Mondes en guerre. 2e partie. L'Orient et les Grecs du VIIe au Ve av J-C

2e partie. L’Orient et les Grecs du VIIIe au Ve Av J-C. 

 

 

Chapitre 1. Empires et nomades. (Omar Coloru, Guillaume Gernez, Maxime Petitjean). 

 

L’empire néo-assyriens qui s’était construit grâce à la guerre disparaît à cause d’elle, sous la pression des tribus oranéennes et de crises politiques internes à la fin du Xe siècle av J-C. L’empire est contracté dans un espace géographique autour d’assurer et de Ninive. 

 

Néo-assyriens et néo-babyloniens.

 

C’est une crise de succession qui marque la fin de l’Empire. Profitant de la mort prématurée de l’un des fils et successeur désigné d’Assurbanipal, les chefs des eunuques s’empare du pouvoir. Un autre fils conteste cette prise de pouvoir et s’allie avec Nabopolassar gouverneur de Babylone qui profite de cette instabilité pour se proclamer roi de Babylone (626 - 605 av J-C)

 

Associé au roi des Mèdes Cyaxure, Nabopolassar va entreprendre de détruire une à une les capitales assyriennes entre 614 et 610 av J-C, à la fois par ambition politique et souci de vengeance contre l’oppression assyrienne. » 

 

« Au contraire de leurs prédécesseurs, les rois néo-babyloniens ne mettent pas en valeur l’idéologie militariste et insistent davantage sur les images du roi pieu et du roi bâtisseur (…) Cette image paisible ne saurait toutefois masquer la réalité guerrière de la constitution et du maintien de l’empire (….) Il est vraisemblable que les grandes lignes de l’organisation et des motifs de la guerre soient les mêmes. Alors que l’émiettement du territoire autrefois sous domination assyrienne attise la convoitise des puissances étrangères, en particulier l’Egypte et que les petits royaumes de Syrie et de Judée se réforment désormais libérés du joug de l’envahisseur, Nabuchodonosor II est envoyé par son père assurer la mainmise de Babylone sur le Levant. » 

 

Le roi se maintient aussi au pouvoir grâce au pillage et à la dévastation de sa périphérie, ce qui rapporte du butin, des métaux précieux et des prisonniers (prise de Jérusalem en 587 av J-C et destruction du Temple). 

 

Mais les derniers décennies de cette période sont marquées par des crises de succession qui mettent fin à la dynastie.

 

L’empire achéménide.

 

A l’est et au nord de Babylone développement d’un nouveau pouvoir, celui du roi Perse Cyrus II (559 - 530 Av JC) qui entreprend la conquête de l’Anatolie, l’Iran, l’Indus pour finir par s’emparer de Babylone. 

 

  • Conquête de la Médie (nord de l’Iran)

 

  • Conquête de l’Anatolie où il bat le roi de Lydie Crésus en 546 av J-C.

 

  • 546 - 540 conquête de l’Asie centrale jusqu’au nord de l’Afghanistan. 

 

  • Conquête de la Mésopotamie et destruction de Babylone (539 av J-C), ce qui permet aux Juifs exilés de retourner à Jérusalem. 

 

  • Cyrus II trouve la mort dans une campagne contre les nomades Massagètes. Son fils Cambyse (530 - 522 av J-C) poursuit son oeuvre. Il soumet les Phéniciens, Chypre et l’Egypte. 

 

Son fils Cambyse (530 - 522 av J-C) poursuit son oeuvre. Il soumet les Phéniciens, Chypre et l’Egypte. 

 

A la mort de Cambyse, crise de succession qui porte au pouvoir Darius fondateur de la dynastie achéménide qui régnera sur l’Empire Perse jusqu’à la conquête d’Alexandre le Grand en 330 av J-C. 

 

Au départ il n’a pas de véritable armée professionnelle, celle-ci apparaissant sous le règne de Darius Ier, sous la forme d’une armée permanente composée de Perses et de Médes entourés d’autres units de soldats provenant de toutes les provinces de l’Empire. 

 

L’armée est composée de corps formés selon un système décimal (10.000, 1000, 100). Dans cette armée coexistent des fantassins, des cavaliers et des conducteurs de chars. 

 

Les Scythes.

 

« La guerre est un aspect importante la vie des peuples nomades des steppes eurasiatiques : c’est le conflit qui leur permet de s’installer sur de nouveaux territoires et de les défendre des envahisseurs, ou même d’obtenir la suprématie sur un clan rival. C’est encore leur habileté dans l’art de la guerre qui en fait des mercenaires au service des puissances sédentaires. » 

 

Les plaines qui s’étendent des chaines de l’Altaï à la mer Noire, sont occupées par de nombreuses tribus nomades aux origines différentes, partageant une culture commune et désignées par les Grecs sous la terminologie générale de Scythes, connus aussi sous d’autres noms (Sakas chez les Perses, Ashkusai chez les Assyriens). Ils parlent une langue iranienne mais n’ont pas d’écriture. 

 

Les relations de ces nomades avec les populations sédentaires alternent entre cohabitation pacifique et conflits, avec de nombreuse influences mutuelles. 

 

Chez les Scythes, le dieu de la guerre est le seul dieu à être honoré par l’érection de statues et la construction d’autels et de sanctuaires. « L’Ares scythe ne se comprend donc pas seulement comme un dieu de la guerre, mais aussi comme une figure qui ordonne et organise l’espace, fortement liée à l’idée de royauté. » 

 

D’autre part le roi Scythe est un guerrier qui réuni les 3 fonctions de la société (religieuse, guerrière et productrice). 

 

Le sanctuaire d’Arès se compose d’un fagot de menu bois sur lequel on construit une plateforme accessible par un côté seulement. Le dieu est vénéré sous la forme d’un sabre de fer appelé akinakes qui est figé dans le fagot. 

 

« L’adoration d’une arme censée symboliser une divinité (hoplopatrie) est un phénomène assez répandu, et dans le cas de l’épée, la même forme de culte serait attestée pour d’autres peuples des steppes eurasiatiques, comme les Alains et les Sarmtes. La cérémonie consiste principalement à sacrifier du bétail et des chevaux, mais les sacrifices humains constituent la véritable singularité du culte d’Ares parmi les Scythes. »

 

Sacrifice d’un prisonnier sur cent qui est monté sur l’autel, du vin est répandu sur sa tête avant qu’il ne soit égorgé. Son sang est recueilli pour être versé sur l’akinakes. Ensuite le bras droit de la victime est tranché et jeté au hasard. « Cette mutilation aurait pour but l’humiliation de l’ennemi vaincu qui, privé de son bras, n’aurait plus droit à une sépulture honorable. Toutefois il se peut aussi que la mutilation refuse à la victime la possibilité de se venger, puisque privée de son bras et interdire l’accès au monde des défunts en raison e l’absence de sépulture. »

 

« La place du rituel et du symbolisme dans la guerre est forte. Comme lors des cérémonies en l’honneur d’Ares, les éléments de la libation, le vin et le sang aussi bien que les mutilations, sont toujours présents . Quand un Scythe tue son premier ennemi, il boit son sang, rituel d’initiation qui consacre le passage de l’individu au statut de guerrier. » 

 

Le plus souvent les guerriers scythes utilisent des parties du corps de leurs ennemis comme trophées ou symboles de leurs prouesses (par exemple les scalps peuvent servir de décor aux harnachements de leurs chevaux). 

