Sacchi Volume 1 Chapitre 5. Les périls orientaux (NDL)

Chapitre 5. Les périls orientaux.

 

 

Kanisza : la clé de l’Allemagne.

 

La succession de Suleymann Ier (1520-1566) n’est pas facile.

 

« Théoriquement maître absolu, le sultan était, par le jeu des conventions et des usages propres à sa cour, entièrement dépendant des factions souvent hostiles entre elles : celle des vizirs, des janissaires, ou du harem. Dans de telles conditions il lui était difficile de conserver un réel pouvoir de gouvernement. »

 

Le successeur de Suleymann Ier, le sultan Selim II (1566-1574) tente de secouer ce joug en se lançant dans une nouvelle guerre contre la chrétienté, mais il subit une écrasante défaite à Lépante en 1571.

 

Son successeur, Mourad, devra attendre plus de 20 ans avant de reprendre les hostilités.

 

Printemps 1593. Hassan, pacha de Bosnie, pénètre en Croatie à la tête de 18.000 hommes sans déclaration de guerre et met le siège devant la forteresse de Sissek, ouvrage stratégique au confluent de la Save et de la Kulpa près de Zagreb. Le 22 juin alors que la garnison allait capituler, elle est sauvée par une armée chrétienne conduite par Ruprecht von Eggenberg qui contraint les Turcs à lever le siège.

 

13 août 1593. Mourad III déclare la guerre à l’Empire des Habsbourg. Une très grande armée envahit peu à peu la Hongrie. Elle est commandée par le grand vizir Sinan Pacha et s’empare de la forteresse de Raab sur le Danube en aval de Vienne (le comte Hardegg qui avait livré la forteresse sera jugé, condamné à mort et exécuté.

 

28 octobre 1595. Bataille de Giurgevo (Valachie). Sévère défaite de Sinan Pacha face à l’armée de Transylvanie commandée par Zsigmond Bathory. Les Turcs vont mener durant sept ans une guérilla incessante au coeur de la plaine hongroise.

 

Août 1595. Prise, par les Turcs, de la forteresse de Gran (Esztergom) qui commande l’accès à Vienne par le Danube.

 

1598. Reprise de la citadelle de Raab par les Impériaux dirigés par le général allemand Adolf von Schwarzenberg.

 

Eté 1600. Une armée de 30.000 Turcs commandée par le vizir Ibrahim se présente aux portes de la Hongrie et menace la citadelle de Kanisza. La prise de cette place forte permettrait aux Turcs de progresser jusqu’en Styrie sans résistance. Elle n’était défendue que par une garnison de 1600 hommes sous les ordres de Georg Paradeiser.

 

7 septembre 1600. Prise de la forteresse de Badocza par les Turcs.

 

9 septembre 1600. Arrivée des Turcs devant Kanisza.

 

L’Empereur rassemble une armée de secours de 25.000 hommes pour aller au secours de Kanisza. Elle est commandée par Philippe-Emmanuel de Lorraine-Vaudémont duc de Mercoeur. Cette armée part de Raab, mais des pluies diluviennes ralentissent la progression. De plus la proximité des marais et du lac Balaton provoque de nombreuses épidémies.

 

13 octobre 1600. N’ayant parcouru que la moitié du chemin, le duc de Mercoeur, du fait des difficultés rencontrées, décide de rebrousser chemin.

 

20 octobre 1600. Reddition de Kanisza. Ibrahim Pacha autorise les derniers défenseurs à quitter librement la ville après avoir déposé leurs armes. « La chute de Kanisza provoqua une émotion considérable dans l’Empire. »

 

Novembre 1600. Un important contingent turc peut traverser la Hongrie sans rencontrer de résistance, pour aller renforcer la forteresse de Stuhlweissenburg. L’hiver arrête provisoirement la progression des Ottomans.

 

Rodolphe II profite de cette pause pour demander une aide européenne :

  • Le pape Clément VIII envoie une troupe de 10.000 hommes.

  • Philippe III d’Espagne envoie 6000 hommes.

  • Toute l’Europe catholique, sauf la France, va se liguer contre les Turcs.

 

Printemps 1601. Un conseil de guerre réuni à Vienne décide la constitution de 3 armées :

  • Une armée de 30.000 hommes sous les ordres conjoints de l’archiduc Ferdinand et d’Aldobrandini est rassemblée en Syrie pour lancer une offensive contre Kanisza.

  • Une armée sous les ordres du duc de Mercoeur et de son adjoint le général Hermann Russworn, prépare, depuis Raab, une attaque contre Stuhlweissenburg.

