons perdu dans cette opération 19 morts et 10 blessés.

 

Après cette fin tragique du commando 24, qu’êtes-vous devenu ? En quoi l’expérience acquise comme sous-officier vous a-t-elle servi ?

 

Je dois avouer que pour moi, la nouvelle fut un choc terrible qui me laissa, plusieurs semaines, complètement hébété. Je cherchais refuge dans un des commandos voisins et amis. Mais je devais constater les mêmes lacunes. Grisé et trop sûr de lui, le chef du commando (Rusconi) ne prenait plus de précautions, en particulier pour le recrutement. Je ne dormais plus, sans cesse me levant pour faire des rondes, écouter les nombreux bruits suspects de la nuit. N’en pouvant plus, je décidai d’arrêter ce genre d’expériences. Je fus muté à Saigon, à la Mission militaire française près de l’armée vietnamienne et je devins l’aide de camp du général Hinh, chef d’état-major général de cette armée. J’y retrouvai le commandant Barral alors chef de cabinet du général.

 

A la fin de mon contrat, je demandai à être intégré dans l’armée vietnamienne en constitution et à la recherche de cadres sous-officiers et officiers.


Je respectais la mémoire de mes compagnons et continuant le combat d’une autre façon.

Mon intégration eut lieu le 21 septembre 1952 avec le grade de sous-lieutenant. En effet, nous avions tous reçu dans l’armée vietnamienne le grade supérieur à celui que nous détenions dans l’armée française. Mais mon expérience de sous-officier, surtout dans les circonstances très particulières ou j’ai dû la mettre en pratique, fut pour moi une base de départ très solide et très utile pour servir l’Armée nationale. Je ne fus pas seul dans ce cas.

 

Je me souviens, plus particulièrement, de l’adjudant Cao Van Vien issu de la première promotion du Cap Saint Jacques qui, devenu général d’armée, fut pendant de nombreuses années le chef d’état-major de l’armée sud-vietnamienne. Emigré aux USA, il vient d’écrire un livre, Final collapse sur les dernières années de notre combat. Je me souviens aussi du général Hanh, de ma promotion, dont les communistes ont su utiliser les compétences !

 

En 1955, devenu capitaine d’active, je suivis en France un stage à Pau, à la Base Ecole des Troupes Aéroportées (BETAP) un stage de saut, un autre de commando parachutiste, un troisième de transport aérien et fut affecté à l’issue à un bataillon parachutiste. Après trois stages dans diverses écoles de formation aux usa et divers postes, je reçus le commandement d’un régiment d’infanterie, puis commandant en second d’une division, enfin l’inspection des centres d’instruction de l’infanterie. C’est en tant que colonel (le 1er octobre 1972) que je fus placé comme gouverneur civil et militaire de Binh-Dinh, en cumul avec les fonctions de maire de Qui-Nhon, au Centre-Vietnam.

 

Après la défaite des armées vietnamiennes et américaine le 30 avril 1975, l’ensemble de mon pays fut envahi et contrôlé par l’ennemi. Toute la partie de la population restée fidèle à l’idéal de liberté et de démocratie, dut fuir ou se préparer aux pires souffrances, quand ce ne fut pas l’extermination. La séparation avec le pays auquel j’avais tout donné et avec mes amis, fut terrible. Déchirure si profonde que nous la ressentons encore chaque jour. Avec mon épouse et mes huit enfants, nous fîmes partie des premiers « Boat people » à nous élancer sur l’océan sur des frêles esquifs vers les côtes américaines.

 

Nous arrivâmes aux USA au début du mois de mai 1975, et ce n’est qu’en octobre de cette même année que nous pûmes rejoindre notre deuxième patrie, la France.

 

Le 26 février 1976, je fus réintégré comme chef de bataillon dans le cadre de l’armée française, au 1er Régiment Etranger.

 

Promu au grade de lieutenant-colonel à compter du 26 février 1981, je fus affecté, comme commandant militaire adjoint du Château de Vincennes, au Service historique de l’armée de terre.

Ma carrière aujourd’hui se termine ! Mes décorations témoignent de l’intensité de ma vie militaire dans les armées que j’ai servies : 

 

Cette carrière militaire, pourtant remplie de danger et de vicissitudes, fut pour moi le cadre idéal d’une instruction toujours renouvelée au service, avant tout, de la liberté.

 

Du poste de chef de groupe à celui de commandant de division, je n’ai cessé de découvrir, apprendre et compléter mes connaissances.

 

De plus, la vie avec les troupes de combat fut certainement un cadre unique d’amitié et de fraternité. Nulle part ailleurs, ne peuvent se trouver des hommes plus soudés, plus unis dans un même idéal !

Nous combattions tous, et tant moururent, pour préserver notre conception de la liberté !

 

Un destin tragique voulut que nous ne puissions continuer de vivre dans le pays que nous aimions tant : notre honneur n’y aurait pas survécu.

 

Sources 

Association des Amis du musée des Troupes de Marine, 17 septembre 2018

 

 

Date de création :  7 décembre 2022

4e modification : 19 décembre 2022

 

 

 

 

 

 



09/04/2023
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