Mondes en guerre. 4e partie. L'heure de Rome (NDL)
4e partie. L’heure de Rome.
Chapitre 1. De la haute République à l’expansion méditerranéenne. (J-C Couvenhes et Sylvain Janniard).
« Dans l’imaginaire historique occidental, Rome représente le modèle même de l’Etat militarisé, dont les armées auraient été entraînées et organisées pour servir un désir brutal de domination universelle. Il est vrai que la guerre a joué un rôle central pour la cité-Etat romaine, fondée dans le Latium au VIIIe siècle av J-C et dont l’extension du territoire à la Méditerranée entière, six siècles plus tard, a laissé croire dès l’Antiquité à un destin providentiel des Romains (….). Toutefois, sa structuration supposée parfaite de l’armée de Rome, tout comme le caractère martial qui aurait orienté vers la conquête perpétuelle les cercles dirigeants de sa société doivent plus aux circonstances historiques qu’à une spécificité romaine profonde. »
La guerre et le corps civique.
Les romains font remonter leur organisation militaire à une réforme attribuée au roi Servius Tullius au début du VIe siècle av J-C (décrite par Tite-Live et Denys d’Halicarnasse).
« Cette réforme reposait sur une participation proportionnée aux charges comme aux droits politiques. Selon leur fortune les citoyens étaient répartis en 5 classes, elles mêmes divisées en centuries de nombre inégal selon la classe, les chefs de famille, les plus pauvres, et les moins soumis à contribution donc, formant une catégorie distincte. Chaque centurie devait fournir à la cité une même part de l’imposition directe et un même nombre de mobilisés servant dans la légion manipulasse avec leur propre équipement, qui varia ainsi en fonction de la richesse du soldat. En contrepartie chaque centurie comptait pour une voix aux comices centuriates qui élisaient les magistrats. » il y avait au total 193 centuries dont 98 pour la première classe. Étant moins nombreux dans les premières centuries, les citoyens les plus fortunés devaient être plus sollicités fiscalement et militairement. Ce système fonctionna jusqu’à la fin de la République libre.
« Cité-Etat d’influence grecque et étrusque, Rome exigeait des hommes adultes qui la composaient des mobilisations armées régulières ou exceptionnelles, destinées à assurer sa défense ou à étendre son territoire. »
« Se distinguer lors d’une guerre, par son courage personnel (…) ou ses qualités de commandement, permettait à un noble romain, entre autres moyens, de faire reconnaître par le corps civique son excellence personnelle, la supériorité sociale et politique de sa famille, soit sa dignitas, et d’obtenir des citoyens les marques d’éloge et l’élection aux fonctions publiques à même de lui garantir son statut dans la cité. »
« La satisfaction des ambitions symboliques, sociales et politiques de l’aristocratie romaine, n’aurait pu néanmoins à elle seule suffire à faire accepter à l’ensemble de la cité une mobilisation militaire dont l’ampleur, la durée et les conséquences placent Rome bien au-delà de l’activité martiale régulière des Etats de la Méditerranée antique. Les guerres contribuaient à enrichir la cité collectivement et individuellement. »
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Confiscation des terres qui ensuite étaient exploitées directement, louées ou vendues.
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Pillage des biens matériels appartenant aux vaincus.
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Indemnités de guerre dues par les vaincus.
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Exploitation fiscale régulière des vaincus.
Ces avantages très importants contribuaient à faire accepter la très forte mobilisation militaire.
Ces profits matériels de la guerre profitaient à de nombreuses personnes :
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Soldats et officiers qui reçoivent une part de plus en plus importante au fur et à mesure des conquêtes. Dès le IVe siècle av J-C, les soldats reçoivent une solde pour compenser leur perte d’activité économique.
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Les sociétés financières privées qui étaient chargées d’approvisionner les armées puis d’exploiter fiscalement les conquêtes. Les sommes brassées par ces sociétés au cours de la phase d’expansion de l’Empire romain étaient considérables, ainsi que leurs bénéfices (les publicains).
« Il serait erroné toutefois de considérer le souci de l’enrichissement individuel ou collectif comme le moteur premier des opérations militaires romaines (IVe - IIIe av J-C). Les richesses attendues des victoires de la cité ne faisaient guère l’objet d’une évaluation préalable tandis que l’exploitation régulière des terres conquises en Méditerranée ne s’imposa pas avant le milieu du IIe av J-C et la plupart du temps en conservant les systèmes fiscaux antérieurs à la domination romaine. »
D’autre part, cette politique militaire de la cité n’était en rien dictée par la pression des publicains à la recherche de profits. « D’autres impératifs semblent avoir été bien plus importants dans la justification des entrées en guerre et la conduite des conflits, en particulier la conformité exigé des pratiques militaires romaines avec un idéal de guerre juste, déclarée ouvertement et régulièrement, selon l’antique droit religieux, menée au motif légitime et réparer les offenses matérielles ou symboliques subies par le peuple romain, pratiquée selon les moyens de l’affrontement ouvert, qui privilégiait le choc frontal à la dissimulation, la guerre romaine ne pouvait qu’être juste. »
Dans ses opération militaires l’armée romaine put compter sur deux atouts :
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L’efficacité des sociétés de publicains pour l’approvisionnement et l’équipement de l’armée.
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Un réseau de voies de communication de plus en plus dense (à la fois pour la circulation des armées et des ravitaillements).
La conquête du bassin Méditerranéen.
Les deux premiers siècles de l’histoire de Rome sont consacrés à la nécessité de contenir les visées expansionnistes des cités étrusques, en particulier Véies prise en 396 av J-C.
Ensuite Rome lutte pour la primauté au sein de la ligue qu’elle a constitué avec les cités voisines du Latium. En 338 av J-C la ligue est intégrée à son propre territoire.
Par ailleurs, elle doit repousser les raids de pillage régulièrement organisés par les peuples des contreforts des Apennins.
« La récurrence élevée des affrontements souvent menés dans des conditions défavorables pour la cité, sur la défensive et obligée de répartir ses moyens limités sur plusieurs fronts, aboutit à la transformation fondamentale de ses objectifs de guerre : plus qu’un rétablissement des équilibres politiques entre partenaires rivaux, la guerre fut désormais perçue comme l’unique solution pour s’assurer une supériorité absolue sur les peuples voisins, ainsi que les moyens pour la préserver, y compris par l’anéantissement de l’adversaire ou son absorption dans la cité romaine. »
L’ambition expansionniste romaine en Italie se manifeste après la Seconde Guerre Samnite et les cités grecques d’Italie entrent définitivement dans le réseau d’alliance de Rome à partir de 272 av J-C. Désormais Rome contrôle la péninsule italienne au sud du Pô.
« La rapidité et l’ampleur des réussites des Romains s’expliquent précisément par l’appui militaire et la logistique qu’ils surent obtenir de leurs premiers alliés (….) L’effet cumulatif d’un tel accroissement de ressources humaines et matérielles rendu possible par les progrès rapides de sa domination sur l’Italie, fit de la cité de Romulus, dès le milieu du IIIe siècle av J-C, la principale puissance de la Méditerranée occidentale (….) Son premier acte majeur en tant que puissance fut de disputer longuement mais victorieusement, la souveraineté sur la Sicile à Carthage (1ere Guerre punique 264 - 241 av J-C).