  • Une armée sous les ordres du général Georges Basta de Szathmar est chargée de maintenir l’ordre en Transylvanie.

 

« La guerre contre les Turcs, survenait au moment où la Styrie était paralysée par les querelles religieuses. Les Etats reprochaient notamment à Ferdinand d’avoir envoyé l’évêque Martin Brenner « convertir » la Carinthie à la tête de plusieurs centaines de mousquetaires. »

 

Paradeiser qui commandait Kanisza, rentré à Vienne, fut accusé, étant protestant, de s’être entendu avec Ibrahim Pacha pour lui livrer la forteresse. Cette accusation permettait de faire oublier que les membres du Conseil impérial n’avaient rien fait pour sauver la garnison. Rodolphe II fit comparaitre l’officier devant un conseil de guerre et distribua de l’argent pour faire accélérer la procédure. « Cette injustice provoqua la colère de la communauté protestante de Styrie qui, pendant la durée du procès, refusa à l’archiduc tout crédit pour équiper ses troupes.

 

23 août 1600. A Graz, l’archiduc Ferdinand prend le commandement de son armée (24.000 hommes et plusieurs dizaines de canons). Mais cette armée multiconfessionnelle est divisée.

 

La progression vers Kanisza se fait lentement et l’armée arrive à la fin de la belle saison. De plus en un an d’occupation, les Turcs ont eu le temps de renforcer les défenses de la ville. A cela il faut ajouter l’incompétence du jeune archiduc (il avait fait édifier sa tente dans le champ de tir de l’artillerie turque)

 

Parallèlement, l’armée impériale de Mercoeur et de Russworn réussit à prendre Stuhlweissenburg, ce qui permet à Russworn, en compagnie de Tilly de venir renforcer l’archiduc Ferdinand avec 6000 fantassins et 2000 cavaliers.

 

Mais le siège n’ayant pas progressé et les conditions climatiques se dégradant, la retraite évoquée est précipitée par une vague de froid qui s’abat dans la nuit du 15 novembre 1600. Plus de 1500 hommes et 300 chevaux sont mis hors de combat par le gel. La retraite se fait dans la précipitation. Plus de 6000 hommes, malades ou blessés, sont abandonnés, ainsi que l’artillerie et les effets personnels de l’archiduc. La ville ne sera reconquise qu’à la fin du siècle par le prince Eugène de Savoie.

 

L’archiduc Ferdinand, « persuadé que l’échec de Kanisza était un signe de Dieu, il refusa désormais d’exposer sa vie sur les frontières éloignées et se consacra à la conquête du pouvoir à l’intérieur de l’Empire. Les protestants de Styrie, quant à eux, furent persuadés que la défaite n’était ni un signe de Dieu, ni une conséquence du mauvais temps, mais tenait à l’incompétence de l’archiduc. Leur hostilité aux Habsbourg ne fit que croitre, d’autant que la condamnation à mort de Georg Paradeiser, leur coreligionnaire venait d’être prononcée. » (Paradeiser et ses compagnons furent décapités à Vienne le 29 octobre 1601)

 

Ofen et Pesth.

 

De son côté le duc de Mercoeur avait quitté Raab au mois d’août avec 10.000 hommes, secondé par de brillants officiers (Russworn et Tilly). Après avoir fait croire qu’il marchait sur Ofen (Buda), il avait obliqué sur Stuhlweissenburg qu’il investit avant que les Turcs ne puissent réagir.

 

15 septembre 1601. Prise des faubourgs de Stuhlweissenburg par la cavalerie.

 

20 septembre 1601. Ouverture de la brèche qui permet à Tilly de conduire l’assaut général. Au soir, la ville, partiellement incendiée, était aux mains des impériaux. Elle avait été prise par les Turcs en 1543.

 

9 octobre 1601. Arrivée d’une nouvelle armée turque sous les ordres de Pacha d’Ofen. Le duc de Mercoeur dispose de 10.000 hommes face à une armée turque de 50.000 hommes.

 

15 octobre 1601. Malgré la supériorité turque, le duc de Mercoeur décide d’attaquer avec toutes ses forces. Surpris par la violence de la charge de la cavalerie dirigée par Russworn, les Turcs prennent la fuite laissant 3000 morts dont le Pacha d’Ofen et son second Mohamed Kiaja. Mais il ne peut exploiter cette victoire devant aller renforcer l’archiduc Ferdinand devant Kanisza.