 

Armes et tactiques des Scythes. 

 

Les Scythes attachent une grande importance aux armes qui sont le plus souvent décorées pour exalter le statut social des guerriers. 

 

Leur arme principale est l’arc et ils ont une réputation de redoutables archers. L’élite guerrière porte un casque en fer, une armure d’écailles de fer et parfois des jambières en bronze. Les boucliers sont de formes variées et décorés de symboles zoomorphes. Les chevaux sont protégés par des pièces d’armure qui protègent les parties les plus vulnérables (tête, poitrail, garrot). En plus de l’épée (akinake), ils utilisent aussi la lance, le javelot, les haches et les masses. 

 

Au combat, c’est la cavalerie surtout composée d’archers qui est la force principale de l’armée. L’élite, commandée par des nobles, est constituée d’une cavalerie lourde qui forme rempart. Mais il existe aussi une infanterie formée par les guerriers les plus pauvres, souvent munis de frondes. 

 

En campagne, cette armée se caractérise par sa très forte mobilité que ce soit dans les déplacements ou dans les combats. Elle est suivie par des chariots transportant le ravitaillement et qu’en cas de besoin peuvent servir de remparts, en les disposant autour du camp. 

 

A noter que dans certains cas les femmes peuvent participer aux combats ce qui est attesté par la présence d’armes à l’intérieur de sépultures féminines (en particulier les femmes sauromates, peuple apparenté aux Scythes). 

 

« Selon Hérodote et d’autres sources anciennes, les femmes des Sauromates chassent et vont à la guerre, montent à cheval tant qu’elles sont vierges et ne peuvent se marier avant d’avoir tué trois hommes. Et pourtant une fois mariées, elles ne se battent plus qu’en cas d’urgence. » 

 

La campagne de Darius contre les Scythes.

 

Vers 513 av J-C, le roi de Perse Darius Ier organise une grande expédition contre les Scythes dans la région de la mer Noire septentrionale. 

 

Darius fait traverser le Danube sur un pont de bateaux à son armée et pénètre en territoire scythe. Ces derniers conscients de leur infériorité décident de partager leur armée en des corps et d’attirer l’armée perse à l’intérieur de leur territoire. Ils se replient en évitant le combat et en pratiquant la politique de la terre brûlée. Arrivé aux confins d’un territoire totalement inhabité, Darius fait demi-tour pour rejoindre le territoire scythe où il est attendu par les deux corps scythes réunis. Mais ils refusent le combat se contentant d’harceler les forces perses pour les user et les démoraliser. Finalement Darius renonce et repasse le Danube avec son armée. 

 

Chapitre 2. L’Inde et la Chine. (Omar Coloru, Immacolata Eramo, Maxime Petitjean). 

 

En Inde vers le VIe av J-C, émergence d’une nouvelle formation étatique : le mahajanapada « grand royaume ». Les formes de gouvernement de ces Etats se disent en deux types :

 

  • Une monarchie. 

 

  • Une oligarchie, assemblée de chefs d’un même clan ou d’une même confédération tribale. 

 

« D’un point de vue militaire, cette double réalité politique à des conséquences sur la création d’une armée de métier. Le roi a besoin d’une armée pour conserver son pouvoir, quand dans un mahajanapada , sous gouvernement oligarchique, la présence d’une armée de métier n’est pas nécessaire, le pouvoir n’étant pas centralisé mais reposant sur l’autorité de différents chefs de tribaux. » 

 

L’âge des Mahajanapada.

 

Seize Mahajanapada sont attestés par les sources indiennes. Parmi eux, le royaume de Magadha dans la vallée du Gange réussira à occuper une position hégémonique grâce à ses campagnes militaires. 

 

A l’origine de cette expansion, le roi Bimbisara (558 - 491 av J-C) est peut-être le premier à doter son royaume d’une armée professionnelle. Sous son règne, puis celui de son fils Ajatashatru qui poursuit ses conquêtes, apparition de nouvelles techniques militaires, en particulier du mahashilakantika, sorte de brande catapulte capable de lancer de lourdes pierres contre les remparts d’une ville. Apparition aussi du char à faux dont les lames sont fixées, soit sur le corps du char, soit sur les roues (rathamusala). Ils utilisent aussi des éléphants de guerre (matangayudda). Il n’hésite pas par ailleurs à utiliser une diplomatie active et une politique de renseignements aptes à créer des dissensions internes au sein des Etats ennemis. 

 

Des Printemps et Automnes aux royaumes combattants chinois.

 

« La période des Printemps et Automnes (771 - 479 av J-C) correspond aux trois premiers siècles de la dynastie des Zhou orientaux. Elle tire son nom des Annales des Printemps et Automnes (Ve av J-C) »

 

« Durant cette étape décisive de l’antiquité chinoise, les grandes principautés s’affirment au détriment des petites cités-Etats qui dominaient encore le paysage politique sous les Zhou de l’Ouest. En leur sein, un véritable appareil administratif commence à supplanter la traditionnelle noblesse militaire. » 

 

Développement des méthodes de conscription avec des obligations reposant sur chaque famille. 

 

Mais aussi d’importantes innovations militaires :

 

  • Métallurgie du fer. 

 

  • Utilisation de l’épée et du bouclier dans l’infanterie. 

 

  • Apparition de l’arbalète. Même si elles sont encore peu maniable, elles sont utilisées pour défendre les fortifications, avant de devenir l’arme emblématique de l’infanterie chinoise. 

 

Cette période est caractérisée par des rivalités entre principautés dans un contexte de forte croissance démographique. L’expansion territoriale devient un but de guerre à part entière. 

 

Les conflits qui éclatent durant cette période sont encore superficiellement ritualisés. Les stratagèmes et la tromperie sont des solutions tactiques régulièrement utilisées. 

 

Deux types d’actions militaires sont distinguées (elles seront au fondement de la théorie de Sunzi au IVe av J-C) : 

 

  • La voie normale Zheng, c’est-à-dire les moyens réguliers mis en oeuvre pour vaincre loyalement un ennemi. 

 

  • Les expédients Qi, ou attaques par surprises, qui impliquent de tromper l’adversaire. 