Lors de la Deuxième Guerre punique, désastre romain de Cannes (Août 216 av J-C) : 6000 morts Carthaginois, pour 48000 morts romains, 20000 prisonniers. Perte des deux consuls, 29 tribuns militaires et plus de 80 membres de l’ordre sénatorial.
La Deuxième Guerre punique permet aussi à Rome de prendre conscience du danger que représentent les grandes monarchies hellénistiques d’où plusieurs campagnes contre elles :
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Macédoine en 200 - 196 av J-C et 172 - 168 av J-C.
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Séleucides en 192 - 188 av J-C.
Cela permet à Rome de contrôler la Grèce et la Macédoine.
Le contrôle de ces territoires a « reposé in fine sur une analyse bien informée des rivalités locales, et sur leur manipulation afin de maintenir une fragmentation des acteurs politiques et de prévenir toute possibilité d’union militaire contre elle. »
Les monarchies hellénistiques et les Grecs face à la République romaine.
22 juin 168 av J-C. Bataille décisive de Pydna. Victoire des Romains sur les Macédoniens. Le consul Paul Emile aligne 39.000 hommes dont 26.000 légionnaires et fantassins lourds, 4000 cavaliers face à 44.000 fantassins et 4000 cavaliers.
L’armée romaine de cette période se compose de 3 lignes :
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1ere ligne, les hastati, les plus jeunes.
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2e ligne, les principes, les hommes murs.
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3e ligne, les triarii, les hommes les plus âgés.
« Tous les soldats avaient en commun une cuirasse articulée et relativement légère, composée d’un pectoral de bronze fixé sur une gaine de cuir et renforcement d’airain (cuivre), une épée à longue lame, pus à partir de la Deuxième Guerre punique, de type espagnol assez courte et à double tranchant, apte à frapper d’estoc aussi bien que de taille. Leur armement ne différait que sur un seul point : les deux premières lignes étaient munies d’un ou de deux pila (arme de jet d’une portée de 30 m) tandis que les triarii étaient dotés d’une pique semblable à celle des hoplites. Le manipule, divisé en deux centuries (de droite et de gauche) devint la nouvelle unité tactique. Il y en avait 30 par légion : 10 manipules de hastati et 10 manipules de principes comptant chacun environ 120 hommes et 10 manipules de triarii dont les effectifs étaient inférieurs de moitié aux précédents, de telle sorte qu’une légion comprenait en moyenne 3000 fantassins lourds. »
Sur le terrain disposition des manipules en échiquier ou en quinconce. Les manipules de la première ligne sont séparés les uns des autres par des intervalles égaux à leur front de bataille (généralement 20 hommes de front). La deuxième ligne est en retrait face aux vides de la première ligne. La troisième ligne se place vis à vis de la première ligne.
« Si les hastati, après le jet préliminaire du pilum, avaient le dessous dans le corps à corps, ils pouvaient ainsi se retirer à travers les intervalles des principes, et si ceux-ci venaient à leur tout à fléchir, les triarii étaient là pour recueillir les rescapés. »
Ce système très souple, pouvait être adapté selon les circonstances.
Les bases de l’Empire romain.
« La constitution de l’imperium Romanum, selon un rythme discontinu mais relativement rapide à l’échelle des civilisations méditerranéennes, par une cité aux origines modeste, épuise les tentatives d’explication. Pour un observateur de premier plan et bien informé comme Polybe, la progression romaine en Méditerranée aurait relevé d’une quête assumée d’hégémonie universelle. »
« Les interprétations plus récentes du phénomène voient dans cette expansion le produit d’un engrenage malheureux dans lequel se serait abîmé la Cité, avant tout soucieuse de sa sécurité et de La Défense de ses alliés, tandis que sur un autre versant, et à meilleur titre est rappelé l’intérêt économique et politique pris à la conquête par les groupes décisionnels au sein du peuple romain. »
Rapidement à Rome émergence aussi d’une pensée qui faisait un lien étroit entre la défense des intérêts de la cité et la révérence nécessairement due par les autres à son honneur.
Pour les romains cette notion d’honneur comportait :
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Le soutien promis aux alliés.
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Refus d’abandonner la moindre parcelle de territoire conquis.
« Toute réflexion sur « l’impérialisme » Romain doit tenir compte de l’évolution des conditions dans lesquelles il a pu se déployer : sa victoire lors de la deuxième guerre punique, en modifiant la conscience que les Romains avaient de leurs capacités de mobilisation humaine, matérielle et financière, transforma la place qu’ils s’attribuaient en Méditerranée, celle désormais d’une puissance sans pareille guère tenue par les jeux politiques traditionnels entre États hellénistiques. »
« L’attitude des armées romaines révèle souvent ce que masquent les sèches Annales de leurs victoires finales. La longueur et la brutalité des campagnes, les revers subis et surmontés au prix d’un effort collectif y compris de mobilisation, aux lourds effets individuels. Elle montre aussi que, confiants dans la qualité des équipements et des méthodes de guerre de leurs troupes, les généraux romains préféraient autant provoquer la crainte de leur emploi que d’avoir à en risquer un usage répété. »
Dès le VIe siècle av J-C les fantassins romains utilisent des méthodes adaptées de la phalange étrusque. « Une telle disposition des armées convenait assez bien aux capacités de mobilisation de la cité romaine - guère plus de 10.000 hommes par an - ainsi qu’aux formes prises par la guerre : des opérations ponctuelles, le plus souvent défensives, menées à proximité de la ville et contre des adversaires partageant les mêmes habitudes tactiques. »
Mais à partir de la fin du IVe siècle av J-C modification par rapport au modèle hoplitique.
La légion est composée d’un peu plus de 4000 fantassins dont 3000 lourdement armés. A l’intérieur de cette légion, subdivisions tactiques en centuries (100 hommes) et manipulés (2 par centuries). Ces manipules étaient disposés en 3 lignes continues et à distance l’une derrière l’autre.
« Une telle organisation offrait la possibilité d’un appui mutuel des lignes, gage de supériorité des armées romaines sur leurs adversaires au même titre que la souplesse de mouvement et d’action permise par la disposition par manipule. Ce schéma de soutien entre lignes mieux articulées de fantassins avait probablement été élaboré progressivement au cours du IVe siècle av J-C, mais trouva son plein épanouissement au cours des guerres samnites (349 - 290 av J-C). »
Dans le combat utilisation de la lance pour la 3e ligne. Pour les deux premières lignes, combinaison entre le jet du pilum et le combat d’escrime avec une courte épée, le légionnaire étant protégé par un long bouclier rectangulaire et semi—cylindrique.