 

Le duc de Mercoeur quitte Stuhlweissenburg pour Vienne en laissant une garnison 2000 hommes, sous les ordres du comte Isolani.

 

19 février 1602. Décès du duc de Mercoeur de maladie. L’archiduc Mathias prend sa succession à la tête de l’armée de Hongrie à Raab, où il rassemble une armée de 24.000 fantassins et 8.000 cavaliers.

 

Août 1602. Profitant de la lenteur des Impériaux Hasan Pacha lance une contre-attaque qui lui permet d’investir Stuhlweissenburg. La garnison commandée par Isolani se défend avec détermination mais sans secours et sans munitions.

 

20 août 1602. Chute de Stuhlweissenburg au prix de plus de 20.000 morts Turcs. Le comte Isolani préfère rester prisonnier de peur de subir le même sort que Paradeiser. Mais l’élan turc est brisé et ils ne pourront continuer la conquête de la Hongrie.

 

En riposte à la reprise de Stuhlweissenburg par les Turcs, Mathias décide de mettre le siège devant Buda qui se trouve sur la rive orientale du Danube face à Pesth. Les deux villes sont reliées entre elles par un pont de bateaux.

 

2 octobre 1602. Mathias fait détruire le pont reliant les deux villes en lançant un brulot chargé de poudre. Profitant de la confusion, Sulz et Tilly réussissent à s’emparer des faubourgs de Buda en massacrant tout le monde sur leur passage.

 

3 octobre 1602. Violent bombardement de Buda. Dans la nuit Mathias attaque Pesth à la fois par terre et par le Danube. Surprise, la garnison se rend. Malgré cela, Buda continue à résister.

 

14 octobre 1602. Investissement de Pesth par Hassan Pacha à la tête de 20.000 hommes. La garnison impériale est forte de 3000 hommes. Ainsi les Turcs assiègent Pesth tandis que les Impériaux assiègent Buda.

 

22 octobre 1602. Violente attaque des Impériaux contre Buda. Tilly est grièvement blessé, mais la garnison turque résiste.

 

2 novembre 1602. Les Turcs abandonnent le siège de Pesth pour se replier à Belgrade.

 

18 novembre 1602. Les très mauvaises conditions climatiques obligent les Impériaux à abandonner à leur tout le siège de Buda.

 

En 1603, peu de changements :

  • Toutes les tentatives de négociations échouent.

  • De nombreuses expéditions de part et d’autre mais qui ne changent pas le rapport de force.

 

Aout 1603. Une force de 40.000 hommes dirigée par le général Russworn, obtient de faibles résultats, entraînant la disgrâce du général.

 

1604. Reprise de la guerre après l’échec de pourparlers pour la reddition de Buda. Le commandement de l’armée est confié au général Basta, Tilly prenant le commandement de l’artillerie.

 

Le nouveau Pacha, Ali, à la tête d’une armée de 60.000 hommes se dirige vers Pesth. Devant le danger, le commandant de Pesth, Jagenreutter, décide d’évacuer la ville et l’incendie avant de partir. Mais la garnison turque de Buda réussit à en sauver la plus grande partie. « Pour la première fois depuis deux ans, les Turcs étaient maîtres des deux rives du fleuve et des deux forteresses. » Jagenreutter est arrêté et emprisonné sur ordre de l’Empereur.

 

18 septembre 1604. Arrivée des Turcs devant la forteresse de Gran défendue par le comte d’Althann, Tilly et Mansfeld.

 

22 septembre 1604. Début des travaux de siège par les Turcs.

 

11 octobre 1604. Abandon du siège de Gran par les Turcs qui ont perdu 8000 hommes. Ils ont été surclassés par l’artillerie impériale (en nombre et en puissance). Cet échec marque la fin de la campagne de 1604.

 

Le soulèvement d’Istvan Bocskay.

 

« Les rapports entre la maison d’Autriche et la Hongrie avaient toujours été placés sous le régime de l’instabilité (…) De plus la présence des Turcs dans la majeure partie de la Hongrie et de la Transylvanie obligeait l’empereur à faire preuve de prudence à l’égard des magnats hongrois toujours enclins à s’appuyer sur l’alliance ottomane lorsqu’un différend surgissait. »

 

1587 Décès de Stéphen (Istvan) Barhory. Élection de son neveu Zsigmond à la voïvodie de Transylvanie. Cette élection apparaît comme un gage d’apaisement.

 

1595 Zsigmond fait exécuter les principaux opposants à sa politique pro-Habsbourg élise et épouse Marie-Christine de Styrie sœur de l’archiduc Ferdinand.