 

Le char de guerre connaît son apogée, mais l’infanterie est désormais capable de remporter des succès contre eux, « probablement le signe d’un renforcement de la discipline collective, notamment chez les paysans conscrits, suis à des entrainements réguliers. Le courage des soldats se mesure ux têtes qu’is ramènent du champ de bataille. » 

 

L’âge des royaumes combattants (453 - 221 av J-C) est une période de guerre endémique entre les sept Etats devenus dominants à la fin des Printemps et Automnes (Qin, Qi, Chu, Yan, Han, Wei et Zhao)

 

« L’administration est rationalisée, des circonscriptions territoriales sont mises en place pour accompagner la levée en masse, l’ancienne noblesse est marginalisée et perd le monopole de la violence. L’organisation militaire double l’organisation administrative des communautés agricoles. Dans cette Chine des Royaumes combattants, l’art militaire devient une science à part entière, théorisée par de grands maîtres comme Sunzi. » 

 

« Malgré un climat philosophique globalement hostile à l’usage de la violence, assimilée à la sphère féminine (le yin), dans les faits » (…) il y de très nombreux affrontements extrêmement meurtriers « signe du perfectionnement des pratiques militaires. L’infanterie devient la reine des batailles tandis que le char aristocratique perd de son influence. » 

 

La discipline est impitoyable et les officiers ont droit de vie et de mort sur leurs soldats, mais se doivent eux aussi d’avoir une attitude exemplaire au combat. 

 

« Plus que jamais entre le Ve et le IIIe siècle av J-C, la guerre devient une réalité omniprésente, qui mobilise toutes les ressources des Etats. La société civile se militarise. Les conflits s’étalent dans le temps et dans l’espace, les batailles rangées se font plus rares, au profit de campagnes qui donnent la part belle aux opérations de siège. » 

 

Les effectifs deviennent de plus en plus importants et une armée de 100.000 hommes devient la norme. A la fin de la période, le général Wang Jian au service de Qin, dirige une armée de 600.000 hommes. 

 

L’infanterie chinoise.

 

Durant la période protohistorique, l’infanterie chinoise n’est connue que par son armement dont deux armes dominent :

 

  • La hache-poignard. Elle est l’arme dominante pour le combat au corps à corps. Il s’agit d’un épieu incurvé qui permet de porter de puissants coups perforants. 

 

  • L’arc composite qui est utilisé pour le combat à distance. 

 

L’infanterie chinoise connaît d’importantes évolutions à l’époque des royaumes combattants. La lance et l’épée tendent à remplacer la hache-poignard qui prend de plus en plus la forme d’une hallebarde.

 

Même si la métallurgie du fer se développe beaucoup, les armes offensives sont encore en bronze. L’équipement défensif est le plus souvent en cuir avec parfois des protections métalliques. 

 

D’après « Six arcanes stratégiques », un contingent régulier de 10.000 hommes se compose de 6.000 arbalétriers, 2.000 hallebardiers et 2.000 lanciers. La subdivision de base se compose de cinq soldats qui forment une file de combattants qui est intégrée dans une double file de 10 hommes (puis 100, 1000 et 10.000 hommes. 

 

« Les différents corps de troupe ne se déploient pas en unités distinctes mais s’échelonnent dans la profondeur de la formation : lanciers, hallebardiers et épéistes sont aux premiers rangs ; puis viennent les missiliers, d’abord les arbalétriers et ensuite les archers. Lors des batailles rangées, la ligne d’infanterie se range en ordre serré ; à l’arrêt, les lanciers des premiers rangs alternent entre station relevée et position agenouillée pour faciliter le tir des arbalétriers et des archers situés derrière eux. » 

 

« D’après les stratégistes, la formation idéale reste celle qui n’a pas de forme, ou plutôt qui ne présente aucune forme à l’ennemie. Sun Tsu utilise la métaphore de l’eau pour évoquer la réalité d’une armée qui se meut dans la pure virtualité, afin de toujours surprendre l’adversaire, déjouer ses attentes, tromper sa vigilance. Changer régulièrement la position des bataillons, modifier l’agencement d’une armée, le déploiement des unités les unes par rapport aux autres, cela suppose l’existence d’un système efficace de transmission des ordres. » (utilisation de signaux visuels et sonores). 

 

L’entrainement collectif, régulier permet aux soldats d’apprendre les évolutions réglementaires. 

 

« La littérature militaire chinoise est très attentive à la psychologie des combattants et au rôle central joué par la peur dans les engagements. Tout est fait pour éviter le délitement de la ligne de bataille qui ne peut déboucher que sur la fuite et le massacre. »

 

Chars de guerre et cavaliers.

 

Durant la période des Printemps et Automnes, puis celle des Royaumes Combattants, le char semble imposer sa suprématie sur le champ de bataille. Jusqu’à 10.000 chars peuvent être mobilisés pour une bataille. « Offensives rapides, fuites simulées, attaques enveloppantes, ces grands mouvements tactiques révèlent que la doctrine d’emploi des chars a atteint un haut degré de raffinement. » 

 

Sous les Royaumes Combattants, apparition des premiers écrits théoriques en particulier les Six arcanes stratégiques. 

 

Une formation élémentaire se compose de 5 chars rangés côte à côte, avec assez d’espace entre eux (6 pas) pour que chaque conducteur puisse manoeuvrer latéralement. Ces pelotons sont intégrés dans des escadrons de 25 chars. La distance entre formation est de 60 pas.

 

Durant la période des Royaumes Combattants, les chars forment des unités autonomes de l’infanterie et ont pour mission de constituer une force de pénétration importante contre les formations ennemies y compris l’infanterie. Mais de l’aveu même des stratégies, « de telles charges sont surtout possibles lorsque l’infanterie ennemie n’est pas encore formée ou lorsqu’elle a relâché son ordre. « C’est avant tou le choc psychologique qui détermine qui détermine le succès des charges. Ils sont aussi efficaces dans la poursuite des fuyards, la reconnaissance. » 

 

Mais les chars possèdent aussi des faiblesses : coûteux, fragiles, difficiles à entretenir, ne peuvent être déployés en terrain accidenté ou en zone humide. 

 

A partir du IVe siècle av J-C, apparition de la cavalerie qui concurrence les chars (Etat de Zhao en 307 av J-C-

 

« La cavalerie ne devient véritablement une composante essentielle de l’art de la guerre qui à partir de la fin du IIIe siècle av J-C ; en l’espace de trois siècles, elle finit par éclipser complètement la charrerie qui disparaît dans le courant du Ier siècle ap J-C. »

 

 

 

 

Fortifications et poliorcétique.

 

Très grand essor de l’art du siège durant les Royaumes Combattants (utilisation de béliers, d’échelles géantes, d’hélépoles (grandes tours pour s’approcher des murailles) pour transférer des troupes sur les murailles, de mantelets pour s’approcher. 

 

Pour éviter les assauts, creusement de sapes pour faire effondrer les murs, mais aussi de tunnels pour pénétrer dans les forteresses. 

 

AU IVe av J-C, apparition des premières machines de jet (catapultes et balistes)

 

Les manuels militaires chinois. 

 

Naissance de la littérature militaire chinoise vers le Ve - IVe siècle av J-C. 

 

L’extraordinaire développement économique, culturel et technologique de la période engendre deux phénomènes étroitement liés : 

 

  • Une professionnalisation progressive de l’armée. 

 

  • Une plus grande attention accordée à la stratégie. 