« Plus que sur l’usage régulier des lignes de réserve, la facilité de mouvement des manipules ou le début d’uniformisations de leur armement, les victoires reposaient in fine sur le travail des officiers subalternes responsables des centuries (…) La récurrence de leur service de commandement permettait l’accumulation d’une solide expérience de l’action militaire (….) favorable à l’exécution ou à la correction des plans du général en chef, à l’adaptation aux imprévus du champ de bataille et tout simplement à l’application des modalités d’emploi des troupes. Les mobilisations répétées, à partir du IVe siècle, avaient de fait créé dans la cité une tradition militaire particulière, reposant sur une uniformisation relative des procédures de conduite de la guerre, y compris pour sa logistique, et des schémas tactiques. Cette tradition légitimait un entraînement martial régulier des citoyens et une discipline forte, mais produisait en retour, parmi les mobilisés, un sentiment de confiance dans les capacités collectives romaines, quelles que fussent les qualités individuelles du général en chef. »
Mais le rôle du général en chef demeurait fondamental, surtout pour la planification du mouvement des forces et l’interprétation des renseignements dont il pouvait disposer.
Lors des batailles :
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infanterie lourde au centre des lignes.
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Ailes protégées par la cavalerie.
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Infanterie légère couvrant, en avant du front, les mouvements des unités romaines et forçant les adversaires à se découvrir.
Lorsque les Romains étaient en infériorité numérique ou qu’ils craignaient un débordement par les ailes, ils s’appuyaient sur des obstacles naturels ou artificiels. Le camp dressé près du champ de bataille pouvait servir de points de repli.
« Le rôle du général ne se limitait pas à l’établissement du dispositif tactique initial ni à l’exécution d’un plan de bataille, ou à sa modification selon les événements du combat, et il pouvait intervenir personnellement, se mettre physiquement en danger, là où son action paraissait nécessaire. »
Avec le temps, enrichissement de la palette militaire romaine.
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Cavalerie. Développement et ouverture aux forces alliées qui fournissaient des spécialisations tactiques. Elle effectuait de nombreuses tâches : éclairage, protection des convois, couverture des flancs de l’infanterie, poursuite des vaincus, parfois enveloppement des lignes adverses. Mais son emploi comme arme de décision resta rare avant Zama (202 av J-C)
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Poliorcétique (art des sièges). Dans ce domaine, larges emprunts au monde grec et phénicien dès le IVe siècle av J-C. Les Romains ne sont les inventeurs d’aucune invention majeure. Par contre dès le IIIe av J-C « forts de leur puissance démographique et logistique, les armées de la cité ne rechignaient pas à l’immobilisation prolongée devant les murs adverses et privilégiaient les longs et complexes travaux d’investissement et de sape. »
Les guerres contre Carthage sont à l’origine, pour leur part, du développement de la flotte romaine pour maîtriser les côtes et les ports que Rome jugeait utiles à sa puissance. Cela permettait aussi le transport à longue distance de troupes et de ravitaillement.
Dans le domaine naval, là aussi, peu d’innovations. Le combat naval repose toujours sur l’éperonnage puis l’abordage du navire ennemi. Seule innovation, un pont mobile d’abordage : le corvus.
« dès le début du IIIe siècle av J-C, les conditions étaient réunis pour que les moyens considérables de la cité puissent être mis au service des manifestations d’une puissance d’abord régionale puis méditerranéenne, et que le fantassin polyvalent dont elle s’enorgueillissait l’emportât sur les redoutables phalanges des souverains hellénistiques. »
Chapitre 2. Les guerres des Imperatores. Ier av J-C - IIIe ap J-C. (Sylvain Janniard)
« Dés la fin du IIe siècle av J-C, les conditions censitaires pour être conscrit avaient été fortement abaissées et, pour des raisons d’harmonisation matérielle, l’équipement du soldat lui était fourni par l’Etat. Pour autant cet élargissement du nombre de recrues potentielles ne remplaça pas la levée obligatoire à combler les rangs de l’armée romaine d’un prolétariat de mercenaires. Les avantages matériels du service, telles les distributions régulières de terres ou les rétributions monétaires substantielles de fin de campagne, ne devinrent une source de revenus pérenne qu’à partir du deuxième tiers du Ier siècle av J-C. Toutefois la durée croissante de mobilisation des troupes, pour les campagnes lointaines et les tâches de garnison, tout en promettant la diffusion de compétences techniques à l’échelle de l’ensemble des forces de la Cité, avait convaincu un certain nombre de Romains en augmentation constante que la guerre pouvait être une activité pérenne et rémunératrice. »
Une affaire de professionnels.
C’est avec le règne d’Auguste que se met en place une armée véritablement professionnelle.
13 av J-C. La période de service dans la légion est fixée à 20 ans.
5 ap J-C. La période de service dans la légion passe à 25 ans.
« La professionnalisation de l’outil militaire romain permettait à Auguste de tirer profit, dans un souci d’efficacité, de l’inclination pour le métier des armes manifestée par une part des citoyens de la dernière génération de la République. Elle lui offrait surtout les moyens d’une ambitieuse politique d’extension de l’Empire en Occident et de contrôle des institutions de la Cité. »
Le commandement des unités était confié à des officiers issus de l’ordre des sénateurs et des chevaliers. Ils étaient nommés par l’empereur et étaient comptables de leurs actions militaires auprès du prince.
« Au sein des unités, la professionnalisation aboutit à l’établissement d’une structure hiérarchisée de gradés, les principales, dont les compétences techniques, complémentaires et indispensables (….) bénéficiaient de la continuité du service. »
Cette professionnalisation permettait aussi la formation de fortes solidarités de groupes.
Composition du corps de bataille au début du IIe siècle :
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30 légions d’environ 5000 hommes chacune soit environ 150.000 hommes.
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Environ 300 corps auxiliaires (entre 500 et 1000 hommes chaque) soit environ 170.000 hommes se divisent en 3 groupes :
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Les ailes de cavalerie
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Les cohortes de fantassins
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Les cohortes mixtes.
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10 cohortes prétoriennes à Rome, chargées de la protection de l’Empereur et du maintien de l’ordre public.
Les gouverneurs avaient autorité sur les troupes stationnées dans leur province. Lorsqu’il y avait plusieurs légions dans une province, chacune d’elle obéissait à un légat sénatorial ou à un préfet équestre.
Au sein de chaque légion les officiers d’état-major et d’administration portaient le titre de tribun (1 tribun sénatorial et 5 tribuns équestres). Ces fonctions étaient quasiment exercées par des chevaliers.
Les besoins militaires des campagnes provoquent une augmentation des effectifs qui atteignent 450.000 hommes au début du IIIe siècle, avec une augmentation de la part de la cavalerie (20%). De même pour s’adapter aux nouveaux adversaires, multiplication d’unités spécifiques (archers, javeliniers, cavaliers de choc, lanciers).
Cette professionnalisation offrit de nombreux avantages :
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Entraînements individuel et collectif réguliers.
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Habitude de combattre ensemble.
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Encadrement susceptible d’accumuler, d’analyser et de diffuser les pratiques militaires les plus efficaces.
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Polyvalence des armes à disposition des commandants.
« Peu de forces opposées à Rome pouvaient alors rivaliser avec elle en tous ces domaines. »
Les formes de la guerre.
Elles se répartissent en trois grandes catégories :
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1 Les guerres de conquêtes extérieures. L’objectif des armées était de provoquer la reddition par une défaite massive des armées ennemies ou par la capture de ses principales places fortes. « L’invasion était souvent menée par plusieurs colonnes qui agissaient simultanément, sur des aires géographiques distinctes, afin de brouiller l’information à disposition des peuples envahis. » les opérations pouvaient, dans certains cas, être amphibies. « De telles campagnes supposaient une attention poussée à la collecte des données opérationnelles et tactiques. »
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2 Les guerres de réaffirmation de l’autorité romaine sur les communautés sujettes à l’Empire. Ces guerres surviennent dans deux cas.