 

1597 Zsigmond renonce à sa principauté de Transylvanie et l’offre à l’empereur Rodolphe en échange des duchés de Ratibor et Oppeln (haut cours de l’Oder au nord-ouest des Carpathes)

 

Mais 4 mois après cette renonciation, retour de Zsigmond en Transylvanie qui chasse les fonctionnaires impériaux. Quelques semaines plus tard, abdication de Zsigmond au profit de son cousin, le cardinal André Bathory.

 

L’empereur Rodolphe dépêche une armée sous les ordres du général Basta. Elle s’allie avec Mihail Viteazul, voivode de Valachie et rival des Bathory. Ces derniers s’allient avec les Turcs.

 

28 octobre 1599. Bataillle d’Hermannstadt. Défaite des troupes turques face aux troupes impériales. André Bathory est tué en tentant de prendre la fuite.

 

Mihail Viteazul, sous la protection de l’armée de Basta poursuit sa campagne, prend Weissenburg, envahit la Moldavie et écrase une armée polono-moldave. Il réalise l’unité des trois provinces : Moldavie, Transylvanie et Valachie (future Roumanie)

 

Mais refusant de restituer les territoires à l’empereur, celui-ci envoie une nouvelle armée.

 

18 septembre 1600. Bataille de Miraslau. Défaite de Mihail Viteazul (Michel le Brave) face au général Basta. Il est obligé de se réfugier à Prague où il rejoint les mouvements d’opposition.

 

Parallèlement, depuis Oppeln, Zsigmond Bathory anime la résistance de la noblesse hongroise.

 

Février 1601. Une Diète rassemblée à Clausenburg exige le retour de Bathory à la tête du pays.

 

Bathory qui a conclu un accord avec le Sultan, pénètre en Transylvanie à la tête d’une armée de 40.000 hommes (turcs, Tartares, Cosaques)

 

Le général Basta, rejoint par Mihail Viteazu qui s’est réconcilié par haine des Bathory, fait face à cette invasion avec une force de 30.000 hommes.

 

13 août 1601. Bataille de Boreskoit (Boscov). Les Ottomans sont écrasés.

 

19 août 1601. Assassinat de Mihail Viteazul qui réclamait le trône de Transylvanie et s’opposait à Basta. « Ainsi disparaissait un des initiateurs de la Roumanie moderne; Le voïvodie Radul fut désigné comme le successeur de Mihail en Valachie. Le général Basta devint, en fait, le maître absolu de toute la Transylvanie. »

 

1602. Profitant de l’absence de Basta, Zsigmond Bathory tente vainement de reprendre Clausenburg aux Impériaux. Battu, il doit négocier avec l’empereur. Il renonce à la Transylvanie contre une rente de 50.000 ducats et se retire en Bohême où il gère ses domaines jusqu’à sa mort en 1613

 

En Transylvanie, Basta qui dirige le pays d’une poigne de fer, suscite et réprime violemment tous les mouvements insurrectionnels.

 

1604. Basta est rappelé en Hongrie pour poursuivre la guerre. Il laisse le pouvoir à un Italien, le comte Francesco Belgiojoso,, gouverneur de Kaschau (Kosice). Il se révèle encore plus brutal que son prédécesseur, déclenchant une nouvelle révolte dirigée par Istvan Bocksay. « Ce dernier avait longtemps été favorable aux Habsbourg. Mais lorsque ses terres furent saccagées par les troupes de Belgiojoso, il se rendit à Prague afin d’exposer ses grilles à l’empereur qui refusa de le recevoir. Humilié par des pages, il décide de se venger et en quelques semaines réussi à rassembler autour de lui les familles les plus influentes de Hongrie. »

 

Eté 1604. Bocksay balaye les troupes de Belgiojoso, provoquant le retour du général Basta secondé, en particulier, par Tilly et Mansfeld. 

 

2 novembre 1604. Bataille de Kaschau. Défaite de Bocksay qui perd 3000 hommes. Quelques jours plus tard, l’armée impériale cernée dans un défilé, réussit à retourner la situation à la faveur de la nuit. Les rebelles perdent 12.000 hommes contre 200 pour les Impériaux. La rébellion est écrasée.

 

Durant l’année 1605, bien que battu à deux reprises, Bocksay lance de nombreux raids jusqu’en Moldavie et en Autriche.

 

Juillet 1605. Le Sultan donne officiellement la Hongrie et la Transylvanie à Istvan Bocksay à condition qu’il verse un tribut annuel. Pour marquer cette autonomie, il lui offre une couronne et lui dépêche un renfort militaire pour reprendre Gran.