 

Cette stratégie tire son origine de la philosophie taoïste notamment des enseignements du Dao de Jing, du livre de la voie et de la vertu qui « postulait que le wu Tao (voie de la vertu) était dans l’harmonie des contraires, dont la paix et la guerre. » 

 

« En général la pensée militaire chinoise affirme que le chemin vers la victoire, c’est-à-dire vers la résolution des conflits, consiste à les éviter ; et à défaut, il faut limiter autant que possible les bains de sang et le gaspillage des ressources. L’objectif principal prend donc la forme d’un paradoxe : gagner la guerre sans combattre. Pour atteindre cet objectif le wu Tao considérer que sont nécessaires la cohésion interne de l’Etat, l’entente entre pouvoir civil et militaire, la collaboration entre le commandement et ses troupes. Il faut surtout élaborer une stratégie intelligente qui ne se passe d’aucun expédient (corruption, tromperie, ruse) et qui se fonde sur la rapidité, la souplesse, l’imprévisibilité, l’efficacité des services de renseignement, la capacité d’anticiper les manoeuvres des adversaires (…)

Eviter les affrontements et privilégier au contraire, des formes indirectes de combat est le principe qui sous-tend tous les manuels militaires chinois. » 

 

« Ce qui caractérise la pensée stratégique chinoise, c’est qu’elle est étroitement liée aux principes de la tradition « classique », non seulement parce qu’elle rend hommage à ses fondements, mais surtout pare que la tradition la pousse à réfléchir sur la manière de mener une guerre. » 

 

Mais la circulation de ces textes était limitée car ils appartenaient à l’Etat. 

 

Les caractéristiques propres à ces ouvrages en ont déterminé la vitalité jusqu’à nos jours. «En effet, au cours des siècles , ses principes fondamentaux furent interprétés, revisites, adaptés sans vraiment changer pour autant. Ils furent d’ailleurs source d’intérêt en dehors de la Chine et dans les milieux pas forcément militaires (écoles de commerce par ex). » 

 

 

Sous la dynastie Song (1078), formation du corpus des Sept classiques. 

 

  • L’art de la guerre de Sunzi.

  • Le wuzi (traité militaire de maître Wu)

  • Le Sima Fa (code militaire du grand maréchal). 

  • Le Wei Liaozi.

  • Le Huangshi gong sanlue Li weilong (Les Trois ordres stratégiques de maître Pierre Jaune). 

  • Le Liu Tao (Les six arcanes stratégiques) 

 

Il faut ajouter à ces recueils :

  • Les questions de l’empereur des Tang au général Li Weilong.

  • L’art de la guerre de Sun Bin. 

 

Parmi les sept classiques, le texte fondamental, pour sa richesse et la complexité des thèmes abordés, est l’art de la guerre de Sunzi. « L’auteur y affirme, tout d’abord le principe (à la base de la « stratégie indirecte ») que la guerre, entendue comme le recours aux armes et à la violence, doit être évitée autant que possible (….) Il faut toujours éviter au maximum l’emploi de la force. Ce principe est moins inspiré par des scrupules d’ordre moral que par des motivations utilitaristes : limiter l’usage des armes signifie préserver les ressources humaines et matérielles. Cet important précepte stratégique explique pourquoi l’auteur accorde autant d’importance au renseignement. (…) Ce n’est qu’en connaissant son ennemi qu’on peut le tromper, en lui faisant croire qu’il gagne alors qu’on mène l’assaut décisif : La guerre a le mensonge pour fondement. » 

 

Autre texte important : le wuzi (le maître de la guerre) de Wu Qi, général mort assassiné en 350 av J-C. Ce manuel « est considéré comme l’un des fondements de la pensée stratégique chinoise, pour sa complexité, mais surtout parce qu’il aborde en six chapitres tous les aspects qui touchent au domaine militaire (planification, connaissance de l’ennemi, contrôle de l’armée, le Dao du général, répondre au changement, motiver les officiers), y compris la tactique dans un langage simple, qui fait souvent l’objet de critiques tout comme le réalisme trop cru de certaines descriptions. » 

 

« Wu Qi est le témoin d’une époque où la guerre est caractérisée par un haut degré de spécialisation, qui nécessite, d’une part, que les soldats soient formés au moyen d’une stricte discipline, de l’autre, un général doté de qualités supérieures , telles que le courage, l’aptitude à coordonner ses troupes, le sang froid. » 

 

Sima Fa (le code militaire du grand maréchal) est attribué à Tian Rangju, général au service de roi Ching de l’Etat de Qi (IVe av J-C). Ce traité de 5 chapitre est traversé par le concept d’harmonie entre le roi, l’armée et le peuple. Il est le fruit de la synthèse et de la réorganisation du matériel préexistant, l’objectif étant le bien être du peuple. Il aborde aussi tous les aspects du domaine militaire. Par contre les préceptes et tactiques ou indications sur des aspects strictement liés au combat sont pus rares. 

 

Le Wei Liaozi de Wei Liao (milieu du IVe av J-C). A la base de ses théories stratégiques se trouve « la nécessité d’un Etat fort et florissant, qui puisse fournir les ressources pour la guerre, et d’une population bien gouvernée, que l’on punit sévèrement ou récompense généreusement. Les punitions doivent être claires, immédiates et justes, afin qu’elles soient intégrées dans la coutume civile. »

 

« Ces écrits ont alimenté l’idée « d’un art oriental de la guerre » fondé sur la ruse et plus généralement sur l’approche indirecte. Cette image stéréotypée, qui n’est finalement qu’un avatar des anciennes thèses orientalistes et des préjugés occidentaux sur la fourberie asiatique, peut sembler confortée par les grands classiques chinois sur l’art de la guerre (….) Il importe pourtant de ne pas tirer de conclusions trop tranchées de cette littérature stratégique et d’accorder plus d’importance à la praxis, aux exemples concrets (…) A regardé cette documentation de plus près, le « visage de la bataille » en Chine ancienne n’est pas bien différent de celui qui se laisse entrevoir en Grèce et à Rome. L’histoire des institutions militaires révèle également de nombreux points de convergence entre les deux aires géographiques, la conscription des masses paysannes accompagne l’émergence de l’Etat ; elle est supplée par le volontariat et l’armée de métier lorsque l’Etat conquérant se mue en empire territorial (…) Aujourd’hui des études influencées par le courant de l’histoire globale invitent à prendre en considération ces ressemblances et à privilégier un pont de vue comparatiste. Elles amènent à s’interroger sur l’éventuelle existence d’un « modèle eurasiatique » de la guerre. » 

 

Chapitre 3. La guerre en Grèce. De l’archaïsme aux guerres médiques. (Jean-Christophe Couvenhes)

 

« Avec l’apparition de la bataille hoplitique à l’époque archaïque (VIIIe - VIIe av J-C), les Grecs sont vraisemblablement à l’origine d’un nouveau mode de combat et du discours idéologique qui accompagne cette nouvelle manière d’envisager la guerre. Dorénavant, l’issue du combat semble déterminée par l’affrontement de deux groupes de phalangistes, ces fantassins lourds, équipés de l’armement hoplitique. Longtemps les historiens ont pensé y déceler une véritable « révolution militaire » accompagnant la naissance de la cité et la citoyenneté. La réalité n’est pas aussi simple. » 

 

Révolution, réforme ou évolution hoplitique ? 