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Révolte provinciale (en particulier entre le Ier av J-C et le Ier ap J-C)
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Rupture d’une alliance entre l’Empire et une entité politique voisine « perçue par les Romains comme relevant de leur sphère de pouvoir immédiat. »
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« Dans ce type d’opérations, les armées romaines étaient fréquemment confrontées aux techniques de guérilla de leurs adversaires qui profitaient de leur maîtrise des conditions locales pour compenser leur infériorité technique ou numérique et rétablir des possibilités d’engagement du fort au faible. » (coups de main et embuscades). En réponse, les Romains pouvaient utiliser les mêmes tactiques en utilisant les auxiliaires ou des légionnaires qui se fondaient sur la vitesse des déplacements. Un adversaire qui se refusait pouvait être contraint à l’affrontement par la dévastation matérielle de son territoire, une pratique de terreur qui, en guise de rétorsion accompagnait aussi souvent la victoire romaine. »
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3 Les guerres civiles. Ces guerres menées par des armées aux capacités uniformes ne se terminaient que par l’élimination des chefs du parti adverse après des batailles en rase campagne « où les effectifs globaux et les compétences tactiques propres des commandants de l’un ou l’autre camp avaient pu faire la différence. »
Les tactiques romaines.
« L’un des points communs aux trois grands groupes de guerre demeure le souci des généraux romains de conserver en permanence l’initiative tactique, laissant peu de répit à leurs adversaires, qu’ils poussaient à l’affrontement rangé ou au siège. La confiance dans les qualités de leurs troupes et de leur équipement les amenait même à tenter un engagement lorsque les conditions de lieu ou de nombre n’étaient pas entièrement à leur avantage. »
Malgré toutes ces qualités, le rôle des chefs était essentiel. « Choisissant d’ordinaire une position à l’arrière du champ de bataille, qu’ils ne quittaient que pour rétablir in extremis la cohésion de leurs lignes (….) les commandants romains assuraient trois fonctions principales »
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Conforter le moral de leurs troupes.
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Vérifier que les officiers subalternes appliquaient bien le plan de bataille.
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Adapter le plan de bataille au déroulement du combat.
Les ordres des commandants étaient transmis par des estafettes aux officiers subalternes qui les faisaient exécuter à l’aide de signaux (instruments de musique, agitation d’enseignes).
Les généraux bénéficiaient d’un autre avantage : la grande complémentarité et le large éventail de possibilités tactiques des unités à leur disposition (en levant des spécialistes dans les communautés conquises (ex fantassins légers en Hispanie, cavaliers numides).
« L’institutionnalisation de ces troupes sus forme d’unités auxiliaires régulières par Auguste ouvrit la possibilité que les transferts techniques permissent de disjoindre progressivement, en particulier pour l’infanterie légère, provenance régionale et compétences martiales spécifiques. »
Dans les engagements le dispositif tactique usuel place l’infanterie légionnaire au centre protégée sur les ailes par les auxiliaires à pied, puis à cheval. Mais selon les conditions du terrain, il pouvait y avoir des adaptations, l’objectif étant de briser la ligne adverse, soit par enveloppement des ailes, soit par enfoncement du centre.
A partir du IIe siècle, l’unité tactique n’est plus le manipule, mais la cohorte qui regroupe trois manipules.
Au combat les cohortes légionnaires étaient disposées en deux ou trois rangs (les 2e et 3e lignes étant en réserve et en soutien de la 1ere).
A la fin du IIe siècle, adoption d’une première ligne dense, présentant un front de lances et de boucliers ce qui présentait un aspect plus dissuasif et plus protecteur.
Les défaites « qui représentaient un coup sérieux porté à la légitimité du prince dont les armées avaient été vaincues, poussaient à une remise en cause de ses capacités à protéger les habitants de l’Empire. Tout revers était durement ressenti par des élites impériales, attachées aux bienfaits matériels et symboliques de la domination sur le monde utile. Pour cette raison, les princes préféraient la démonstration de leur puissance à l’usage de la force et, proclamant leur maîtrise directe de la part la plus féconde du monde connu, ils ne manifestaient pas en permanence, sauf contraintes politiques majeures, le désir irrépressible d’intégrer le reste à l’autorité romaine. »
Les guerres serviles.
A partir de la seconde moitié du IIe Av J-C, le développement de l’économie esclavagiste provoque de véritables guerres serviles.
A partir de 166 av J-C, l’île de Délos déclarée port franc devient l’un des plus grands marché aux esclaves où sont vendus toutes sortes de « marchandises humaines » y compris des prisonniers de guerre.
140 - 135 av J-C. Révolte d’esclaves à Agyrion (Sicile) sous la direction d’un chef syrien Eunous.
D’autres révoltes éclatent en Campanie puis de nouveaux en Sicile.
Mais la révolte la plus importante et la plus spectaculaire reste celle de Spartacus à partir de 73 av J-C en Campanie. Ancien auxiliaire romain condamné à être gladiateur après une désertion, il rassemble une forte armée. Il est battu en 71 av J-C par le proconsul Crassus. 6000 prisonniers sont crucifiés sur la voie appienne. Les derniers survivants ne seront éliminés qu’en 60 av J-C par le prêteur Caius Octavius père du futur Auguste.
Chapitre 3. L’Empire romain, la guerre et les soldats. (Sylvain Janniard)
« Au cours du dernier siècle de la République, la compétition pour le pouvoir fut confisquée par un nombre restreint d’individus : Scylla, Marius, César, Antoine et Octavien qui ont tiré profit de leurs compétences martiales pour fonder, asseoir et couronner leur carrière politique. Les guerres civiles leur donnèrent la maîtrise complète des institutions, mais dès les guerres qu’ils menèrent pour défendre le peuple romain ou étendre l’Empire, ils obtinrent les grands commandements dont ils avaient besoin pour acquérir ou conforter un capital de prestige, de clientèle et de fortune les plaçant au premier rang de l’aristocratie de la ciré. »
Profits et coût de la guerre.
Octavien dû redéfinir le rapport qui existait entre exercice de l’autorité dans la cité et conduite des guerres extérieures. Pour cela il fonde un nouveau régime, le principat qui s’appuie sur une armée importante et permanente. Cela devait lui permettre d’assurer sa propre sécurité et lui permettre d’acquérir une gloire militaire, source de légitimité personnelle. « Les princes étaient néanmoins contraints de maintenir des liens personnels étroits et exclusifs avec leur armée. C’est en leur nom que s’effectuait le règlement des soldes et les diverses contributions monétaires (….). Les troupes devaient considérer leur bien être matériel et leur statut privilégié comme la récompense direct de leur loyauté complète envers la seule famille régnante, loyauté supposée confortée par la camaraderie fictive qu’exprimait le terme de commilitones, par lequel prince s’adressait à ses soldats. »
Cette maîtrise de l’outil militaire par l’empereur s’accompagnait de l’exclusivité de la décision quand il s’agissait de déclencher une guerre.