 

8 octobre 1605. Prise de Gran par les Turcs. Le comte de Dampierre qui défendait la ville et refusait de se rendre, avait été arrêté par de soldats mutinés.

Plus tard Tilly fera arrêter, juger et exécuter 9 officiers responsables de la mutinerie.

 

A Prague, arrestation du comte Francisco Belgiojoso considéré comme responsable de la perte de Gran. L’acte d’accusation doit être rédigé par le général Russworn son ennemi et fidèle soutien de l’empereur. Mais Belgiojoso est soutenu par les archiducs Mathias et Ferdinand qui réussissent à obtenir sa libération. Russworn, malgré l’interdiction des duels, tue Belgiojoso en duel. Appelé à comparaître, il se vante d’autres duels, puis est accusé de viols et de meurtres sur des civils. Condamné à mort, il est exécuté le 29 novembre 1605.

 

Durant cette période, progression des Turcs qui prennent Gran (Esztergan) et Neuhausel (Nove Zanky). Ils arrivent à quelques jours de marche de Vienne.

 

Décembre 1605. Tilly taille en pièce un corps de 4000 janissaires sous les murs de Raab, avant qu’un hiver particulièrement dur ne stoppe les opérations.

 

1603. Décès du sultan Mourad III. Il est remplacé par Ahmed Ier âgé de 14 ans. Cela ouvre une crise politique à Constantinople qui permet de relâcher la pression militaire sur l’Empire.

 

Vers la paix : le traité de Zsitva-Torok.

 

L’épuisement des rebelles rend possible la négociation et c’est l’archiduc Mathias qui est le premier à se rapprocher d’eux.

 

Les deux leaders de la révolte, « Illeshazy et Bocskay souhaitaient déposer les armes car ils ne pouvaient plus entretenir une armée dans un pays déjà razzié par les Turcs et Autrichiens. Surtout le peuple hongrois était las des guerres et des souffrances. La révolte de Bocskay et de ses compagnons était celle des grands propriétaires terriens et n’avait reçu qu’un accueil mitigé auprès de la population. »

 

D’autre part la violence des bandes de mercenaires heiduques (hadjucks) rapprocha les Habsbourg de la haute noblesse hongroise.

 

23 juin 1606. Signature du traité de Vienne.

  • Istvan Bocskay est reconnu prince de Transylvanie. Il reçoit à titre personnel durant sa vie et sans possibilité de transmission quatre comtats du nord de la Hongrie.

  • Autorisation du libre exercice des principales religions.

 

Décembre 1606. Décès de Istvan Bocksay. Après des querelles de succession c’est Zsigmond Rakoczi qui est élu prince de Transylvanie en 1607. Il est le représentant d’une des plus riches familles de Transylvanie. Mais âgé (63 ans) et malade, il décède l’année suivante (1608). Il est remplacé par son neveu Gabriel Bathory.

 

« La conclusion du traité de Vienne privait les Turcs d’un allié précieux au sein de l’Empire à un moment où leurs propres opérations piétinaient. » Le nouveau sultan Ahmed Ier, manquait d’autorité et de moyens financiers pour poursuivre la guerre qui durait depuis 13 ans.

 

11 novembre 1606. Les représentants de l’archiduc Mathias rencontrent les représentants du sultan à Zsitva-Torok. Une trêve de vingt ans est conclue entre les deux Empires sur la base d’un statu quo territorial. Les citadelles de Kanisza, Erlau (Eger) et Gran (Esztergan) restaient aux mains des Turcs.

Par contre l’Empereur obtenait plusieurs satisfactions de la part des Turcs :

  • Reconnaissance de l’empereur par les Ottomans comme l’égal du sultan.

  • Le tribut humiliant que l’empereur était obligé de verser annuellement aux Ottomans était remplacé par une indemnité unique et définitive de 200.000 gluten.

 

Non seulement cette trêve fut respectée, mais lorsqu’elle arriva à expiration sous le règne de Ferdinand II, elle fut reconduite tacitement. Cela permit à l’Empereur de faire face à la guerre de Trente ans et au Sultan de poursuivre la guerre contre les Perses, puis d’envahir la Crète.

 

« Les évènements de Hongrie, entre 1600 et 1606, avaient mis en évidence le fait que l’Empereur était incapable d’affronter simultanément une révolte intérieure et une guerre extérieure. »

 

Fin



20/11/2024
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