 

Les mentions de l’apparition de l’infanterie lourde est évoquée, de façon discrète, déjà chez Homère. Mais elle apparaît surtout chez les poètes archaïques (Tyrtée, Alcée, Archiloque). Par ailleurs de nombreux témoignages archéologiques permettent d’affirmer que la phalange hoplitique apparaît dans le courant du VIIe siècle av J-C

 

La panoplie (d’où le nom de hoplite) est constituée d’armes offensives et défensives en bronze mais aussi en fer : 

  • Le bouclier, rond de 0,90 m est en bois recouvert d’une plaque de bronze. Il est décoré sur sa face extérieure. Son système de double maintien permet de le tenir fermement. Durant le combat, il protège le flanc gauche du combattant et le flanc droit de son voisin de gauche. 

  • Le casque est capitonné de feutre. Il peut avoir des formes différentes (on distingue des casques corinthiens, béotiens, Illyriens). 

  • Des jambières (les cnéides) en métal. 

  • Une cuirasse en métal ou composée de plusieurs épaisseurs de lin. 

  • La pique est l’élément principal. Elle permet de viser l’adversaire à la gorge dans le choc frontal. 

  • L’épée sert au corps à corps qui suit la poussée de la phalange. 

 

« L’hoplite ne se bat pas isolément, mais à l’intérieur d’un ensemble : la phalange est formée de plusieurs lignes et sa solidité tient à la capacité de chacun de tenir sa ligne et son rang. Le sytème est donc vulnérable à la blessure ou pire à l’abandon d’un homme en ligne de front : cela créé une brèche , ruine la compacité de l’ensemble. » 

La mise au point de la phalange a sans doute été progressive. A partir d’un armement ancien, de petites modifications auraient permis un combat de plus en plus collectif à l’intérieur d’une ligne de bataille de plus en plus serrée. 

 

Le sytème de double maintien du bouclier est très important dans cette évolution, mais il ne peut-être daté précisément. 

 

La sanctuarisation du territoire et sa défense. 

 

« Les débuts de la cité, que l’on place désormais à la fin du IXe siècle av J-C s’accompagnent de la formation progressive de l’idée de territoire. Les tombeaux mycéniens sont alors souvent réinvestis comme lieux de culte des héros fondateurs de la cité et le territoire dans son ensemble acquiert un caractère sacré, celui que lui confèrent les tombeaux des aïeuls ou différents mythes d’autochtonie. L’idée de patrie, c’est-à-dire de « territoire des pères », ou même celle du sol conçu comme une « terre maternelle » (gê mêter), se structure dans les esprits. Dès lors les traitres ou les impies ont l’interdiction d’être enterrés sur le sol de la cité. La frontière, ou plus exactement les confins, les marges du territoire deviennent des espaces contestés entre deux communautés civiques dont l’identité s’affirme au détriment de sa voisine. » 

 

La forte pression démographique sur des territoires pauvres entraîna de très nombreux conflits. 

 

L’hoplite était à la fois un soldat, un citoyen, et un paysan. « La phalange comme mode de combat s’imposa quand les paysans affirmèrent davantage leur rôle social et politique. » 

 

« Au VIIe siècle av J-C, le mode de combat hoplitique répond surtout à l’impératif de défendre collectivement le territoire civique. La défense du territoire passe donc par la nécessité de chasser un envahisseur qui est par ailleurs considéré comme un violateur. »

 

Les murailles à cette période sont petites et servent surtout à protéger ce qui est sacré. 

 

« Une fois qu’une armée d’invasion avait traversé la frontière, ou bien les adversaires sortaient de leur cité fortifiée et livraient un combat pour contester cette occupation de leurs propres terres agricoles, ou bien ils se soumettaient aux conditions qu’on leur imposaient. Il semble en effet que ce type de guerres territoriales, prédatrices d’un côté, défensives de l’autre, était très fréquent. » 

 

Mais ce type de conflit avait des conséquences économiques assez faibles :

  • Faible entraînement militaire requis (donc faible perte de temps). 

  • Faibles dépenses publiques d’armement (l’équipement est à la charge de l’hoplite). 

  • Pas de campagnes militaires prolongées. 

 

Sauf cas extrême l’anéantissement d’armées complètes était rare, les pertes étant de l’ordre de 20% pour le vaincu. La poursuite prolongée était également rare, les vainqueurs ne visant pas la destruction complète de l’armée ennemie. 

 

A cette époque, apparition d’un nouveau navire de guerre : la pentécontère, galère à 50 rameurs, 25 de chaque côté. 

 

Les guerres médiques.

 

Pour les Grecs, les Mèdes représentent les Perses, même après la disparition de l’Empire Mède. Il y eut deux guerres médiques :

  • 490 av J-C.

  • 480 - 479 av J-C. 

 

« Si les Grecs eux mêmes ont cherché à transfigurer ces guerres en une sorte de choc de civilisation entre Grecs et barbares, les guerres médiques sont en réalité importantes par les transformations géopolitiques qu’elles entraînèrent à l’intérieur du monde grec. On retient parfois la date de 490, celle de la première guerre médique, comme borne chronologique entre l’époque archaïque et l’époque classique. » 

 

Les conséquences militaires de ces guerres sont très importantes. Elles marquent le repli continental de Sparte et le surgissement de l’impérialisme athénien. 

 

500 av J-C. Révolte des cités grecques d’Asie mineure (Milet et Ephèse) contre les Perses. Elles demandent l’aide des cités de Grèce. Seules Erétrie et Athènes interviennent. C’est le début de la guerre ionienne. 

 

498 av J-C. Incendie de Sardes, capitale de la satrape de Lydie, province du royaume achéménide. 

 

492 av J-C. Après avoir maté les révoltées, Darius, le roi achéménide, décide de se venger des cités de Grèce. Les cités grecques du nord de l’Egée et des îles adjacentes passent sous contrôle Perse. 

 

490 av J-C. Conquête des Cyclades en particulier Naxos et Paros par les Perses. Concernant Athènes, les Perses envisagent de prendre la cité pour y installer Hippias, un tyran chassé en 510 av J-C.

 

L’expédition débarque dans l’anse de Marathon. 

  • Elle peut accueillir de nombreux navires. 

  • Cette région est contrôlée par le clan des Pisistratides. Les Perses espèrent provoque des dissensions internes à la cité, ce qui ne sera pas le cas. 

 

Des demandes d’aides sont faites aux autres cités. Platée (Béotie) envoie 1000 fantassins qui s’ajoutent aux 9000 Athéniens. Par contre Sparte traîne à intervenir et n’arrivera qu’après la bataille. 

 

La bataille oppose donc 10.000 hoplites contre environ 30.000 à 50.000 Perses. Elle se déroule après 9 jours d’attente. Les Grecs ont pris position au sud de l’anse de Marathon. Ils sont dirigés par l’archonte polémarque (chef de guerre) mais aussi par une nouvelle institution : la stratégie. Il s’agit d’une magistrature composée de 10 représentants élus des 10 tribus composant le corps civique athénien : chaque stratège exerce le commandement à tour de rôle durant une journée. 

 

L’attaque se déroule sous le commandement du stratège Miltiade alors que les Perses rembarquent. 192 Athéniens sont tués contre environ 6000 Perses. 