« L’une des principales fonctions du premier citoyen de la cité était de maintenir un état de paix, que seule rendait possible la défense tatillonne de la majesté et de l’empire des Romains. »
Il portait d’ailleurs le titre d’imperator qui à l’origine voulait dire « général victorieux » associé à des surnoms de victoires (Britannicus, Partibus par exemple).
« L’image de l’Imperator en tant que garant actif de la puissance romaine » se manifestait de différentes manières :
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Processions triomphales à Rome.
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Proclamation de victoires.
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Entrées ou sorties solennelles du prince.
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Réception de délégations étrangères.
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Erection d’arcs de triomphe.
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Statuaires des princes en chef de guerre.
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Monnaies.
Pour éviter un transfert de ce prestige à des commandants d’armées, dès 19 av J-C toutes les actions militaires s’accomplissent sous l’autorité du prince « afin que ce dernier devint l’unique bénéficiaire de leurs issues favorables. »
A partir du second tiers du IIIe siècle, soit pour compenser le peu de relief de leur règne, soit parce que le prestige militaire était considéré comme primordial, soit par goût, soit par nécessité, les principes participent de plus directement aux opérations militaires, ce qui avait aussi pour conséquence de motiver les unités engagées.
« Sans être une monarchie militaire, le principat reposait sur la loyauté politique des troupes, garantie par les pratiques « clientélistes » du pouvoir, lesquelles ne pouvaient donner toutefois leur plein effet que si l’imperator faisait régulièrement l’effort de conformer ses actes à l’image d’invincibilité afférente à sa fonction. »
Dans ce cadre les princes surveillaient étroitement l’activité militaire des gouverneurs et n’hésitaient pas à confier les opérations importantes à leurs proches.
« Au IIIe siècle, la multiplication des corps expéditionnaires (constitués à partir des corps d’élite) obligea le pouvoir à s’affranchir alors des pratiques habituelles de promotions administratives au profit de nominations ad hoc ». Ce seront les chevaliers qui en profiteront le plus étant disponibles en plus grand nombre. Parmi eux ce sont les officiers d’ordonnance ou d’état-major qui en profitèrent le plus, étant les plus expérimentés. « Lorsque les armées provinciales s’arrogèrent dans le second tiers du IIIe siècle la prérogative exclusive de transmettre les pouvoirs impériaux, les premiers bénéficiaires de la confiance des troupes provinrent de ce vivier de cadres professionnels. »
Pour les soldats, les guerres offraient des perspectives de butin, de promotions, de distinction, de distributions monétaires, voire d’allotûssements pour les vétérans. « Pour autant, les soldats, qu’un serment contraignait à l’obéissance stricte à leurs chefs, n’attendaient pas en contrepartie de cet engagement que le pouvoir les enrichit par la guerre. »
« Expressions du peuple en armes et de ses prérogatives politiques, fiers de leur place reconnue dans la défense de la cité aux côtés du prince, les soldats s’autorisaient à cette aune à jauger les actions de leurs dirigeants et à considérer leurs exigences matérielles comme la juste récompense de leur rôle dans l’Etat. »
Pour les populations civiles des provinces conquises, cela avait pour conséquence un bouleversement des structures politiques, économiques et démographiques dans un premier temps, puis l’installation de garnisons romaines, l’installation de vétérans sur des terres confisquées et plus tard une hausse de la pression fiscale, mais aussi de réquisitions de toutes sortes.
« Tout reposait sur les ressources des cités de l’empire, qui devaient donc se plier en temps de guerre à des levées extraordinaires, des réquisitions, peu souvent remboursées, de denrées, de véhicules, de logements et aux abus qu’elles pouvaient entraîner. » Parfois de riches notables, pour se faire remarquer du prince, pouvaient prendre à leur charge, ces frais.
Au service du Prince et de l’Empire.
La question des buts de guerre des empereurs :
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Défendre l’ordre, la prospérité et la « civilisation romaine ».
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La recherche par les gouvernants de la gloire militaire.
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L’expansion de « l’imperium romanum. »
« Au regard de Rome, le refus de reconnaître sur un pied d’égalité les entités politiques voisines impliquait, pour ces dernières, une situation de dépendance plus ou moins affirmées. Rejeter cette dépendance ne pouvait être véritablement rétablie par la seule négociation, acceptée au mieux comme un expédient provisoire tant que l’intervention armée directe devait être différée. Celle-là engagée, l’objectif romain était de défaire complètement l’adversaire, en s’adaptant aux circonstances et aux difficultés logistiques. Les rapports de sujétion sur les peuples limitrophes pouvaient être aussi rompus par le désir de gloire militaire d’un imperator, la nécessité de récompenser ou d’occuper son armée, de réparer enfin un affront à la position prédominante de Rome, garantie en principe par sa supériorité militaire. »
Mais pour mener ces guerres, le pouvoir semble avoir été dépourvu de moyens permanents de collecte d’informations stratégiques, hors du territoire de l’Empire.
A partir du Ier siècle, et progressivement, la majeure partie des forces romaines est concentrée le long du limes. Ce limes « ne représentait en rien une « frontière scientifique », mais marquait la limite extrême et temporaire de la conquête militaire, sans rationalité topographique autre que l’établissement de lignes de communication et d’approvisionnement adéquates, adossées le plus souvent aux grands fleuves d’Eurasie. Par elles parvenaient aux garnisons les produits des prélèvements fiscaux, des réquisitions et des achats nécessaires à leur équipement et à leur entretien. »
La localisation des unités était aussi conditionnée aux nécessités du maintienne l’ordre intérieur et des nécessités des déplacements offensifs ou défensifs vers les peuples extérieurs.
« Soucieux d’être considéré à l’égal des grands chefs de guerre romains et pas uniquement comme le sanglant vainqueur d’un dernier cycle de luttes intestines, Auguste mena une intense politique de conquête, conduite souvent en sa présence, par ses familiers et ceux qu’il avait associés à son pouvoir. »
Le mur d’Hadrien.
Il est construit de 122 à 133 sur une longueur de 117 km, du Solway Firth à l’estuaire de la Tyne. Il se compose de :
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Un mur en pierre, puis à l’ouest en mottes de terre de 6 mètre de haut sur 3 mètres de large.
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Au nord du mur, un fossé triangulaire (10 mètres de large, 3 mètres de profondeur), protégé sur son versant nord par un glacis de 1,50 mètre de hauteur.
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Au sud du mur, à environ 60 mètre, un autre fossé à fond plat (6 mètre de large, 3 mètres de profondeur), encadré par deux talus de 2 mètres de haut.
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Entre le mur et le fossé nord, une route de circulation militaire.
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Dans le parement sud du rempart, insertion tous les 500 mètres d’une tour de surveillance de 6 x 6 mètres.
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Tous les 1500 mètres, présence d’un fortin surmonté d’une tour, et pouvant accueillir 40 hommes.
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Tous les 7 kilomètres se trouvait un camp de 2 hectares qui pouvait accueillir une unité auxiliaire.
Le mur d’Hadrien nécessitait une garnison d’environ 8000 hommes.
Ce mur était sans commune mesure avec le danger que représentaient les populations de l’actuelle Ecosse. « Le projet répond plutôt au désir d’un prince initialement mal assuré dans son pouvoir, de conforter l’armée et la population dans ses capacités à protéger l’Empire (….) C’est surtout comme expression matérielle et symbolique de la puissance de Rome qu’il importait immédiatement. »
« Passé le règne Claudine, la poursuite d’ambitieuses expéditions de conquêtes extérieures caractérise les règnes de Trajan et des premiers Sévères, souvent avec des injonctions similaires : mettre à distance des prises de pouvoir confuses ou violentes pour les seconds (guerres civiles des années 193-196), rétablir sur les voisins de l’Empire une supériorité militaire qu’auraient affaiblie les règnes précédents, se conformer enfin au modèle du prince conquérant laissé par Auguste, source de consensus pour toutes les composantes de la société romaine. »
« Les conditions qui présidèrent à l’établissement des premières formes de défense de la cité inscrivirent durablement dans l’imaginaire collectif romain un rapport particulier à l’armée et à la guerre, sensible cependant à des oscillations circonstancielles, l’armée ne pouvaient être que l’expression, même lointaine du corps politique ; la guerre y compris dans ses dessins les plus expansionnistes, relevait avant tout de la sauvegarde de la Cité. »
« Le souci essentiel du fondateur du principat, Auguste, fut de redéfinir et de contrôler dans la cité, le lien entre l’armée et le pouvoir. La concentration qu’il établit du commandement éminent sur l’outil militaire, du contrôle sur les ressources lui permettant de fonctionner et sur les décisions autorisant son emploi avaient surtout pour objet d’éloigner du coeur de l’Empire le spectre de la guerre. Disposée en périphérie du domaine romain, l’armée avait pour fonction d’assurer, à une population largement démilitarisée, qu’elle pouvait jouir des bienfaits garantis à la tranquillité publique par les victoires militaires remportées sous la tutelle du prince. »
« Ce consensus s’éroda progressivement dans l’occident du Ve siècle, à mesure que les exigences fiscales de l’Etat , inégalement réparties en outre, ne correspondirent plus à l’efficacité réelle des missions attendues des troupes. »
« Considérer que de chaque guerre dépendaient la perpétuation de la cité et le respect des droits de ses habitants avait conduit au développement précoce d’une véritable culture militaire romaine » qui peut se résumer en quatre éléments :
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L’étude des arts de la guerre n’est pas une discipline mineure et il était nécessaire de s’y intéresser.
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La cité fut toujours attentive aux moyens d’assurer la cohésion de ses combattants en définissant précocement un statut religieux, économique, juridique du soldat.
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Les élites dirigeantes étaient, à juste titre, persuadées que les victoires dépendaient de facteurs matériels (effectifs, équipements, logistique).
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Cette culture militaire reposait sur l’intégration à l’habitus romain d’un assentiment à la violence.
« Forte de ce rapport particulier à la guerre, la cité n’hésita jamais à se lancer dans des campagnes militaires exceptionnelles par leur durée et leur férocité qu’il s’agit de conquête ou de répression d’atteintes à la majesté des Romains en une succession démesurée d’affrontements sur près d’un millénaire. Ces opérations étaient caractérisées par la détermination sans faille à annihiler les capacités de résistance des adversaires de Rome, y compris en employant la plus grande sauvagerie dans le traitement des combattants et des non-combattants ennemis. »
Chapitre 4. La littérature militaire d’époque romaine. (Immacolata Eramo)
Les manuels tactiques.
Le plus ancien des manuels tactiques conservé est attribué à Asclépiodote, élève de Posidonios philosophe stoïcien fondateur d’une école à Rhodes au Ier siècle. Ce traité de tactique est un précis sans prétention littéraire organisé selon un ordre logique. L’armée décrite est la phalange macédonienne qui dans sa dimension idéale se compose de 16.384 soldats d’infanterie lourde et 8.192 soldats d’infanterie légère.
Arrien de Nicomédie (mort après 146) est l’auteur d’un traité de tactique dont la structure et les thèmes s’inspirent des autres manuels de tactique. Mais il ajoute tout de même une nouveauté, les « exercices équestres ».
Un troisième manuel de tactique, celui d’Élien le tacticien se présente comme un « modèle idéal », indépendant des circonstances « qui portait en outre une attention particulière aux exigences de nature pédagogique avec sa facilité d’utilisation et sa clarté. »
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Table des matières en début d’ouvrage.
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Insertion de schémas, essentiels pour lui pour comprendre le texte.
Un cas à part, l’ouvrage grec de Onasandre (moitié du Ier siècle) intitulé strategikos (manuel pour le général). Ce traité aborde en 42 chapitres chaque aspect de la figure et de l’activité du général (tactique, bien être et santé des soldats, exercices, logistique, information et renseignement, signalisation, pillage, prisonniers, sièges ….). Ce traité est destiné aux Romains et plus particulièrement aux sénateurs romains.
La poliorcétique.
L’aspect le plus important de cette science est la construction des machines de siège.
Héron d’Alexandrie (Ier siècle) compose un traité d’artillerie, les Belopoeica, où il décrit dans un langage simple, les machines de jet, leur fonctionnement et leur utilité.
« Le traité de Héron est hybride : moins ésotérique que les traités hellénistiques accessibles aux seuls scientifiques, il se révèle bien plus profond qu’une simple description « encyclopédique » des engins ou une simple exposition de leurs performances » (en particulier présence de plus de 70 figures).
Ces traités développaient des principes étudiés par les auteurs hellénistiques.
Dans l’ouvrage de Vitruve, De architectura, les chapitres 10-16 du livre X s’inscrivent dans le domaine de la poliorcétique, expliquant les caractéristiques et le fonctionnement de certaines machines de siège.
« La présence d’une section consacrée à la mécanique militaire au sein d’un ouvrage d’architecture (…) s’explique (….) par l’expérience personnelle de l’auteur, ingénieur militaire au service de César, chargé de la construction et de la réparation des balistes, des scorpions et des machines de jet. »
« Dans cette partie de l’ouvrage Vitruve livre une réflexion intéressante sur les caractéristiques et les objectifs des manuels militaires. » Cela permettra aux chefs militaires de choisir les machines les plus adaptées à la situation.
« Vitruve expose ainsi clairement les listes des préceptes et des descriptions que peut fournir un auteur militaire, conscient de ne pouvoir aborder tout le répertoire d’évènements qui peuvent se produire lors d’une guerre et se limitant à fournir des lignes directrices, des idées générales, des suggestions tirées de l’expérience, de son expérience, mais surtout de celle des autres et enfin des exemples historiques, comme modèles de conduite à suivre ou à éviter. »
Apollodore de Damas, architecte ingénieur de Trajan, à la demande de l’empereur qui réclame un guide pour la construction de machines de guerre, écrit les Poliorcétiques. Il s’agit d’une sorte de compte-rendu technique avec schémas et descriptions.
Il introduit d’importantes nouveautés dans le domaine de la poliorcétique :
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Le caractère pratique. Les machines décrites sont faites pour être construites (donc légères, faciles à construire, avec des matériaux trouvés sur place).
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Les nouveautés sont tirées de sa compétence et de ses connaissances. Il propose des innovations mécaniques, simples, mais géniales.