 

Le retour rapide de l’armée grecque à Athènes dissuade les Perses de tenter un débarquement. Si la défaite de Marathon, pour les Perses, ne remettait pas en cause leurs conquêtes dans la mer Egée, pour les Grecs, cette victoire est rapidement passée pour extraordinaire, une troupe grecque, pour la première fois, ayant repoussé une attaque Perse. 

 

« Dans la mentalité grecque du temps, cette victoire s’expliquait par la conjonction de deux faits complémentaires : d’un côté la lutte pour la liberté de leur cité et la défense d’institutions démocratiques nées après la chute de la tyrannie d’Hippias, de l’autre, l’aide des dieux. La victoire de Marathon avait définitivement ruiné la cause tyrannique dans la cité athénienne. » 

 

La seconde guerre médique.

 

Xerxes Ier (486 - 465 av J-C) qui succède à son père, souhaite poursuivre sa politique expansionniste. 

 

En juin 480 av J-C, il fait traverser son armée terrestre sur un pont de bateaux qui traverse l’Hellespont (bras de mer entre la mer Egée et la mer de Marmara). Il peut aussi compter sur la Thrace et la Macédoine qui ont fait allégeance. Son armée peut compter environ 50.000 hommes. C’est l’armée la plus importante de l’antiquité. Elle était précédée d’ambassadeurs qui demandaient l’intégration des territoires à l’empire Perse. « L’armée était un instrument aussi bien d’intimidation diplomatique que de combat. »

 

Pour Hérodote, les principaux acteurs de la résistance sont les Athéniens et les Spartiates, première puissance militaire du monde grec depuis le Vie siècle av J-C. Ils sont à la tête d’une alliance militaire regroupant les principales cités de Péloponnèse.

 

481 av J-C. Les Spartiates prennent la tête d’une coalition comprenant les Athéniens , les Béotiens, quelques Thessaliens et les communautés de Grèce centrale. 

 

Pour contrer l’avancée Perse, il est décidé de placer deux « verrous ». 

  • Un verrou terrestre aux Thermopyles. 

  • Un verrou maritime à l’extrémité nord de l’Eubée en avant du promontoire de l’Artémision. Pour faire face à un conflit avec Egine, Athènes venait de faire construire une flotte de 200 trières. 

 

En employant les citoyens pauvres qui ne pouvaient se payer la panoplie de l’hoplite, « la marine de guerre fut un facteur de développement du régime démocratique dans la première moitié du Ve siècle av J-C. » 

 

La seconde guerre médique est ponctuée de 4 batailles (3 terrestres et 1 navale). 

 

  • Bataille des Thermopyles. Le sacrifice des 300 Spartiates et de leur roi Léonidas, permet aux Grecs de replier leur flotte par le canal de l’Euripe. Prz contre la route de la Grèce centrale était ouverte. 

 

  • Pillage de l’Attique et en particulier de sanctuaires d’Athènes. 

 

  • Bataille navale de Salamine. Elle est gagnée par une ruse de Thémistocle : « convaincu d’une fuite grecque grâce à un faux message secret manipulé par le stratège athénien, la flotte perse s’engouffra dans le chenal qui se transforma en goulot d’étranglement et rendit inutile la supériorité numérique perse. » Après cette défaite Xerxes quitte la Grèce pour regagner l’Asie mais laisse une partie de son armée en Grèce sous la direction de Mardonios qui tente, sans succès, de nouer une alliance avec Athènes

 

  • Bataille de Platée. Elle oppose une coalition grecque de 38.700 hoplites plus 69.500 combattants légers (d’après Hérodote) à une armée perse supérieure en nombre. La bataille est soumise à beaucoup de coups du sort, mais c’est la mort de Mardonios qui provoque la fuite des Perses. Les Grecs trop épuisés ne peuvent les poursuivre. 

 

  • Le même jour que la bataille de Platée, débarquement des forces spartiates au cap Mycale, qui permet de détruire une importante base navale perse. Cela permet aux Grecs de s’assurer la maîtrise de la mer Egée. Par la suite la flotte se rend à Abydos pour y rompre les ponts qui permettaient le passage des Perses. 

 

« La victoire navale de 480 av J-C à Salamine avait démontré que le salut de la cité ne dépendait plus seulement des hoplites, mais aussi des marins, c’est-à-dire la partie la moins riche des citoyens. »

 

Les Athéniens vont s’appuyer sur cette force navale pour constituer une alliance militaire : la ligue de Délos. Les cités pouvaient contribuer soit en joignant leur flotte, soit en versant un tribut qui était entreposé sur l’île de Délos protégé par Apollon, mais contrôlé par les Athéniens. 

 

Mais rapidement cette alliance militaire se transforme en impérialisme, les alliés se transformant en sujets. En 454 av J-C, transfert du trésor sur l’Acropole dont une partie sert à reconstruire les temples détruits par les Perses. 

 

La Ligue « synonyme de prospérité et de puissance collective, contribua aussi à la subsistance de nombreux athéniens, marins ou clérouques (colons militaires). Les Athéniens pauvres, enrôlés comme marins, touchaient des salaires (….) ce qui leur permettait de vivre nullement de s’enrichir. » 

 

Elle permit aussi le développement du port de commerce du Pirée qui devint une véritable plaque tournante du commerce égéen. 

 

« La démocratie trouvait son assise dans l’impérialisme maritime. Un équilibre politique résidait dans la capacité du peuple à désigner, chaque année, 200 riches citoyens nécessaires pour assurer l’armement de ces 200 trières construites par la cité. Le système de la triérarchie obligeait un citoyen riche, le triérarque à assumer ainsi au service de sa communauté, une liturgie annuelle couteuse. » Mais en contrepartie, il en retirait du prestige et une position honorifique vis à vis de ses concitoyens. 

 

« Toutefois on constate que la charge de triérarque n’était pas toujours bien acceptée. Une partie des citoyens riches d’Athènes, d’origine aristocratique, sensible à une tradition oligarchique, hostile aux aventures impérialistes et aux dérives d’une démocratie trop favorable au petit peuple ne cessa de marquer son opposition. »

 

La nature de la bataille hoplitique.

 

D’après Victor D Hanson, la bataille hoplitique est l’élément fondamental du « modèle occidental de la guerre » pour qui la puissance de feu et l’armement défensif lourd sont la marque de fabrique des armées en Occident, dans le but d’obtenir le résultat le plus décisif possible.

 

« La phalange hoplitique est une invention tactique militaire grecque du début de l’époque archaïque. La phalange sacrifie la manoeuvre pour obtenir un résultat net et rapide (…) Elle privilégie la bataille au corps à corps, manifestant une cohésion des troupes capable de remporter une victoire sur un ennemi supérieur en nombre. » 

 

La bataille hoplitique est une question d’expérience. Elle concerne les citoyens âgés de 20 à 60 ans et l’on estime qu’un citoyen se battait en moyenne deux ans sur trois. Mais les opérations, sauf exception, étaient en réalité peu meurtrières. Elle s’achevait dès qu’une formation abandonnait le terrain. 