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Il met en valeur, l’importance de la pratique sur le terrain.
L’art des stratagèmes.
« Une tradition grecque remontant au moins à Xénophon ajoute la ruse parmi les recommandations utiles pour devenir un bon général. Obtenir la victoire sans combattre, mais en ayant recours à la ruse, est un principe auquel il est souvent fait référence dans la pensée militaire occidentale. Il n’est donc pas étonnant qu’au sein de la production militaire, la stratagématique (l’art des stratagèmes) ait acquis une certaine autonomie vis-à-vis de la stratégie et qu’elle fasse l’objet de monographies. »
Dans ce domaine, seuls deux textes sont connus :
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En latin, les strategemata de Frontin.
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En grec, les strategika de Polyen.
Dans l’ouvrage de Frontin, ses 580 ruses de guerre, tirées pour la plupart de sources historiques sont classées selon les phases de la campagne.
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Livre I. Avant la bataille.
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Livres I - II. Pendant la bataille.
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Livre III. Après la bataille.
Pour sa part, Polyen adresse à Marc Aurèle un recueil d’environ 900 anecdotes de guerre. « Il s’agit de fournir des modèles à imiter qui montrent comment on obtient souvent la victoire non par la force, mais par l’intelligence et la ruse. Il met ainsi en lumière ce pourquoi la stratagématique peut-être considérée comme une partie importante de la stratégie. »
« Les ruses sont réparties par catégories (Grecs, Macédoniens, Siciliens, peuples issus de différentes ethnies, « barbares », Romains et femmes), qui sont à leur tour réparties selon les personnages, en suivant un ordre essentiellement chronologique (….) Outre son importance comme source historique, puisqu’elle relate parfois des évènements que l’on ignorerait autrement ou qu’elle livre de nouvelles versions d’un fait, l’oeuvre de Polyen serait aussi cruciale pour le succès du genre stratagématique à l’époque byzantine. »
Chapitre 5. Mondes orientaux en guerre. (Omar Coloru, Immacolata Eramo, Maxime Petitjean)
L’empire des Parthes est fondé vers 250 av J-C, par Arsace un chef nomade de souche iranienne, entre l’Iran oriental et le Turkménistan actuels. Les successeurs d’Alsace vont régner jusqu’en 224.
Les premiers contacts officiels entre Parthes et Romains datent des années 90 av J-C. « Mais quand Pompée, vers 65 av J-C, liquida ce qui restait de l’empire Séleucide et fit de la Syrie, une province romaine, l’évidente rivalité entre les deux empires s’imposa. »
La « flèche du Partie. »
54 - 53 av J-C, Rome, sous la direction du proconsul Crassus , envoie une armée de 50.000 hommes pour conquérir la Mésopotamie.
9 juin 53 av J-C. Bataille de Carrhes, qui est un désastre pour l’armée romaine. 20.000 Romains sont tués, Crassus lui-même étant tué quelques temps plus tard dans une escarmouche.
Les légionnaires romains se trouvent confrontés à deux types de cavaliers :
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Des archers à cheval, cavaliers légers, qui simulent la fuite, puis se retournent et frappent avec leurs flèches (la flèche du Parthe).
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Une cavalerie lourde d’élite (les cataphractaires) entièrement protégée d’une cuirasse d’écilles ou d’une cotte de mailles. « Les escadrons de cataphractaires armés d’une longue pique, attaquaient ensemble, en bloc, formant ainsi un véritable mur capable d’effectuer une percée meurtrière. »
Malgré la défaite de Carrhes, les Romains vont s’engager dans une guerre interminable contre les Parthes puis leurs successeurs les Perses sassanides.
Trajan, ou les limites de la conquête romaine.
Trajan reprend le projet d’invasion de la Mésopotamie avec une armée d’environ 80.000 hommes à partir de 113. Après la prise de Babylone, Trajan s’empare de Ctésiphon, résidence royale, point de départ des deux principales voies de commerce vers l’Inde et a Chine (116).
Mais ces conquêtes sont éphémères et l’Euphrate constituera longtemps par la frontière entre les deux empires.
Mais ces campagnes régulières contre les Parthes, déclenchèrent une crise politique qui en quelques décennies entraîna la chute de la dynastie des Arsacides et la montée des Sassanides.
Les Sarmates, les Alains et l’évolution technique de la cavalerie.
« Chez les Sarmates, au tournant du Ier siècle, la pratique de la guerre subit un changement radical avec l’apparition des Alains. »
Mais discussion en cours chez les historiens pour connaître la nature des Alains. « La reconstruction la plus crédible semble celle avancée par Ioraslov Lebedynsky, qui propose de voir dans les Alains des nomades iranophones culturellement proches des Sarmates. » Ils seraient venus d’Asie centrale pour s’établir sur le cours inférieur du Don exerçant une influence sur les tribus sarmates voisines.
Au contact des Alains, les Sarmates développent des innovations techniques qui concernent essentiellement la cavalerie :
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Apparition d’une cavalerie lourde (cavaliers protégés par une cotte en cuir sur laquelle sont cousues des écailles en fer, et par un casque composite de la même composition. Les chevaux sont eux aussi protégés de la même manière.
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Equipement d’une longue lance de 4,50m de long. Les cavaliers se rangent en escadrons de choc et chargent à l’aide de la lance qu’ils manient à deux mains pour percer les lignes ennemies.
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Utilisation, sans doute, d’une selle de type rigide pour donner plus de stabilité au cavalier.
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Les cavaliers sont aussi équipés d’une épée longue et d’un arc composite.
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Utilisation d’un lasso pour attraper et désarçonner les cavaliers adverses.
Par contre, « s’ils sont désarçonnés, le poids de leur armement limite leurs mouvements, et l’infanterie ennemie peut alors plus aisément les tuer ou les capturer. »
« Ainsi, impressionnés par la cavalerie lourde sarmato-alaine, les Romains ont pu emprunter certains éléments de l’armement de ces lanciers comme leur mode de combat. Il est toutefois impossible d’attribuer exclusivement ces influences aux Sarmates puisque des composantes de leur équipement sont communes à celui d’autres peuples de la steppe, sous des formes variées. Les Romains ne sont d’ailleurs pas les seuls à emprunter cette panoplie et cette méthode de combat qui, à titre d’exemple se retrouve chez les Parthes, les Sassanides, et la tribu germanique des Quades. »
Mais c’est seulement sous le règne d’Hadrien (117-138) qu’apparaît une cavalerie lourde dans l’armée romaine. Dans certains cas, ces cavaliers portent en plus des manches et des jambières composées de lamelles de fer et ne possèdent pas de boucliers. Par ailleurs des cavaliers armâtes sont recrutés dans l’armée romaine. « Pourtant, ce n’est que dans le courant du IIIe siècle que ces unités gagneront en visibilité et deviendront prépondérante dans les conflits caractéristiques de cette période. »
175. Après sa victoire sur les Zyges alliés des Quades, l’empereur Marc-Aurèle obtient 8000 cavaliers auxiliaires dont 5500 sont envoyés en Bretagne pour surveiller la frontière le long du mur d’Hadrien.
La guerre en Chine : Un Orient pas si extrême ?
Fin du IVe av J-C, ascension fulgurante de l’Etat de Qin. Cette principauté située dans la vallée de la Wei, étend sa domination vers l’est (nord du Shaanxi, puis direction du Sichuan au sud).
230 av J-C. Destruction du royaume des Han.
221 av J-C. Destruction du royaume de Qi. Le royaume de Qin contrôle tout l’espace culturel chinois et son roi prend le titre de « Premier empereur chinois ». Il procède à l’unification politique et administrative de la Chine.
210 av J-C. Décès du roi de Qin qui provoque des révoltes et une période d’anarchie dans l’empire. Liu Bang (Han Gaozu) réussit à vaincre ses rivaux et fonde la dynastie des Han qui récupère l’héritage politique de l’empire de Qin. Pour la première fois l’empire des Han apportera une longue période de stabilité à la Chine et l’expansion va reprendre (vers la Mongolie, l’Asie centrale, la Corée, le sud de la Chine).
C’est la lutte contre les peuples nomades des Xiongnu qui va devenir l’une des principales préoccupations du pouvoir impérial.
200 av J-C. Désastre de Pingcheng qui oblige les Chinois à payer un tribut aux Xiongnu.
Mais avec le règne de l’empereur Han Wudi, mise en place d’une politique plus agressive qui à partir de 133 av J-C va permettre de repousser les Xiongnu vers le nord et la Mongolie. Des cavaliers nomades sont employés comme auxiliaires par les généraux chinois pour combattre dans les régions steppiques.
« Dans les armées chinoises de l’époque des Han antérieurs (206 av J-C - 9 ap J-C), le recrutement se fonde principalement sur la conscription. Les hommes de 23 à 56 ans sont mobilisables dans l’armée impériale, généralement pour un total de deux années de service : une année d’entraînement puis une année de service effectif. Dans les faits, les soldats de l’armée régulière peuvent être retenus plus longtemps comme volontaires. Les conscrits servent pour la plupart comme fantassins dans les garnisons provinciales, sur les frontières de l’Empire ou dans la garde impériale stationnée dans la capitale chang’an (Xi’an). Une fois libérés de leurs obligations, ils forment dans leurs communautés d’origine une milice de réserve qui peut être mobilisée contre des menaces locales. »
Par contre la cavalerie est composée en partie de volontaires issus de familles nobles ou par des auxiliaires recrutés chez les populations nomades alliées.
Les prisonniers sont eux aussi massivement enrôlés, soit pour des travaux forcés, soit dans des unités combattantes.
Les effectifs armés atteignent régulièrement plusieurs centaines de milliers de soldats.
Avec les Han postérieurs (25 - 220), les grandes opérations militaires sont plus rares et l’armée se territorialise. Les troupes occupent des garnisons fixes.
Si la conscription demeure, les armées tendent à devenir permanente et le volontariat se généralise.
« L’entretien de forces permanentes composées en grande partie de repris de justice et de barbares, permet de détourner les éléments potentiellement dangereux du brigandage ; c’est aussi la condition de l’émergence d’une classe de soldats professionnels rompus à des formes de combat nécessitant un entraînement poussé. »
« Dans l’esprit de la classe dirigeante, le recul de la conscription revient à désarmer les populations de l’intérieur de l’Empire et à renforcer l’obéissance des sujets libres au profit d’un ordre politique unifié et durable. »
Mais des effets négatifs :
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L’administration centrale perd le contrôle des masses paysannes qui entrent au service des grands propriétaires fonciers et créés des armées privées pour défendre leurs terres.
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Les gouverneurs de province gagnent une certaine autonomie et parviennent à fidéliser les armées provinciales.
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Les frontières sont menacées par de nouveaux peuples nomades, en particulier les Qiang.
Entre ces attaques extérieures et les nombreuses révoltes paysannes, la dynastie Han disparaît en 220.
Les Han pour faire face aux confrontations avec les nomades développent la cavalerie :
123 av J-C. Plus de 100.000 cavaliers sont engagés contre les Xiongnu.
110 av J-C. 180.000 cavaliers participent à l’expédition de l’empereur Han Wudi.
Mais cette importance de la cavalerie est plus marquée en Chine du Nord qu’en Chine du Sud.
Pour faire face à la demande croissante de chevaux plusieurs mesures sont prises :
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Création d’un immense réseau d’élevage.
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Commerce avec les peuples nomades limitrophes.
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Tribut réclamé aux Etats vassaux.
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Exemption d’hommes libres du service militaire en échange de chevaux.
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Guerres contre les puissances réputées pour leurs élevages équins.
L’équipement de ces cavaliers :
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Arc composite précontraint.
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Arbalète.
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Epée.
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Lance ou hallebarde.
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Les boucliers sont rarement employés.
Le rôle de la cavalerie est classique : Eclairage de l’armée, attaque de l’ennemi en fuite, coupure des voies d’approvisionnement, surprise de l’ennemi.
L’organisation de cette cavalerie :
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Elément de base : 5 cavaliers.
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Compagnie : 30 cavaliers.
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Escadron : 60 cavaliers.
La sélection de ces cavaliers est très rigoureuse.
Lors des engagements, la cavalerie se distingue de la charrie par sa meilleure capacité à envelopper les lignes ennemies.
« Le plus souvent, les troupes montées déployées par les armées impériales agissent en soutien de l’infanterie. La coordination de toutes les unités est un facteur de succès essentiel. Le combat d’infanterie ne connaît pas d’évolution majeure durant la période impériale. »
Mais le facteur essentiel de la supériorité tactique chinoise sur les peuples barbares est l’utilisation de l’arbalète (en particulier portée supérieure à celle des arcs composites).
Durant cette cette période on assiste à un fort développement de la littérature stratégique :
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Art de la guerre de Sun BIn.
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Art de la guerre de Sunzi.
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Les Trois Ordres stratégiques de maître Pierre Jaune.
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Les six arcanes stratégiques. Ce manuel aurait été conçu au cours du Ier millénaire av J-C. Il est attribué au mythique général Jiang Ziya qui est considéré comme le père de la stratégie chinoise. Ses grands principes :
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Promouvoir l’entente entre force militaire et pouvoir civil.
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Identifier les erreurs de l’ennemi.
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Recourir à des stratagèmes et à des ruses.
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« Au final on conviendra volontiers que la guerre en Chine ancienne n’a rien de très exotique, même pour un observateur occidental. La période des royaume combattants voit s’installer les principaux paramètres qui continueront de marquer l’histoire militaire de l’Extrême-Orient jusqu’à la fin du Moyen Age : après la supériorité du char, des aristocraties militaires et des raids de faible envergure, la Chine découvre les armées de masse composées de paysans conscrits, la centralisation étatique, puis l’unité impériale propice au développement de l’armée de métier. L’art de la guerre devient une science à par entière, théorisée et enseignée dans les plus hautes sphères du pouvoir. C’est une affaire impliquant principalement des fantassins et des cavaliers, qui servent dans armées disciplinées dont les effectifs atteignent parfois plusieurs centaines de milliers de combattants. »
Mais quelques divergences avec l’occident :
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Charrerie qui conserve sa suprématie plus longtemps.
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Apparition de la cavalerie plus tardive.
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Utilisation plus importante de l’arbalète.
Fin