 

La présence de nombreux hommes d’âge mur dans les rangs des hoplites influence la bataille de deux manières : 

  • Ils apportent un important facteur de cohésion. 

  • L’effort physique nécessaire au port de la panoplie tendait à limiter la guerre à une seule bataille décisive. 

 

L’expérience permet par ailleurs de mieux appréhende sa propre peur au combat. 

 

Le combat consistait en un choc frontal de deux lignes, suivies de lignes les appuyant. La panoplie du combattant pesait de 20 à 30 kg, dont 7 kg pour le bouclier. Le casque n’offrait qu’une vision réduite. A cela il fallait ajouter l’inconfort lié aux pièces de métal et à la chaleur. La marche s’effectuait en cadence pour ne pas désorganiser les rangs. Le bouclier, très encombrant, servait peut-être surtout à pousser. Le côté droit du combattant était découvert ce qui poussait les soldats à se serrer les uns contre les autres pour se protéger mutuellement, la phalange ne constituant plus alors qu’un corps unique. La bataille s’achève lorsqu’une armée, sous l’effet de la poussée cède du terrain. 

 

Cette reconstitution érigée en modèle est actuellement remise en question, le combat hoplitique ayant pu être aussi une combinaison de duels, ou voie moyenne, le coup porté au cou, seule partie vulnérable qui pouvait être touchée par la pique au dessus du bouclier.

 

Education, discipline, « belle mort » et trembleurs à Sparte. 

 

« D’un point de vue idéologique, toutes les cités grecques ont développé une culture de la guerre propre à former de bons soldats. Sparte est sans doute la cité qui poussa la logique le plus loin dans le modelage des corps et de la volonté. » 

 

A partir de 7 ans, les enfants étaient rasés, marchaient sans chaussures et jouaient nus. 

 

A 12 ans, ils s’habillaient sans tunique, gardaient le même manteau toute l’année, ne pouvaient prendre de bains, dormaient tous ensemble et avaient des repas insuffisants qui les obligeaient à voler. Ceux qui se faisaient prendre devaient jeuner et subissaient le fouet. 

 

« A travers cette initiation, chaque jeune devait manifester son excellence dans des pratiques que les adultes tenaient pour déviantes, indignes, scandaleuses, dans le seul but de démontrer sa capacité à devenir un citoyen accompli. » 

 

La discipline était un trait caractéristique de l’armée spartiate et tout relâchement était sévèrement puni. « Cette discipline fondée sur des pratiques magico-religieuses, telles que le port de la tunique rouge sang qui pouvait les conduire au combat sans crainte, était soutenue par l’idéologie de la « belle mort » héritée de l’époque homérique (….). En conséquence, les Spartiates qualifiaient de « trembleurs » un concitoyen de plein droit qui s’était montré lâche lors d’un combat hoplitique » (abandon du rang ou du bouclier). Les trembleurs étaient alors exclus de la communauté des concitoyens. 

 

A Athènes, la couardise conférait un statut de criminel et relevait de la justice. 

 

Chapitre 4. Essor et chute de la puissance militaire athénienne (Jean-Christophe Couvenhes)

 

« La trière, appelée aussi trirème (selon l’étymologie latine), apparut vraisemblablement dans le monde grec à la fin du VIIe siècle av J-C et ne se généralisa qu’au VIe siècle av J-C. Il s’agit d’un vaisseau long, muni d’un éperon, propulsé à la voile et par des avirons, actionné par des rameurs disposés sur trois rangs superposés (…) Avec quelques modifications, la trière demeura le navire de guerre par excellence jusqu’à la fin de l’empire romain, ce type de navire ne disparaissant qu’au Ve siècle de notre ère. » 

 

La trière une reine des mers bien coûteuse.

 

La trière comportait un équipage de 170 rameurs, 85 de chaque côté répartis sur trois niveaux, chaque homme actionnant une rame. Elle était aussi le plus souvent munie de deux voiles (une grande voile carrée et un petit foc). Par contre elle était dépourvue de quille ce qui donnait à l’ensemble une faible stabilité. Elle ne pouvait naviguer en cas de vents contraires, sauf à la rame. Elle pouvait naviguer de 5 à 8 noeuds à la rame et jusqu’a 10 noeuds à la voile et à la rame. 

 

La trière était délicate à manier, fragile (on estime sa durée de vie à une ou deux campagnes) et qui nécessitait un équipage bien entraîné, le maniement des rames étant assez technique. Il fallait d’autre part la tirer au sec tous les soirs, n’étant pas étanche. 

 

« La trière n’était finalement utilisée que pour le combat ou pour transporter un équipage d’un point à un autre dans une navigation côtière qui ne quittait pas les reliefs de vue (…) On ne dira jamais assez combien la guerre maritime mobilise un personnel nombreux et nécessite un effort financier dont ne sont pas capables toutes les cités. » 

 

La trière pouvait transporter des hoplites sur le pont. 

 

A l’origine les rameurs servant sur les trières sont des citoyens moins fortunés que les hoplites, car ne pouvant s’offrir une panoplie. Pour alimenter la flotte de 200 trières à Athènes, il fallait 34.000 hommes soit plus que la totalité du corps civique estimé à 31.000 hommes, d’où la nécessité d’avoir recours aux métèques, puis aux esclaves.

 

Dans les années 450 av J-C, ce sont les 10 stratèges qui détiennent le vrai pouvoir politique, car « l’expérience militaire était en effet un élément essentiel pour qui voulait assumer le pouvoir réel dans la cité. Ils étaient les seuls magistrats importants, élus et non tirés au sort (….) La stratégie était la seule magistrature que l’on pouvait assumer plusieurs fois de suite. » (Périclès est stratège de 443 à 429 av J-C). 

 

 

La guerre du Péloponnèse (431 - 404 av J-C). Une guerre totale. 

 

La guerre du Péloponnèse n’est pas un conflit entre Athènes et Sparte mais un affrontement entre deux systèmes d’alliance, d’un côté la Ligue de Délos (Athènes), avec des dérives impérialistes et de l’autre la Ligue du Péloponnèse (Sparte). 

 

Pour Thucydide « C’est la rivalité croissante entre deux logiques impériales durant la pentacontaétie , la période de 50 ans de 478 à 431 av J-C qui explique le conflit. Dès 462 av J-C, l’alliance d’Athènes avec Argos, les Thessaliens et même Mégare avait entraîné une série de conflits ouverts entre Athènes et des cités de la confédération péloponnésienne, sans intervention de Sparte. Le but poursuivi par les Athéniens était de s’implanter dans des zones jusqu’ici contrôlées par Corinthe, Epidaure ou Sigone. »

 

Cette première guerre se termine en 446 - 445 av J-C par une paix de trente ans entre Sparte et Athènes. 

 

La reprise des hostilités vient de Corinthe dont Athènes entame peu à peu la zone d’influence, puis de Mégare qui se voit interdire en 432, l’accès au marché athénien. Ces deux alliés de Sparte la poussent à déclarer la guerre à Athènes. 

 

En 431 av J-C, Péricles est l’un des dix stratèges et il a réfléchi à une stratégie : 

  • Regrouper la population athénienne à l’intérieur de la ville et des longs murs, le ravitaillement se faisant par la marine. 

  • Engager la puissance athénienne sur son point fort : la maitrise des mers qui permettait le ravitaillement de la ville, la possibilité de mater toute révolte dans l’Empire où l’on pouvait débarquer sur n’importe quel point de la côte. 

 

« La stratégie de Péricles, révolutionnaire, avait de réelles chances de donner la victoire à Athènes et montrait combien Périclès était un esprit affranchi de bien des freins mentaux du temps. Il eut malgré son éloquence, beaucoup de mal à la faire adopter par l’assemblée du peuple en 431 av J-C. »

 

La guerre débute par une attaque des Béotiens (Ligue du Péloponnèse) contre Platée alliée d’Athènes. 

 

Au départ la stratégie de Périclès fonctionne bien jusqu’à l’été 430 où une épidémie de typhus tue entre 25 et 33% de la population. Périclès, attaqué sur sa stratégie, est déchu de ses fonctions de stratège avant de mourir lui même de l’épidémie. 

 

Après la mort de Périclès, Athènes poursuit sa stratégie, mais ouvre des fronts secondaires en Sicile, Péloponnèse, Thrace. 

 

« Les nouveaux dirigeants athéniens appartenaient à une nouvelle génération. Les historiens grecs les présentent comme des démagogues, des hommes plus habiles à capter les suffrages du peuple qu’à diriger la cité. Cette version est en partie injuste, mais il est certain qu’ils avaient une moindre envergure que Périclès. » 

 

Deux personnages dominent :

 

  • Cléon « jusqu’au boutiste » souhaitant un renforcement de l’impérialisme. 

 

  • Niclas plus proche des idées de Périclès prêt à négocier avec Sparte.

 

A partir de 425 av J-C, deux batailles sont emblématiques des remises en cause de la phalange hoplitique 

 

Bataille de Sphactérie (-425). Les fantassins légers l’emportent largement sur les hoplites lacédémoniens qui pour la première fois préfèrent se rendre plutôt que de mourir comme leur éducation leur a appris. 

 

Bataille de Délion (-424). Les Thébains engagent 7.000 hoplites, 10.000 fantassins légers, 1000 cavaliers et 500 peltastes. « Les alliés ou mercenaires barbares deviennent progressivement une pèse maitresse des armées grecques durant la guerre du Péloponnèse, avant que leur technique ne soit adoptée par les Grecs eux-mêmes. »

Les Athéniens ne disposent pas de troupes légères et c’est la cavalerie béotienne qui sème la déroute dans l’aile droite athénienne en l’attaquant par derrière. « Il apparaît nettement à Délion que l’irrégularité du terrain offre des possibilités d’interaction beaucoup plus grande entre les phalanges qui peuvent être secondées, et parfois dominées par des troupes de natures différentes. » 

 

422 av J-C. Décès de Cléon. 

 

421 av J-C. Niclas signe la paix avec Sparte sur la base du statu quo. La guerre avait affaibli tant Athènes que Sparte. Bien que signée pour 50 ans, elle se révèle rapidement fragile, certains alliés de Sparte lui reprochant son renoncement. 

 

418 av J-C. Reprise des hostilités avec la bataille de Mantinée, la tendance impérialiste ayant repris le dessus à Athènes (Alcibiade)

 

416 av J-C. Débarquement athénien sur l’île de Mélos qui exigent que la cité regagne l’alliance et paye tribut. Devant le refus de l’île, la cité est prise après un siège. Les hommes sont massacrés, les femmes et les enfants réduits en esclavage. 

 

« Le concept de « brutalisation » introduit par l’historien contemporain Georg L Mosse, qui le considère comme l’acceptation d’un état d’esprit issu de la Grande Guerre entraînant la banalisation de la violence qui accompagne les fascismes et les nationalistes de l’Entre-deux-guerres, ne peut pas s’appliquer aux société grecques. On ne retiendra que l’idée suivante : les Grecs expérimentent la dureté des conflits et connaissent les règles du jeu. » De nombreux exemples témoignent de l’extrême violence de la guerre grecque.

 

Juin 415 av J-C. Alcibiade, esprit brillant, mais séducteur intempérant, réussit à convaincre Athènes d’entreprendre une expédition contre la Sicile. Mais sous le coup d’une accusation pour impiété, il abandonne l’expédition pour se réfugier à Sparte où il dévoile les plans athéniens. L’expédition se termine par un terrible échec. 7.000 Athéniens sont capturés, les deux stratèges Niclas et Démosthène sont exécutés. Les soldats après avoir été concentrés 70 jours dans les carrières de Syracuse, les Latonies, sont vendus, pour les survivants, comme esclaves.

 

413 av J-C. Sur les conseils d’Alcibiade, invasion de l’Attique par Sparte, qui, à partir d’une place forte, lance de nombreux raids et parvient à désorganiser la production des mines d’argent du Laurion et provoque la fuite de 20.000 esclaves. 

 

411 av J-C. Les cercles oligarchiques (hétairies) réussissent à renverser la démocratie provoquant une guerre civile à Athènes. Ils sont hostiles à une démocratie radicale et sont prêts à conclure la paix avec Sparte, mais le roi Agis préfère laisser pourrir la situation. Les hoplites du Pirée mettent fin à ce régime. 

 

La victoire de Sparte. 

 

La guerre du Péloponnèse fait apparaître la nécessité pour les belligérants de disposer de gros moyens financiers, en particulier pour l’armement des trières. Athènes dispose de deux sources de revenus : 

 

  • Le phoros, tribut versé par ses alliés. 

 

  • Les mines d’argent du Laurion. 

 

A partir de 428 av J-C, une troisième source de revenu s’ajoute : l’eisphora, contribution extraordinaire levée sur les citoyens , qui devient de moins en moins extraordinaire .

 

Du côté des péloponnésiens, le manque d’argent est tout aussi criant et Sparte reçoit elle aussi une contribution de ses alliés. Les Péloponnésiens n’hésitent pas, par ailleurs, à se faire financer par les Perses. 

 

Aout (ou septembre) 405 av J-C. Défaite de la flotte athénienne à Argos Potamos. Les 180 trières, pour l’essentiel échouées sur la plage, les équipages partis à la recherche de vivre, sont capturées par la flotte de Sparte. Seuls 12 navires parviennent à s’échapper.

 

Avril 404 av J-C. Capitulation d’Athènes, assiégée par voie maritime et par voie terrestre. 

 

Sparte lui impose :

  • Destruction des murailles. 

  • Livraison de ses derniers navires. 

  • Dissolution de l’alliance. 

  • Entrée dans la Ligue du Péloponnèse. 

  • Mise en place d’un régime oligarchique soutenu par Sparte. 

 

« Athènes défaite, l’hégémonie spartiate fit croire un moment que les temps archaïques et classiques s’étaient maintenus. Mais les évolutions de la poliorcétique, venue de Syracuse, ou de la phalange elle même, venue de Thèbes, dessinèrent par touches successives un monde nouveau. » 

 

Fin



17/11/2021
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